Archive dans 2020

Crise due au Covid-19 : le retour à la normale de l’activité économique attendu au mieux en 2022

Ouvriers sur un chantier à Fontenay-sous-Bois (Val-de-Marne), le 28 mai 2020.

Moins de temps passé devant la télévision ou sur les plates-formes de jeu en ligne, plus de temps passé en voiture ou à vélo dans les grandes villes, un niveau de pollution qui augmente… des indicateurs inhabituels pour les économistes, mais qui permettent de déceler la reprise de l’activité économique. « Le retour au travail devient de plus en plus visible », indiquent ainsi les experts de CIB-Natixis dans une note publiée lundi 8 juin, fondée sur l’observation de ces données.

« Il y a des secteurs qui ont pratiquement retrouvé leur niveau d’avant », confirme François Villeroy de Galhau, gouverneur de la Banque de France, mardi 9 juin sur Franceinfo. Mais si la reprise s’amorce, le PIB devrait bien plonger de 10 % cette année, selon Banque de France. Et le retour à la situation « d’avant-Covid » sera long pour une rémission seulement mi-2022. Le chômage, lui, pourrait atteindre 11,5 % à mi-2021, contre 8,1 % au second trimestre de 2019.

Ruée dans les magasins de sport

Reste que la reprise est là. Les commerçants ou chefs d’entreprise voient revenir depuis le déconfinement, le 11 mai, les clients ou consommateurs. Les premiers gagnants sont à n’en pas douter les vélos. Depuis le 11 mai, c’est la ruée dans les magasins de sport ou spécialisés. Si Decathlon ne donne pas de chiffres, Intersport annonce vendre plus de 4 000 vélos par jour. C’est 2,5 fois plus que l’année précédente, pour la même période, et même près de 3,5 fois plus pour les seuls VTT. Globalement, l’Union Sport & Cycle, la fédération du secteur, enregistre une hausse de 114 % des ventes (accessoires compris) pour les trois dernières semaines de mai, par rapport à l’année 2019.

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Entre la crainte de reprendre les transports en commun, les mesures d’aide contenues dans le plan de relance et le bas de laine accumulé pendant le confinement, les Français sont nombreux aussi à rêver d’une nouvelle voiture. « Les gens se bousculent dans les concessions automobiles », a même déclaré la secrétaire d’Etat Agnès Pannier-Runacher mercredi 3 juin sur Franceinfo. « Il y a un vrai frémissement, en particulier sur le Web, avec des recherches plus spécifiquement ciblées sur les bonnes affaires », confirme Eric Champarnaud, fondateur de la société de conseil en marketing C-Ways.

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Le textile et l’habillement profitent aussi de l’envie de consommer. « Certaines clientes abusent. Elles essayent une douzaine de vêtements. D’autres osent essayer chez nous ce qu’elles ont acheté chez H&M ou Zara, avant de les rendre si cela ne leur convient pas », déplore même une élue syndicale de l’enseigne de prêt-à-porter Pimkie qui, contrairement à d’autres, a laissé ses cabines d’essayage ouvertes. Les ventes, si elles n’ont pas repris leur niveau d’avant-crise, « sont bien meilleures que prévu », selon la syndicaliste.

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Des pistes pour doper la générosité, des morts comme des vivants…

Le rapport « Pour une philanthropie à la française », rendu au gouvernement le 9 juin, propose d’assouplir la réserve héréditaire.

Les conflits autour de la succession de Johnny Hallyday (1943-2017) avaient rouvert le débat sur la réserve héréditaire – cette part d’héritage qui revient forcément, en France, à certains héritiers, notamment les enfants. Mais en dehors des pages people, la notion fait aussi souvent débat dans le monde de la philanthropie, certains estimant que pour attirer plus de fonds vers les fondations et associations, il faut permettre de léguer à une cause plus qu’il n’est possible de le faire aujourd’hui.

Si le secrétaire d’Etat Gabriel Attal s’est plusieurs fois prononcé pour un assouplissement de la réserve héréditaire, il devrait se trouver conforté par un rapport sur l’évolution de la philanthropie en France, que deux députées, Naïma Moutchou (LRM, Val-d’Oise) et Sarah El Haïry (MoDem, Loire-Atlantique), rendent au gouvernement ce 9 juin en fin de matinée, et que Le Monde a pu consulter.

Commandé par le gouvernement en 2018, « Pour une philanthropie à la française » affiche trente-cinq propositions visant à développer une « philanthropie à la française ». En voici six qui concernent la générosité des ménages et leur patrimoine.

  • Plus de liberté dans l’héritage

Aujourd’hui, une personne ayant un enfant peut choisir à sa guise à qui reviendra la moitié de son patrimoine après sa mort (c’est la « quotité disponible », qui ne fait pas partie de la fameuse réserve héréditaire). C’est un tiers en présence de deux enfants. Un quart avec trois enfants ou plus.

Le rapport propose que quand « le patrimoine transmis l’est dans l’intérêt général », la quotité disponible ne puisse être inférieure au tiers de l’héritage, même avec trois enfants.

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Il préconise un assouplissement plus fort de la réserve héréditaire au-delà de 10 millions d’euros de patrimoine : qu’en cas de legs, la part dont on peut disposer à sa guise ne puisse être inférieure à la moitié de la succession, même avec trois enfants.

  • Des dons sur succession plus souples

Un don permet déjà aujourd’hui de réduire les droits de succession : il peut être déduit de l’assiette taxable s’il est réalisé dans les six mois du décès, qu’il est consenti à une association ou fondation d’utilité publique et qu’il est prélevé sur la succession.

Pour les successions complexes ou les décès soudains, ces six mois ne suffisent pas toujours pour prendre connaissance de l’actif successoral et avoir le recul nécessaire pour prendre une décision patrimoniale importante, explique Sarah El Haïry, préconisant un an.

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L’Etat débloque 15 milliards d’euros pour soutenir la filière aéronautique

A l’aéroport de Roissy, le 25 mai.

La distribution continue pour venir en aide à tous les secteurs en grandes difficultés. Après un plan de 18 milliards d’euros pour sauver l’industrie du tourisme, puis encore 8 milliards d’euros pour la filière automobile, c’est au tour de l’aéronautique de bénéficier d’une pluie de milliards d’euros. Le ministre de l’économie et des finances, Bruno Le Maire, a annoncé, mardi 9 juin, un plan de soutien massif à l’aéronautique d’un montant de plus de 15 milliards d’euros. « Il est proportionné à la violence qu’a représentée la crise en ce début d’année et à son impact durable sur le trafic aérien », justifie M. Le Maire.

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Cette aide de l’Etat était très attendue par toute la filière qui regroupe au sens large près de 300 000 emplois et dégage 58 milliards d’euros de chiffre d’affaires annuel, et qui souffre des conséquences de la pandémie de Covid-19. « Ce plan va nous aider très fortement », soupire de soulagement un gros industriel du secteur. Pour preuve, les deux fleurons de l’aéronautique, l’avionneur européen Airbus, qui emploie 47 000 salariés en France, et le motoriste Safran, 95 000 salariés dans le monde dont 45 000 dans l’Hexagone, ont connu une chute brutale de leurs activités.

« Répondre à l’urgence »

Celle d’Airbus a reculé de 40 % tandis que Safran a reconnu un repli de 50 % son chiffre d’affaires et de son activité. Pour atteindre cette manne de 15 milliards d’euros, le plan échafaudé par l’Etat, après des discussions serrées avec les grands industriels, devrait toutefois intégrer une partie des 7 milliards d’euros déjà accordés à Air France notamment sous la forme d’un prêt garanti de 4 milliards et d’un prêt direct de 3 milliards.

Le premier objectif de ce plan de soutien est de « répondre à l’urgence en soutenant les entreprises en difficulté et protéger leurs salariés », déclare M. Le Maire. Notamment, confirme Bercy, en s’attachant à d’abord « sauver les emplois et les compétences » du secteur qui fait travailler plus de 35 000 ingénieurs. Selon le ministère de l’économie et des finances, « ce sont 100 000 emplois qui seraient menacés dans les mois qui viennent » si rien n’est fait.

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Pour éviter une telle hécatombe, le gouvernement a décidé « d’activer les garanties à l’export (…) pour éviter les annulations et reports de commandes d’avions », indique le ministre de l’économie. Les autorités ont décidé d’accorder aux compagnies aériennes « un moratoire de douze mois pour rembourser leurs emprunts auprès des banques », explique Bercy. Une mesure qui devrait apporter 1,5 milliard d’euros de trésorerie dans les caisses des compagnies aériennes. Mais comme « la reprise devrait être longue : les prévisions actuelles pour le transport aérien n’anticipent pas de retour au niveau précrise avant 2023 », ajoute le ministre, l’Etat veut proposer à la Commission européenne « d’allonger la durée pendant laquelle les compagnies ne remboursent pas leurs nouveaux crédits » pour des achats d’avions. Aujourd’hui fixée à six mois, cette facilité de paiement pourrait, à terme, passer à dix-huit mois.

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L’accord de performance collective se précise à « L’Equipe »

Six jours de RTT au lieu de vingt-deux, une baisse de salaire légèrement supérieure à 10 %, gel des augmentations collectives (mais pas individuelles) : un projet d’accord de performance collective a été présenté aux représentants syndicaux de L’Equipe, lundi 8 juin, conformément à une communication qui avait été faite aux salariés dans la soirée du 31 mai.

« 2020 sera la pire année de la SAS l’Equipe avec un déficit de 16 millions d’euros », justifie Jean-Louis Pelé, le directeur général du groupe (L’Equipe, L’Equipe Magazine, la chaîne L’Equipe, L’Equipe.fr, Vélo Magazine, France-Football, Sport & Style), en introduction d’un mail envoyé lundi après-midi ; il y évoque « une perte de plus de 60 % de la vente au numéro depuis trois mois et une chute des recettes publicitaires de 70 % ».

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La reprise prochaine des événements sportifs lui paraît peu susceptible de rattraper le temps perdu : « La dernière crise externe que nous avons subie, lors des attentats du 13 novembre 2015, avait entraîné un décrochage de la vente au numéro que nous n’avons jamais retrouvée », assure le dirigeant. Les perturbations dans la distribution des journaux, dues à la crise chez Presstalis « dont les effets économiques (…) ne sont pas encore tous connus » précipitent L’Equipe dans une situation qui n’aurait pas dû arriver avant 2023.

« Malgré ce trou d’air économique, mon objectif est de maintenir la production de contenus de qualité et d’accélérer la transition numérique pour être prêt à rebondir avec le retour d’une forte actualité, dès 2021 », précise au Monde Jean-Louis Pelé, qui propose de baisser sa rémunération de 15 %.

Départs à la retraite favorisés

A ces baisses de salaire et de jours de RTT s’ajoutent d’autres propositions – la possibilité d’ouvrir un compte épargne temps permettant d’épargner dix jours par an, la mise en place du télétravail à hauteur d’un jour fixe par semaine ou un forfait de 35 jours –, et les départs à la retraite seraient favorisés. Selon une source syndicale, une soixantaine de personnes atteindront ou dépasseront l’âge de 60 ans au cours des quatre prochaines années.

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En échange, la direction s’engage à ne pas procéder à des licenciements économiques jusqu’en 2024, mais un salarié qui refuserait l’application de cet accord, dans le cas où les organisations syndicales l’accepteraient, pourrait être contraint au départ. « Une approche similaire » sera prochainement soumise aux salariés de la chaîne de télévision La chaîne L’Equipe.

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Faut-il assouplir les 35 heures à l’hôpital ?

Des infirmières et aides soignantes se retrouvent au poste de soin de l’hôpital Delafontaine, lors de la crise du Covid-19, à Saint-Denis, le 3 avril.

Au plus fort de l’épidémie de Covid-19, Sandrine (le prénom a été changé), infirmière de jour au CHU de Nantes, n’a pas eu la tête sous l’eau. Au contraire. Son établissement, dans une région relativement épargnée par la maladie, n’a pas vu déferler la vague de patients anticipée. Les forces supplémentaires, recrutées pour l’occasion, ont pu faire autre chose et soulager les équipes habituelles. « Ça nous a donné une bouffée d’oxygène, la descente est d’autant plus dure, raconte-t-elle. On court tout le temps, j’ai comme un nuage de mémos adhésifs qui tournent dans ma tête, c’est usant. »

Son contrat de travail stipule qu’elle doit travailler sept heures trente par jour. Dans ce laps de temps, constate-t-elle, il faut effectuer de plus en plus de tâches, en raison des effectifs contraints. Au fil de sa carrière, Sandrine a vu fondre la durée des « transmissions », ce précieux temps où les équipes se passent le relais, réduit aujourd’hui à quinze minutes. « Dans mon service, quand j’ai 16 patients à transmettre, c’est matériellement impossible. Tous les jours, on fait du rab », explique la quadragénaire.

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Comment réussir à appliquer les 35 heures à l’hôpital ? En embauchant, disent les uns ; en desserrant l’étau réglementaire pour pouvoir enfiler les heures supplémentaires − et les rémunérer −, imaginent les autres.

Aucun gouvernement, jusque-là, n’a pris le risque de rouvrir frontalement ce dossier, qui est l’une des arlésiennes hospitalières. Il est aujourd’hui de nouveau sur la table. La question « n’est pas un tabou (…), le maître-mot doit être le pragmatisme », a déclaré le premier ministre, Edouard Philippe, le 25 mai, en préambule du « Ségur de la santé », la concertation qui doit aboutir avant mi-juillet à une « refondation du système de santé » français. Dix jours plus tôt, le ministre de la santé, Olivier Véran, avait lancé : « N’est-ce pas incohérent de maintenir les 35 heures alors que certains, pour gagner plus, travaillent en dehors en toute légalité ? » Il a ensuite évoqué la nécessité de trouver de la « souplesse ». Certains agents, en effet, arrondissent leurs fins de mois en cumulant les emplois.

« On manque d’agents »

Les rythmes de travail à l’hôpital sont aujourd’hui, dans les faits, très divers : l’accord local en vigueur à l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) autorise des organisations en 7 heures 30, 7 heures 36, 10 heures et 12 heures, ces dernières étant dérogatoires et réservées à des nécessités absolues de service, comme en réanimation, en soins intensifs ou aux urgences.

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Le gouvernement ouvre la porte à un statut spécifique des travailleurs des plates-formes

Un livreur Deliveroo, à Paris, le 27 mars.

Livreurs Deliveroo, chauffeurs Uber… Les travailleurs des plates-formes ont démontré leur utilité durant la pandémie de Covid-19 pour transporter des soignants ou livrer de la nourriture. Mais ils ont aussi été de ceux qui ont été les plus violemment affectés par la crise, au regard de la chute de leur activité. Or, avec leur statut d’indépendants, ils sont aussi parmi ceux qui bénéficient du moins de protection sociale.

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C’est pour apporter une solution à ce problème que le premier ministre, Edouard Philippe, a décidé d’élargir le périmètre de la mission confiée, en janvier, à Jean-Yves Frouin, qui ne devait initialement se consacrer qu’à la question de la représentation des travailleurs au sein des plates-formes. « La question du dialogue social reste un élémentclé pour mieux concilier, en toute sécurité, activités économiques nouvelles, flexibilité apportée par le statut d’indépendant et droits sociaux liés au travail indépendant en relation avec des platesformes », estime le premier ministre dans un courrier du 5 juin adressé à l’ancien président de la chambre sociale de la Cour de cassation, et que Le Monde a pu consulter.

« Renforcer le socle de droits »

Mais le chef du gouvernement appelle désormais également le magistrat à lui proposer des scénarios pour « renforcer le socle de droits dont bénéficient les travailleurs des platesformes, sans remettre en cause la flexibilité apportée par le statut d’indépendant ». Parmi les pistes de réflexion avancée par l’hôte de Matignon figure la création d’« un statut intermédiaire spécifique aux travailleurs sur platesformes, distinct du salarié ou indépendant ».

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Le premier ministre rappelle enfin que son initiative s’inscrit dans le contexte de la décision, en mars, de la Cour de cassation de requalifier en salarié un chauffeur Uber. Ce qui, selon lui, réclame de clarifier ce sujet « avec une plus grande urgence ».

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La crise économique provoquée par le coronavirus pourrait être la plus dévastatrice depuis 150 ans

A New Delhi, en Inde, le 24 mai.

C’est le grand bond en arrière. Le produit intérieur brut (PIB) mondial devrait se contracter de 5,2 % en 2020, selon les dernières prévisions de la Banque mondiale, publiées lundi 8 juin. C’est dans la zone euro que le recul, attendu à − 9,1 %, sera le plus marqué au monde. Jamais autant de pays n’ont connu simultanément une telle récession depuis 1870. « C’est un coup dévastateur porté à l’économie mondiale », affirme le président de la Banque mondiale, David Malpass. En avril, le Fonds monétaire international (FMI) tablait sur un recul de 3 % du PIB mondial.

La récession dans les pays pauvres et émergents ne devrait pas dépasser les – 2,5 % en 2020, contre – 7 % dans les pays développés. Mais la crise dans ces économies largement informelles sera plus difficile à combattre, faute de moyens budgétaires suffisants et à cause d’une faible capacité administrative pour distribuer l’aide comme les indemnités de chômage.

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Dans une note publiée début juin, le FMI a calculé que les dépenses budgétaires pour faire face à la crise représentaient 1,4 % du PIB dans les pays à bas revenus, 2,8 % chez les émergents et 8,6 % dans les économies avancées. Ces dernières ont la capacité de s’endetter, contrairement aux autres. Or, dans quatre pays pauvres et émergents sur dix, la dette publique a augmenté d’au moins 20 % depuis 2007.

« Il y a des limites à notre capacité à dire le futur »

« Beaucoup d’entre eux sont moins préparés à affronter un ralentissement mondial » que pendant la crise de 2009, s’inquiète l’institution située à Washington. Plus qu’une crise passagère, elle craint que la pandémie ne laisse des « cicatrices » profondes et durables sur les économies à cause de la « baisse des investissements », de l’« érosion du capital humain chez les chômeurs » et de la « désintégration du commerce mondial ». En raison de la pandémie, entre 70 millions et 100 millions de personnes pourraient tomber dans l’extrême pauvreté.

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Lundi 8 juin, l’agence de notation S&P Global Ratings a constaté, en avril, un « redressement » de l’activité dans les pays émergents, même si le « rétablissement sera très lent », particulièrement en Inde. Les capitaux étrangers sont progressivement de retour dans ces pays, après une fuite de 100 milliards de dollars (88,6 milliards d’euros) enregistrée pendant les premières semaines de la pandémie de Covid-19.

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En ces temps d’incertitudes géopolitique et économique, les prévisions de croissance sont à prendre avec précaution. A l’incertitude de la durée de la pandémie s’ajoutent celles de la résilience des économies et de l’aggravation des tensions commerciales entre la Chine et les Etats-Unis. William De Vijlder, économiste en chef chez BNP Paribas, constate « une montée en flèche de l’incertitude des prévisions », avec des fourchettes « cinq fois plus larges qu’à la fin de 2018 ». « Nous devons admettre qu’il y a des limites à notre capacité à dire le futur », plaide l’économiste Branko Milanovic, citant la « nature incontrôlable » de la crise et son « étendue mondiale ».

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Pour les salariés des particuliers employeurs, le dispositif d’indemnisation partielle est reconduit

La procédure est la même que celle mise en place pour les mois de mars, avril et mai.
La procédure est la même que celle mise en place pour les mois de mars, avril et mai. Andriy Popov/Panther Media / GraphicObsession

En avril, la grande majorité des particuliers employeurs ont eu recours au chômage partiel pour leurs salariés à domicile et gardes d’enfants : 713 127 demandes ont été recensées sur le site du Cesu (+ 40 %) et 341 900 sur la plate-forme Pajemploi dédiée à ceux qui font garder leurs enfants par une assistante maternelle ou une nounou à domicile (+ 20 %).

Alors que le gouvernement avait prévu que ce dispositif devait prendre fin au 1er juin, il a finalement décidé de le reconduire pour le mois de juin « afin de protéger les salariés à domicile contre le risque de perte d’activité et d’aider les particuliers employeurs se trouvant en difficulté à rémunérer leurs salariés ».

Pas de reconduction en juillet

En revanche, ces mesures d’aides exceptionnelles ne devraient pas être reconduites en juillet.

La procédure est la même que celle mise en place pour les mois de mars, avril et mai. Le formulaire d’indemnité exceptionnelle sera accessible sur les sites du Cesu et de Pajemploi à partir du 25 juin.

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Il vous suffira d’indiquer les heures qui auraient dû être effectuées par votre salarié et qui ne l’ont pas été, ainsi que leur taux horaire. En retour, le site vous indiquera le montant à verser à votre salarié (80 % du net horaire). Cette somme vous sera remboursée dans les jours suivants directement sur votre compte bancaire.

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L’hôpital à la recherche de l’attractivité perdue

Manifestation de personnels soignant devant l’hôpital de la Timone à Marseille, le 26 mai.
Manifestation de personnels soignant devant l’hôpital de la Timone à Marseille, le 26 mai. CHRISTOPHE SIMON / AFP

Depuis qu’elle a obtenu son diplôme d’infirmière, il y a une dizaine d’années, Coralie (le prénom a été modifié) cumule deux emplois. L’un au sein d’un service de réanimation d’un hôpital public francilien, pour 2 000 euros net par mois, primes de week-end comprises. L’autre, théoriquement interdit, quelques jours par mois, dans le centre de dialyse d’une clinique privée, à 200 euros la journée. « Au vu des responsabilités qu’on a, on gagne très peu à l’hôpital », dit-elle, en pointant la « pénibilité de l’alternance jour/nuit et une charge en soins la nuit comparable à celle de la journée ». En dépit de ce « rythme épuisant », plusieurs de ses collègues effectuent également, selon elle, de tels « extras », qui leur permettent le plus souvent de gagner entre 300 et 500 euros de plus par mois environ.

Impossible de connaître le nombre de soignants qui font de telles prestations en dehors de l’hôpital, parfois juste pour réussir à joindre les deux bouts. Mais la pratique est révélatrice d’une certaine ingratitude de l’Etat envers ses personnels soignants. Le point d’indice de la fonction publique hospitalière est quasiment gelé depuis dix ans, en hausse de seulement 1,7 % entre 2009 et 2017, selon les calculs de l’AdRHess, une structure réunissant les responsables ressources humaines (RH) des établissements de soins. Selon les derniers chiffres de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), remontant à 2015, les 500 000 infirmiers français perçoivent une rémunération inférieure de 6 % au salaire moyen en France.

Infographie Le Monde

La faible rémunération des soignants « n’est pas quelque chose de nouveau, les revendications à ce sujet ont émaillé tout le XXe siècle », souligne la sociologue Fanny Vincent, coautrice de La Casse du siècle. A propos des réformes de l’hôpital public (Raisons d’agir, 2019). Pour la chercheuse, le problème remonte aux origines mêmes de l’hôpital, lorsque celui-ci était tenu par « des religieuses peu rémunérées, voire pas rémunérées du tout, ce qui a ensuite contribué à minorer le coût de la main-d’œuvre soignante de façon durable ».

Une hausse inespérée avant la crise du Covid-19

Longtemps ignorée par l’Etat, cette faiblesse salariale est aujourd’hui devenue un problème politique et sanitaire. Le « Ségur de la santé », mis en place par le gouvernement il y a deux semaines, est ainsi censé aboutir mi-juillet à une hausse « significative » des salaires. Une hausse inespérée avant la crise du Covid-19, en dépit des nombreux signes de malaise affichés par les personnels hospitaliers depuis plus d’un an.

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Le spleen des « héros » du confinement

Un agent d’entretien désinfecte un train au centre de maintenance de Noisy-le-Sec (Seine-Saint-Denis), le 7 mai.
Un agent d’entretien désinfecte un train au centre de maintenance de Noisy-le-Sec (Seine-Saint-Denis), le 7 mai. BERTRAND GUAY / AFP

Certains en seraient presque nostalgiques. « Nous aurions voulu que le confinement continue ! plaisante Jean-Pierre Lascary. Nous étions les rois de Paris ! Des dessins, des applaudissements… Nous étions acclamés comme des dieux. On n’avait jamais connu ça ! », raconte cet éboueur de la société Pizzorno, qui collecte dans le 15arrondissement de la capitale.

Au Super U d’Egletons (Corrèze), Laurence Gillet, responsable de rayon, évoque les « merci », « bravo à vous », « courage » laissés sur la page Facebook du magasin. Pierre Audet, chauffeur routier qui a poursuivi son activité de livraison de commerce alimentaire pendant tout le confinement, se souvient des SMS de soutien du maire de son village en Gironde et des applaudissements de 20 heures dans sa rue, dont des voisins lui ont signifié qu’ils étaient aussi pour lui. « Ça fait quelque chose », glisse-t-il.

Témoignages de sympathie, reportages… La crise sanitaire a mis en lumière nombre de professions d’ordinaire peu considérées, mais dont le confinement a révélé combien elles étaient indispensables au quotidien. Jusqu’au président de la République, qui avait rendu hommage à ces « deuxièmes lignes » – les premières étant les personnels de santé – dans son discours du 13 avril.

Depuis, la France se déconfine. Les applaudissements et les mots doux ont disparu. « C’est complètement fini. C’est les mêmes clients, les mêmes caprices », témoigne, amer, Yousri Boumalouka, directeur général adjoint d’un Monoprix à Paris, et secrétaire national FO de l’enseigne. « J’ai juste l’impression que les automobilistes nous mettent un peu moins la pression », estime Jean-Pierre Lascary.

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Les soignants, mobilisés depuis plus d’un an pour réclamer des moyens en faveur de l’hôpital public, ont obtenu, à l’occasion de la crise, le lancement, le 25 mai, d’un « Ségur de la santé », censé déboucher, d’ici à la mi-juillet, sur des propositions concrètes.

« Le système pouvait s’effondrer »

Cependant, « le Ségur du transport routier n’est pas prévu, que je sache, ironise Pierre Audet. On est déjà retombés dans l’oubli. Pas seulement les routiers. Tous les métiers du transport, les livreurs, les logisticiens. On est redevenus des camions pollueurs ».

Dès le 20 mars, le ministre de l’économie et des finances, Bruno Le Maire, avait appelé les entreprises à verser une prime défiscalisée de 1 000 euros à leurs salariés « qui ont le courage de se rendre sur leur lieu de travail ». Mais son versement diffère selon les employeurs. A Paris, les éboueurs de Pizzorno et de Veolia ont touché une prime globale de 1 000 euros bruts quand les éboueurs municipaux qui collectent dans dix arrondissements reçoivent une prime à la journée travaillée de 35 euros nets. « Certains se sont exposés plus que les autres, appâtés par ce qui faisait figure de prime de risque », déplore un éboueur.

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