Archive dans septembre 2020

Le Covid-19 entraîne des pertes importantes d’emploi et de revenus

Guy Ryder, directeur général de l’Organisation international du travail, à Berlin, en octobre 2019.

Avec la pandémie de Covid-19, les compteurs de l’Organisation internationale du travail (OIT) s’affolent. Sur deux paramètres essentiels pour le monde du travail, le niveau des revenus et le nombre d’emplois, l’OIT – regroupant les représentants des gouvernements, des employeurs et des salariés de 187 Etats membres –, annonce la dégradation d’une situation qui était déjà difficile. Dans un rapport publié mercredi 23 septembre, « Le Covid et le monde du travail », l’OIT estime que la baisse concernant les revenus du travail serait de 10,7 %, soit 3 500 milliards de dollars (2 990 milliards d’euros), pendant les trois premiers trimestres de 2020, par comparaison avec la même période en 2019.

S’agissant de la perte d’heures de travail, elle serait, au deuxième trimestre (par rapport au quatrième trimestre 2019, avant le début de la pandémie), de 17,3 %, ce qui équivaut à 495 millions d’emplois à plein temps (sur la base d’une semaine de quarante-huit heures). Et les perspectives pour les troisième et quatrième trimestres ne sont guère optimistes, puisque l’OIT table, respectivement, sur des pertes de 12,1 % du nombre d’heures travaillées (345 millions d’emplois équivalent temps plein), puis 8,6 % (245 millions d’emplois).

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Cette sixième édition de l’observatoire de l’OIT sur le Covid se montre plus pessimiste encore que la dernière publication de juin, qui estimait la perte à 400 millions d’emplois au deuxième trimestre. « Dans les pays en développement et dans les pays émergents, les travailleurs ont été beaucoup plus touchés que lors des crises précédentes, notamment les personnes évoluant dans l’économie informelle », relèvent les auteurs du rapport, qui soulignent aussi que « l’augmentation des pertes en heures de travail doit être attribuée de manière plus importante à l’inactivité [par exemple, dans l’économie informelle] plutôt qu’au chômage ».

« Fossé de la relance budgétaire »

Si les mesures de fermeture des entreprises, liées au confinement, ont été, dans de nombreux pays du monde, comme en Europe, adoucies depuis le début de l’été, et qu’une certaine reprise des activités a pu être constatée, 94 % des travailleurs vivent toujours dans des pays soumis à des restrictions dans l’ouverture des lieux de travail, et 32 % se trouvent dans des pays où tous ces lieux sont encore fermés, à l’exception des activités essentielles.

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Pour répondre à cette situation inédite, des plans de relance budgétaire ont été conçus, mais l’OIT relève que ce sont surtout les pays à revenu élevé qui les ont mis en œuvre. « Il faudrait que les pays en développement puissent injecter 982 milliards de dollars pour atteindre le même ratio en matière de relance par rapport au nombre d’heures de travail perdues », estiment les auteurs du rapport. Ce « fossé de la relance budgétaire » inquiète l’OIT, notamment au regard des conséquences qu’il va entraîner sur les systèmes de protection sociale. « Il est urgent de définir une stratégie globale pour enclencher la relance à travers le dialogue, la coopération et la solidarité », insiste Guy Ryder, le directeur général de l’OIT. Un message à destination de la 75e Assemblée générale des Nations unies, qui s’est ouverte mardi 22 septembre.

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L’insuffisant retour à la normale des embauches de plus d’un mois

« Ces chiffres ne reflètent qu’en partie la réalité du marché du travail. Ils n’incluent en effet ni les CDD de moins d’un mois, ni l’intérim, qui a particulièrement souffert de la crise. »

En ces temps économiques troublés, les bonnes nouvelles sont rares, d’autant que les rares chiffres encourageants sont souvent à relativiser. C’est le cas de ceux portant sur les déclarations d’embauche de plus d’un mois en août, publiés par l’Agence centrale des organismes de sécurité sociale (Acoss) mercredi 23 septembre.

Si l’Acoss indique que le nombre d’embauches de plus d’un mois en août 2020 (731 291) est supérieur de 2,2 % au chiffre d’août 2019 (715 303), l’Agence précise également que ce chiffre est à prendre avec des pincettes.

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« Effet calendaire »

Car l’Acoss suggère que la progression des embauches de plus d’un mois en août est peut-être en partie due à un « effet calendaire, des entreprises ayant pu avancer au lundi 31 août des embauches habituellement opérées début septembre ».

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De plus, ces chiffres, bien que précieux, ne reflètent qu’en partie la réalité du marché du travail. Ils n’incluent en effet ni les CDD de moins d’un mois, ni l’intérim, qui a particulièrement souffert de la crise. Fin juillet, le nombre d’intérimaires était en effet toujours inférieur de 20 % à son niveau de juillet 2019. Un écart par rapport à la normale qu’il sera difficile de combler durant le seul mois d’août.

Or, le retour à la normale de l’emploi intérimaire est décisif car la chute de ce type de contrats est, à elle seule, responsable de 30 % des suppressions d’emplois enregistrées au 1er semestre.

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Par ailleurs, le retour à la normale du nombre d’embauches, s’il est nécessaire, n’est pas suffisant pour permettre à l’économie française de reprendre définitivement des couleurs. Il faudra en effet que ce nombre d’embauches progresse encore plus fortement dans les mois à venir pour compenser les suppressions d’emplois qui s’annoncent ou ont déjà eu lieu.

Suppressions d’emplois au 2e semestre

Or un tel rattrapage n’est pas à l’ordre du jour. Loin de là. Selon une enquête du département de statistiques du ministère du travail, également publiée ce mercredi 23 septembre, parmi les salariés travaillant dans une entreprise ayant vu ses effectifs diminuer à cause de la crise, seuls 23 % travaillent dans une entreprise qui anticipe un retour à la normale de ses effectifs ; 43,5 % sont en revanche dans une société dont les effectifs ne retrouveront pas leur niveau d’avant-crise, soit parce qu’ils vont continuer à baisser (24,4 %), soit parce qu’ils vont se stabiliser à leur niveau actuel (19,1 %). Les autres salariés travaillent dans une entreprise dans laquelle aucune anticipation n’est faite en la matière.

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« En matière sociale, le monde d’après ressemble soudainement trop crûment à celui d’avant »

Chronique. Une fermeture d’usine annoncée brutalement, dans une région déjà sinistrée socialement, alors que le gouvernement vient de dégainer un grand plan de relance visant précisément à « soutenir les entreprises et l’emploi » : la volonté des dirigeants du fabricant de pneus Bridgestone de fermer l’usine de Béthune (Pas-de-Calais), révélée jeudi 16 septembre, tombe au pire moment pour l’exécutif.

Après les annonces d’Auchan, qui compte supprimer 1 500 postes, et de General Electric, 753 postes selon les syndicats, la perspective d’y ajouter plus de 863 licenciements renoue avec une sinistre litanie dont les périodes de crise économique ont le secret. Et ce ne sont pas les propos du ministre de l’économie, Bruno Le Maire, qui dénonce les plans sociaux « d’aubaine » – on dégraisse après la pandémie, mais on l’aurait fait sans – qui vont y changer quoi que ce soit.

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Le gouvernement montre les muscles, les oppositions crient au scandale, les syndicats montent au créneau, les salariés sont sous le choc : en matière sociale, le monde d’après ressemble soudainement un peu trop crûment à celui d’avant. Cette répétition de l’histoire est évidemment à interroger. Ne serait-ce que parce que la plupart de ces grands noms avaient reçu ces dernières années des aides publiques (crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi, subventions régionales…), et risquent bien d’en recevoir encore davantage… pour ne pas licencier.

Inquiétude des suppressions de postes dans les TPE-PME

Derrière ces annonces fracassantes, il est toutefois un mouvement plus discret, qui inquiète tout autant l’exécutif : celui des suppressions de postes dans les TPE-PME. Ces Petit Poucet de l’économie – commerçants, artisans, petits industriels… – sont aussi ceux qui ont payé un lourd tribu à la crise depuis le confinement : ayant les reins moins solides, ils ont largement bénéficié du soutien de l’Etat, de report de charges, de prêts garantis. Mais tout cela n’aura qu’un temps et le risque est grand qu’une fois ces facilités terminées, ils se retrouvent en grande difficulté.

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La distinction entre gros et petits n’est pas toujours politiquement correcte, mais elle est réelle. Les petits ruisseaux faisant les grandes rivières, Bercy craint autant, voire plus, ces suppressions de postes à bas bruit que les licenciements les plus médiatisés. « Les plans sociaux qui font la “une” des journaux, si on parvient à gagner un peu de temps pour les gérer, sont au final souvent plus costauds en termes de conditions de départ pour les salariés. On trouve des interlocuteurs, il y a des cordes de rappel. Dans les TPE, ce n’est pas le même contexte », glissait-on, avant même l’épisode Bridgestone, dans les couloirs du ministère de l’économie.

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Télétravail : le patronat accepte de négocier mais ne veut pas d’un accord normatif

Les syndicats sont parvenus à arracher une première concession. Mardi 22 septembre, ils ont obtenu que le patronat dise oui au lancement d’une négociation en vue de parvenir à un accord national interprofessionnel (ANI) sur le télétravail. Jusqu’à présent, les organisations d’employeurs avaient refusé de s’engager dans cette voie, malgré les demandes pressantes des confédérations de salariés – discrètement soutenues par des représentants du pouvoir exécutif et de la majorité parlementaire. Deux rendez-vous ont été fixés, les 3 et 23 novembre. Mais l’exercice a été d’emblée strictement délimité : si un accord est trouvé, il ne sera « ni normatif ni prescriptif », a insisté Hubert Mongon, le chef de file du Medef, lors d’un échange téléphonique avec des journalistes. Autrement dit, pas question d’imposer de nouvelles dispositions susceptibles d’être contraignantes pour l’ensemble des entreprises.

Dans l’hypothèse où un ANI est conclu, celui-ci aura « pour vocation de reprendre les grands principes du droit applicable et d’identifier les nouvelles questions à se poser et y apporter l’éclairage » nécessaire, a expliqué M. Mongon. « L’objectif est de permettre une mise en œuvre réussie du télétravail », a-t-il ajouté. Depuis le début de l’année, « plus de 500 accords ont été négociés, à ce jour, dans les entreprises, d’autres sont en cours, a-t-il plaidé. Il ne nous appartient pas au niveau national de venir troubler [cette] dynamique. »

Scepticisme

Sans surprise, cette analyse est partagée par Eric Chevée, vice-président de la Confédération des petites et moyennes entreprises. Pour lui, les règles actuellement en vigueur suffisent amplement, entre l’ANI de 2005, transposé dans une loi de 2012, et les ordonnances de 2017. Les discussions à venir avec les syndicats ne doivent, en aucun cas, « aboutir à alourdir les contraintes qui pèsent sur les entreprises », martèle-t-il. Si les partenaires sociaux s’entendent sur un texte, il faudra que celui-ci « soit très pratique et que le patron d’une PME ou TPE, qui n’est pas expert en droit du travail, y trouve les questions à ses réponses ». Un premier pas dans ce sens a été accompli, avec un « diagnostic » finalisé mardi. Ce document d’une douzaine de pages résulte de la concertation que les organisations de salariés et d’employeurs avait ouverte sur le télétravail, début juillet : énumérant les multiples « enjeux » soulevés par cette forme d’activité, il a été validé par le patronat et par la CFDT, la CFE-CGC ainsi que FO.

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L’incertitude favorise les augmentations de salaire à la carte

Carnet de bureau. Le Covid-19 devrait favoriser l’individualisation des rémunérations en 2021. « La crise sanitaire a suscité énormément de réflexion dans les entreprises sur l’évolution de leur stratégie et sur les groupes de collaborateurs nécessaires à la réussite future. Le Covid a mis un grand coup d’accélérateur à la définition de cette stratégie et au référencement des compétences-clés », affirme Bruno Rocquemont, directeur du département gestion des talents chez Mercer. Pour certains, le référencement des compétences de l’entreprise était déjà en chantier dans la perspective de la transformation numérique qui a également été accélérée par la généralisation du télétravail.

Le cabinet de conseil Mercer, qui publiera, fin septembre, son enquête annuelle menée d’avril à juillet auprès de 644 grandes entreprises sur les politiques de rémunérations 2020-2021, annoncera, sans surprise, une augmentation de la pratique de gel des salaires : 2 % des entreprises avaient l’intention d’y recourir pour 2020, elles ont finalement été 11,3 % et elles seront 13,2 % en 2021.

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Mais « les entreprises qui font du gel de salaire conserveront une réserve pour récompenser les compétences-clés et ne pas voir partir à la concurrence les salariés considérés comme des piliers pour aborder le monde d’après. Après 2009, les entreprises ont compris qu’il valait mieux ne pas geler totalement les salaires et être très sélectif dans le cadre d’une petite enveloppe budgétaire », analyse M. Rocquemont.

Incertitude et brouillard

Dans le contexte de la pandémie de Covid-19, « la très forte hausse de l’incertitude dans l’entreprise renforce la bascule vers plus d’intelligence artificielle et l’importance des profils high-tech devenus toujours plus prisés », illustre Laurent Acharian, directeur général monde de BCG Gamma, l’entité du Boston Consulting Group consacrée à l’intelligence artificielle.

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L’incertitude et le brouillard sur le Covid-19, comme sur les perspectives économiques, sont aussi importants aujourd’hui que la nécessité pour l’entreprise d’avoir une vision claire de ses priorités. A la veille d’aborder les négociations annuelles obligatoires, cet aveuglement plonge un certain nombre d’entreprises dans l’indécision et l’attentisme. « Alors que 382 entreprises se sont exprimées sur leur politique de rémunération en 2020, seule une centaine ont pu se prononcer sur leur budget d’augmentation pour 2021, tout simplement parce qu’elles ne savent pas encore ce qu’elles feront », confirme M. Rocquemont. Mais celles qui ont répondu sont plutôt volontaristes. « La sélectivité va augmenter, affirme-t-il, ainsi que la part extra-monétaire des rémunérations (qualité de vie au travail, flexibilité dans l’organisation, etc.) pour compenser la faiblesse des hausses de salaire ».

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L’épidémie de Covid-19 bouscule l’aménagement des bureaux

« Tout en appelant à télétravailler le plus possible, le ministère du travail a publié le 31 août des règles à respecter pour aménager les espaces de travail. »

Devant la Maison de la radio, dans le 16e arrondissement de Paris, Mathias Wargon, le chef des urgences de l’hôpital Delafontaine à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) est bien embêté. Pour entrer dans le bâtiment qui accueille la radio publique, il est obligé d’attraper la poignée de la porte sans avoir pu se désinfecter les mains au préalable. « Ça ne sert à rien de ne pas se serrer les mains pour tous la mettre sur une porte où il n’y a pas de gel hydroalcoolique, ni avant ni après », dit-il quelques minutes plus tard au micro de Léa Salamé et de Nicolas Demorand sur France Inter.

Depuis que les entreprises peuvent de nouveau accueillir leurs salariés et le public, elles ont dû mettre en place un protocole sanitaire pour respecter des conditions d’hygiène qui permettent de limiter la propagation de l’épidémie. Tout en appelant à télétravailler le plus possible, le ministère du travail a publié le 31 août des règles à respecter pour aménager les espaces de travail. Après avoir considérablement modifié notre rapport à la présence au bureau, l’épidémie due au coronavirus change en profondeur notre conception de l’espace en entreprise.

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Pour accéder à son bureau en sortant de l’ascenseur, Christophe Burckart, le directeur général France de Regus, une entreprise de location de bureaux et d’espaces de coworking, doit désormais faire un détour. Son bureau est à quelques mètres, mais un sens de circulation est imposé dans les couloirs. Ce patron doit donc allonger son parcours pour éviter de croiser ses collaborateurs.

Un protocole à signer

Dans les bureaux qu’il loue, tout a été repensé pour limiter au maximum les contacts, et le protocole sanitaire a été certifié par un organisme indépendant. Des panneaux de plexiglas ont été installés entre les bureaux. Dans les salles de réunions, une place sur deux est condamnée autour des tables pour respecter un mètre de distance entre les participants. Le patron de Regus le reconnaît, « le plus dur à faire respecter, c’est la distanciation sociale. Sans s’en rendre compte, on a tendance à ne pas respecter un mètre de distance lorsqu’on discute avec quelqu’un. Il faut alors montrer l’exemple et faire de la pédagogie ».

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Pour avoir plus de légitimité lorsqu’elle reprend un salarié qui ne respecte pas les gestes barrières, Priscilla Marchand, à la tête de Madame Marchand, une PME de savonnerie installée dans l’Aisne, a demandé à ses équipes de signer le protocole. Cette dirigeante a d’ailleurs impliqué ses cinq salariés dans son élaboration en leur demandant de faire des recherches et de proposer le nouvel aménagement de l’espace. « Dans une entreprise à taille humaine, c’est important d’impliquer les salariés. Chacun est différent dans sa manière d’appréhender le danger. L’objectif, c’est que chacun se sente en sécurité », dit-elle.

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Les entreprises veulent inventer une organisation hybride du travail

Le Covid-19 est parmi nous, certes, mais l’activité doit se poursuivre, et même continuer de se développer. En cette rentrée de septembre, toutes les entreprises n’ont pas retrouvé leur effectif complet au bureau. Elles doivent élaborer une nouvelle organisation du travail, tenant compte des incertitudes qui demeurent. Les Rencontres RH, le rendez-vous mensuel de l’actualité du management organisé par Le Monde en partenariat avec Leboncoin, ont tenu leur dixième édition, mardi 15 septembre, aux Jardins Saint-Dominique à Paris pour en débattre.

« Depuis la sortie du confinement, les entreprises font du yoyo. La vérité du lundi n’est pas celle du mardi, ni celle du mercredi. La question est comment sortir du yoyo ? En parlant solutions ? En cherchant des issues différentes ? En écoutant les salariés ? En renforçant le rôle du DRH ? », a interpellé Isabelle Barth, professeure en sciences de gestion à l’université de Strasbourg.

Dans une sorte d’unanimité, des secteurs de l’assurance, de la banque, de la publicité, de l’agroalimentaire, du luxe, de l’action sociale et de la formation professionnelle, la dizaine de DRH présents ont témoigné « d’une période de retour d’expériences ».

« Rites, symbole, gestuelle »

Pour l’assureur Axa, la phase d’écoute des salariés est ouverte jusque fin octobre : « La prise de recul est indispensable. On a demandé à nos équipes ce que l’on peut garder de ce que l’on a vécu, pour faire un bilan de ces derniers mois, nourrir les formations et identifier les rituels d’un mode de travail hybride. On a besoin d’une vie sur site, on a besoin de recharger nos collectifs. Les nouveaux entrants ont besoin de partager une certaine mixité », a expliqué Diane Deperrois, la DRH d’Axa France. « C’est tout ce qui est autour de la transmission qui construit le collectif », souligne Céline Merle-Beral, la DRH groupe Havas. « C’est la fin du 100 % télétravail, affirme Christophe Le Bars, DRH du groupe Cegos. Les rites, le symbole, la gestuelle, c’est aussi la clé de l’organisation de l’entreprise. »

BNP Paribas Asset Management et la Caisse nationale d’assurance vieillesse (CNAV) aussi ont misé sur l’importance du délibératif et pris le pouls des salariés pour préparer la rentrée en mode « hybride » (présentiel et distanciel). « On avait mené des enquêtes pendant le confinement sur la cohésion d’équipe, la communication entre équipe et manageur. Quand tout le monde part en télétravail, revient, puis repart, la question est comment maintenir le lien social ?. On a demandé aux manageurs et aux directeurs généraux de tous les pays quelle devrait être la norme de télétravail, de quels supports ils auraient besoin, et nous avons adressé un questionnaire à l’ensemble des collaborateurs pour mesurer leur rapport au temps, au travail et nourrir la réflexion sur le télétravail. Ce qu’on en fera va dépendre des pays », explique la DRH de BNP Paribas Asset Management Marion Azuelos.

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Plans sociaux : les oppositions ne ménagent pas le gouvernement

Le député La France insoumise, François Ruffin, devant l’usine Bridgestone, à Béthune (Pas-de-Calais) le 21 septembre.

« Complice », « hypocrite », colleur de « rustines »… Les oppositions ne ménagent pas le gouvernement depuis l’annonce par Bridgestone de la fermeture de son usine de pneus de Béthune, dans le Pas-de-Calais. Derrière les 863 salariés retenant leur souffle, derrière le bras de fer entamé avec le géant japonais, derrière les critiques venant de tous bords contre la politique d’Emmanuel Macron pointe une question redoutée : après ceux de Nokia, Auchan ou encore Renault, le plan social de Bridgestone annonce-t-il une interminable série noire risquant de plomber un peu plus les courbes du chômage ?

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C’est ce que craint la droite, pour qui l’horizon n’a aucune raison de s’éclaircir. « Nous ne sommes pas sortis de la phase d’anesthésie, il y a encore du chômage partiel, des prêts garantis non encore utilisés », alerte Eric Woerth, député Les Républicains (LR) de l’Oise et président de la commission des finances. Comprendre : que va-t-il se passer lorsque ces dispositifs ne seront plus là ? Pour le moment, abonde le patron du groupe LR à l’Assemblée, Damien Abad, « nous ne sommes pas encore en crise systémique ». Le gouvernement « fait du système D pour stopper l’hémorragie, met des rustines », s’inquiète celui qui aurait préféré voir les reports de charge se transformer en annulation pure et simple pour sauver les entreprises et les commerces fragilisés par une crise sanitaire qui n’en finit pas.

Pour autant, nombre d’élus LR reconnaissent le bien-fondé de dispositifs pris pendant le confinement et indiquent qu’ils voteront le plan de relance. « On ne peut pas être contre l’injection de 100 milliards d’euros dans l’économie », poursuit M. Abad, tout en s’inquiétant de la dette. « On va être rattrapés par le fait qu’il faudra payer », acquiesce Eric Woerth.

Pour Marine Le Pen, le souvenir de Whirlpool

« Qu’ils arrêtent l’hypocrisie et qu’ils regardent véritablement les conséquences de la politique qu’ils mènent. » Déjà officiellement candidate à la présidentielle de 2022, Marine Le Pen a profité d’un déplacement dans un refuge pour chevaux victimes de mutilations, lundi 21 septembre, pour mener une charge groupée contre le gouvernement comme l’opposition de droite et dénoncer « la violence et la brutalité de l’ultralibéralisme que défendent des gens comme En marche, des gens comme LR ».

Se posant à chaque occasion comme seule alternative face à Emmanuel Macron en 2022, la présidente du Rassemblement national avait placé l’insécurité, mais aussi la crise économique comme axes de campagne de sa rentrée politique opposant au « mondialisme » du chef de l’Etat son « localisme ». Après avoir rencontré une délégation de salariés de Bridgestone à huis clos, vendredi, elle n’a pas manqué, lundi, de faire référence à une autre usine des Hauts-de-France devenue symbole de la désindustrialisation comme de son face-à-face avec Emmanuel Macron : « Ce que je ne voudrais pas, c’est voir justement la même chose qu’avec Whirlpool », a-t-elle déclaré. Dans l’entre-deux-tours de la dernière présidentielle, Marine Le Pen et Emmanuel Macron s’étaient en effet tous deux rendus au chevet des salariés de l’usine d’Amiens, promise à la délocalisation en Pologne, avant que la reprise ne tourne au fiasco.

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Covid-19 : un tiers des radios locales privées ont procédé à des licenciements

Au plus près des territoires chers au premier ministre, Jean Castex, les radios privées locales, régionales, thématiques et généralistes indépendantes tirent le diable par la queue. D’après une enquête menée par le Syndicat des radios indépendantes (Sirti) auprès de ses 170 adhérentes, et révélée mardi 22 septembre, 33 % d’entre elles ont supprimé des emplois depuis le confinement de mars. « Il y a eu quasiment 200 suppressions de postes, sur un nombre total de 2 500 salariés, détaille Alain Liberty, président du Sirti. La plupart relèvent du non-renouvellement des personnels en contrats à durée déterminée d’usage [CDDU, liés aux grilles de programmes qui s’interrompent généralement en juin], alors qu’ils auraient dû l’être dans une période normale. »

Des emplois n’ont par ailleurs pas été créés. « Avec l’appétence toujours plus grande pour l’information de proximité, le nombre de journalistes embauchés dans ces stations avait quasiment doublé en dix ans », ajoute M. Liberty, qui en dénombre 500. « Cette dynamique est cassée. »

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Les radios de moyenne ou de grande taille ont payé un tribut plus lourd que les structures modestes (qui ne comptent parfois que deux ou trois salariés), touchant les fonctions d’antenne, les services administratifs et commerciaux et, dans une moindre mesure, la technique.

Baisse de la publicité

Plus inquiétant, cette page sombre est encore loin d’être tournée. Car, au moment où les radios nationales privées regardent avec soulagement leur chiffre d’affaires publicitaire remonter la pente, après un printemps en forme de toboggan, celui des radios locales privées continue de souffrir. « La publicité locale accuse encore des baisses de 30 % ou 35 % par rapport à la même période l’an dernier », assure Jean-Eric Valli, président du groupe 1981, qui rassemble une dizaine de radios musicales et thématiques (Latina, Oüi FM, Voltage…).

Non seulement les enseignes nationales se contentent de campagnes nationales, se passant de déclinaisons locales, mais les événements culturels locaux ont disparu et les chiffres d’affaires des « petits » commerçants sont souvent encore trop fragiles pour envisager des dépenses en promotion… Or, sans retour à une activité économique soutenue, 79 % des radios indépendantes assurent, dans cette même étude, « qu’elles réduiront leur masse salariale en 2021 ».

Dans ce contexte, les trois quarts de ces radios, qui représentent 9 millions d’auditeurs, un quart du chiffre d’affaires de la radio privée en France et un tiers de ses effectifs (chiffres Sirti) réclament la mise en place d’un plan de relance pour leur secteur. Ainsi que l’exonération de leurs charges sociales. Un fonds de soutien à la diffusion hertzienne FM et DAB + (la radio numérique terrestre, en cours de déploiement) de 30 millions d’euros a d’ores et déjà été débloqué par les pouvoirs publics.

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