Archive dans mars 2021

En Bretagne, la victoire des salariés empoisonnés aux pesticides

Edith Le Goffic (ici, le 9 juin 2015) vient d’obtenir la reconnaissance de la faute inexcusable de Nutréa dans le suicide de son mari.

« C’est l’aboutissement d’un long combat, après tant d’années. » Dans les yeux bleus d’Edith Le Goffic se lit une part de soulagement malgré le chagrin. En mars 2014, son mari, Gwenaël, 41 ans, s’est suicidé sur son lieu de travail, l’entreprise d’agroalimentaire spécialisée dans l’alimentation animale Nutréa, à Plouisy, dans les Côtes-d’Armor. Après six ans et demi de bataille judiciaire, le lundi 8 mars, cette employée commerciale de 48 ans a enfin pu souffler : l’entreprise a choisi de ne pas se pourvoir en cassation.

En janvier, la cour d’appel de Rennes a acté la responsabilité de la société et sa faute inexcusable quant au suicide de son conjoint. Elle déclare : « L’employeur a violé les obligations s’imposant à lui en matière de sécurité et destinées à protéger tant la santé mentale que physique de Gwenaël Le Goffic. » « Leur attitude inhumaine, leur volonté d’étouffer l’affaire m’ont donné envie de me battre », ajoute la mère de deux enfants, pleine d’émotion, dans les modestes locaux de l’Union syndicale Solidaires à Saint-Brieuc.

Céphalées, nausées, diarrhées

C’est ici que tout a commencé, ou presque, dans cette salle où sont réunies ce matin-là toutes les parties qui combattent l’entreprise. En juin 2010, Stéphane Rouxel, réceptionneur de céréales sur le site de Nutréa à Plouisy, franchissait la porte du syndicat. Un an plus tôt, lui et son collègue Laurent Guillou étaient intoxiqués par du dichlorvos, un insecticide dangereux et interdit en France depuis 2007, utilisé à au moins deux reprises pour éradiquer charançons et autres vers de farine dans les silos de céréales.

« Notre syndicat, la CFDT, nous a demandé de ne rien dire, de ne pas faire de vague. Mais, nous, on ne pouvait plus travailler, on saignait de partout. » Stéphane Rouxel, ex-salarié de Nutréa

« Tous les soirs, on devait couper la ventilation dans le lieu de stockage des céréales pour faire des économies d’énergie », raconte le second. Très vite, les deux hommes, qui ont été en contact avec le produit, ont ressenti des symptômes : céphalées, maux de ventre, nausées,
diarrhées, irritations des voies aériennes, brûlures cutanées… et ont souhaité alerter leur entreprise, filiale du groupe d’agroalimentaire Triskalia (aujourd’hui Eureden), géant aux 2 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2018.

« Notre syndicat, la CFDT, nous a demandé de ne rien dire, de ne pas faire de vague, soupire Stéphane Rouxel, physique trapu et regard perçant. Mais, nous, on ne pouvait plus travailler, on saignait de partout. Il fallait qu’on aille plus loin. »

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Le Monde

La portabilité de la mutuelle en cas de perte d’emploi est possible mais pas automatique

« Les démissions considérées comme légitimes par Pôle emploi, permettent aussi au salarié de percevoir une allocation chômage et donc de bénéficier de la portabilité de la mutuelle de son ancienne entreprise. »

Nos confrères de Que choisir l’ont récemment rappelé : si un salarié perd son emploi, lui et ses éventuels ayants droit peuvent continuer à bénéficier gratuitement de la complémentaire santé de l’entreprise pendant une durée égale à la période d’indemnisation par Pôle emploi, dans la limite de douze mois. Cette « portabilité » s’applique aussi aux contrats de prévoyance souscrits par les entreprises pour couvrir leurs salariés en cas de décès, d’incapacité ou d’invalidité.

Alors que la plupart des économistes prédisent la montée inexorable du chômage, le recours à ce dispositif risque de s’accentuer. Mais les modalités de cette couverture demeurent méconnues : sur les forums spécialisés, les témoignages de personnes s’interrogeant sur leur droit à la portabilité abondent.

Pas automatique

Sur LégiSocial, une licenciée économique découvre ainsi que son contrat de mutuelle a été résilié à la suite de la liquidation judiciaire de son entreprise. Sur le forum-juridique.net-iris.fr, une autre salariée qui négocie une rupture conventionnelle avec son employeur se demande si elle pourra en bénéficier alors qu’elle est en congé maladie. Sur Ameli.fr, un autre salarié en invalidité voit la portabilité refusée et d’aucuns, dans la même situation, témoignent avoir reçu un courrier de leur ancienne mutuelle leur demandant de rembourser le trop-perçu…

Le maintien de la mutuelle n’est effectivement pas automatique.

D’une part, ce dispositif exclut un certain nombre de cas, dont le licenciement pour faute lourde et le départ à la retraite.

Et d’autre part, la portabilité de la couverture est subordonnée au versement des allocations-chômage.

Lire aussi Quel est l’impact du chômage partiel sur la retraite ?

Si, pour une raison ou une autre, le salarié n’y a pas droit, en cas de démission par exemple, il ne pourra pas non plus être couvert gratuitement par la mutuelle de son ancienne entreprise. Pour bénéficier de la portabilité, « il faut que la démission ouvre droit à l’assurance-chômage », martèle Marion Robert, avocate associée au sein du cabinet Actance.

Le salarié qui négocie une rupture conventionnelle peut donc conserver gratuitement sa couverture pendant quelques mois. Les démissions considérées comme « légitimes » par Pôle emploi, permettent aussi au salarié de percevoir une allocation-chômage et donc de bénéficier de la portabilité de la mutuelle de son ancienne entreprise : lorsqu’il s’agit de suivre son conjoint qui déménage pour motif professionnel, par exemple. La liste des motifs de démission considérés comme « légitimes » se trouve ici.

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Télétravail pendant le confinement : la piqûre de rappel du premier ministre

La règle reste inchangée mais elle doit être scrupuleusement respectée. Lors de sa conférence de presse consacrée à la lutte contre la crise sanitaire, Jean Castex a, une fois de plus, exhorté tous les employeurs, privés et publics, qui le peuvent à « pousse[r] au maximum le télétravail ». « L’objectif » à atteindre est « au moins quatre jours sur cinq » en activité à distance, a ajouté, jeudi 18 mars, le premier ministre, précisant que les salariés gardent la possibilité de venir à leur poste, un jour par semaine, s’ils le demandent.

Lire notre analyse : Avec un troisième confinement pour une large partie de la France, le gouvernement défend sa « troisième voie »

Mise en place en début d’année, cette doctrine n’est pas autant suivie que l’exécutif le voudrait : « Beaucoup d’entreprises en sont encore loin aujourd’hui », a déploré M. Castex. Pour étayer son propos, le chef du gouvernement a cité « la dernière étude » de l’Institut Pasteur, montrant que les lieux de travail « représentent 29 % des cas [de contamination] identifiés ».

L’inspection du travail attentive

De son côté, le ministère du travail rapporte que l’activité à distance « est globalement en légère hausse depuis le mois de janvier », pour ceux qui peuvent « facilement » accomplir leurs tâches ainsi. Une appréciation étayée par des sondages réalisés, à intervalles réguliers, par l’Institut Harris. Une autre enquête menée en février par l’inspection du travail dans près de 1 600 entreprises aboutit au constat qu’une « majorité » de patrons se conforment aux consignes gouvernementales. Ceux qui s’en affranchissent – « environ 16 % » – font l’objet d’une surveillance de la part des services déconcentrés de l’État.

Article réservé à nos abonnés Lire aussi Le confinement, et la fermeture de 110 000 commerces « non essentiels », va lourdement peser sur l’économie

Cherchant à peser sur les comportements, la ministre du travail, Elisabeth Borne, a tenu des rencontres, en visio-conférences, avec des représentants des branches professionnelles considérées comme des mauvaises élèves (banques, assurances, ingénierie-conseil). A ces séances de pédagogie se sont ajoutés quelques coups de bâton : d’après l’entourage de Mme Borne, l’inspection du travail a adressé, depuis octobre 2020, 55 mises en demeure à des entreprises où les conditions sanitaires n’étaient pas satisfaisantes, du fait, entre autres, d’un recours insuffisant au télétravail.

Mais la sortie de M. Castex, jeudi soir, prouve qu’il y a encore un petit bout de chemin à parcourir. La piqûre de rappel administrée par le premier ministre « se justifie, au vu de l’évolution épidémique », commente François Asselin, le président de la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME). L’Association nationale des directeurs de ressources humaines, elle, apprécie modérément les propos du chef du gouvernement : son vice-président, Benoît Serre, confie qu’« il n’était peut-être pas nécessaire de faire croire qu’il faut stigmatiser les entreprises ». « Elles jouent le jeu, globalement », complète-t-il, soulignant que le point d’« équilibre » n’est pas évident à trouver : il faut à la fois veiller à la santé du personnel, maintenir l’activité de la société et tenir compte de la lassitude de collaborateurs qui « n’en peuvent plus » de travailler à distance.

Un troisième confinement et la fermeture de 110 000 commerces « non essentiels » vont lourdement peser sur l’économie

Dans la guerre contre le Covid-19, il est une bataille que Bruno Le Maire n’aime pas perdre : celle de sacrifier l’économie au nom des enjeux sanitaires. Mais, jeudi 18 mars, à l’heure où une troisième vague, amplifiée par l’arrivée de variants, submerge le pays, le ministre de l’économie a dû se plier au principe de réalité. Pendant quatre semaines, les départements de l’Ile-de-France, des Hauts-de-France mais aussi les Alpes-Maritimes, la Seine-Maritime et l’Eure seront confinés.

Lire notre analyse : Avec un troisième confinement pour une large partie de la France, le gouvernement défend sa « troisième voie »

Là, les écoles resteront ouvertes mais les commerces dits « non essentiels » – c’est-à-dire tous, excepté ceux de l’alimentation, les librairies, les disquaires et les coiffeurs – seront fermés.

Au total, 110 000 établissements, en incluant les commerces déjà clos dans les centres commerciaux, seront concernés. En Ile-de-France, il s’agit de 52 340 boutiques auxquelles s’ajoutent 6 443 magasins logés dans des centres commerciaux de plus de 5 000 m2. Au risque de qualifier de nouveau la France d’« Absurdistan » – une critique qui était apparue lors du deuxième confinement à l’automne –, les rayons de produits « non essentiels » des grandes surfaces seront eux aussi fermés par souci « d’équité », a signalé le premier ministre.

Le point : Ce qui est autorisé, restreint ou interdit en France depuis l’avancée du couvre-feu à 18 heures

« Coup de massue »

« Un nouveau coup de massue » pour les associations professionnelles de commerçants qui se disent « sidérées » par ces annonces alors que leur dernière réunion avec le gouvernement, en début de semaine, portait sur les perspectives de réouverture des commerces fermés. « L’Ile-de-France et les Hauts-de-France, c’est plus de 25 % de nos magasins et, en moyenne, 30 % du chiffre d’affaires », détaille Yohann Petiot, directeur général de l’Alliance du commerce, fédération de la distribution non alimentaire, expliquant que les commerçants ne faisaient déjà que « vivoter » avec les contraintes du couvre-feu. « On aura été fermé cinq mois et demi sur quinze mois, soit un jour sur trois. Comment voulez-vous que les magasins s’en sortent ?  », s’énerve-t-il.

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« On est repartis sur la distinction entre produits essentiels et “non essentiels”. Tout le monde disait depuis novembre à tous les niveaux du gouvernement : “plus jamais ça, les Français n’ont pas compris”… et on va repartir sur la distinction entre les pyjamas pour bébé, essentiels, et ceux pour les enfants de 3 ans, “non essentiels”, les collants, les chaussettes… », tempête aussi Jacques Creyssel, délégué général de la Fédération du commerce et de la distribution.

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Malgré la crise, les entreprises ont toujours des difficultés à recruter

Formation de jeunes recrues dans un atelier de la Bergerat Monnoyeur Academy, à Chécy (Loiret), le 6 novembre 2020.

La crise économique ? Ce n’est pas la préoccupation première de Jean-Marie Basset, directeur général de Bergerat Monnoyeur. Covid-19 ou pas, ce concessionnaire de machines Caterpillar, qui emploie 1 700 salariés répartis sur 40 implantations en France, peine à trouver des mécaniciens pour entretenir le parc en expansion continue de pelles hydrauliques, tracteurs et autres concasseurs. « On cherche à recruter 200 personnes par an, c’est un combat permanent », témoigne M. Basset.

Cette grosse PME a pris le parti de mettre en place son propre dispositif de formation, en partenariat avec des écoles. Mais les candidats manquent… « Depuis le début de la crise, la demande est le premier frein à la croissance des entreprises, mais les difficultés de recrutement n’ont pas disparu : elles ont simplement été reléguées au deuxième rang », confirme Philippe Mutricy, directeur des études de Bpifrance, citant les résultats du Baromètre Bpifrance Le Lab et Rexecode publié le 25 février.

Le retour à un niveau d’activité quasi normal dans l’industrie constaté début 2021 s’accompagne en effet d’un redémarrage des intentions de recrutement. Selon le baromètre de l’emploi publié le 9 mars par Manpower, les perspectives d’embauche pour les chefs d’entreprise sont en progression de 7 % au deuxième trimestre. Les secteurs les plus concernés par ces besoins sont la construction, avec une hausse de 20 % des recrutements en perspective, et l’industrie manufacturière, où les projets de recrutements sont en hausse de 15 %. « Plus la main-d’œuvre est qualifiée, plus les difficultés sont grandes », rappelle M. Mutricy.

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CDI intérimaire

Si Bergerat Monnoyeur a choisi de recruter des personnes qu’elle formera ensuite, d’autres entreprises optent pour une stratégie différente. Fabien Pichereau, directeur des ressources humaines d’AEB (location-vente et maintenance de matériels de chantier et agricoles), recherche lui aussi des mécaniciens ultra-spécialisés pour entretenir le parc de machines. L’entreprise en compte déjà environ 150 sur un effectif total de 430 salariés, ventilés sur tout le territoire. Constituer ce maillage a déjà donné du fil à retordre au directeur des ressources humaines.

« Pour mettre en place des équipes cohérentes et stables sur l’ensemble du réseau, il nous a fallu deux ans et demi », déplore M. Pichereau. Face à un appareil de formation initiale qui ne suffit pas à répondre à ses besoins, il a donc choisi d’expérimenter un dispositif innovant proposé par Adecco. Il s’agit d’un contrat à durée indéterminée (CDI) intérimaire – le contrat est porté juridiquement par Adecco, mais la rémunération est versée par l’entreprise cliente – assorti d’une formation vers l’un des quinze métiers « en tension » recensés par l’entreprise de travail temporaire.

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« J’en vis en réalisant cinq ou six ventes par an » : mandataire immobilier, une reconversion en vogue

Les agences immobilières classiques, avec boutique et agents dûment encartés et assurés, ont du souci à se faire face à l’inexorable essor d’un nouveau métier apparu en 2005 : celui de mandataire immobilier. Cette activité de mise en relation de vendeurs et d’acquéreurs peut s’exercer du jour au lendemain, en indépendant, depuis le domicile, sans diplôme ni expérience ni investissement sinon un smartphone, et s’avérer lucrative.

Pas étonnant qu’elle attire, chaque année, des milliers de candidats, jeunes et moins jeunes, souvent venus d’autres milieux professionnels, anciens cadres commerciaux de l’industrie ou de la finance, retraités voire fonctionnaires et même agriculteurs. « A l’approche de mes 60 ans, en 2014, j’en ai eu assez de produire des céréales, ce qui nous faisait tout juste vivoter, et j’ai décidé de vendre des maisons, dans mon village pour commencer », raconte Dominique Catel, qui vit entre Houdan et Dreux (Eure-et-Loir).

Il a fait des recherches sur Internet, découvert ce métier de mandataire immobilier, et adhéré au réseau A la lucarne de l’immobilier. « Dans un premier temps, j’ai essayé de concilier agriculture et immobilier, mais quand je me suis retrouvé au volant de ma moissonneuse à recevoir le coup de fil d’un client qui voulait faire une visite, j’ai vite compris que ce serait acrobatique ». Il se félicite de son choix : « Ça a très vite marché : j’ai vendu trois ou quatre maisons dès la première année, j’en suis à douze ventes par an et je gagne entre 4 000 et 5 000 euros par mois, soit quatre fois plus qu’auparavant. »

Atout maître pour débuter, Dominique Catel connaît son village, où il est né, et a la confiance des habitants. Depuis, il a bien étendu son champ d’action, et son meilleur coup est la vente d’une belle maison bourgeoise située à Dreux, avec cabinet de radiologie au sous-sol, sur le marché depuis quatre ans lorsqu’il l’a prise en main. Il lui a très vite trouvé un acheteur, un cardiologue qui n’a pas même discuté le prix, plus de 500 000 euros. « Après un coup comme ça, les mandats arrivent tout seuls », assure M. Catel.

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Allègement des frais de structure

L’unique condition pour devenir mandataire est d’adhérer, moyennant une cotisation de 150 à 200 euros par mois, à un réseau qui peut en compter plusieurs milliers. Ils travaillent tous par délégation d’un seul agent immobilier titulaire, lui, de la carte professionnelle délivrée par la chambre de commerce.

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La Cour des comptes plaide pour une reprise par l’Etat d’une partie de la dette de l’assurance-chômage

L’assurance-chômage a encaissé un choc financier d’une telle violence, à cause de la récession en cours, qu’elle ne pourra pas se relever toute seule. Dans son rapport annuel rendu public, jeudi 18 mars, la Cour des comptes aboutit à la conclusion que les pouvoirs publics doivent se porter à la rescousse du système d’indemnisation des demandeurs d’emploi, en endossant une partie de sa dette, qui s’est creusée dans des proportions abyssales en une année. Aux yeux de la haute juridiction, il faut aussi mettre à profit ce renflouement pour revoir la gouvernance du régime administré par l’Unédic, une association paritaire que les partenaires sociaux co-pilotent.

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Avant la crise déclenchée par l’épidémie de Covid-19, les comptes de l’assurance-chômage n’étaient déjà pas très brillants : fin 2019, l’endettement s’élevait à près de 37 milliards d’euros, à la suite d’une décennie d’exercices déficitaires. Les difficultés se sont accrues durant l’année 2020. D’un côté, les recettes ont plongé, sous l’influence de plusieurs facteurs : report ou exonérations de cotisations, contraction de la masse salariale sur laquelle sont assises les contributions des entreprises, etc. De l’autre, les dépenses ont explosé, en particulier du fait du recours massif à l’activité partielle, que l’Unédic a co-financé avec l’Etat. Résultat : la dette atteindrait un peu plus de 54 milliards d’euros, fin 2020.

Un vaste exercice d’ingénierie financière

Cette somme est « trop lourde à porter pour le seul régime », considèrent les magistrats de la rue Cambon, car elle « représente presque une fois et demie les ressources » que celui-ci a collectées en 2019. Autrement dit, le système d’indemnisation des demandeurs d’emploi n’est plus en capacité de se désendetter « par ses propres excédents ». C’est l’une des raisons pour lesquelles la Cour des comptes plaide en faveur d’une « reprise » par les pouvoirs publics d’une fraction de la dette de l’Unédic. Un tel geste se justifie d’autant plus que le trou à combler résulte, assez largement, « des mesures exceptionnelles » prises par le gouvernement afin de soutenir l’économie (activité partielle, report de cotisations…).

Tout l’enjeu, maintenant, consiste à déterminer le poids du fardeau confié à l’Etat. Cela doit s’intégrer dans le cadre plus large des mesures arrêtées par le gouvernement afin de « gérer le niveau historiquement haut de l’endettement des administrations publiques », d’après la Cour. Comment procéder concrètement ? Le rapport suggère – entre autres – de s’inspirer d’exemples récents, en mentionnant le transfert d’une partie de la dette des hôpitaux à la Caisse d’amortissement de la dette sociale (Cades).

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Couverture chômage des indépendants : la majorité s’impatiente face à l’absence de mesures

Alain Griset, ministre délégué chargé des petites et moyennes entreprises lors d’une session de questions au gouvernement à l’Assemblée Nationale, à Paris, le 17 novembre 2020.

Les parlementaires de la majorité attendent désormais des actes sur la couverture chômage des indépendants. Alors que le gouvernement avait exprimé, il y a un peu plus de trois mois, sa volonté d’améliorer la protection de cette catégorie de travailleurs en cas de perte d’emploi, plusieurs députés, membres du groupe La République en marche (LRM) ou alliés aux élus macronistes, viennent de lui faire comprendre – poliment – qu’il serait bienvenu de concrétiser ses intentions.

L’occasion leur en a été donnée, mercredi 17 mars, lors d’une audition, par la commission des affaires sociales de l’Assemblée nationale, d’Alain Griset, le ministre délégué chargé des petites et moyennes entreprises (PME). C’est lui qui avait lancé, le 8 décembre 2020 : « Il faut qu’on arrive à mettre en place une assurance-chômage [pour les non-salariés]. » Une initiative qui vise à resserrer les mailles de l’Etat-providence au profit d’une classe sociale particulièrement touchée par la récession en cours.

Les propos de M. Griset peuvent susciter la surprise puisque l’exécutif avait déjà légiféré sur le sujet. Promulguée en septembre 2018, la loi « pour la liberté de choisir son avenir professionnel » a, en effet, créé une allocation pour les travailleurs indépendants qui cessent leur activité, de manière involontaire et définitive. D’un montant mensuel de près de 800 euros et versée durant six mois, cette prestation est censée traduire l’une des promesses de campagne d’Emmanuel Macron : transformer l’assurance-chômage pour qu’elle devienne « un droit universel », accessible – en particulier – aux non-salariés.

Règles très strictes

Mais la mesure n’a absolument pas atteint sa cible. Depuis son entrée en vigueur, début novembre 2019, jusqu’à la fin février 2021, l’allocation a été versée à seulement 911 personnes, alors que les études d’impact tablaient sur un peu plus de 29 000 bénéficiaires – ce qui était déjà peu, rapporté aux quelque 3,2 millions d’indépendants. Cet échec tient notamment au fait que les règles prévues pour être éligible à ce « revenu de remplacement » sont très strictes : avoir exercé une ­activité non salariée pendant au moins deux ans, afficher un chiffre d’affaires annuel de 10 000 euros au minimum, être placé en ­liquidation ou (à certaines conditions) en redressement judiciaire, etc.

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Mercredi, plusieurs députés ont exhorté l’exécutif à corriger le tir. Les « critères d’application de l’allocation pour les travailleurs indépendants (…) doivent être, je pense, rapidement assouplis », a déclaré Dominique Da Silva, élu LRM du Val-d’Oise. « Il est plus que jamais nécessaire (…) d’être à la hauteur de l’ambition portée par Emmanuel Macron », a enchaîné sa collègue (LRM) du Loiret, Caroline Janvier. Le dispositif « a besoin d’être réformé », a renchéri Valérie Six (UDI, Nord), en ajoutant que le niveau de l’allocation – 800 euros, donc – « semble insuffisant ». Paul Christophe (Agir ensemble, Nord) a, pour sa part, demandé des précisions sur le projet du gouvernement.

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Le reconfinement redouté en Ile-de-France, dont l’économie est déjà très affectée par la crise

Patrouille de policiers aux abords du magasin Printemps à Paris, le 31 janvier 2021.

Sur le parcours du jeu de l’oie qui se joue depuis un an, entre confinements, couvre-feux, fermetures administratives et autres mesures pour éloigner le virus, l’Ile-de-France s’apprête à reculer de quelques cases. Les dés ne devaient être jetés que jeudi 18 mars dans la soirée, quand l’exécutif annoncera quelles mesures supplémentaires sont prises pour la région-capitale, mais personne n’imaginait mercredi échapper à un nouveau confinement, au minimum le week-end, avec les conséquences économiques que cela implique.

« Cela fait quinze jours qu’on s’y attend », soupire, fataliste, Didier Kling, le président de la chambre de commerce et d’industrie de Paris-Ile-de-France, qui n’imagine pas pour autant un « confinement absolu ». « Si on doit rester chez soi le soir et le week-end, on le fera, parce qu’il faut bien faire quelque chose mais ce qui m’inquiète surtout aujourd’hui, ce sont les 1 500 appels que l’on reçoit tous les jours de chefs d’entreprise qui sont au bout du rouleau. »

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Car l’Ile-de-France, qui génère environ 30 % du PIB du pays alors qu’elle n’occupe que 2 % du territoire, a déjà payé un lourd tribut à la crise du Covid-19. « En 2019, la région rassemblait 23,4 % de l’emploi salarié et 16,9 % des chômeurs inscrits à Pôle emploi, mais depuis le début de la crise sanitaire, elle concentre 30,6 % de la baisse de l’emploi et 40,2 % de la chute des embauches dans l’ensemble du pays en 2020, rappelle l’économiste Bruno Coquet dans un article en date 12 mars, publié sur le site de l’OFCE. C’est donc, pour le moment, le marché du travail francilien qui subit l’essentiel des difficultés consécutives à la situation sanitaire. »

Le week-end, primordial pour les commerces

La région souffre notamment de sa spécialisation sectorielle : très tournée vers les services, elle pâtit plus que d’autres de la baisse historique des flux touristiques et de l’arrêt des secteurs de la culture et des loisirs. L’Ile-de-France concentre grands événements, foires et salons, eux aussi à l’arrêt : 420 manifestations commerciales ont été annulées en 2020. La présence des deux grands aéroports internationaux que sont Orly et Roissy, dont le trafic a chuté de près de 70 % en 2020, explique également la situation « inhabituellement dégradée » de la région, selon les termes de Bruno Coquet.

Un confinement supplémentaire ne fera qu’aggraver ce bilan déjà lourd au détriment des entreprises déjà les plus en difficulté. « Pour les secteurs comme l’industrie, les services aux entreprises, il n’y aura pas d’effet de surprise, explique Daniel Weizmann, président du Medef Ile-de-France. Les entreprises se sont organisées, structurées pour poursuivre leur activité, et d’ailleurs, celle-ci est déjà quasiment revenue à la normale. » Ce n’est pas le cas en revanche pour le commerce, les services à la personne, le tourisme, la restauration, la culture… « Malheureusement, ce sont ceux qui sont déjà les plus impactés qui vont souffrir le plus », poursuit M. Weizmann.

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