Retraites : la prudence tactique de Macron
En se prononçant de manière inattendue pour un accord sur la durée de cotisation, le chef de l’Etat cherche à séduire la CFDT et à ne pas brusquer les Français, pour une réforme cruciale de son quinquennat.
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L’exécutif avance désormais à pas comptés sur le dossier miné des retraites. Et compte bien mettre toutes les chances de son côté pour tenter de faire passer ce projet que beaucoup de macronistes décrivent comme « la réforme phare de la deuxième moitié du quinquennat ». En annonçant de manière inattendue, lundi 26 août sur France 2, qu’il préférait « un accord sur la durée de cotisation plutôt que sur l’âge » pour pouvoir bénéficier d’une retraite à taux plein, Emmanuel Macron a rebattu les cartes d’une partie qui pouvait apparaître relativement fermée depuis la présentation, le 18 juillet, d’un rapport sur le sujet de Jean-Paul Delevoye, haut-commissaire chargé d’élaborer la réforme. « Rien n’est décidé », a martelé le chef de l’Etat. Et d’ajouter : « On va construire cela tous ensemble. Il faut partager les contraintes, qu’il y ait une solidarité. Il y aura une grande négociation, un grand débat. »
Si Edouard Philippe doit désormais reprendre la main en recevant les 5 et 6 septembre syndicats et patronat, pour beaucoup, c’est un signal envoyé à la CFDT qui était opposée, comme la plupart des autres confédérations, à l’une des principales propositions formulées par M. Delevoye : l’instauration d’un âge pivot à 64 ans, également appelé « âge d’équilibre », identique pour tous et assorti d’une décote financière pour ceux qui choisiraient de partir avant. Si la piste de la durée de cotisation était également mentionnée dans le rapport de M. Delevoye, celle de l’âge pivot était présentée par l’ancien ministre de Jacques Chirac comme « socialement juste » et « budgétairement et financièrement solide ». Mais elle ne semble pas avoir les faveurs du chef de l’Etat qui, selon plusieurs sources bien informées, n’a pas pris la peine d’informer au préalable le haut-commissaire du contenu de son intervention sur France 2.
Pas question pour autant de parler de « changement de pied » au sommet de l’Etat. « Ce n’est pas un virage sur l’aile, a assuré Bruno Le Maire, ministre de l’économie, mardi, sur LCI. Le gouvernement « ne passer[a] en force sur rien ». « On a toujours veillé à ce que le rapport Delevoye ne ferme pas de portes, fait-on valoir dans l’entourage d’Edouard Philippe. La durée de cotisation individualise le départ à la retraite, quand l’âge pivot est plus uniforme. » Un député de la majorité juge cependant qu’il y avait « un problème » avec le mécanisme tel que présenté. « De fait, c’était un nouvel âge de départ à la retraite si jamais la décote était forte », estime-t-il.