Archive dans 2022

Le plein-emploi, un horizon accessible en 2027 ?

La décrue se poursuit à un rythme de plus en plus lent. Au deuxième trimestre, le nombre de demandeurs d’emploi sans aucune activité – répertoriés dans la catégorie A de Pôle emploi – a, de nouveau, reculé, pour s’établir à un peu plus de 3,16 millions sur l’ensemble du territoire (outre-mer compris), selon les données diffusées, mercredi 27 juillet, par la Dares, la direction chargée des études au ministère du travail. Il faut remonter à début 2012 pour retrouver des chiffres inférieurs. La diminution enregistrée entre début avril et fin juin s’avère nettement moins nette que durant les trois premiers mois de l’année : – 0,8 % contre – 5 %. Malgré le refroidissement de la croissance, le marché du travail résiste, mais les doutes s’accentuent sur la robustesse de la digue.

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Pour la première fois depuis mi-2020, les jeunes n’ont pas bénéficié de la baisse constatée durant le trimestre qui vient de s’écouler : les effectifs des moins de 25 ans, dans la catégorie A, se sont, en effet, stabilisés en métropole. Toutefois, si l’on raisonne sur un an, leur situation s’est globalement améliorée (– 22,8 %), en grande partie grâce aux mesures de soutien instaurées au début de la crise sanitaire (primes à l’embauche d’apprentis, parcours personnalisés pour ceux qui ont décroché du système scolaire, etc.). Les autres tranches d’âge ont également profité de la dynamique à l’œuvre.

En revanche, la tendance est moins favorable lorsque la focale s’élargit aux personnes qui recherchent un poste tout en ayant travaillé (catégories B et C) : leur nombre a, certes, reflué au deuxième trimestre dans l’Hexagone (– 3,2 %), mais il reste un peu plus important qu’il y a un an. Au total, la liste des demandeurs d’emploi, en activité ou non (catégories A, B et C) se réduit sur toute la France (– 1,7 % au deuxième trimestre, près de – 9 % sur douze mois), tout en demeurant impressionnante (5,43 millions). L’évolution est positive, mais il y a encore un bout de chemin à accomplir pour sortir du chômage de masse.

Multitudes d’inconnues

Sur BFM-TV, le ministre du travail, Olivier Dussopt, s’est réjoui, mercredi, des statistiques publiées par la Dares. L’économie tricolore, a-t-il dit, « crée de l’emploi », malgré tous les nuages qui s’amoncellent (hausse des prix de l’énergie et de nombreux autres produits, « tensions géopolitiques liées à la guerre en Ukraine »). D’après l’Urssaf, les déclarations d’embauche de plus d’un mois (hors intérim) se sont accrues de 3,6 % au deuxième trimestre, après une légère érosion entre début janvier et fin mars. « La société du plein-emploi (…) est accessible », a ajouté M. Dussopt, en rappelant l’objectif fixé par Emmanuel Macron : ramener le taux de chômage à 5 % en 2027, soit 2,3 points de moins qu’aujourd’hui. C’est « à notre portée », avait martelé Elisabeth Borne, la cheffe du gouvernement, lors de sa déclaration de politique générale, prononcée le 6 juillet à l’Assemblée nationale. « Nous pouvons [y] aller (…) en fin de mandat », avait renchéri le président de la République lors de son entretien télévisé du 14-Juillet.

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Camaïeu demande son placement en redressement judiciaire

Le tribunal de commerce de la métropole de Lille examine, ce mercredi 27 juillet, la demande de placement en redressement judiciaire déposée par la direction de Camaïeu. L’enseigne d’habillement féminin s’est déclarée, lundi 25 juillet, en « cessation de paiement », près de deux ans après sa reprise, en août 2020, à la barre du tribunal par la Financière immobilière bordelaise, société de l’homme d’affaires bordelais Michel Ohayon, a révélé l’AFP.

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L’entreprise de Roubaix (Nord) confirme au Monde avoir « demandé l’ouverture d’une procédure en redressement judiciaire avec plan de continuation au tribunal de commerce de Lille ». Cette demande serait motivée par « une accélération des difficultés de l’entreprise » et a pour objectif de « préserver [sa] pérennité », précise un porte-parole.

D’après nos informations, fin juin, le tribunal de commerce de Lille a d’abord été saisi d’une demande de redressement judiciaire déposée par plusieurs créanciers de Camaïeu. Parmi eux figurent des gestionnaires de centres commerciaux confrontés à des impayés de loyers depuis des mois. Les juges les avaient déboutés de leur demande, mais avaient alors ouvert une enquête préalable pour chiffrer les dettes de l’entreprise.

L’un des plus gros employeurs

De sources syndicales, Camaïeu ne verserait plus les loyers de près de la moitié de ses 517 magasins exploités en France. Depuis mars, la CGT, syndicat minoritaire au sein de l’entreprise, plaidait pour voter un droit d’alerte économique au comité social et économique. En vain, faute de majorité. Ces élus craignaient notamment que l’enseigne soit contrainte de procéder « à des licenciements, à la suite de la fermeture des magasins » aux baux litigieux ou délibérément non renouvelés par des bailleurs désormais méfiants.

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A l’évidence, l’ouverture de cette procédure de redressement judiciaire au tribunal de commerce et la présentation d’un plan de continuation par la Financière immobilière bordelaise ouvrent une nouvelle période d’incertitudes pour l’enseigne, l’un des plus gros employeurs du secteur : il compte environ 2 600 salariés. D’autant que le marché de l’habillement est toujours à la peine.

Dans nos colonnes, en date du 25 juin, Wilhelm Hubner, président d’Hermione People & Brands, pôle des 1 098 magasins du groupe de Michel Ohayon exploités sous les enseignes Galeries Lafayette, Camaïeu, Gap, La Grande Récré et Go Sport, avait toutefois écarté le risque de cessation de paiement. Cet ancien d’Auchan avait cependant admis qu’un « chiffre d’affaires inférieur à 300 millions d’euros en 2021 » interdisait à Camaïeu de renouer avec les bénéfices avant 2023.

Chômage : le nombre de demandeurs d’emploi a diminué de 0,8 % au 2e trimestre

Des personnes au guichet de l'agence Pôle Emploi du Cardinet à Paris, dans le 17e arrondissement, le 27 juin 2022.

La baisse du nombre de demandeurs d’emploi se confirme au deuxième trimestre de l’année 2022. Leur nombre en catégorie A (sans activité) a en effet enregistré une baisse de 0,8 % en France (hors Mayotte) par rapport au trimestre précédent, selon les chiffres publiés mercredi par le ministère du travail.

Cette baisse revient à 26 900 inscrits en moins dans cette catégorie par rapport au premier semestre, portant leur nombre à 3,165 millions pour la seconde période de l’année.

Sur un an, la baisse en catégorie A enregistrée est de 15,1 %. En incluant l’activité réduite (catégories B et C de Pôle emploi), le nombre de demandeurs d’emploi est en baisse de 1,7 % au deuxième trimestre (-8,9 % sur un an) et s’établit à 5,436 millions, selon la Direction des statistiques du ministère du Travail (Dares).

Au premier semestre, le taux de chômage déjà en baisse était au plus bas depuis 2008.

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Le Monde

Egalité femmes-hommes : « Pour bien agir contre les discriminations, il faut avoir une vision claire des stéréotypes de genre »

De plus en plus attentifs à la performance sociétale et environnementale des entreprises, les investisseurs surveillent plus particulièrement la mixité, levier avéré d’image, d’attractivité et de performance autant que… facteur de risque de réputation.

Récemment contraint de verser plus de 100 millions de dollars pour clore une plainte collective pour discrimination sexiste, Google pourrait en témoigner ! Cette affaire vient aussi confirmer qu’afficher sur ses rapports de jolis sourires et mettre en avant quelques réussites individuelles ne suffit plus : le temps du « pinkwashing » est révolu. Il faut que les paroles se traduisent en engagements et les engagements en actions aux effets rapides et mesurables.

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Pour agir efficacement, il faut d’abord avoir une vision claire de la situation, en l’occurrence de la réalité et de la perception des stéréotypes de genre et des discriminations sexistes en entreprise. Réaliser cette photographie, avec de surcroît une portée internationale, permet d’utiles comparaisons. C’est l’objectif de l’étude réalisée par la Women Initiative Foundation auprès de sept grands groupes en France, en Allemagne, en Italie et au Canada.

La persistance et l’universalité des stéréotypes de genre

L’originalité de cette enquête est qu’elle se fonde sur des réponses directes de salariés, hommes et femmes, sans le filtre de la direction des ressources humaines, ni le biais réducteur des seuls prismes hiérarchiques et salariaux. Gage de rigueur, la synthèse de ce travail a été revue par des spécialistes universitaires de renommée mondiale en France (CentraleSupélec), au Canada (Concordia) et aux Etats-Unis (Stanford).

Le résultat le plus frappant, sans doute, est la persistance et l’universalité de stéréotypes de genre, opposant des femmes qui réagissent (elles sont « pragmatiques », « organisées », « à l’écoute ») à des hommes qui agissent (ils sont « carriéristes », « politiques », « stratèges »). Aux Etats-Unis et en Europe, surtout en France, s’y superposent des stéréotypes concernant spécifiquement les femmes dirigeantes.

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Pour gravir les échelons, les femmes dirigeantes semblent avoir dû abandonner les vertus qu’on prête généralement à leur sexe pour adopter des traits masculins qui, curieusement, deviennent chez elles des défauts (elles sont « arrogantes », « agressives », « autoritaires »). Et les exemples de réussites féminines invalidant ces clichés sont encore trop rares, ou trop peu médiatisés, pour changer les mentalités.

Un net décalage de perception sur les discriminations sexistes

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Frédéric Sève, numéro trois de la CFDT, est mort

Frédéric Sève (au centre), entouré de Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT (à gauche), et de Virginie Aubin, responsable à la CFDT, le 5 septembre 2019, à Paris.

Le secrétaire général de la Confédération française démocratique du travail (CFDT), Laurent Berger, a annoncé mardi 26 juillet la mort de Frédéric Sève, trésorier de l’organisation, chargé du dossier des retraites et numéro trois de la première confédération syndicale de salariés en matière de représentativité électorale.

« Avec une infinie tristesse, nous annonçons le décès brutal de Frédéric Sève, secrétaire national et trésorier de la CFDT. Militant engagé, immense responsable qui savait allier réflexion, ambition et action, Frédéric était un homme merveilleux et un ami. La CFDT est en deuil », a tweeté M. Berger. M. Sève est mort à 55 ans d’une crise cardiaque, fait-on savoir à la centrale.

Trésorier confédéral de la CFDT, ce professeur de sciences économiques et sociales avait été secrétaire général du syndicat de l’éducation SGEN-CFDT en 2012 avant d’intégrer la commission exécutive de la confédération en 2016, relate ce syndicat dans un communiqué, évoquant une « immense tristesse ».

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« Un syndicaliste passionné »

« Responsable du dossier des retraites, il n’a cessé ces dernières années de lutter avec conviction et persévérance pour rendre le système plus juste », poursuit le communiqué. « Il fut également le grand artisan de l’alliance de la CFDT avec une soixantaine d’organisations dans le “Pacte du pouvoir de vivre” », lancé en mars 2019 avec l’ambition de faire « converger écologie et social ».

Plusieurs responsables syndicaux et politiques lui ont rendu hommage sur les réseaux sociaux. « Frédéric Sève était un syndicaliste passionné. Son talent et sa capacité de négociation manqueront au dialogue social. Il nous manquera à tous », a réagi Olivier Dussopt, ministre du travail.

« La CFDT perd un infatigable militant », a écrit sur Twitter la présidente de l’Unédic, Patricia Ferrand, tandis que le patron du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux, a salué sur le même réseau social un « grand syndicaliste avec lequel le Medef a toujours dialogué dans le respect et l’écoute ».

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Le Monde avec AFP

Apprentissage : grosse inquiétude après le coup de rabot budgétaire

Olivier Dussopt (à gauche), ministre du travail, de la formation professionnelle et de l’insertion, et Pap Ndiaye, ministre de l’éducation et de la jeunesse, à l’Élysée, le 13 juillet 2022.

La prochaine rentrée cause déjà de grosses angoisses à de nombreux acteurs de l’apprentissage. A partir du 1er septembre, les crédits accordés à certaines certifications vont subir des baisses substantielles, parfois supérieures à 30 %. Ce coup de sécateur, infligé au début de l’été, est critiqué car il pourrait mettre en difficulté des organismes de formation tout en conduisant à l’abandon de projets d’ouverture de sections. L’Elysée et le gouvernement reçoivent des messages pressants de toute part, depuis plusieurs jours, afin de reconsidérer les arbitrages.

A l’origine de cette soudaine poussée de température, il y a une délibération adoptée le 30 juin par France compétences, « l’autorité nationale » de régulation et de financement du secteur, dont le conseil d’administration est multipartite (Etat, patronat, syndicats, régions, personnalités qualifiées). Cette instance a recommandé une diminution « moyenne totale de l’ordre de 10 % » des « niveaux de prise en charge » – c’est-à-dire la dotation destinée à payer l’accompagnement du titulaire d’un contrat d’apprentissage. La cure d’amaigrissement s’effectuera en deux étapes, avec une première réduction d’environ 5 % applicable au 1er septembre, suivie d’une autre (à partir du 1er avril 2023) dont l’ampleur pourrait être équivalente. Entre 750 et 800 millions d’euros devraient être ainsi économisés.

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Le but d’une telle décision, poussée par les pouvoirs publics, est de « concourir à l’objectif d’équilibre financier du système ». Une formule pudique qui fait implicitement référence au déficit structurel de France compétences : – 4,6 milliards d’euros en 2020, – 3,2 milliards en 2021… Cette année, le trou pourrait atteindre 6 milliards, selon un rapport rendu public le 23 juin par la Cour des comptes. L’Etat a dû débloquer des subventions pour renflouer l’opérateur.

Méthode pointée du doigt

Ces problèmes de trésorerie sont, à la fois, une source de préoccupations et la conséquence d’un phénomène dont la plupart des protagonistes se réjouissent : le succès sans précédent de l’apprentissage. En 2021, le nombre de contrats signés a culminé à un peu plus de 730 000, contre 290 000 cinq ans auparavant. Un essor impressionnant enclenché par la loi de septembre 2018 sur « la liberté de choisir son avenir professionnel », qui a libéralisé le secteur. La tendance à la hausse a été démultipliée grâce aux primes exceptionnelles attribuées, depuis la mi-2020, aux employeurs qui embauchent des apprentis.

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Tous ces changements ont été facteurs d’inflation et d’effets d’aubaine. Dès 2021, il a été constaté que les dotations étaient supérieures d’environ 20 % au coût estimé des formations – ces chiffrages renvoyant à des moyennes. L’heure de la « rationalisation » a donc sonné, comme l’indique une source au cœur du dossier. Depuis la fin 2021, les parties prenantes dialoguent pour rapprocher le montant des aides avec celui des frais supportés par les organismes qui accueillent des apprentis. Ces tractations ont abouti à un résultat conforme aux attentes de France compétences pour environ 70 % des niveaux de prise en charge. Pour les autres, un tour de vis va donc être donné.

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Les syndicats européens veulent une loi sur les températures maximales au travail

Paris France le 19 juillet 2022 : RER B en gare de Châtelet en direction du Nord de Paris. Les wagons pleins et les rames non climatisées transforment le voyage en épreuve. La température extérieure est de 40 degrés / a l’intérieur des RER il faut au moins rajouter 10 degrés.

Au cœur d’un été où l’Europe a déjà subi deux périodes de canicule, la Confédération européenne des syndicats (CES) plaide lundi 25 juillet 2022 pour l’adoption d’une loi qui fixerait une température maximale au travail sur le continent.

« Deux travailleurs sont morts d’un coup de chaleur en Espagne la semaine dernière. En France, un pays qui ne plafonne pas les températures au travail, 12 personnes sont mortes d’accidents du travail liés à la chaleur en 2020 », relève la CES dans un communiqué. Le bilan s’est même alourdi jeudi en Espagne, les services de secours de la région de Madrid ayant annoncé le décès « en raison d’un coup de chaleur » d’un homme qui distribuait des prospectus dans les boîtes aux lettres.

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Pourtant, « seule une poignée de pays européens ont une législation destinée à protéger les travailleurs pendant les vagues de chaleur », avec de « grandes variations » d’un Etat à l’autre.

Une température optimale entre 16 et 24 °C selon l’OMS

Selon les syndicats affiliés à la CES, les actifs belges dont l’emploi est physiquement exigeant ne peuvent pas travailler quand la température excède 22 °C. La limite est fixée 5 °C plus haut en Hongrie pour le même type de travail, tandis que la Slovénie plafonne la température à 28 °C sur tous les lieux de travail. Or d’après l’Organisation mondiale de la santé, la température de travail optimale se situe entre 16 et 24 °C.

« Les travailleurs sont chaque jour en première ligne de la crise climatique, ils ont besoin de protections adéquates », alerte le secrétaire général adjoint de la CES Claes-Mikael Stahl. « Les conditions météorologiques ne se soucient pas des frontières nationales. C’est pour cela que nous avons besoin d’une législation à l’échelle européenne sur les températures maximales au travail », poursuit-il dans le communiqué.

La canicule qui a frappé l’Europe occidentale mi-juillet a causé la mort de plus de 500 personnes en Espagne et de nombreux records de température ont été battus en France, au Royaume-Uni et au Danemark. La multiplication des vagues de chaleur est une conséquence directe de la crise climatique selon les scientifiques, les émissions de gaz à effet de serre augmentant à la fois leur intensité, leur durée et leur fréquence.

Le Monde avec AFP

« Rendre le travail plus soutenable pendant la carrière est un chemin exigeant, mais plus prometteur que de taper sur les chômeurs »

Il y a au moins une chose que l’on ne peut pas reprocher au président de la République, c’est de manquer de suite dans les idées. Tout le monde garde en mémoire son conseil à un horticulteur au chômage, selon lequel il suffit de traverser la rue pour trouver du travail, prélude à un durcissement des conditions d’entrée dans le dispositif d’indemnisation du chômage.

Après sa remarque du 14 juillet à l’encontre de ceux qui préfèrent « profiter de la solidarité nationale pour réfléchir à leur vie », un nouveau tour de vis sur l’assurance-chômage est clairement annoncé. « Il faut aller plus loin », assume le chef de l’Etat. Pour Emmanuel Macron, il s’agit d’appliquer le principe des vases communicants : il y a trop de chômeurs qui coûtent cher à la collectivité d’un côté, et trop d’emplois non pourvus de l’autre ; en compliquant la vie des chômeurs, on les pousse vers l’emploi.

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Ce raisonnement simpliste ne résiste pas à l’examen des données disponibles. La direction de l’animation de la recherche et des études et des statistiques (Dares) du ministère du travail montre ainsi que les difficultés de recrutement sont liées, entre autres, aux mauvaises conditions de travail dans les secteurs en tension (« Quelles sont les conditions de travail qui contribuent le plus aux difficultés de recrutement dans le secteur privé ? », Analyses n° 26, Dares, juin 2022).

Des conditions difficiles de travail et des faibles salaires

« Les employeurs qui signalent que leurs salariés sont exposés à des conditions de travail difficiles sont plus nombreux (85 %) à connaître des difficultés de recrutement. Les horaires atypiques ou imprévisibles ainsi que la difficulté à pouvoir faire un travail de qualité sont parmi les expositions professionnelles les plus associées aux difficultés de recrutement », peut-on y lire. Les secteurs les plus concernés sont les industries agricoles et alimentaires, les hôtels-cafés-restaurants, les transports, la santé et l’action sociale.

Cet état de fait est récurrent. Dans une étude datée d’octobre 2021, la Dares signalait que les tensions de recrutement sur certains métiers s’expliquaient par des conditions de travail peu attractives, notamment pour les aides à domicile, les conducteurs routiers, les ouvriers non qualifiés de l’industrie, certains ouvriers qualifiés de l’industrie et du bâtiment ou les serveurs.

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Pour d’autres métiers, de mauvaises conditions de travail conjuguées à une pénurie de main-d’œuvre contribuent aux tensions. C’est le cas pour les métiers de bouche (cuisiniers, bouchers, boulangers) ou encore les aides-soignantes. L’étude concluait : « L’apaisement des difficultés de recrutement (et la baisse du chômage) pourrait donc aussi passer par l’amélioration des conditions de travail et/ou la revalorisation des salaires dans certains métiers » (« Quelle relation entre difficultés de recrutement et taux de chômage ? »).

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Assurance-chômage : vers une modulation des règles en fonction de la conjoncture

L’exécutif dit vouloir « aller plus loin » sur la transformation de l’assurance-chômage mais où exactement ? Vendredi 22 juillet, Olivier Dussopt a apporté un début de réponse, sans lever toutes les inconnues. Lors d’un déplacement à Nice consacré aux « tensions de recrutement », le ministre du travail a confirmé que le système d’indemnisation des demandeurs d’emploi allait prochainement évoluer, en livrant quelques détails sur une annonce faite le 14 juillet par Emmanuel Macron.

M. Dussopt a évoqué un paradoxe qui alimente un mécontentement grandissant chez les patrons : d’un côté, des propositions d’embauche qui ne trouvent pas preneur ; de l’autre, un taux de chômage relativement élevé, à 7,3 %. Ce « n’est pas acceptable », a estimé, vendredi, le ministre. C’est pourquoi il entend actionner plusieurs « leviers », parmi lesquels le dispositif qui permet aux sans-emploi de toucher une allocation.

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Mises en application sous la précédente législature, les règles actuelles, qui ont eu pour effet de durcir les conditions d’indemnisation et qui devaient expirer le 31 octobre, vont être prorogées, a indiqué M. Dussopt, ajoutant : « Nous allons même [les] renforcer. » Il a cité l’exemple du Canada où les dispositions sont plus strictes quand le marché de l’emploi va bien « et plus protectrices quand il y a des difficultés économiques ». Son propos s’inscrit dans le prolongement d’une promesse de campagne faite par M. Macron.

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Incompréhension et colère des syndicats

A Matignon, on précise qu’« il y aura un texte en septembre pour prolonger » les mesures en vigueur. En parallèle sera lancée « une concertation sur la gouvernance » du régime, c’est-à-dire sur le rôle respectif des partenaires sociaux et de l’Etat. Ensuite, une autre « concertation » démarrera au sujet « des nouvelles règles d’indemnisation dans le cadre de gouvernance qui aura été décidé ».

Une telle démarche donne satisfaction à François Asselin, le président de la Confédération des petites et moyennes entreprises, car elle correspond à une idée défendue par son organisation. Les syndicats, eux, oscillent entre incompréhension et colère. Cyril Chabanier, le président de la CFTC, confie être surpris car M. Dussopt avait fait part de son intention d’évaluer l’incidence des mesures instaurées sous le premier quinquennat de M. Macron, ce qui pouvait laisser penser qu’aucun changement n’interviendrait tant que les résultats de cette étude d’impact ne seraient pas connus.

Secrétaire confédéral de FO, Michel Beaugas considère que l’initiative du gouvernement « revient à piétiner la procédure définie par les textes puisqu’il appartient aux interlocuteurs sociaux de négocier les paramètres du régime, dans le cadre d’un document d’orientation transmis par Matignon ». « Tout se passe comme si le pouvoir en place cherchait à minorer, encore plus, le rôle des syndicats et du patronat dans le pilotage du dispositif », déplore-t-il.

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