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La gauche et les syndicats accusent le gouvernement et la droite de vouloir achever les 35 heures

La présidente du groupe LFI, Mathilde Panot discute avec le député LFI, Manuel Bompard, à l’Assemblée nationale à Paris, le 11 juillet 2022.

La droite y voit un retour de la philosophie portée par Nicolas Sarkozy derrière le slogan devenu adage, « Travailler plus pour gagner plus ». La gauche y discerne, au contraire, un coup de sabot funeste aux 35 heures. En adoptant définitivement le projet de loi de finances rectificative (PLFR), jeudi 4 août, les députés et sénateurs ont entériné deux mesures faisant l’objet d’un fort dissensus politique : d’un côté la possibilité pour les employeurs de racheter les RTT de leurs employés jusqu’au 31 décembre 2025 (pour un plafond maximum de 7 500 euros), et de l’autre, le rehaussement pérenne du plafond de défiscalisation des heures supplémentaires (de 5 000 à 7 500 euros).

C’est sous la pression des députés Les Républicains (LR) dans un Hémicycle où il ne dispose que d’une majorité relative que le camp présidentiel, à la recherche de compromis et favorable à l’esprit des dispositions, a donné son feu vert. Au Sénat, les élus de droite ont tenté d’aller plus loin en pérennisant les deux dispositifs, pourtant limités aux années 2022 et 2023 dans la première version votée à l’Assemblée. Après l’adoption de ces modifications en séance, ils sont ressortis gagnants du compromis trouvé mercredi en commission mixte paritaire.

Des mesures défendues de longue date par la droite

La monétisation des RTT et la défiscalisation des heures supplémentaires, inscrites au programme présidentiel de Valérie Pécresse au printemps, appartiennent à la feuille de route idéologique de la droite. En 2007, sept ans après la mise en œuvre des lois Aubry sur la réduction de la durée légale du temps de travail à 35 heures, Nicolas Sarkozy s’était ainsi fait l’apôtre de la défiscalisation des heures supplémentaires, avant que la mesure ne soit supprimée par François Hollande – puis réintroduite par Emmanuel Macron en 2019.

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Tout au long des discussions, arguant que ces mesures permettaient de revaloriser le travail et d’accorder aux salariés un gain de pouvoir d’achat, les élus LR ont donc joué de leur voix pour imprimer leur marque. « On assume parfaitement de mettre un coin dans les 35 heures », a ainsi lancé lundi 1er août la sénatrice Christine Lavarde (Hauts-de-Seine). Le chef de file des sénateurs LR Bruno Retailleau a, lui aussi, avancé que « les 35 heures ne sont certainement pas un gain et une avancée sociale pour tout le monde », quand la députée Véronique Louwagie (Orne) s’est félicitée jeudi du « retour du “Travailler plus pour gagner plus”, cher aux Républicains », « pour que le travail rapporte toujours plus que l’assistanat ».

« Coup de force » visant à « tuer les 35 heures »

A gauche, le tollé a été conséquent. Dénonçant un « coup de force » sans concertation syndicale visant « à tuer les 35 heures », les élus estiment que ces deux dispositifs servent de prétexte au gouvernement pour contourner la question de la revalorisation des salaires, qu’ils ont pourtant portée en vain durant les débats.

« Parce qu’ils voudront maintenir à tout prix leur pouvoir d’achat et parce que vous leur refusez une augmentation des salaires, [les salariés] n’auront d’autre choix que de renoncer à leur temps de repos », a fustigé la députée socialiste Christine Pires Beaune (Puy-de-Dôme) jeudi. « C’est aussi une attaque au financement de notre modèle social puisque les mesures prévoient des exonérations de cotisations sociales et d’impôt », souligne le député écologiste Julien Bayou (Paris).

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Le sénateur socialiste Rémi Féraud (Ile-de-France) critique de ce fait une « sarkozisation très assumée de la politique d’Emmanuel Macron » qui, selon lui, « ouvre la boîte de Pandore de la régression sociale ». Son collègue de l’Assemblée Mickaël Bouloux (Ille-et-Vilaine) a prévenu en séance que des élus de la Nupes saisiraient le Conseil constitutionnel sur les RTT afin de vérifier la conformité de « la modification du code du travail au sein d’une loi de finances » qu’ils mettent en doute.

« Vieilles recettes »

Du côté des syndicats, la colère est semblable. « Au lieu de vouloir peser sur les politiques salariales des entreprises, de poser l’enjeu du partage de la valeur produite, de considérer les évolutions du travail et son intensification, le Parlement nous sert de vieilles recettes », a regretté le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, dans un tweet.

La CGT a, elle, critiqué, dans un communiqué publié jeudi, le « recours à la monétisation des RTT », qui pose « plusieurs questions », dont celle de « la remise en cause de la durée légale du temps de travail », « dans un contexte où de nombreuses luttes dans les entreprises sont menées pour travailler moins mais tou.te.s et mieux ».

Regrettant, lui aussi, « la remise en cause des 35 heures », Frédéric Souillot, secrétaire général de Force ouvrière, a questionné la portée de la mesure, jeudi sur RTL : « Combien de salariés vont être touchés ? Ceux qui sont en forfait jour n’y auront pas droit. [Ceux de] toutes les entreprises où il y a un compte épargne temps n’y auront pas droit non plus. »

Mais dans le camp présidentiel, ces accusations sont renvoyées à de « faux procès ». « Le rachat des RTT, c’est une faculté, ce n’est pas une obligation. Nous ne modifions en rien la durée légale hebdomadaire du travail qui reste à 35 heures », a ainsi tenté de rassurer le ministre de l’économie, Bruno Le Maire, jeudi devant les députés.

Pour Jean-René Cazeneuve, rapporteur général du texte, « c’est risible de ressortir le coup des 35 heures », alors que ces mesures « répondent à une demande des Français », s’inscrivent dans le cadre du droit du travail et comprennent « des garde-fous pour éviter tout abus ».

Il souligne que pour le rachat de RTT, « le double consentement de l’employeur et du collaborateur est nécessaire », tandis que pour les deux dispositifs le « plafond maximum de conversion de temps en argent est fixé à 7 500 euros ». Soulignant les insuffisances du paquet pouvoir d’achat en matière salariale, les syndicats appellent à la mobilisation générale le 29 septembre.

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En France, l’emploi salarié progresse encore au deuxième trimestre

L’économie française continue de générer des emplois. Dans son estimation flash, publiée vendredi 5 août, l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) dénombre 102 000 créations net de postes dans le secteur privé, au deuxième trimestre 2022, ce qui représente une augmentation de 0,5 % par rapport au premier trimestre. Il s’agit de la sixième hausse trimestrielle de suite.

Malgré les incertitudes qui pèsent sur l’économie, ces chiffres confirment donc la bonne santé de l’emploi, déjà observée précédemment, conjuguée à un taux de chômage modéré (7,3 % au premier trimestre, selon les chiffres de l’institut). Alors que l’année 2021 avait déjà largement compensé les effets de la crise liée au Covid-19 (+ 4,3 % sur l’ensemble de l’année, soit 838 700 emplois de plus), la poursuite de la dynamique se traduit par un nombre d’emplois largement supérieur à l’avant-crise : mi-2022, l’emploi salarié privé dépasse son niveau de fin 2019 de 3,8 % (+ 754 200 emplois).

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Dans le détail, seul l’intérim connaît un reflux entre fin mars et fin juin (− 2,1 %), après une année 2021 prospère. Hors intérim, le secteur tertiaire marchand apparaît comme le grand vainqueur et explique presque à lui seul la bonne tendance du marché du travail : croissance de 0,8 % au deuxième trimestre, après 0,6 % au premier (soit une progression de 97 300 emplois après 77 300 au premier trimestre). Le tertiaire se situe même 4,5 % au-dessus de son niveau d’avant-crise. De leur côté, l’industrie, l’agriculture ou encore la construction se stabilisent.

Difficultés de recrutement

Ces bons chiffres, qui seront précisés dans un bilan détaillé le 8 septembre, peuvent en partie s’expliquer par un changement méthodologique survenu récemment : depuis le premier trimestre 2022, les évolutions conjoncturelles de l’emploi salarié prennent en compte celles des alternants (apprentis et titulaires de contrats de professionnalisation). Ayant révisé ses chiffres de 2021 en prenant en compte les créations d’emplois liés à l’alternance, l’Insee indiquait, en juin, que le dynamisme de ces contrats réservés aux jeunes comptait pour un tiers de la croissance de l’emploi sur l’ensemble de 2021.

L’estimation flash de l’Insee ne donne pas d’informations supplémentaires sur le type de contrat de travail et le temps de travail des salariés occupant ces nouveaux emplois et ne permet pas non plus de revenir sur les problèmes structurels que disent rencontrer les employeurs, à commencer par les difficultés de recrutement et la baisse de productivité depuis 2020.

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Serge Guérin : « Réformer les retraites ? Favorisons d’abord l’emploi des seniors ! »

Emmanuel Macron remet sur la table la réforme des retraites. A chaque fois le même psychodrame, les mêmes inquiétudes et postures. L’âge légal de départ à la retraite cristallise les débats. Les uns, au nom de l’équité sociale et d’un regard négatif sur le travail, souhaitent le retour à la retraite à 60 ans. Les autres, au nom du réalisme démographique et de l’équilibre des comptes, penchent pour un retour à l’âge de 65 ans pour partir à la retraite. Rappelons que l’âge de 65 ans avait été fixé par le Conseil national de la Résistance (CNR), en 1945. Ce fut la règle jusqu’en 1982.

Les Français se distinguent des Européens par un refus très majoritaire de travailler plus longtemps. Mais un refus largement corrélé par rapport au positionnement social : 77 % des classes moyennes inférieures et modestes et 85 % des plus pauvres sont favorables à la retraite à 60 ans, contre seulement 35 % du côté des catégories aisées, selon un sondage Ifop publié en février. De même, si 42 % des Français se déclarent prêts à travailler jusqu’à 64 ou 65 ans pour avoir une bonne retraite, 62 % des cadres sont dans cette perspective, mais seulement 39 % des ouvriers, d’après le baromètre du Cercle de l’épargne/Amphitéa de mai.

Souffrance, mépris, manque de sens

Les retraités sont les plus sceptiques devant un retour à la retraite à 60 ans. Toujours selon le même sondage Ifop, ils ne sont que 53 % à se déclarer favorables à une retraite généralisée à 60 ans alors que 71 % des Français défendent cette position. Pour autant, même les retraités ne sont guère favorables à l’allongement de la durée de travail. Les Français de plus de 65 ans refusent à 49 %, le droit aux seniors de ne pas partir en retraite, contre 38 % du côté des seniors belges et 17 % pour les seniors allemands, comme le démontre le baromètre de la Fondation Korian et Ipsos pour le bien-vieillir, 2018.

Ce large refus d’une réforme des retraites qui conduirait à travailler plus longtemps s’explique en grande partie par les représentations négatives du travail. Il reste souvent associé à de la souffrance, au sentiment d’être méprisé et au manque de sens. On ne parle même plus de métier mais de poste, de job, de place, de fonction…

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Une des grandes transformations de la période postépidémique concerne la distance prise par rapport au travail : l’envie a disparu ! Les jeunes en particulier semblent pour une grande part d’entre eux ne plus vouloir s’investir dans le travail. Le télétravail apparaît à certains comme un droit naturel. A la suite de la longue période de confinement, où une partie de la population a été mise en chômage technique, beaucoup, quel que soit leur âge, ont pris goût à être rétribués sans avoir à travailler… D’autres ont eu envie d’autres choses, de (re)trouver du sens dans leur activité professionnelle.

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La Hongrie s’ouvre discrètement à l’immigration de travail pour faire face au manque de main-d’œuvre

De mémoire d’ouvriers, à Kistelek, jamais on n’avait encore vu arriver de nouveaux collègues d’aussi loin. Fin mai, pour la première fois de l’histoire de cette petite commune de 7 000 habitants du sud de la Hongrie, une vingtaine d’Indonésiens ont débarqué pour aider les 200 ouvriers de l’usine de câbles électriques, actuellement débordée par les commandes. « Nous avons expliqué à nos travailleurs hongrois que nous étions tellement à court de bras que la production risquait d’être bloquée ou qu’ils ne pourraient pas partir en vacances », expose Marton Balog, directeur de la production de cette usine appartenant à la multinationale italienne Prysmian.

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Ce lundi 18 juillet, les ouvriers indonésiens sont encore en phase d’apprentissage, mais l’entreprise italienne espère qu’ils pourront être totalement autonomes dans les prochaines semaines. « Je connaissais la Hongrie uniquement par la coupe du monde de football », avoue sans difficulté Muhamad Firdaus, jovial ouvrier de 22 ans, venu de Padang, sur l’île de Sumatra, pour assembler des câbles douze heures par jour dans ce coin reculé de l’Europe centrale. « J’aime la Hongrie, les gens sont très gentils avec moi », poursuit ce diplômé en mécanique, qui s’est même mis à l’apprentissage de la si difficile langue magyare.

Ponton Sijari, 26 ans, dans l’usine de câbles de Kistelek, le 11 juillet 2022.

A ses côtés, Ponton Sijari, 26 ans, est aussi « très content » d’avoir quitté son Indonésie natale pour la première fois de sa vie « pour gagner environ deux fois plus ». Soit un peu plus de 600 euros net par mois, un salaire important pour l’Indonésie, mais qui ne suffit plus à attirer la main-d’œuvre hongroise. « On est d’abord allés chercher en Ukraine ou en Roumanie, mais nous n’avons pas eu trop de succès, le turn-over était trop important, alors on s’est dit qu’on allait chercher encore plus loin dans le Sud-Est asiatique », raconte Tiago Campelo, directeur des ressources humaines de la filiale hongroise de Prysmian.

Salle de prière

Ce Portugais est à l’origine de ce qu’il qualifie prudemment « d’expérience intéressante » dans ce pays dirigé depuis 2010 par le premier ministre nationaliste Viktor Orban, connu dans toute l’Europe pour son combat acharné contre l’immigration. Il ne cache pas avoir pris les plus grandes précautions possibles afin d’éviter de mauvaises réactions : les Indonésiens sont hébergés à une heure de route, à Szeged, une ville étudiante qui accueille déjà des étrangers, et un interprète est présent tous les jours sur le site.

Tiago Campelo, directeur des ressources humaines (à gauche), et Marton Balog, directeur de la production, dans l’usine de câbles de Kistelek, en Hongrie, le 11 juillet 2022.
Salle de prière musulmane pour les travailleurs indonésiens, dans l’usine de câbles de Kistelek, en Hongrie, le 11 juillet 2022.

La direction a aussi organisé des réunions avec les ouvriers hongrois pour leur expliquer toutes les différences culturelles, notamment pourquoi elle a décidé d’ouvrir une petite salle de prière musulmane. A en croire les ouvriers de Prysmian, ces précautions payent. « L’usine a tout fait pour qu’ils se sentent bien, il n’y a aucun problème, à part celui de la langue », salue par exemple Tibor Szögi, 48 ans, qui travaille depuis neuf ans sur les chaînes de production. Après deux mois d’expérience, M. Campelo ne cache pas son soulagement. « Je m’attendais à plus de résistance », affirme celui qui prévoit désormais de faire venir des dizaines d’Indonésiens supplémentaires dans les prochaines semaines.

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Apprentissage : Emmanuel Macron invité à reconsidérer les mesures d’économie

Un apprenti travaille au centre de formation des « Compagnons du Tour de France », en avril 2019 à Saint-Thibault-des-Vignes (Seine-et-Marne).

Les principaux acteurs de l’apprentissage grimpent jusqu’au plus haut sommet de l’Etat pour plaider leur cause. Mardi 2 août, cinq poids lourds du secteur ont écrit à Emmanuel Macron afin de lui manifester leur « incompréhension » et leur « stupéfaction » face aux réductions de moyens budgétaires annoncées au début de l’été et applicables à la rentrée. Les auteurs du courrier ne demandent pas au chef de l’Etat de renoncer à ces « économies », reconnaissant qu’elles sont « nécessaires ». Mais ils suggèrent de les réaliser différemment pour atténuer le « choc » infligé aux centres de formations d’apprentis (CFA).

La démarche fait suite à une délibération, adoptée le 30 juin, par France compétences, « l’autorité nationale » de régulation et de financement de l’apprentissage dont le conseil d’administration est multipartite (Etat, partenaires sociaux, régions, personnalités qualifiées). Cette instance a préconisé une baisse « moyenne totale de l’ordre de 10 % » des « niveaux de prise en charge » – la dotation qui sert à financer l’accompagnement du titulaire d’un contrat d’apprentissage. Le coup de sécateur sera donné en deux temps, avec une première diminution d’environ 5 % le 1er septembre, suivie d’une autre – à partir du 1er avril 2023 –, dont le montant pourrait être équivalent. Entre 750 et 800 millions d’euros devraient être ainsi économisés.

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Cette recommandation entend rationnaliser un dispositif victime, à certains égards, de son succès. En 2021, un peu plus de 730 000 contrats d’apprentissage ont été signés, contre 290 000, cinq ans auparavant. Une progression spectaculaire, amorcée par la loi de septembre 2018 « pour la liberté de choisir son avenir professionnel », qui a libéralisé le système. L’essor a été amplifié par les primes exceptionnelles octroyées depuis 2020 aux employeurs qui embauchent des apprentis.

Dans ce contexte, France compétences a été mise à contribution dans des proportions très supérieures à ses ressources. Avec, comme conséquence, l’apparition d’un déficit devenu structurel : – 4,6 milliards d’euros en 2020, – 3,2 milliards en 2021… Cette année, le déséquilibre pourrait être encore plus important (– 6 milliards, selon la Cour des comptes). L’Etat a été appelé à la rescousse plusieurs fois pour éviter à l’opérateur d’être en cessation des paiements.

« Disparités de traitement »

La montée en puissance de l’apprentissage s’est accompagnée de poussées des prix – pas toujours pleinement justifiées – et d’effets d’aubaine. Plusieurs évaluations conduites au cours des deux dernières années ont constaté que les dotations dépassaient, en moyenne, de 20 % le coût des formations. A partir de la fin 2021, tous les protagonistes ont engagé le dialogue dans le but de faire converger le niveau des aides avec celui des charges endossées par les CFA. Les discussions ont abouti à un résultat conforme aux attentes de France compétences, s’agissant de 70 % des niveaux de prise en charge. Pour les autres, l’opérateur s’est montré plus directif en préconisant, bien souvent, un tour de vis.

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A Singapour, les écoles de commerce françaises à la conquête de réseaux d’influence

« Alliances françaises » (3/6). Depuis le début des années 2000, invités par la cité-Etat, l’Insead, l’Edhec et l’Essec ont pris pied à Singapour. Ce contexte permet aux écoles de commerce françaises de négocier des partenariats stratégiques en Asie, et aux étudiants singapouriens d’être exposés à un environnement international à moindre coût.

Emploi : le recours aux saisonniers étrangers en forte hausse

Morad, 38 ans, travaille dans les vignes du domaine de Peretti Della Rocca à Figari, le 27 juillet 2022, en Corse-du-Sud.

Ils sont de plus en plus nombreux. En 2022, la direction générale des étrangers en France (DGEF) a délivré 22 000 autorisations de travail saisonnier à des étrangers hors Union européenne. Et selon l’Office français de l’immigration et de l’intégration (OFII), plus de 10 000 travailleurs sont déjà arrivés en France, deux fois plus qu’en 2021. Une croissance qui s’explique par « la levée des contraintes sanitaires et par des tensions accrues sur le marché du travail », avance la DGEF.

A titre de comparaison, en 2012, un peu plus de 1 000 premiers titres de séjour « travailleur saisonnier » avaient été délivrés et on en dénombrait près de 5 600 en 2019, avant la pandémie.

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Les saisonniers étrangers sont pour 75 % d’entre eux des Marocains, presque exclusivement des hommes employés au smic par des exploitants agricoles, en particulier dans les régions de Provence-Alpes-Côte d’Azur, Nouvelle-Aquitaine, Auvergne-Rhône-Alpes et Occitanie.

Des accords bilatéraux de main-d’œuvre précisent les règles en matière de recrutement de saisonniers étrangers. Ceux conclus par la France avec le Maroc et la Tunisie remontent à 1963. Ils prévoient par exemple une visite médicale dans les bureaux de l’Office français de l’immigration et de l’intégration (OFII) au Maroc ou en Tunisie, la prise en charge par la France d’une partie du transport des saisonniers ou encore le fait que ceux-ci se signalent obligatoirement à leur retour dans leur pays d’origine.

« Il n’y a pas de réflexion »

La convention franco-marocaine prévoit en outre que la France communique une fois par an au moins ses besoins de main-d’œuvre et que le Maroc fasse état de la disponibilité de travailleurs, tandis que l’accord entre Paris et Tunis de 2008 de gestion concertée des migrations établit un objectif à atteindre de 2 500 saisonniers tunisiens.

De temps en temps, l’actualité rappelle l’importance de ces travailleurs étrangers. Dans le contexte de pandémie de Covid-19 et de fermeture des frontières, des avions ont pu être affrétés par des employeurs pour acheminer des saisonniers agricoles. Un pont aérien entre le Maroc et la Haute-Corse a notamment été organisé en octobre 2020 pour sauver la récolte de clémentines.

Tout récemment, le syndicat de l’hôtellerie-restauration Union des métiers et des industries de l’hôtellerie a déclaré avoir signé une convention le 30 juin avec le Pôle emploi tunisien pour faciliter la venue de plusieurs milliers de saisonniers en France. L’idée est que les deux parties identifient et sélectionnent des candidats à l’émigration en Tunisie et que leur CV soit accessible gratuitement aux employeurs sur une plate-forme en ligne. « Cette initiative est privée et ses contours sont flous tant du point de vue des volumes que des employeurs, met cependant en garde le directeur de l’OFII, Didier Leschi. Pour faire venir un saisonnier, il faut un contrat de travail, savoir où sont logés les gens, une autorisation de travail, un visa… »

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« On est plutôt en train de préparer la saison d’hiver, précise de son côté l’UMIH. Cet été, beaucoup de restaurants se sont adaptés en fermant certains jours de la semaine. » Le secteur évalue à 200 000 ses besoins d’embauche à l’année.

« Faire appel aux saisonniers étrangers est une facilité, estime de son côté M. Leschi. Il n’y a pas de réflexion tant du côté du ministère de l’agriculture que du ministère du travail pour, par exemple, prendre en charge les réfugiés déjà présents sur le territoire, construire des parcours de formation professionnelle et satisfaire les besoins de l’agriculture. »

Interrogé, un cadre du ministère de l’intérieur livre son analyse plus largement, sous le couvert de l’anonymat : « Il y a la place pour un débat public sur les petites mains qui font vivre l’économie, l’immigration non qualifiée. Mais il faut aussi que les secteurs se posent la question de leur attractivité et des niveaux de rémunération. »

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A Figari, en Corse, les ouvriers marocains font vivre la vigne

Jean-Baptiste de Peretti se lève tôt. Et le jour, peu avant lui. Au volant de son pick-up, l’esprit encore cotonneux, il descend le long de son vignoble, qui s’étend sur 15 hectares vallonnés. En piémont de la splendide chaîne montagneuse de l’Omu di Cagna, en Corse-du-Sud, il détaille les vignes qu’il a commencé à planter en 2013 et qu’agite un timide vent venu de la mer.

Entre les rangées des plus jeunes ceps, le vigneron de 52 ans salue ses deux ouvriers agricoles marocains, Abdou et Morad (ils ont requis l’anonymat). Depuis 6 heures, les deux hommes s’affairent à installer un système de goutte à goutte qui viendra rafraîchir la vigne naissante. Il n’a pas plu depuis trois mois à Figari. Chemin faisant, Abdou et Morad se courbent pour fixer les tuteurs des pieds encore frêles, d’un geste répétitif. Enfin, ils arrachent à la main les rares mauvaises herbes qui s’accrochent encore à la terre granitique tout juste labourée. Dans peu de temps, il fera plus de 30 °C sous le soleil.

Morad, 38 ans, travaille dans les vignes du domaine de Peretti della Rocca, à Figari (Corse-du-Sud), le 27 juillet 2022.

Un « métier difficile », concède Jean-Baptiste de Peretti. Sûrement l’une des raisons pour lesquelles le domaine a du mal à recruter des saisonniers. Ici comme ailleurs, la main-d’œuvre se fait rare alors, comme d’autres avant lui, M. de Peretti s’est tourné vers le Maroc pour embaucher.

Tradition familiale

En 2022, un nombre croissant d’employeurs ont fait venir des saisonniers de l’étranger. Ainsi, la direction générale des étrangers en France (DGEF) a déjà délivré 22 000 autorisations de travail saisonnier, deux fois plus qu’en 2021. Une croissance qui s’explique par « la levée des contraintes sanitaires et par des tensions accrues sur le marché du travail », avance la DGEF.

M. de Peretti s’est rendu dans la région viticole de Meknès en janvier 2019. Il voulait choisir sur place des saisonniers ayant « une vraie connaissance de la vigne » pour son exploitation labellisée AOC et en conversion bio. Là-bas, il a croisé une dizaine d’ouvriers, et parmi eux, Morad. Le patron corse a demandé au Marocain de faire une marche arrière en tracteur et l’affaire était conclue.

Après trois saisons, Morad, 38 ans, a signé un CDI à temps plein au domaine de Peretti della Rocca. « C’est quelqu’un de très important pour moi », insiste le vigneron. « Jean-Baptiste, c’est comme la famille », lui retourne l’ouvrier. Maintenant qu’il est à l’année en Corse, Morad aimerait faire venir sa femme et ses quatre enfants. Pour cet homme, la migration s’inscrit dans une tradition familiale. Issu d’une fratrie de quatorze enfants, il compte un frère ouvrier agricole comme lui, en Haute-Corse, deux frères mécanicien et chauffeur de poids lourds sur le continent, un autre frère dans le bâtiment en Espagne et un autre encore qui exerce comme coiffeur aux Pays-Bas. Deux frères qui font les saisons agricoles en Corse complètent cette diaspora.

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Emploi : hausse des ruptures conventionnelles en 2021

L’année 2021 marque un nouveau record pour les ruptures conventionnelles. Quelque 454 000 d’entre elles ont été homologuées dans le secteur privé en France métropolitaine en 2021, a révélé mardi 2 août la Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares) du ministère du travail. Cela représente une hausse de 6,1 % par rapport à 2020, et de plus de 2,3 % comparé à 2019, avant la crise sanitaire due au Covid-19. La majorité des secteurs d’activité et des tranches d’âge sont concernées.

Pensé comme une troisième voie entre démission et licenciement, ce dispositif, créé en 2008, propose à un salarié du privé de mettre fin à son CDI, d’un commun accord avec son employeur. Contrairement à la démission, la rupture conventionnelle ouvre droit aux allocations-chômage, en plus d’une indemnité de départ au moins égale à l’indemnité légale de licenciement. En hausse constante depuis leur création, elles s’étaient rétractées en 2020, notamment en raison du recours à l’activité partielle et des incertitudes économiques.

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Cette remontée peut-elle être mise en relation avec le mouvement de « grande rotation » des salariés, qui se reconvertissent ou changent d’employeur depuis la pandémie de Covid ? Si la hausse des ruptures n’est pas aussi spectaculaire que celle des démissions (470 000 Français ont quitté leur CDI au premier trimestre 2022, soit 20 % de plus qu’à la fin de l’année 2019), c’est une hypothèse plausible.

Ouvriers et employés

« Le fait qu’elle soit concomitante à une hausse très importante des démissions laisse penser que la hausse des ruptures conventionnelles est largement liée à des situations où c’est le salarié qui veut partir, observe Bertrand Martinot, économiste spécialiste du marché du travail à l’Institut Montaigne, qui reste prudent. C’est un mouvement avéré mais qui n’est pas massif, et qui vient du fait que le marché du travail est particulièrement dynamique. »

Par leur nombre croissant, ces signataires représentent une part non négligeable des entrées à Pôle emploi

En 2021, le bond s’observe notamment chez les ouvriers (+ 7,6 %) et employés (+ 7,7 %), et dans les secteurs de la construction (+ 16 %) ou des transports et de l’entreposage (+ 13,6 %). Les ruptures conventionnelles concernent notamment des salariés dont l’ancienneté est faible – leur départ ne représentant donc pas une indemnité élevée pour l’entreprise. Il s’agit soit de jeunes en moyenne âgés de 30 ans, soit de salariés en fin de carrière.

Par leur nombre croissant, ces signataires représentent une part non négligeable des entrées à Pôle emploi, mais là aussi, la conjoncture semble jouer en leur faveur. « Les ruptures se substituent aux démissions car elles permettent de toucher l’assurance-chômage et d’avoir une sécurité, mais les chiffres prouvent que les gens ne se réfugient pas dans l’inactivité ou le chômage, ils changent beaucoup d’activité ou d’employeur », précise Bertrand Martinot.

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