Le projet de la réforme des retraites alarme les expatriés
Le baromètre Malakoff Médéric Humanis à sembler le 29 mars rappelle l’attachement des Français à leur système de protection sociale. Plus d’un sur deux se dit inquiet par les suites de la réforme annoncée pour 2019.
Les Français occupant à l’étranger s’inquiètent pour leur retraite. Alors qu’à Paris la réforme se prépare dans le plus grand flou, le mutualiste Malakoff Médéric Humanis révèle que 53 % des expatriés sont inquiets par ce que va être la retraite après le changement.
Plus de 1 200 personnes ont été consultées du 3 au 27 octobre 2018 pour accomplir la 7e édition du baromètre de la protection sociale des émigrés français, qui sera publié vendredi 29 mars. A 52,4 ans d’âge moyen, l’horizon de leur départ à la retraite n’est plus si lointain.
Les deux tiers d’entre eux vivent en couple ; 80 % sont implantés à l’étranger depuis au moins six ans, dont près d’un sur deux en Union européenne. « Tous ceux qui résident dans un pays de l’Union européenne domineront faire valoir leurs temps de travail pour approuver les trimestres de cotisation lors de la liquidation de la retraite, en revanche, les revenus perçus ne seront pas pris en compte en France. Ils le seront dans le pays de résidence, qui leur versera une partie de leur pension. Mais les niveaux de pension sont très hétérogènes d’un pays à l’autre de l’Union », développe Sylvaine Emery, directrice des activités internationales du groupe.
Les expatriés s’alarment donc légitimement de la part française de leur retraite. Et plus leur lien est fort avec la France, plus leur inquiétude est grande. Ainsi, les plus inquiets des conséquences de la réforme à venir sont les salariés en contrat local avec une filiale française (69 %), suivis par les fonctionnaires (66 %), qui craignent un alignement du système public sur le système privé, et enfin par les ouvriers et les employés (62 %), qui craignent de se retrouver sans rien.
L’inconnu et l’inquiétude
Au contraire, les cadres expatriés ont souvent des suppléments de revenus qui atténuent leurs inquiétudes. Ces trois populations ne sont pas à risque, leur couverture sociale est solide, mais « c’est nettement leur proximité et leur dépendance aux règles françaises qui alimentent leurs inquiétudes. Ils se sentent d’autant plus vulnérables à la réforme », explique Sylvaine Emery. Les expatriés en profession libérale, eux, en revanche, sont relativement sereins.
L’inconnu joue un rôle primordial dans l’inquiétude révélée. La réforme prévue pour 2019 devrait être « systémique », et donc profonde. C’est ce qu’a annoncé le candidat Macron en 2017 dans ses promesses de campagne, mais personne ne connaît la nature réelle du changement à venir, et encore moins les modalités. Ainsi, avant même cette réforme, 60 % des personnes interrogées se considèrent mal informées sur leur retraite et 27 % pas du tout. Bien que 48 % aient une couverture retraite à laquelle ils ont souscrit directement, ou par le moyen de leur employeur ou de celui de leur conjoint.
Le groupe de grande attribution Carrefour veut supprimer plus de 1 200 postes dans ses hypermarchés français en 2019, ont fait savoir, mercredi 27 mars, les syndicats du groupe. Ces départs séduiraient les secteurs hors alimentaire et se feraient sans contrainte.
Lors d’un comité central d’entreprise (CCE), la direction a défini les suppressions de postes prévues dans la bijouterie, le rayon multimédia, l’arrière-caisse, le service de la paie, l’encadrement, des fonctions officielles et les caisses des stations-service, selon les syndicats CGT et CFDT.
Ces cessions concerneraient, selon les syndicats, quelque 2 % de la masse salariale totale du groupe, d’environ 60 000 salariés. Consultée par l’Agence France-Presse, la direction de Carrefour a certifié la tenue de négociations, sans certifier ces chiffres. « Le volume le plus important des suppressions est sur l’encadrement » avec plus de 500 postes de cadres concernés, a exposé Sylvain Macé, de la CFDT-Carrefour.
« Un coup d’épée sur la tête »
Le groupe a débuté la négociation avec les organisations syndicales un accord de rupture habituelle collective (RCC) – une première chez Carrefour – pour suivre ces suppressions de postes. La signature est escomptée d’ici l’été, selon plusieurs sources.
Issues du dernier changement du code du travail, les RCC admettent de supprimer des postes via des départs volontaires, sans justification économique. Elles sollicitent un accord signé par des syndicats représentant au moins 50 % du personnel.
« On a pris un coup d’épée sur la tête », a déclaré Gaëtan Couturier, de la CGT-Carrefour, qui sollicite le reclassement des salariés dont le poste va disparaître et refusera de signer l’accord de RCC. Comme FO, la CFDT compte collaborer à la suite des négociations, mais M. Macé ne cache pas son « inquiétude sur la notion de volontariat » dans la mesure où les postes disparaissent. Michel Enguelz, délégué syndical central FO du groupe Carrefour, veut accentuer « sur les moyens et les perspectives d’avenir » afin d’« obtenir les meilleures conditions de départ possibles pour les salariés concernés ».
En début d’année, Carrefour avait montré aux partenaires sociaux un plan de changement de ses hypermarchés passant par une indifférence progressive de l’entreprise dans les rayons non alimentaires, déficitaires.