Alors que les taux d’abstention aux élections universitaires battent des records, les étudiants pourront pour la première voter en ligne, du 6 au 10 décembre, pour désigner leurs représentants dans les Crous.
Le syndicat étudiant, qui se dit apartisan, a « formé » de nombreux jeunes qui ont ensuite intégré des cabinets ou se sont présentés devant les électeurs.
Gouvernance. L’évaluation de la performance globale des entreprises intègre de plus en plus des critères dits ESG qui apprécient la manière de gérer les effets de l’activité productive sur l’environnement (E), la vie sociale (S) et la gouvernance (G). Encore marginaux il y a une dizaine d’années, ces critères sont utilisés aujourd’hui par les gestionnaires de fonds ou les dirigeants pour repérer les risques à long terme de leurs investissements ou pour assurer à leurs parties prenantes qu’ils souscrivent aux normes de responsabilité communément admises.
Nous changeons ainsi inexorablement de paradigme en passant d’une définition de la performance économique synthétisée par son profit, qui était le propre de la financiarisation de l’économie, à une évaluation qui tient compte de la façon de réaliser ce profit et d’assurer lucidement la durabilité de l’entreprise.
Aux Etats-Unis comme en Europe ou en Chine, les régulateurs ont pris acte de cette mutation et ils se livrent à une intense négociation pour définir des normes dites « extra-financières » au niveau international. Ainsi, la Commission européenne a-t-elle publié en avril une proposition de directive (Corporate Sustainability Reporting Directive, CSRD) qui imposera aux entreprises de plus de 250 salariés de produire dès 2024 un rapport public sur l’intégration de la durabilité dans leurs stratégies utilisant des critères ESG uniformisés au niveau européen.
Ce changement d’époque produit comme toujours des résistances souvent dues au maintien des certitudes acquises durant la période qui s’achève. En ce sens, qualifier d’extra-financiers les nouveaux critères de performance peut nourrir l’incompréhension. En distinguant des critères non financiers et des critères financiers, on laisse entendre que ces derniers existent depuis toujours parce qu’ils ont une signification et une pertinence définitives et quasiment scientifiques, indépendamment des conditions historiques dans lesquelles ils ont été conçus.
Exigence sociale
Or il n’en est rien. Les critères comptables et financiers actuels ont été construits au fil du temps, en réponse au contexte social du moment.
Par exemple, le financement de la retraite des salariés, qu’il prenne la forme de cotisations ou de versements à des fonds de pension, a été incorporé dans l’image « financière » des entreprises à partir des années d’après-guerre. L’évaluation de la performance s’est adaptée et le calcul du profit a dû tenir compte de cette exigence sociale. Ce qui paraissait impensable aux financiers du début du XXe siècle est devenu une évidence pour leurs successeurs contemporains.
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ReportageSeb’Auto, à Saint-Léger-de-Montbrillais (Vienne), est, à l’instar des quelque 15 000 garagistes indépendants de France, aux premières loges du bouleversement du marché automobile : diesel en chute libre, hybrides et électriques en hausse, occasions en plein boom. Le patron et ses employés doivent s’adapter pour survivre.
Tout ça n’arriverait pas si les gens lavaient leur voiture correctement, à l’ancienne – eau tiède, savon, huile de coude. Mais non, ils préfèrent le nettoyeur haute pression. « A force, les peintures deviennent mates, et il faut lustrer », fulmine Sébastien Eveillard. Nous sommes lundi et, depuis 7 h 30, polisseuse en main, le patron du garage Seb’Auto, à Saint-Léger-de-Montbrillais (Vienne), s’acharne à rendre son éclat initial à une Citroën Berlingo blanche. Une occasion qu’il vient de vendre. « Entre trois coups de fil et deux emmerdes, si j’ai fini ce soir, ce sera bien », lance-t-il en reculant de quelques pas pour un contrôle qualité express.
A ses côtés, courbés au-dessus de moteurs en souffrance, Franck, 36 ans, et Valentin, 21 ans, ne font pas semblant non plus. Les deux mécaniciens sont sur le pont jusqu’à 17 heures tapantes, tandis qu’Ewenn, 17 ans, l’apprenti surnommé « Popeye » parce qu’il va devoir se gaver d’épinards avant de pourvoir sortir une boîte de vitesses seul comme un grand, est en cours. Franck se bagarre avec une Peugeot 207 SW 1.6 HDi (joint de culasse à changer), Valentin avec une Audi A4 TDi (distribution à refaire). D’autres véhicules patientent, capot grand ouvert, aussi résignés que les patients d’un chirurgien-dentiste.
Voilà quatre ans que Sébastien Eveillard, 42 printemps, a repris ce garage. Un cube de métal posé au ras de la D347, entre Montreuil-Bellay (Maine-et-Loire), à l’ouest, et Loudun (Vienne), à l’est. Au carrefour de quatre départements (Vienne, Maine-et-Loire, Indre-et-Loire, Deux-Sèvres) et de trois régions (Nouvelle-Aquitaine, Pays de la Loire, Centre-Val de Loire). Trafic chargé. Fantasia de décibels. La rumeur automobile est au mécanicien ce que le ressac océanique est au marin pêcheur : un chant d’espoir. Entre le commerce des occasions et la maintenance des diesels, on n’a pas trop à se plaindre. Et, pourtant, tout à craindre.
La loi Climat et résilience (renforcement des zones à faibles émissions-mobilité, fin de la vente des voitures les plus polluantes, renforcement des transports collectifs) et la COP26, malgré la timidité de l’accord final, sont passées par là. Les vieux véhicules ont du plomb dans l’aile, et le vénérable procédé de Rudolph Diesel un pied dans la fosse de visite.
Ici, en pleine ZRR (zone de revitalisation rurale), comme on dit à Paris pour évoquer ces campagnes « reconnues comme fragiles sur le plan socioéconomique », c’est trois quarts du business. « Les voitures neuves sont très chères, et rouler au gazole reste économique », souligne le patron de Seb’Auto.
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C’est une histoire de comités Théodule et de rapports circonstanciés, de réunions de pilotage et de pesanteurs administratives. D’espoirs déçus, aussi. Sept ministres de l’intérieur et trois directeurs généraux de la police nationale (DGPN) en avaient fait leur « priorité », mais après cinq ans de gestation, le programme Scribe, censé simplifier la rédaction des procédures pénales, n’a pas encore vu le jour. Un bug qui se chiffrerait à plus de 11 millions d’euros. « Pas 11 millions d’euros, assure cependant une source, mais beaucoup trop au vu de ce piètre résultat. » « Un fiasco, selon Anthony Caillé, représentant de la CGT-Police. Et pendant ce temps-là, la procédure se complexifie chaque jour un peu plus, avec un exécutif qui se sent obligé de sortir une loi au moindre fait divers. »
« C’est un échec cuisant, renchérit Yann Bastière, responsable de l’investigation au syndicat SGP-Police, et malgré ça, on met en place d’autres outils informatiques qui devaient être adossés à Scribe. Bilan, rien ne fonctionne. » A l’unisson, syndicats et enquêteurs s’inquiètent : alors que la procédure pénale numérique devrait être étendue à l’ensemble des juridictions françaises en 2022, la police attend encore un outil informatique moderne devenu indispensable.
Indispensable parce que l’institution traite 3,8 millions d’infractions chaque année, soit 70 % de la masse constatée en France. Moderne, parce que le logiciel actuel, le LRP-PN (logiciel de rédaction de procédures – Police nationale) tient de l’« usine à gaz ». Son architecture est obsolète, les déconnexions fréquentes, le coût de maintenance de 1 million d’euros annuel est exorbitant et son ergonomie quasi-nulle.
« Si on consulte le Ficoba [fichier des comptes bancaires], explique un enquêteur, impossible d’intégrer directement les éléments recueillis dans un PV, on doit tout ressaisir. Et associer une pièce jointe à une procédure, c’est l’enfer. » Sans compter les champs statistiques ubuesques à remplir pour satisfaire la voracité de l’administration – donc, du politique – pour les chiffres. La blague a fait le tour des commissariats : parmi les centaines d’items proposés pour préciser les circonstances d’une infraction ou la nature d’un objet volé, vaut-il mieux saisir « canot » ou « barque » ?
Arlésienne de la police
Aussi, l’enthousiasme est unanime lorsque le projet d’un nouveau logiciel est annoncé début 2016. Coût prévisionnel : 11,28 millions d’euros. Maîtres-mots du chantier : fluidité, souplesse, fiabilité, intuitivité. Cinq ans plus tard, une abondante documentation interne, que Le Monde a pu consulter, permet de mesurer l’écart entre les objectifs affichés à l’époque et l’état actuel d’un dossier en souffrance, véritable arlésienne de la police.
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Le mouvement ne risque pas de passer inaperçu. Du moins aux yeux de la présidente de France Télévisions, Delphine Ernotte. La rédaction de Franceinfo.fr a prévu de se mettre en grève, mardi 30 novembre. Le mouvement, dont le préavis a été déposé le 24 novembre, devrait être fortement suivi.
Lundi 29 novembre, la rédaction s’est déjà opposée à 96 % à un protocole d’accord proposé par la direction. La date n’a pas été choisie au hasard : mardi, France 2 diffusera en « prime time » le dernier débat du parti Les Républicains, avant le vote en congrès le 4 décembre.
Or, la rédaction de Franceinfo.fr doit participer à l’animation et à la mise en valeur de cette émission politique, coanimée pour la première fois par le directeur de l’information de France Télévisions, Laurent Guimier. Ce dernier vient remplacer Thomas Sotto, qui s’est mis en retrait en raison de sa relation avec l’une des conseillères du premier ministre Jean Castex. Interrogée, la direction de France Télévisions ne souhaite pas faire de commentaires.
Conditions de travail
Le dispositif d’accompagnement prévu pour l’émission, qui prévoyait l’intervention en direct d’experts sur le numérique, un live et la publication d’extraits sur le Web, devrait être fortement perturbé, même si les journalistes de Radio France, qui alimentent également le site Franceinfo.fr assureront une partie du suivi. Officiellement, la jeune rédaction de France Télévisions − la moyenne d’âge y est d’une trentaine d’années contre 49 ans à France Télévisions − proteste contre la suppression potentielle de deux postes − un départ en retraite et la non-titularisation d’un journaliste vidéo.
En réalité, elle s’insurge plus largement contre ses conditions de travail. « Alors qu’on est déjà très fatigués en raison du Covid-19, parce qu’on nous en demande toujours plus, et qu’on est déjà à flux tendu, cette nouvelle a fait l’effet d’une bombe, affirme un membre de la Société des journalistes (SDJ). Non seulement, nous ne voulons pas de réduction d’effectifs, mais nous demandons au moins deux embauches. »
« C’est un bras de fer inattendu avec Delphine Ernotte, qui montre qu’ils sont très en colère » – Antoine Chuzeville, du Syndicat national des journalistes
Même si le mouvement n’affectera pas l’antenne en tant que telle, il tombe mal pour la présidente Delphine Ernotte, qui loue en toute occasion la réussite numérique de Franceinfo.fr, alors que les audiences de la chaîne d’information éponyme peinent à décoller.
« Il y a une inadéquation entre les ambitions de la plate-forme et les bouts de ficelles dont on dispose », poursuit la SDJ. « Cette rédaction a très envie de bosser. Ses journalistes ont toujours été considérés comme les bons élèves de France Télévisions. C’est un bras de fer inattendu avec Delphine Ernotte, qui montre qu’ils sont très en colère », analyse Antoine Chuzeville, du Syndicat national des journalistes (SNJ), qui précise aussi qu’à ancienneté égale ces journalistes sont « moins bien payés » que dans les autres rédactions de la télévision publique.
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Retour au télétravail ou simple rappel des gestes barrières entre les salariés sur les sites ? Avec l’accélération du nombre de cas de Covid-19, doublée de l’arrivée du nouveau variant Omicron, la fébrilité gagne le monde du travail.
L’Etat doit-il obliger les entreprises au télétravail ? A l’heure qu’il est, « on ne va pas fixer une obligation, mais moi, j’invite les employeurs à [le] favoriser », rappelait, vendredi 26 novembre sur Franceinfo, la ministre du travail, Elisabeth Borne.
Elle a entendu les suppliques de Geoffroy Roux de Bézieux, le président du Mouvement des entreprises de France (Medef), qui assurait, le 23 novembre sur BFM-TV-RMC : « Les chefs d’entreprise doivent se remobiliser sur le télétravail, mais pas d’obligation. » « Il faut laisser le dialogue de proximité se faire », affirmait-il, rappelant que de nombreuses entreprises avaient déjà des accords de télétravail et que suivre l’exemple belge d’un travail à distance obligatoire quatre jours sur cinq serait « une erreur ».
Le président de la fédération Syntec, Laurent Giovachini, qui regroupe 1 million d’emplois dans le numérique, l’ingénierie ou le conseil, estime également que pour contrer la cinquième vague, « au stade actuel, on n’a pas besoin d’oukase sur le télétravail ».
Contrairement aux grandes entreprises, les plus petites sont pour leur part prêtes à soutenir un renforcement du télétravail là où c’est possible. « Dans les petites entreprises, c’est avec le Covid-19 qu’on a découvert le télétravail. On l’a vécu dans la douleur, on n’était pas formé, on avait des difficultés d’accès aux logiciels, on s’est heurté à l’illectronisme et beaucoup de personnel faisait du surtravail faute de logement adéquat pour télétravailler. Mais le télétravail nous a sauvés. On va jouer le jeu », assure Bernard Cohen-Hadad, président de la Confédération des petites et moyennes entreprises Paris-Ile-de-France.
« Contre-pied »
Le dirigeant de l’organisation patronale pense que « dans les activités compatibles avec le travail à distance, les entreprises vont monter à trois ou quatre jours par semaine. Mais ce sera en fonction de la capacité à fournir les commandes en cette période de flux tendu qu’est la fin d’année ». L’ensemble des fonctions administratives – les commandes, la facturation, la gestion de paie – sont concernées. Quant aux tâches incompatibles avec le travail à distance, les entreprises organisent la division des équipes pour qu’elles ne se croisent pas, ou le moins possible.
« On demande aussi aux entreprises d’étaler les horaires d’arrivée des salariés, en fonction des métiers, entre 6 heures et 10 heures, comme elles l’avaient déjà fait en juin 2020, pour éviter que tout le monde ne se retrouve dans les transports en même temps », ajoute M. Cohen-Hadad. Avec l’arrivée de la cinquième vague, « ce qu’on redoute le plus, c’est le retour des jauges, du couvre-feu, voire d’un confinement, qui provoquent une chute immédiate du chiffre d’affaires et le départ d’une partie des achats vers la vente à distance ».
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Emilien Long, prix Nobel d’économie, se présente comme le « candidat de la paresse » à l’élection présidentielle. Son programme : sortir d’un « productivisme morbide » en réduisant le temps de travail à trois heures par jour. « Je suis la voix de ceux qui veulent que la vie ne se résume pas au travail, à la croissance, à la consommation », fait valoir ce Marseillais, qui porte des espadrilles et s’exprime parfois depuis son hamac. S’il n’est autre qu’un personnage de fiction – issu du dernier roman d’Hadrien Klent, Paresse pour tous (Le Tripode, 360 pages, 19 euros) – Emilien Long pourrait être l’élu d’une partie de la jeunesse en quête de temps libre. Façon bréviaire de lutte, sa politique répond à des attentes réelles, à mi-chemin entre utopie et pragmatisme.
Après deux années de pandémie qui ont bouleversé nos repères et changé durablement l’organisation du travail, l’envie de retrouver du sens s’accompagne plus que jamais d’un désir de ralentir, de se retrouver. En témoignent les apéros « after-workless » organisés à Nantes par le collectif Travailler moins. Du chômage choisi – et non subi – à la retraite anticipée, en passant par une simple réduction de son temps de travail, toutes les options sont envisagées pour lever la tête du guidon.
En ce mardi d’octobre, une quinzaine de jeunes sont réunis dans l’espace de coworking La Cordée sur Erdre, à trois minutes de la préfecture de Loire-Atlantique. Au milieu des kayaks et des transats qui garnissent cet appartement haussmannien, on boulotte des croissants au beurre à 19 heures, avec encore du pain sur la planche. « Pourquoi/pour quoi dé-travailler ? » ; « Comment dé-travailler ? » ; « Freins et blocages au dé-travail » : chacun avance de table en table pour faire mûrir une réflexion à la fois individuelle et collective.
« Rentiers frugalistes »
« Dé-travailler, c’est diminuer volontairement son temps de travail contraint, sans exploiter celui des autres, introduit Matthieu Fleurance, 30 ans, membre cofondateur du collectif. On veut aller vers une démarchandisation du temps et repenser nos modes de vie, dans un mouvement anticapitaliste, voire post-capitaliste. ». « Retraité précoce non-milliardaire » comme il aime à se définir, le trentenaire prône une forme de radicalité et de décroissance personnelle – à l’encontre des « rentiers frugalistes » qui misent sur des investissements financiers ou immobiliers.
Fils d’un ouvrier en boucherie et d’une employée de bureau à La Poste, Matthieu Fleurance a intégré très tôt « la culture de l’économie ». « Jusqu’à mes 25 ans, j’ai économisé à mort sans savoir pourquoi », raconte-t-il. Aujourd’hui, le Nantais a 30 000 euros de côté et touche le revenu de solidarité active (RSA), qu’il considère « comme un revenu de base ». Selon ses calculs, il n’a besoin que de 500 à 600 euros par mois pour vivre : « Et je me prive jamais, précise-t-il. Je ne subis pas ce truc. Je me fais un resto quand je veux. »
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Travailler dans les Big Four ? Pour Jeanne Montot, 25 ans, c’était niet. « Dans les grands cabinets [d’audit], le fonctionnement est très hiérarchisé », regrette-t-elle. « En tant que junior, on ne peut y effectuer aucune mission sans être accompagné d’un senior. Et si on n’a pas passé tant de temps dans tel département, impossible d’évoluer au niveau supérieur. » Au diable le prestige, le beau salaire et la carrière toute tracée.
A la sortie de Grenoble Ecole de management, Jeanne préfère intégrer Nicomak, un petit cabinet de conseil et de formation en innovation managériale et responsabilité sociale des entreprises (RSE), qui déploie un mode de management agile, inspiré de l’entreprise libérée. « Tout nouvel embauché choisit lui-même son manageur », explique-t-elle. Les objectifs ne sont pas fixés d’en haut par les cofondateurs mais définis collégialement. « Au quotidien, aucune méthodologie ne nous est imposée », complète-t-elle. « Chacun a la responsabilité d’agir sur ses propres missions. Si un collaborateur rencontre une difficulté, c’est à lui d’aller demander de l’aide. »
« Confiance et autonomie »
Qu’on se le dise : le management à la papa ne fait plus recette chez les jeunes diplômés. C’est ce que confirme une étude publiée en janvier 2021 par l’Edhec Business School et le cabinet BearingPoint. Sur les quelque 954 étudiants et jeunes professionnels issus de l’enseignement supérieur interrogés, 47 % disent vouloir travailler dans une entreprise de type innovatrice, où les salariés sont organisés en équipes pluridisciplinaires et agiles fonctionnant en « mode projet », 17 % plébiscitent les structures entrepreneuriales, simples et flexibles.
« Les millénials vivent assez mal de se retrouver infantilisés dans le monde professionnel », Isaac Getz, professeur de leadership et d’innovation à l’ESCP
« Les millenials sont nés avec Internet et la liberté qu’il procure », rappelle Isaac Getz, professeur de leadership et d’innovation à l’ESCP Business School. « La plupart ont reçu une éducation assez souple et responsabilisante. Ils vivent donc assez mal de se retrouver infantilisés dans le monde professionnel. Ils aspirent à évoluer dans un climat de confiance et d’autonomie. »
Le nouveau Graal des jeunes générations ? L’entreprise libérée. « Un mode de management où tous les collaborateurs sont considérés comme égaux et ont la liberté d’entreprendre des actions qu’ils jugent bonnes pour le collectif de travail », explique Isaac Getz, qui a théorisé le concept dans son livre Liberté & Cie (Fayard, 2012).
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Tribune. La crise du Covid-19 nous a montré à quel point nos chaînes d’approvisionnement mondiales sont fragiles et peu durables. A l’échelle mondiale, les effets directs et indirects de la pandémie entraînent le retour de nombreux enfants dans les mines, les champs et les usines. En 2021, pour la première fois depuis vingt ans, les experts de l’Organisation internationale du travail (OIT) nous disent que le travail des enfants a augmenté pour atteindre 160 millions.
Travail des enfants, travail forcé, salaires de misère… Cette face sombre de la mondialisation, celle de l’appauvrissement et de l’asservissement des plus fragiles à l’abri des regards, ne peut plus être tolérée par la puissance publique. Le combat pour une mondialisation plus humaine doit devenir la grande matrice politique de ces prochaines années, toute notre énergie doit s’y consacrer au nom de la dignité humaine et de la protection de notre maison commune.
La France, la première
Pour cela, des instruments existent déjà et doivent désormais être utilisés, diffusés et améliorés. Parmi eux, le devoir de vigilance : l’obligation faite aux multinationales de prévenir de façon effective les atteintes graves aux droits humains et à l’environnement, au bout de la rue comme au bout du monde.
Le 27 mars 2017, la France a été la première à se doter d’un tel instrument en adoptant la loi relative au devoir de vigilance des sociétés mères et des entreprises donneuses d’ordre. Cette loi « passe‑muraille » prévoit donc de lever le voile juridique qui organise l’impunité des donneurs d’ordres face aux victimes invisibles de leurs filiales, de leurs sous‑traitants et de leurs fournisseurs. Avec du recul, cette loi apparaît comme un processus générateur de droit : la mise en lumière des atteintes aux droits humains et aux biens communs a vocation à provoquer des réponses structurelles dans les régions et les filières impactées.
Contrairement à ce qui fut avancé par les partisans du statu quo, avec cette loi la France n’était pas isolée mais pionnière pour le processus européen.
En juin 2021, le Bundestag allemand a adopté la « loi sur les obligations de diligence des entreprises visant à prévenir les violations des droits de l’homme dans les chaînes d’approvisionnement », dans laquelle l’Allemagne met en œuvre un devoir de diligence obligatoire en matière de protection des droits de l’homme et de l’environnement pour les entreprises établies en Allemagne.
Des millions d’euros d’amendes
Ce sont les sociaux-démocrates allemands qui, en tant que principal moteur, ont soutenu une telle loi dès le début et ont initié un changement de paradigme en Allemagne : passer des mesures volontaires à des règles contraignantes pour la protection des droits de l’homme et de l’environnement pour les entreprises.
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