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Belgique : une grève générale pour exiger une hausse des salaires s’apprête à paralyser le pays

Une femme est assise sur un quai pendant une grève de 24 heures du réseau ferroviaire belge organisée par les syndicats communs, à Bruxelles, le 5 octobre 2022.

La Belgique devrait être quasiment à l’arrêt, mercredi 9 novembre, en raison d’une grève générale décrétée par les grands syndicats du pays, qui réclament une augmentation du pouvoir d’achat afin de compenser les effets de l’inflation (elle dépasse désormais 12 % dans le royaume) et de la forte hausse des coûts de l’énergie.

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Trains (dès 22 heures, mardi), transports urbains, écoles, centres commerciaux, police, ainsi qu’une partie de l’industrie : tous les secteurs seront affectés. A l’aéroport de Bruxelles-Zaventem, plus de la moitié des vols ont été préventivement supprimés, au départ comme à l’arrivée.

L’augmentation des tarifs du gaz et de l’électricité, avec des factures qui ont parfois quintuplé ou sextuplé, alimente une intense colère sociale. La fermeture de petits commerces défraie quotidiennement la chronique et une partie de la classe moyenne ploie sous le poids de coûts que ne compenseront pas les aides du gouvernement fédéral : 135 euros par mois pour le gaz, 61 euros pour l’électricité, de novembre à mars.

Risque de black-out

Le premier ministre, Alexander De Croo (libéral flamand), a d’abord compté sur une décision européenne en faveur d’un plafonnement des prix. Elle n’est pas venue, et son gouvernement a donc misé sur une taxation des surprofits du secteur énergétique, décision dont la concrétisation et le rendement sont toujours débattus. Face à cela, la Fédération générale du travail de Belgique (FGTB, socialiste) réclame désormais un blocage des prix. « Difficile, car le pays est très connecté à ses voisins », ce qui pourrait inciter les opérateurs à vendre l’électricité plus cher ailleurs, avec un risque de black-out, selon le chef du gouvernement.

Sans réellement convaincre, M. De Croo aligne aussi les chiffres : 5 milliards d’aides grâce à l’instauration d’un tarif social pour réduire les factures des plus démunis et, surtout, 10 milliards par le biais de l’indexation automatique des salaires sur l’inflation, qui interviendra en janvier 2023. « Ce sera insuffisant », affirment les dirigeants syndicaux, qui ont déjà mobilisé avec succès en juin et septembre.

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Au-delà de l’augmentation à court terme du pouvoir d’achat, les syndicats veulent négocier des hausses salariales pour les deux prochaines années. Une revendication a priori impossible à satisfaire : une loi sur la « norme salariale » veille à ce que l’économie nationale reste concurrentielle par rapport à celle de ses principaux partenaires. Or, soulignent les organisations patronales, le handicap actuel du pays est de 10 %. Le Conseil central de l’économie, un organe qui réunit pouvoirs publics et acteurs économiques, a, lui, préconisé un gel des rémunérations, avec toutefois le maintien de l’indexation automatique.

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En France, l’emploi résiste toujours, en dépit d’une croissance poussive

Sur la terrasse d’un restaurant de Saint-Jean-de-Luz (Pyrénées-Atlantiques), le 2 février 2022.

L’emploi tient décidément bon face à la crise qui se profile. Malgré une croissance poussive (+ 0,2 %), l’économie française a créé 89 400 emplois supplémentaires dans le secteur privé au troisième trimestre, soit une hausse de 0,4 %, deux fois plus forte que l’activité, selon le chiffre provisoire publié par l’Insee, mardi 8 novembre. Un rythme qui, de plus, ne faiblit pas par rapport à la première moitié de l’année. En effet, 93 000 emplois ont été créés au premier trimestre (+ 0,5 %) et 88 200 au deuxième (+ 0,4 %). Au cours de la même période, le produit intérieur brut s’est très légèrement replié au premier trimestre (– 0,2 %) et a progressé de 0,5 % au deuxième.

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« Le ralentissement de l’emploi est beaucoup moins important que le ralentissement de l’activité », résume Vladimir Passeron, chef du département de l’emploi et des revenus d’activité à l’Insee. Des entreprises qui recrutent, un marché de l’emploi dynamique : voilà qui est « positif à court terme », ajoute l’expert. A plus long terme, toutefois, la situation est moins réjouissante : elle traduit une perte de productivité par rapport à l’avant-crise (fin 2019) « de deux points », selon les calculs de l’Insee.

Pourquoi faut-il à l’économie française davantage d’emplois pour produire la même chose qu’avant la pandémie de Covid-19 ? L’apprentissage, qui pèse pour un tiers des créations d’emplois de 2022, est une piste. D’après l’Insee, « il explique environ la moitié de cette chute de la productivité ». « Les apprentis, en effet, sont par définition débutants, et surtout ils travaillent à temps partiel pour l’entreprise, alors qu’ils sont comptabilisés comme des salariés à temps complet dans les chiffres de l’emploi », souligne M. Passeron.

Les entreprises continuent d’embaucher

Parmi les autres pistes explorées figure l’absentéisme, qui reste élevé dans certains secteurs. Autre hypothèse, le « blanchiment d’emplois » : la crise sanitaire et la mise en place du chômage partiel auraient pu conduire à déclarer des salariés dissimulés, pour des raisons sanitaires autant qu’administratives et financières. L’Insee s’interroge également sur d’autres explications de long terme, comme l’impact des « ordonnances travail ».

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Quoi qu’il en soit, une chose est sûre : les entreprises continuent d’embaucher. « Nous n’avons pas encore observé de ralentissement du marché, malgré l’environnement économique qui se dégrade et les tensions internationales », confirme David Beaurepaire, patron de la plate-forme de recrutement HelloWork, qui comptait encore en septembre 620 000 offres en ligne, avec même un record absolu de 25 000 CDI.

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« Le pouvoir d’attractivité de Montréal et du Québec ne se dément pas auprès des étudiants »

Après deux années marquées par la pandémie de Covid-19, les étudiants internationaux sont revenus au Canada à la rentrée 2022. Parmi eux, quelque 17 500 étudiants français selon les chiffres de Campus France. Destination préférée de ces jeunes Français : Montréal. Accompagnement personnalisé, frais de scolarité modiques, universités de haut niveau… les raisons de cet engouement pour la grande métropole québécoise ne manquent pas, explique Magda Fusaro, rectrice de l’université du Québec à Montréal (UQAM).

Depuis 2020, les étudiants étrangers avaient déserté Montréal. Sont-ils de retour dans votre université ?

Nous assistons en cette rentrée à un retour à la normale. Mieux, nous n’avons jamais reçu autant d’étudiants internationaux : 5 000 aujourd’hui sont inscrits chez nous, dont 2 100 jeunes Français, soit, concernant ces derniers, presque le niveau d’avant la pandémie. La différence avec la période antérieure au Covid-19, c’est que ces étudiants ne se contentent plus de passer quelques mois chez nous, comme beaucoup le faisaient jusque-là dans le cadre de programmes d’échange bilatéraux, ils souhaitent désormais s’inscrire dans des cycles complets d’études.

Comment expliquez-vous cet engouement pour Montréal ?

Le pouvoir d’attractivité de Montréal et du Québec ne se dément pas, en effet. Cela tient sans doute à la politique de recrutement active que nous menons en France et au très bon « bouche-à-oreille » entretenu par nos anciens diplômés sur les réseaux sociaux.

Mais ce sont surtout nos efforts en matière d’intégration qui font la différence. A l’inverse de ce qui se passe dans certaines universités – je ne citerai aucun nom [rires] – où les étudiants sont parfois livrés à eux-mêmes, nous avons mis en place des programmes d’accompagnement très personnalisés. Nous leur dispensons notamment des conseils en matière d’immigration, même si cette compétence relève de l’échelon fédéral – directement des autorités canadiennes donc, et non des autorités québécoises. Ce sont désormais quatre conseillers au sein de l’université qui aident les étudiants admissibles à démêler cet écheveau juridique.

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Nous les accompagnons également dans leur vie étudiante en général, du point de vue financier, psychologique ou scolaire. Nous savons que ces jeunes qui quittent leur pays vivent une transition importante, et nous y sommes particulièrement attentifs. Enfin, au-delà de la qualité de l’enseignement dispensé à l’UQAM, l’accessibilité des professeurs pour leurs étudiants reste un atout décisif.

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Assurance-chômage : avant la commission mixte paritaire, la droite met la pression sur le gouvernement

Le ministre du travail, du plein emploi et de l’insertion, Olivier Dussopt, et la première ministre, Elisabeth Borne, à l’Assemblée nationale, à Paris, le 3 novembre 2022.

La droite campe sur ses positions. Si la majorité sénatoriale, composée des Républicains (LR) et de l’Union centriste (UC), a durci durant son examen au Sénat le projet de loi ouvrant la voie à une réforme de l’assurance-chômage, ce n’est pas pour lâcher du lest lors de la commission mixte paritaire (CMP), qui doit avoir lieu mercredi 9 novembre, prévient-elle. Avec cinq membres sur les quatorze qui la composent – sept députés et sept sénateurs –, elle y dispose d’autant de parlementaires que la coalition présidentielle.

Deux semaines après qu’Emmanuel Macron a appelé sur France 2 à « une alliance » avec la droite, évoquant notamment « les réformes du travail », les députés et sénateurs LR se savent en position de force à l’heure d’aborder les négociations sur ce texte. D’autant plus qu’ils partagent la philosophie générale de ce projet de loi présenté par le gouvernement comme « la première étape » pour arriver au plein-emploi – 5 % de chômage – d’ici à 2027. « Sur le fond, ça va dans la ligne qui est la nôtre, de restaurer la valeur travail, de faire en sorte qu’on sorte plus vite de l’assurance chômage pour retourner à l’emploi de façon plus contraignante », explique le député des Vosges, Stéphane Viry (LR).

Reste donc à se mettre d’accord avec le camp présidentiel sur les « curseurs et la temporalité » des mesures, explique l’élu. Face à ce pas de deux entre le gouvernement et la droite, la gauche en est rendue à faire de la figuration. « C’est un texte dogmatique destiné à taper sur les chômeurs et à durcir la ligne de la majorité pour montrer qu’ils sont capables de travailler avec la droite », tance le député du Calvados, Arthur Delaporte (Parti socialiste), qui déplore n’avoir « eu aucun contact avec le gouvernement ».

« Il faut réaffirmer le caractère assurantiel du système »

« Je pense que le gouvernement a intérêt à faire un pas en notre direction », affirme pour sa part la co-rapporteuse du projet de loi au Sénat, Frédérique Puissat (LR). Si les discussions doivent se poursuivre mardi, les sénateurs de droite et centristes souhaitent voir conserver dans le texte final les deux mesures qu’ils ont adoptées en séance publique, contre l’avis du gouvernement, restreignant l’accès à l’assurance-chômage aux salariés en CDD qui refusent trois CDI « d’une rémunération au moins équivalente » en douze mois et aux intérimaires dès le premier refus. Pour Frédérique Puissat, « il est hors de question de lâcher » sur ces deux points, car « il faut réaffirmer le caractère assurantiel du système, qui doit protéger les gens qui sont privés d’emploi de façon involontaire ».

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De la rentabilité à la « sociétalisation »

Gouvernance. Au temps du managérialisme des années 1950, l’idéologie dominante affirmait que la croissance économique conduit nécessairement au progrès de la société tout entière. La responsabilité des entreprises était donc de prospérer économiquement et socialement. La superstructure managériale était appelée à garantir cette promesse. Le fameux slogan « Ce qui est bon pour General Motors est bon pour l’Amérique » résumait l’optimisme de l’époque.

Un optimisme fondé sur une vision partielle de la réalité. Dans les faits, l’Etat jouait un rôle essentiel dans la régulation des économies grâce aux énormes investissements publics, à son pouvoir d’arbitrer les tensions sociales et de créer des opportunités géopolitiques pour mondialiser les activités nationales.

La révolution néolibérale s’est élevée à partir des années 1970 contre cette omniprésence étatique et elle a prôné le retour à une liberté économique idéalisée. Pour « dépolitiser » l’économie, on substitua à l’Etat la régulation par les marchés financiers, supposés « politiquement neutres », car animés par le seul rendement des investissements. Il s’ensuivit la financiarisation des entreprises qui furent priées de se consacrer à la seule rentabilité de leurs activités. Un mot de l’économiste américain Milton Friedman (1912-2006) est devenu la bannière de cette époque : « La seule responsabilité des entreprises est de faire du profit ».

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Avec les crises financières répétées jusqu’à celle de 2008, l’illusion que les marchés peuvent réguler au mieux l’activité économique s’est évanouie. Parallèlement, le péril environnemental a rendu peu crédible un retour au managérialisme d’antan : qui peut affirmer encore que ce qui est bon pour une entreprise le soit nécessairement pour la planète et que les dirigeants aient la compétence pour assurer une telle relation ?

Activismes de réseaux et actionnarial

Nous sommes ainsi entrés dans une nouvelle phase du rapport entre l’économie et le politique : la « sociétalisation ». La « société » entend désormais agir sur les entreprises pour qu’elles intègrent, dans leur création de valeur, des réponses efficaces aux questions sociales et environnementales. Mais la « société » est hétéroclite, et les opinions des citoyens sur leurs réponses divergent parfois radicalement. Des exigences nombreuses sont alors énoncées par la voix des activistes.

Ceux-ci opèrent sur deux fronts. D’une part, ils font pression sur l’Etat, ses politiques publiques et ses lois par le jeu de l’opinion : c’est l’activisme de réseaux ; et d’autre part, en tant qu’investisseurs dans le capital des entreprises, ils récupèrent le pouvoir des actionnaires pour influer directement sur les directions des entreprises : c’est l’activisme actionnarial.

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Mobilisation contre l’implantation d’une plate-forme logistique de Gifi dans le Gard

A Laudun-l’Ardoise, ville gardoise de 6 000 habitants située sur les bords du Rhône et habituée aux assauts du Mistral, gronde le vent de la colère. Distribution de tracts, circulation d’une pétition… Ces derniers jours, la mobilisation a grandi contre le projet d’une plate-forme logistique Gifi dans le hameau de L’Ardoise, où vivent 1 000 personnes.

L’enseigne spécialisée dans l’ameublement de la maison prévoit de s’installer sur l’ancien site de l’usine ArcelorMittal, inactif depuis dix-huit ans. Une friche industrielle où le leader de la décoration (1 000 magasins en France) pourrait aménager, d’ici à 2024, des bâtiments sur 120 000 mètres carrés. Cela permettrait l’emploi de 250 à 500 personnes en fonction des pics d’activité, selon Philippe Desmas, le mandataire du Groupe Philippe Ginestet (le fondateur de l’enseigne), venu présenter en mars le projet aux élus locaux. La signature du compromis de vente entre Gifi et l’établissement public foncier doit avoir lieu mercredi 9 novembre.

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Sur place, le Comité de défense du hameau de L’Ardoise multiplie, depuis dix-huit mois, les courriers aux élus locaux et à la direction de Gifi. Le président, Dominique Griotto, espère faire reculer le dossier : « Ce projet n’est pas le bienvenu ici », répète cet habitant, qui dénonce « une véritable folie ». « Cette installation engendrerait le passage de 250 camions entre 7 heures du matin et midi, soit 500 allers-retours, à quelques mètres de nos écoles et de nos maisons ! »

« Ce projet va bonifier une friche abandonnée »

A plusieurs reprises, quelques dizaines d’habitants se sont mobilisées pour dire non à l’enseigne au logo rouge. Dans sa pétition, le comité s’inquiète également de la pollution aux particules ultrafines (PUF), du risque d’accident, du bruit et de la perte de la valeur foncière des maisons riveraines. Lundi 7 novembre, le comité, dont la pétition atteint 250 signatures, a prévu de passer une nouvelle fois à l’action avec une distribution de tracts. Contactée par Le Monde, la direction de Gifi n’a pas répondu.

En avril 2021, la communauté d’agglomération du Gard rhodanien, dont dépend la commune de Laudun-l’Ardoise, s’était prononcée en faveur de ce projet, sans obtenir un véritable soutien (44 abstentions, dont le président socialiste, Jean-Christian Rey, sur 73 élus). Mais le maire (sans étiquette) de Laudun-l’Ardoise, Yves Cazorla, est, lui, convaincu : « L’une de nos principales préoccupations, c’est l’emploi. Nous avons des besoins sur notre territoire pour des emplois peu diplômés, et Gifi répond à cette attente. Les opposants soulèvent des nuisances que nous entendons et auxquelles nous tentons d’apporter des réponses. »

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Les entreprises continuent de recruter des cadres, malgré les incertitudes

Le marché du travail ne connaît pas (encore) la crise, et cela est d’autant plus vrai pour les cadres : tel est le constat formulé par l’Association pour l’emploi des cadres (APEC), qui publie son baromètre du quatrième trimestre, lundi 7 novembre. Malgré l’inflation et les incertitudes liées à la crise de l’énergie et au conflit en Ukraine, l’emploi des cadres fait même mieux que résister, puisque les intentions de recrutement devraient repartir à la hausse.

Ce sont 12 % des entreprises qui souhaitent recruter au moins un cadre lors des trois derniers mois de 2022, selon cette étude menée, en septembre, auprès de deux échantillons représentatifs, l’un de 1 000 entreprises du secteur privé employant au moins un cadre, et l’autre de 2 000 cadres : 62 % des grandes entreprises (soit 8 % de plus qu’il y a trois mois), 19 % des PME et 6 % des TPE.

Le bilan du troisième trimestre est tout aussi positif, relève l’APEC : 16 % des entreprises y ont recruté au moins un cadre, soit 5 points de plus qu’au deuxième trimestre, et 6 points de plus qu’au troisième trimestre 2021. Les TPE-PME ont même connu des niveaux record. L’organisme explique cette accalmie par un repli relatif des difficultés d’approvisionnement en matières premières.

Un faible nombre de candidatures

« Malgré tous les aléas conjoncturels et quelques fléchissements au moment où s’est déclarée la guerre en Ukraine, le marché continue de résister, on l’a vu aussi avec le nombre d’offres d’emploi sur le site Apec.fr : on note une progression de 16 % sur les trois premiers trimestres, par rapport aux trois premiers de 2019, ajoute Gaël Bouron, responsable adjoint du pôle études. On n’a pas encore, en France, d’impact sur l’emploi du ralentissement de la croissance. »

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Comme souvent depuis la reprise de l’économie, la bonne dynamique est toutefois gâchée par les difficultés de recrutement, qui tutoient elles aussi les sommets puisqu’elles concernent 84 % des sociétés en quête de cadres. « On a l’impression que ces difficultés s’intensifient, juge Gaël Bouron : le recrutement est très difficile pour 38 % des entreprises au quatrième trimestre, contre 29 % en mars et 15 % en 2020-2021 ! »

L’APEC identifie trois sources principales de difficultés : un faible nombre de candidatures reçues, une inadéquation entre les candidatures et les profils recherchés et la concurrence entre entreprises sur certains profils. C’est le cas, en tête, des métiers de l’informatique et des études recherche et développement, où les compétences techniques sont très rares.

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Meta prévoit un plan de licenciement massif, selon la presse américaine

L’entreprise Meta est la maison mère des réseaux sociaux Facebook et Instagram.

Meta (Facebook, Instagram) prévoit licencier des milliers de personnes à partir de cette semaine, d’après des informations publiées par Wall Street Journal, dimanche 6 novembre, alors que plusieurs sociétés technologiques viennent de congédier une partie de leurs effectifs en réponse à la crise économique. Ce pourrait être le plan social le plus important dans le secteur, selon le quotidien, après la pandémie, qui a largement bénéficié à la croissance des revenus mais aussi du personnel de ces entreprises.

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Meta comptait quelque 87 000 employés dans le monde au 30 septembre. Lors de la publication récente des derniers résultats trimestriels décevants, le patron Mark Zuckerberg a mentionné que le personnel du groupe ne devrait pas augmenter d’ici à la fin de 2023, voire diminuer légèrement. Jeudi, deux sociétés de la Silicon Valley, Stripe et Lyft, ont fait part de licenciements de grande ampleur tandis qu’Amazon a gelé les embauches dans ses bureaux.

Twitter, fraîchement racheté par Elon Musk, vient de congédier environ la moitié de ses 7 500 salariés. Les plates-formes dont le modèle économique est fondé sur la publicité pâtissent notamment des coupes budgétaires des annonceurs, aux prises avec l’inflation et la hausse des taux d’intérêt.

Les coûts élevés du métavers

Meta a vu son bénéfice net fondre à 4,4 milliards de dollars au troisième trimestre (− 52 % sur un an). « Nous affrontons un environnement macroéconomique instable, une concurrence accrue, des problèmes de ciblage publicitaire et des coûts en hausse pour nos investissements de long terme, mais je dois dire que nos produits ont l’air de s’en sortir mieux que certains commentaires ne le suggèrent », a tenté de tempérer Mark Zuckerberg à la fin d’octobre, pendant la conférence aux analystes.

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Mais le titre du groupe californien a chuté de 24,56 % le lendemain à Wall Street. En un an, Meta a perdu près de 600 milliards de dollars (environ 600 milliards d’euros) de capitalisation boursière. La société inquiète les marchés depuis le début de l’année, quand elle avait annoncé pour la première fois avoir perdu des utilisateurs sur son réseau social d’origine, Facebook.

Les investissements coûteux en vue de construire le métavers, présenté comme l’avenir d’Internet, ne rassurent par non plus les investisseurs, lesquels doutent de la capacité du groupe à tirer des revenus significatifs de cet univers parallèle balbutiant.

Le Monde avec AFP

« J’ai fini par quitter le monde des start-up, lassé par l’hypocrisie de cette fausse grande famille »

La première fois que j’ai eu une désillusion professionnelle dans la « start-up nation française », j’avais 25 ans. Je venais de quitter une petite start-up, parce que je trouvais que les responsabilités étaient trop élevées pour moi. C’était mon premier travail en tant que développeur Web, obtenu à l’issue d’un stage de fin d’études. Le matin, je démarrais mon ordinateur avec la boule au ventre à cause de la charge de travail. La culture du présentéisme était de mise. On n’était jamais à l’abri du célèbre « t’as pris ton aprèm » alors qu’il était déjà 18 heures. C’est là que j’ai perçu pour la première fois l’hypocrisie d’« on est une famille, mais en vrai on est une entreprise ».

Avant même d’avoir trouvé un autre boulot, j’ai donc démissionné de cette start-up. Rapidement, j’ai rejoint une « scale-up » [une entreprise qui compte au moins dix employés, une moyenne de 20 % de rendement annuel pendant au moins trois ans et qui a levé plus d’un million de dollars], alors en pleine phase d’hypercroissance. Aujourd’hui, c’est l’une des dix plus grandes de France.

Quand j’ai commencé, on était 150. En moins de deux ans, il y avait 500 personnes. Ça donnait le tournis. A la fin, je ne connaissais même plus la moitié des salariés. Chaque semaine, les gens arrivaient par vagues, à tel point qu’on ne se souvenait pas de tous les prénoms de ceux qui nous avaient rejoints la semaine d’avant. Malgré le baby-foot, la salle de sport et les autres lieux de socialisation, le contact avec les autres est devenu plus indirect.

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Quand on débarque dans une start-up, on est rapidement mis dans une ambiance familiale. Pour ma part, je le vois plus comme un moyen pour nous faire bosser en faisant appel à notre serviabilité ou à notre loyauté, comme on rendrait un service à un ami. Sauf qu’en amitié la productivité n’a pas sa place.

« Je ne comprenais pas pourquoi nous travaillions aussi tard alors que ce n’était pas forcément urgent, ni nécessaire »

Dans notre équipe, avec le turnover croissant, la charge de travail est venue peser de plus en plus sur mes épaules. Je me suis retrouvé seul à gérer les sujets sur lesquels on m’avait formé. Personne n’était là pour m’aiguiller correctement. Quand il y avait des recrutements, j’étais souvent consulté au préalable pour donner mon avis et j’aidais à faire passer les entretiens. Une fois la nouvelle recrue embauchée dans l’équipe, je l’accompagnais dans sa formation. C’était très valorisant, même si ça me demandait beaucoup de temps. Assez rapidement, mon salaire a été réévalué, et ce plusieurs fois pendant mon expérience chez eux. J’ai trouvé ça plutôt juste.

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