Venu rencontrer des étudiants à Amiens, Macron s’est refusé à ouvrir son portefeuille
« En ce moment, notre pays est trop négatif sur lui-même », a estimé jeudi le chef de l’Etat, lors d’un débat avec plusieurs centaines de jeunes picards.
« En ce moment, notre pays est trop négatif sur lui-même », a estimé jeudi le chef de l’Etat, lors d’un débat avec plusieurs centaines de jeunes picards.
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Le gouvernement présente une application numérique censée être accessible à 28 millions d’actifs.
Le gouvernement veut créer l’événement autour d’une thématique souvent snobée par le grand public. Jeudi 21 novembre, le premier ministre, Edouard Philippe, et la ministre du travail, Muriel Pénicaud, devaient lancer l’application numérique mobile associée au compte personnel de formation (CPF). Un outil digital présenté comme unique au monde et destiné à faire de la formation un « droit fondamental » de notre modèle social.
Il s’agit d’une étape-clé dans les transformations profondes impulsées dans le monde de la formation continue, depuis la promulgation en septembre 2018 de la loi « avenir professionnel ». L’objectif, à terme, est de permettre à quelque 28 millions d’actifs – salariés, fonctionnaires, indépendants, demandeurs d’emploi – de choisir, « en toute liberté » et avec leur smartphone, un organisme qui leur apportera des compétences supplémentaires. L’offre mise à disposition par ce truchement s’avère significative : quelque 100 000 sessions, débouchant sur environ un millier de diplômes, titres et certifications.
A l’avenir, les personnes seront donc en mesure de se payer une formation en utilisant l’argent porté au crédit de leur CPF, sans devoir passer par un intermédiaire (entreprises, organisme paritaire, etc.). La somme à laquelle chaque individu à droit peut, au maximum, atteindre 5 000 euros (8 000 pour les peu qualifiés). Mais à l’heure actuelle, le montant moyen est nettement moindre : un peu plus de 1 000 euros. En 2020, des changements seront apportés à l’appli mobile pour qu’elle puisse tenir compte des ressources complémentaires éventuellement apportées par les employeurs, les régions, Pôle emploi, etc.
Un palier de plus est donc franchi dans le mouvement d’individualisation et de libéralisation de la formation continue. L’entourage de Mme Pénicaud reconnaît qu’il fait un « pari » : en simplifiant l’accès aux dispositifs, le ministère du travail espère susciter un élan pour que chacun se prenne en main et étoffe ses qualifications. Son but, pour 2020, est de voir un million de personnes mobiliser leur CPF par le biais de l’application numérique. Précision importante : le mécanisme dévoilé jeudi ne constitue qu’un des volets pour former les actifs, puisque d’autres voies existent, au sein des entreprises ou avec le concours des régions, de Pôle emploi, etc.
Les acteurs du secteur exultent. « L’offre va gagner en lisibilité et il sera désormais plus simple de suivre une session, puisqu’il n’y aura plus d’intermédiation », commente Pierre Courbebaisse, président de la Fédération de la formation professionnelle. D’après lui, on peut s’attendre à un « appel d’air, susceptible de stimuler l’appétence des personnes » pour se former.
Pour Jean-Paul Charlez, président de l’Association nationale des DRH, la création d’un référent spécifique, à l’image du référent handicap, permettrait de libérer la parole sur des sujets tabous.
Le président de l’Association nationale des directeurs des ressources humaines (ANDRH), Jean-Paul Charlez, explique le positionnement des employeurs face au vieillissement des actifs.
Un peu plus de la moitié des entreprises (51 %) n’ont pas d’actions spécifiques sur l’emploi des seniors. Mais des pratiques existent pour les maintenir au travail : mesures ponctuelles, individuelles, adaptation de poste à la demande de la médecine du travail, flexibilité de l’organisation du temps de travail sous forme de temps partiel, départ progressif, télétravail… Pendant très longtemps, les ressources humaines (RH) ont accompagné le départ des seniors. Aujourd’hui, ça a changé puisque, depuis [la réforme des retraites de] 2010, un employeur ne peut plus mettre les salariés à la retraite avant 70 ans.
Pour permettre à l’entreprise d’exercer la responsabilité que le gouvernement nous demande, il faut davantage de transparence. Elle doit pouvoir s’entretenir avec le salarié pour savoir à quel âge il veut partir. Actuellement, l’entreprise ne sait pas où le salarié en est de sa retraite. La création d’un référent senior au sein des RH, à l’image du référent handicap, permettrait de libérer la parole, dans une certaine confidentialité, sur des sujets tabous.
Dans l’immense majorité des entreprises, cela commence à 56 ans. Pour 6 % d’entre elles, on est senior à 45 ans.
Il n’y a pas de réelle prise de conscience. Elles n’ont pas réfléchi à ce qu’elles devaient faire avec les salariés qui ont encore dix ans de travail avant la retraite. Il faut intégrer la question de la pénibilité, mais aussi celle de leur place dans la société, les 58-65 ans jouant le rôle d’aidant à l’égard de leurs parents vieillissants, tout en soutenant leurs enfants.
Il faudrait renchérir le coût des départs des 58-65 ans et faciliter leur recrutement et leur maintien en emploi. Actuellement, seules 20 % des entreprises mettent en place des mesures pour favoriser le recrutement des seniors.
Les entreprises ne font pas rien, sauf peut-être les plus petites, et la situation varie selon les secteurs. Ainsi, 36 % déclarent prendre des mesures favorisant l’employabilité et l’accès à la formation des seniors. Mais quand il y a des tensions économiques, cette catégorie sort du viseur, qu’il s’agisse de formation, d’augmentation salariale au mérite ou d’évolution professionnelle.
« Les dirigeants âgés ne nous laissent pas tenter et nous tromper. C’est pourtant essentiel pour l’expérience. » Ce constat amer de Tatsushi Mihori, dynamique quadragénaire spécialiste de la vente à l’international, traduit une frustration réelle chez les salariés japonais vis-à-vis de leurs aînés, accrochés à leurs fonctions dans un pays qui privilégie l’emploi des seniors pour compenser une pénurie de main-d’œuvre de plus en plus criante.
Pour les jeunes travailleurs, ces empêcheurs d’évoluer sont des facteurs de rougai, littéralement les « problèmes posés par les personnes âgées », un phénomène – non limité à la sphère professionnelle – de plus en plus visible dans une société où un tiers de la population a plus de 60 ans. En avril, les réseaux sociaux s’étaient déchaînés contre un vieux monsieur apparu dans une vidéo le montrant en train de bloquer sans raison apparente la fermeture des portes d’un métro bondé de Nagoya.
Les personnes âgées qui provoquent des accidents de la route, un sujet d’inquiétude majeure au Japon, en sont une autre manifestation. Tout comme la classe politique vieillissante et jugée incompétente. L’ancien ministre de la lutte contre la cybercriminalité Yoshitaka Sakurada, 69 ans, par exemple, avait été nommé par le premier ministre, Shinzo Abe, alors que, de son propre aveu, il n’avait jamais touché un ordinateur de sa vie.
Dans les entreprises, l’affaire tourne au conflit de générations. En septembre, selon les statistiques du ministère du travail, 9 millions de personnes de plus de 65 ans travaillaient, contre 5,5 millions en 2009. Dans le même temps, le nombre d’actifs a quasi stagné, à 63,1 millions, en septembre. Le travail des personnes âgées est d’autant plus encouragé qu’une majorité d’entre elles veulent poursuivre leur activité, même avec des horaires réduits.
En octobre 2018, le magazine économique BizSPA ! a réalisé une enquête auprès de jeunes salariés pour établir le classement des dix choses les plus insupportables causées par leurs aînés. La première était la « manière qu’ont les personnes âgées de toujours dire qu’elles ont raison sur tout ». Venaient ensuite les manies de répéter « quand j’étais jeune… », d’imposer leurs méthodes ou de refuser de « reconnaître leurs erreurs et de s’excuser ». Les aînés veulent aussi toujours aller boire le soir après le travail et ne comprennent pas pourquoi les jeunes s’y refusent.
Une décision « difficile à prendre ». C’est par ces mots que la direction de l’Association départementale de parents et amis de personnes handicapées mentales (Adapei) de l’Orne a tenté de justifier un choix lourd de conséquences : la baisse de rémunération de cent quatorze travailleurs handicapés exerçant dans les cinq établissements et services d’aide par le travail (ESAT) qu’elle gérait.
Afin de « résorber au plus vite [l]es déficits » de ces établissements, dont l’endettement s’alourdissait, l’Adapei de l’Orne a fait le choix, en mai 2016, de réduire les revenus des travailleurs les mieux payés. A mi-chemin entre des entreprises classiques et des établissements médico-sociaux, les ESAT ont pour vocation d’accueillir des personnes trop lourdement handicapées pour travailler en milieu ordinaire.
Elles touchent une rémunération, dite « garantie », mais faible : entre 55 % et 110 % du smic, financée en partie par l’Etat. La part à la charge de l’employeur est comprise entre 5 % et 20 % du smic. L’Adapei l’a donc ramenée au minimum légal de 5 % du smic pour les travailleurs qui touchaient le plus.
Un quart de l’effectif a ainsi subi une baisse de revenus mensuels de 100 à 200 euros, sans avoir son mot à dire. En effet, quelle que soit la nature de leur handicap, les personnes exerçant dans ces établissements n’ont pas le statut de salarié, du fait de la vocation médico-sociale des ESAT. Elles ne sont donc pas couvertes par le droit du travail. Difficile donc, pour ces travailleurs, de contester la décision de l’Adapei. L’un d’entre eux a finalement saisi le seul recours qui lui semblait possible : le Défenseur des droits.
Les personnes exerçant dans ces établissements n’ont pas le statut de salarié, du fait de la vocation médico-sociale des ESAT. Elles ne sont donc pas couvertes par le droit du travail
Et celui-ci a donné tort à l’Adapei de l’Orne. Même si ces établissements ont effectivement le droit de baisser de manière unilatérale la paie de leurs travailleurs, « les difficultés économiques alléguées par l’ESAT ne justifient pas de manière objective la décision de ce dernier de baisser ainsi la rémunération de ces travailleurs », considère le Défenseur des droits. Dans sa décision, il estime que « l’ESAT aurait privilégié la compétitivité de son activité en investissant dans des outils de production et en embauchant une commerciale, et ce au détriment du maintien du niveau de rémunération de ces travailleurs handicapés particulièrement vulnérables ».
A l’occasion du Women’s Forum 2019, qui se déroule à Paris jusqu’au 22 novembre, cinq dirigeants d’entreprise appellent, dans une tribune au « Monde », à la création d’une plate-forme diffusant au public les données sur les progrès réels de la parité dans les entreprises.
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Tribune. « Nous devrions avoir pour objectif d’accroître le pouvoir d’influence des femmes dans la société. Je considère le pouvoir et l’influence comme la capacité de prendre des décisions, de contrôler les ressources et de façonner les perspectives », écrivait Melinda Gates dans un récent article de la Harvard Business Review (« Gender equality is within our reach », hors-série « Women, Power and Influence », septembre 2019).
Pour cela, il nous faudra, en France, beaucoup d’outils : l’index de l’égalité salariale femmes-hommes pour faire pression sur les entreprises, le soutien au financement à l’entrepreneuriat féminin, la promotion de l’ouverture aux étudiantes des filières scientifiques, technologiques, mathématiques et ingénierie, mais aussi une nouvelle culture du capitalisme et du leadership, plus équilibrée et extraite des déterminismes patriarcaux historiques et sociaux.
En dépit de progrès réels, le Forum économique mondial a rappelé, dans son rapport « Global Gender Gap », qu’il faudra, au rythme actuel, cent huit ans pour combler les inégalités et deux cent deux pour parvenir à l’égalité professionnelle.
La « marche des cavalières » solitaires a joué son rôle : des pionnières ont pris la parole pour se présenter aux élections, défendre la place des femmes dans les instances de gouvernance, diriger des entreprises, amplifier leur présence dans les médias, démontrer que « l’alpha financier » (la super-performance financière) n’est pas une affaire de genre mais bien une affaire de diversité et de guerre des stéréotypes.
Pour autant, la révolution des esprits n’a pas eu lieu.
En effet, les efforts doivent être concentrés et mis en commun, comme la mesure de la mise en œuvre de la parité dans les comités exécutifs des entreprises cotées (leur féminisation est aujourd’hui estimée à 17,9 % pour les entreprises du SBF 120).
Le risque est de voir s’essouffler les effets positifs de la loi Copé-Zimmerman, voire, à l’instar de ce que nous observons avec la loi Sauvadet appliquée à la fonction publique, l’oubli des objectifs, faute de suivi et de sanctions sur l’application des textes.
C’est ainsi qu’à l’occasion du Women’s Forum 2019 qui se tient du 20 au 22 novembre à Paris, nous lançons un appel pour la création d’une plate-forme privée d’utilité publique rassemblant les efforts de collecte, de mesure et de suivi des données sur les actions visant à l’égalité.
Seules des mesures univoques et transparentes permettront de mettre en évidence les écarts entre la parole et l’action, l’avancée de la société et celle du monde économique. Cette plate-forme viserait à regrouper les travaux de structures publiques comme le Haut Conseil à l’égalité, de structures privées comme Ethics and Boards, et de start-up de traitement et de diffusion de données auprès du public.
Sous l’effet de l’allongement de l’espérance de vie, la part des seniors au sein de la population active va augmenter. Une révolution à laquelle les entreprises, comme les systèmes de formation, sont encore peu préparées.
Planète grise (4/6). Quelque chose de Robocop, ou bien d’une nouvelle d’Asimov : à première vue, ces étranges accoutrements semblent tout droit sortis d’un classique de science-fiction. Sur l’un des modèles, deux structures métalliques plaquées aux jambes aident à porter des poids élevés. Sur l’autre, une demi-armure fixée aux épaules facilite les mouvements vers le haut, tout en soutenant la nuque.
« Nous testons ces exosquelettes dans de nombreuses usines, comme celle de Munich : ils soulagent les ouvriers effectuant des tâches répétitives sur les chaînes d’assemblage », explique Christin Hölzel, responsable des questions ergonomiques chez BMW. Objectif : protéger au mieux leur santé. En particulier celle des seniors, afin de leur permettre de conserver leur poste aussi longtemps que possible.
Audi, Daimler, Volkswagen : aujourd’hui, la plupart des groupes industriels allemands déploient des technologies similaires, tout en révisant leur organisation du travail pour simplifier le quotidien des salariés les plus âgés.
« Ils ont compris qu’ils n’avaient pas tellement le choix, souligne Hannes Zacher, spécialiste de l’organisation du travail à l’université de Leipzig. Du moins, s’ils veulent être en mesure d’affronter le déclin à venir de la population active. »
Selon une étude du cabinet Deloitte menée auprès de 11 000 entreprises dans le monde, la moitié d’entre elles n’ont rien prévu pour accompagner les salariés de plus de 55 ans
Celui-ci s’annonce vertigineux. D’ici à 2050, l’Allemagne, 83 millions d’habitants aujourd’hui, perdra 11 millions de personnes en âge de travailler, selon la Fondation Robert-Schumann, tandis que la population active de l’Union européenne (UE, 513 millions d’habitants) fondra de 49 millions d’individus. « C’est la double conséquence du vieillissement et de l’allongement de l’espérance de vie : nous allons travailler plus longtemps, et pas seulement pour financer nos retraites, résume Martin McKee, professeur de santé publique à la London School of Hygiene and Tropical Medicine. A condition de pouvoir le faire dans de bonnes conditions. » Et que des aménagements soient prévus pour ceux qui, en raison de la pénibilité de leur emploi, ne seront pas en mesure de le faire.
Problème : à l’exception de quelques pionniers de l’automobile allemande, très peu d’employeurs sont préparés à cette révolution grise. Selon une étude datée de mars 2018 du cabinet Deloitte menée auprès de 11 000 entreprises dans le monde, la moitié d’entre elles n’ont rien prévu pour accompagner les salariés de plus de 55 ans.
En octobre, deux policiers municipaux ont infligé des centaines d’amendes pour stationnement gênant. La mairie leur a demandé d’« arrêter de s’acharner », se disant ouverte à la discussion.
Depuis douze ans, Gaëlle et Patrick Loosveldt ont la même habitude : pour rentrer chez eux, ils se garent sur le large trottoir devant leur maison, située dans le centre-ville d’Angoulême (Charente). Le mois d’octobre est venu bousculer cette routine. En moins de trente jours, le couple a été verbalisé huit fois par les agents municipaux pour stationnement gênant, fait savoir La Charente libre. Au total, Gaëlle et Patrick doivent s’acquitter d’une somme de 1 080 euros, soit 135 euros par infraction.
Leur voisin a subi la même déconvenue, tout comme les autres habitants de la rue de Montmoreau et des alentours. Une douzaine de foyers est concernée par cette vague de verbalisations, imputable à deux policiers municipaux, rapporte le quotidien régional. Alors qu’il n’avait adressé aucun procès-verbal en octobre 2018, l’année suivante, l’un des deux agents a dressé 82 contraventions. Son confrère, qui avait infligé sept amendes pour stationnement gênant l’année précédente, a verbalisé cette année 142 conducteurs, soit une contravention par heure travaillée, précise le journal local.
Comment expliquer cet excès de zèle ? Selon La Charente libre, cette salve de contraventions est liée à un mouvement de grève qui s’est déroulé durant l’été au sein de la police municipale d’Angoulême. Les agents dénonçaient notamment des difficultés avec la hiérarchie et réclamaient une hausse de leurs salaires. Deux salariés s’estimant lésés par les négociations avec la mairie ont donc décidé de mettre la pression sur la municipalité en suscitant la colère des administrés.
Une manœuvre réussie. Les riverains, qui déplorent être pris pour « des vaches à lait », en appellent à la municipalité, qui a récemment promis un aménagement des places de stationnement. En attendant, les habitants estiment « ne pas avoir le choix de stationner sur les trottoirs ».
Sommée de se positionner dans cette affaire, la mairie d’Angoulême assure « avoir demandé à la police municipale d’arrêter de s’acharner » contre les habitants. « On ne peut que comprendre la colère de ces gens. On n’a jamais rien dit à ces habitants durant des années, et là, ils croulent sous les PV », commente Véronique de Maillard, adjointe au maire, chargée de la vie quotidienne, qui a rencontré les riverains fin octobre, selon le journal.
Regrettant « un manque de discernement de ces agents », Xavier Bonnefont, le maire de la ville, assure qu’une note interne du chef de la police municipale rappelle aux agents leurs missions prioritaires. « Vous saurez ne pas exacerber l’incompréhension de nos concitoyens par la fréquence et le nombre de verbalisation sur des secteurs particuliers », indique cette note à laquelle La Charente libre a eu accès. Le maire de la ville rapporte également que les discussions avec les agents de police sont « constructives », précisant que, si les contraventions perdurent, il se penchera à nouveau sur les revendications des policiers.
L’élu a également écrit à l’officier du ministère public pour réclamer l’annulation de ces amendes. « Il m’apparaît injuste et éminemment regrettable que nos habitants, souvent de condition modeste dans ces secteurs, soient contraints de payer des amendes à un taux important », estime le maire dans son courrier, précisant que prochainement « la réorganisation matérielle du stationnement rendra parfaitement respectueuse de la réglementation la situation qui leur est reprochée ». Cette demande de « classement sans suite pour inopportunité des poursuites » a toutefois peu de chance d’aboutir.
La loi d’orientation des mobilités, votée par le Parlement mardi, oblige les plates-formes à créer une charte censée garantir des conditions de travail décentes à leurs indépendants. Mais est-ce suffisant, s’interroge Philippe Escande, éditorialiste économique au « Monde ».
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Pertes et profits. Treize milliards d’euros pour les trains et les bus, la remise en état des routes et voies ferrées de France, et même la fin des voitures à essence, programmée pour 2040, la loi d’orientation des mobilités, votée définitivement mardi 19 novembre par le Parlement, est l’un des textes les plus vastes et ambitieux de ce quinquennat. Mais l’article qui agite les esprits en ce moment est d’apparence bien plus modeste. Il s’agit du statut des travailleurs de plates-formes. Ces chauffeurs et cyclistes indépendants qui turbinent dans les grandes villes pour les applications Uber, Deliveroo, Frichti et autres. Depuis un an au moins, nombre de ces autoentrepreneurs sont entrés en révolte contre leurs conditions de travail, très éloignées des standards du salariat traditionnel. Une révolte qui s’est répandue sur toute la planète, de San Francisco à Berlin en passant par Paris qui a vécu, en août, sa première grève des cyclistes Deliveroo.
Sous pression sociale, mais soucieux de ne pas fermer la porte à un secteur économique en pleine croissance, le gouvernement tente de trouver la bonne martingale qui satisfera tous les acteurs. La loi va donc imposer aux plates-formes qui utilisent des indépendants d’établir une charte qui leur garantira un minimum de services et des conditions de travail décentes. Et notamment une couverture sociale. Pour cela, une négociation devra avoir lieu avec des représentants des travailleurs.
Les principales plates-formes prennent les devants. Deliveroo met en place une couverture maladie et quinze d’entre elles annoncent lancer une association des plates-formes des indépendants destinée à se doter d’« une charte des bonnes pratiques ».
L’effort est louable mais ne résout pas le problème de fond, celui de l’adaptation du droit du travail à cette nouvelle donne. Il le complique même. Ces travailleurs bénéficieront des garanties de leurs chartes mais pas de la protection de la loi, taillée sur mesure pour les salariés. Le numérique n’a pas inventé le problème du statut des travailleurs précaires, mais il l’expose en le multipliant et ses start-up se développent en écrivant à la fois leur modèle économique et le droit qui lui correspond. Un sport dangereux, à la merci de la pression politique. Bonne nouvelle, le rapport de force semble doucement s’équilibrer, avec des syndicats qui apparaissent et trouvent un écho politique, condition indispensable pour stabiliser le système. Et le rendre acceptable.