Archive dans juin 2019

Jean-Dominique Senard défend pour soutenir la fusion avec Nissan devant ses actionnaires

Le président de Renault est revenu sur son expérience inefficace de faire incorporer le groupe Renault avec Fiat-Chrysler, plaignant fortement la décision de l’Etat ne pas soutenir sa stratégie.

C’est un Jean-Dominique Senard combatif qui a animé mercredi 12 juin sa première assemblée générale en tant que président de Renault, devant quelque 900 porteurs de parts. Celui-ci a défendu la stratégie qu’il a mise en place depuis sa nomination en janvier, certifiant vouloir donner la priorité au contribution avec les constructeurs automobiles japonais Nissan et Mitsubishi. « Il n’y aura pas de réussite du groupe Renault sans réussite de l’alliance » avec les deux sociétés, a certifié M. Senard, poursuivant :

« Aujourd’hui, l’alliance prend un nouveau départ et elle est et doit rester plus que jamais à la fois un pilier et un moteur du développement de chacun de ses membres. »

Mariage échoué avec Fiat

Sénard est pareillement revenu sur son essai infructueux de faire fusionner le groupe Renault avec Fiat-Chrysler (FCA), en raison des réserves de Nissan et de l’Etat français, premier actionnaire de Renault. Il a indiqué que l’idée lui avait été inspirée par le ministre de l’économie, Bruno Le Maire, et a profondément regretté la décision de l’Etat de finalement ne pas mettre la proposition de fusion au vote du conseil d’administration le 5 juin. « Dans ma vie d’industriel j’ai rarement vu une fusion qui pouvait apporter autant de synergies positives et qui mettait au passage à l’honneur les plates-formes Renault », a-t-il déclaré.

Senard a avéré que le délai avec lequel Nissan a été averti du projet avec FCA « était court mais qu’il était impossible de faire autrement. L’ensemble du conseil à l’exception d’un vote contre l’avait approuvé avec enthousiasme, a-t-il continué, et les représentants de Nissan s’étaient abstenus de façon très positive. Tout ceci ouvrait la voie à la validation de l’accord dans sa première étape. Malheureusement les représentants de l’Etat ne partageaient pas cette analyse et le vote n’a pas pu avoir lieu, ce qui, je vous le dis franchement, me désole. »

Le spectre de l’affaire Ghosn

Acclamé habituellement par les porteurs de titres – surtout lorsqu’il fustigeait le traitement médiatique de la fusion avorté avec Fiat –, M. Senard a enlevé lors d’un vote de confiance près de 91 % des voix de l’assemblée générale concédant sa nomination pour quatre ans au conseil d’administration de Renault.

Il se procédait de la première AG depuis l’écroulement de Carlos Ghosn, enlisé dans une affaire de corruptions préjugées au Japon. Le feuilleton judiciaire, qui a débuté par son arrestation au Japon en novembre, a approfondi la confiance au sein du partenariat franco-japonais. Renault a prévenu dernièrement qu’il envisageait des poursuites contre M. Ghosn pour avoir retenu 11 millions d’euros de dépenses suspectes au sein d’une succursale commune avec Nissan, sise aux Pays-Bas.

L’affaire Ghosn aura aussi coûté cher aux propriétaires de Renault. Depuis l’arrestation de l’homme d’affaires, architecte de l’alliance avec Nissan et Mitsubishi qu’il a affichée au premier rang automobile mondial, l’action du fondateur français évolue à ses plus bas niveaux, aux alentours de 55 euros. En un an, le titre Renault a abîmé un tiers de sa valeur.

Certainement, le groupe au losange souffre comme l’ensemble du secteur d’une conjoncture internationale morose et des confusions technologiques qui imposent de lourds investissements dans les motorisations électriques, sans assurance de production. Le fabricant français a affiché en 2018 un résultat net de 3,3 milliards d’euros, en recul de plus d’un tiers par rapport à l’année précédente, particulièrement à cause des complications de Nissan, dont Renault détient 43 % du capital. Et 2019 s’annonce bien plus difficile.

 

Diminution d’impôts, PMA , écologie: ce qu’il faut tenir de l’exposé de politique générale d’Edouard Philippe

Pour la seconde fois depuis le début de la mandature, le gouvernement du Premier ministre Edouard Philippe a conquis la confiance de l’Assemblée nationale, mercredi 12 juin, par 363 voix contre 163, une conséquence en très léger repli par rapport à 2017.

Avant le vote des mandatés, Edouard Philippe a formulé un discours de politique générale, qui doit inscrire l’entrée dans l’« acte II » du quinquennat. Fiscalité, retraites, procréation médicalement assistée (PMA), assurance-chômage… le premier ministre a exposé le calendrier et la méthode des mois à venir, jusqu’aux élections municipales de mars 2020.

La situation d’« urgence », qui a, selon lui, conduit à l’élection d’Emmanuel Macron perdure après deux ans de mandat, a-t-il indiqué. Les urgences « économique », « sociale », « écologique » et enfin « politique », avec le triomphe électoral de l’extrême droite, déterminent la nécessité de « tenir le cap fixé (…) pour libérer les forces de notre pays et protéger ses citoyens », d’après le premier ministre, qui a promis « un profond changement de méthode ».

La PMA pour toutes observée fin septembre à l’Assemblée

C’était une annonce très espérée par tous les défenseurs de la « PMA pour toutes ». Le premier ministre a certifié que la mesure, qui admettra aux femmes seules et aux lesbiennes d’user aux techniques de procréation médicalement assistée (PMA) présentement retenues aux couples hétérosexuels infertiles, figurerait bien dans la loi de bioéthique.

Explications : 8 questions sur la PMA

Il a défini le calendrier : commencement du projet de loi en conseil des ministres fin juillet – possiblement lors du dernier conseil des ministres prévu le 26 juillet – et, surtout, inscription à l’Assemblée nationale fin septembre, mettant un terme aux craintes que le débat constitutionnel se développe après les élections municipales.

Edouard Philippe a déclaré que plusieurs options ont été émises concernant deux aspects de la loi : l’accès aux origines pour les personnes nées de don et la filiation pour les futurs enfants dont les parents ont eu recours à un tiers donneur. Sur ces deux points, qui paraitront donc dans le texte, les associations de familles homoparentales et les collectifs d’adultes nés après une PMA avec don de gamètes subsisteront très attentifs aux modalités choisies.

La majorité (surtout l’aile gauche) debout pour applaudir l’annonce de @EPhilippePM sur la PMA : projet de loi en c… https://t.co/wPKp1JNsZg

— AlexLemarie (@Alexandre Lemarié)

Retraites : maintien d’un départ « possible » à 62 ans

La future réforme des retraites retiendra « la possibilité d’un départ à 62 ans » mais l’exécutif conduira « un âge d’équilibre ». « Nous définirons un âge d’équilibre et des incitations à travailler plus longtemps », a exposé le premier ministre, mais « en ne bougeant pas l’âge légal », a-t-il pris soin de préciser. « Ainsi, chacun pourra faire son choix, en liberté et en responsabilité », a-t-il déclaré. Le haut-commissaire Jean-Paul Delevoye, qui mène depuis janvier 2018 un intense programme de concertation, présentera ses conseils dès juillet.

Sur les retraites, la gauche se réveille. Philippe annonce que l’âge légal ne bougera pas, mais qu’il y aura un « âg… https://t.co/FisdbS7Ujq

— manonrescan (@Manon Rescan)

Assurance-chômage : bonus-malus pour les contrats courts

La future réforme de l’assurance-chômage concevra un bonus-malus qui s’appliquera « dans les 5 à 10 secteurs » d’activité usant le plus de contrats courts. La réforme, qui sera annoncée le 18 juin, inclura aussi « une dégressivité de l’indemnisation sur les salariés qui perçoivent les salaires les plus élevés », a-t-il encore exprimé.

La réforme de l’assurance-chômage sera présentée le 18 juin et le bonus-malus sur les CDD en fera partie, annonce… https://t.co/NNkMdXrRMb

— CPietralunga (@Cédric Pietralunga)

« L’ambition écologique » « au cœur de l’acte II »

Edouard Philippe a déclaré avoir « mis du temps à considérer que les enjeux [écologiques] sont aussi importants que l’emploi et la sécurité ». Il a garanti que « l’ambition écologique » serait « au cœur de l’acte II » du quinquennat et que ce thème dépasse les clivages politiques : « Plus personne n’a aujourd’hui le monopole du vert. »

Il a montré que les offres « les plus puissantes » de la convention citoyenne pour la transition écologique, voulue à l’issue du grand débat et qui doit être réunie dans les semaines à venir, pourraient être soumises « à référendum ». Cette masse de 150 citoyens « pourra proposer de nouvelles mesures, elle pourra en conduire le rythme et les financements. Elle rendra ses conclusions au début de l’année 2020 ».

Il a aussi annoncé, sans donner de précisions, que « les aides existantes à la rénovation énergétique » des bâtiments, trop « complexes » et « profitant en réalité aux ménages les plus riches », seront remises « totalement à plat ».

Le texte de lutte contre le gaspillage sera en outre inscrit dans les trois « priorités » de l’Assemblée nationale pour la rentrée en septembre. La loi prévoira notamment la possibilité d’imposer l’incorporation de plastique recyclé dans toutes les bouteilles en plastique, a-t-il dit. Il a enfin certifié que « tous les produits en plastique jetables seraient bannis » de l’administration à compter de 2020.

Une diminution d’impôts de 27 milliards sur le quinquennat

Le premier ministre a prévenu des baisses d’impôt sur la rétribution pour les classes moyennes qui admettront d’atteindre le chiffre « historique » de 27 milliards de diminution de la fiscalité sur les ménages durant le quinquennat. Edouard Philippe a donné le détail des gains pour les classes moyennes de la diminution de l’impôt sur le revenu de 5 milliards d’euros annoncée par le président Emmanuel Macron lors de sa conférence de presse de fin avril.

« Nous avons reçu cinq sur cinq, fort et clair, le message d’exaspération fiscale » des Français, garantit @EPhilippePM… https://t.co/KNjGChSUC3

— CPietralunga (@Cédric Pietralunga)

« Le taux d’imposition de la première tranche de l’impôt sur le revenu, qui regroupe 12 millions de foyers, sera abaissé de trois points. Cela représente un gain moyen par foyer de 350 euros, soit, à ce niveau, un tiers de l’impôt en moyenne », a-t-il expliqué. « C’est massif, c’est clair, c’est net », a-t-il souligné, précisant que les 5 millions de foyers de la tranche suivante « bénéficieront d’un gain moyen de 180 euros ». Ces baisses seront accordées dans le projet de loi de finances pour l’année prochaine, a-t-il articulé.

  1. Philippe a pareillement témoigné que « la taxe d’habitation sur les résidences principales sera intégralement supprimée pour l’ensemble des Français ». Pour 80 % des « Français les plus modestes (…) leur taxe sera intégralement supprimée en 2020. Pour les 20 % restants, la suppression se déploiera sur trois années », a-t-il témoigné.

Annonces fiscales : – suppression TH pour les 20% de foyers restants en 2021/22/23

– baisse du taux d’IR 2e tranch… https://t.co/r7pRIqM9No

— AudreyTonnelier (@Audrey Tonnelier)

Les pensions alimentaires pourront être « automatiquement » prélevées

Les pensions alimentaires pourront être « automatiquement prélevées », « dès juin 2020 », par la Caisse d’allocations familiales (CAF) pour lutter contre « le risque d’impayé ». « Dès juin 2020, le gouvernement mettra en place un nouveau système pour protéger les personnes seules contre le risque d’impayé des pensions alimentaires », a déclaré le premier ministre.

« Écologie », « justice sociale »… Le gouvernement tente manifestement de reconquérir l’électorat de gauche, dont… https://t.co/bB9HctwDyZ

— AlexLemarie (@Alexandre Lemarié)

Réforme des institutions : vers un report ?

Edouard Philippe a ouvert la porte un report de l’examen de la réforme des institutions après les sénatoriales de septembre 2020, appelant néanmoins à ne pas « résister au désir de changement exprimé par les Français ».

« Nous attendrons le moment propice et la manifestation de volonté du Sénat, qui peut être ne viendra qu’après le renouvellement de la haute chambre en 2020 », a présenté le premier ministre.

  1. Philippe a également rappelé que « le président de la République a la faculté d’interroger directement les Français [par référendum] sur la réduction du nombre de parlementaires ».

Un débat annuel au Parlement sur l’asile et l’immigration

Le premier ministre promet de « lutter avec fermeté contre les abus de l’asile ». Le gouvernement organisera « chaque année un débat au Parlement » sur la politique d’asile et d’immigration, et le premier aura lieu en septembre. Ces questions « touchent aux fondements de notre souveraineté et de nos principes », a expliqué le premier ministre. « Il est donc nécessaire d’en débattre de manière régulière et au grand jour avec le Parlement. »

« L’islam de France doit former et recruter des imams »

Edouard Philippe veut « combattre l’islamisme et les discours de haine sur les réseaux sociaux » en « réformant l’organisation du culte musulman ». Il renforce le « large consensus sur une organisation départementale ». « L’islam de France doit former et recruter des imams en France et qui parlent français. S’il faut des dispositions législatives pour garantir la transparence du culte musulman, le gouvernement le proposera. »

Islam : @EPhilippePM estime que le culte musulman doit être organisé à l’échelon départemental, veut mettre un term… https://t.co/UR5RthLnYS

— CPietralunga (@Cédric Pietralunga)

Répondre au défi du vieillissement de la population

« Nous avons trop tardé pour nous y confronter car les budgets en jeu sont gigantesques, et par une forme de déni, a exprimé Edouard Philippe. C’est notre regard qui doit changer. Celui que nous portons sur la place des personnes âgées dans la société. Entendre leur volonté de vieillir à domicile, entendre les familles qui supportent une charge financière importante, entendre les personnels dont le métier doit être revalorisé. Le projet de loi sur la prise en charge de la dépendance sera présenté à la fin de l’année. Dès le prochain projet de loi de financement de la Sécurité sociale, nous prendrons des mesures pour permettre la prise en charge à domicile. Un des grands marqueurs sociaux de ce quinquennat. »

Le premier ministre annonce un projet de loi vieillissement à exposer à la fin de l’année :

La réforme de la dépendance sera présentée à la fin de l’année, @EPhilippePM assure que ce sera l’un des « grands ma… https://t.co/WaJAWrjxbz

— CPietralunga (@Cédric Pietralunga)

Ouverture de 30 000 places en crèche

« Le dédoublement de classe de CP et de CEI de ZEP restera une de ses grandes mesures de ce quinquennat. Mais nous irons plus loin : école obligatoire dès 3 ans, limite de 24 élèves par classe en CP et CE1. »

Pour les familles monoparentales, « qui se sont beaucoup exprimées pendant le grand débat », il rappelle la décision d’ouvrir 30 000 places en crèche, et la formation de 6 000 professionnels.

Les annonces sur la sécurité

Sur le volet sécurité, Edouard Philippe a certifié la mise en place d’un « plan stup’» pour abattre plus rentablement les trafics de drogue. Il a aussi averti que le ministre de l’intérieur, Christophe Castaner, exposerait des mesures contre les agressions du quotidien, comme celles à l’arme blanche, ou le phénomène des rixes de bandes, qui rétablissent régulièrement dans l’actualité.

Par contre, le premier ministre en a bénéficié pour envoyer un message aux forces de l’ordre et à leurs représentants syndicaux, avec qui des négociations sont présentement en cours sur les conditions de travail. M. Philippe a confirmé que les discussions sur le temps de travail, les heures additionnelles et la fidélisation des troupes devraient finir sous peu. Un compromit doit être aperçu avant le 30 juin.

Le gouvernement travaille enfin sur une amélioration de plus longue haleine, avec un réaménagement total de la progression de la police nationale. Christophe Castaner et son secrétaire d’Etat, Laurent Nunez, sont chargés de consigner un « livre blanc » pour la fin de l’année, qui devrait prévoir une nouvelle loi d’orientation et de prévision de la sécurité intérieure.

L’augmentation des rémunérations minimums en Europe ne profite pas à tous

Une hausse trop rapide du smic peut, dans certains cas, décourager les embauches des femmes et se traduire par leur exclusion du marché du travail.

Une augmentation trop rapide du smic peut, dans quelques cas, décourager les embauches des femmes et se traduire par leur exclusion du marché du travail. LOIC VENANCE / AFPSi, depuis janvier 2018, les smics ont intensifié dans la majorité des pays de l’UE, la situation demeure très disparate. D’après l’étude d’Eurofound, qui passe à l’abri la politique des différents pays en la matière, le rôle des partenaires sociaux est décisif.

C’est l’un des formes les plus positifs de la reprise économique, comme de la santé recouvrée du marché de l’emploi : depuis janvier 2018, les rétributions minimums ont élevé dans presque tous les pays membres de l’Union européenne, surtout en Espagne (+ 22 %), en Bulgarie (+ 10 %) ou encore en Grèce (+ 10 %), où il n’avait pas amélioré depuis 2012. « C’est une bonne nouvelle, mais dans les faits, tous les travailleurs n’ont pas ressenti les effets de cette hausse en termes de revenus et de réduction des inégalités salariales », nuance Christine Aumayr, chercheuse à la Fondation européenne pour la consolidation des modalités de vie et de travail (Eurofound).

Son institution vient d’éditer un rapport passant au crible la politique des différents Etats membres en la matière, et compilant les derniers travaux de préciosité sur le sujet. Premier constat : l’Europe de l’Est, où les salaires minimums ont élevé plus vite qu’à l’Ouest depuis une décennie, continue son rattrapage progressif vers la moyenne européenne.

286 euros mensuels brut en Bulgarie, 2 071 euros au Luxembourg

Le tableau reste cependant très disparate selon les Etats, l’équivalent du smic variant de 286 euros mensuels brut en Bulgarie à 2 071 euros au Luxembourg. En outre, six des vingt-huit pays membres (Chypre, Italie, Danemark, Suède, Finlande, Autriche) n’établissent pas de salaire minimum au niveau national, mais à l’échelle des branches professionnelles, ou par négociation entre les partenaires sociaux.

Reste que confronter le niveau des smics n’a de sens que si l’on se penche aussi sur l’évolution des prix dans les pays, leur niveau de vie et principalement, la fiscalité pesant sur les travailleurs. Exemple : en montant brut, le salaire minimum a franchi de près de 38,7 % en Lituanie depuis janvier 2018, allant de 400 à 555 euros. « Sauf que dans le même temps, les cotisations sociales jusque-là payées par les employeurs ont été transportées sur les salaires, déclare Mme Aumayr, coauteur du rapport. Résultat : en termes réels, l’augmentation n’a été que de 7,5 %. »

Ces dernières années, la Hongrie et la Roumanie ont réalisé des transformations similaires. Une fois prises en compte les taxes et cotisations sociales, l’écart entre le smic brut et net est ainsi de 39,5 % en Lituanie et Roumanie, de 32 % en Suède, de 22 % en France, mais de 8 % uniquement en Espagne, et 4 % en Estonie et en Belgique. « Dans les grandes villes, où le marché immobilier est tendu, la hausse des salaires a également pu être en partie absorbée par celle des prix de l’immobilier », déclare Christine Aumayr.

Accroissement de l’emploi dans les trois premiers mois de 2019.

Ces trois premiers mois de 2019, le 16e trimestre consécutif d’élévation de l’emploi salarié, en amélioration depuis le deuxième trimestre de l’année 2015.

L’emploi salarié en Hexagone, départements d’outre-mer inclus, s’est amélioré de 0,4 % au premier trimestre 2019, avec 92 800 créations nettes de postes, en France après une augmentation réparée à 0,3 % sur les trois derniers mois de 2018, selon les données éditées mercredi par l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee).

Ces trois premiers mois constitue le 16e trimestre consécutif de hausse de l’emploi salarié, en amélioration depuis le deuxième trimestre de l’année 2015. L’Insee a aussi revu à l’élévation son chiffre du dernier trimestre 2018 à 67 900 nouveaux postes au lieu de 54 000.

L’emploi reste par ailleurs quasi stable dans la fonction publique (+ 1 000 après + 2 000). Sur un an, il réduit de 6 800. Par secteur, les créations d’emploi salarié accélèrent dans la construction et rattrapent 16 100 (soit + 1,2 %, après + 0, 7 %). C’est la plus forte élévation sur un trimestre depuis la fin de 2007. Sur un an, la hausse atteint 36 500 (+ 2,7 %).

L’emploi accroît plus raisonnablement dans l’industrie : + 7 500 (+ 0,2 %), après + 8 800 (+ 0,3 %). Sur un an, l’emploi industriel augmente de 18 800 (+ 0,6 %).

Dans les services marchands hors intérim, l’emploi salarié s’améliore de nouveau précipitamment : + 60 500 (soit + 0,5 %, comme au quatrième trimestre). Sur un an, il augmente de 178 200 (+ 1,6 %).

L’emploi intérimaire rejaillit : + 7 700 (soit + 1,0 %, après – 1,5 % au trimestre précédent). Sur un an, l’intérim reste en baisse de 14 100, soit – 1,7 %.

 

Emploi en France une nette accélération malgré la crise

Durant les 3 premiers mois, l’économie française a créé 93 800 nouveaux emplois, surtout dans les services marchands.

Chantier de la future gare Grand-Paris-Express de Bagneux, dans les Hauts-de-Seine, le 6 mars. Dans la construction, 16 100 emplois ont été créés au premier trimestre 2019.

Chantier de la future gare Grand-Paris-Express de Bagneux, dans les Hauts-de-Seine, le 6 mars. Dans la construction, 16 100 emplois ont été créés au premier trimestre 2019. Gilles ROLLE/REA

Malgré un climat social tendu et un début de 2019, la France a continué à créer des emplois durant les 3 premiers mois. Mieux : la dynamique s’est accélérée si on en croit les chiffres détaillés publiés mercredi 12 juin par l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee). Entre janvier et mars, 93800 postes d’emploi ont été créer, 218600 durant les 12 derniers mois. Une performance qui vaut d’être saluée alors que la croissance oscille mollement, depuis trois trimestres entre 0,3 % et 0,4 %.

Bien sûr, souligneront les sceptiques, on est loin de la croissance de la fin de 2019, dont 108 postes avaient été crées durant une seule trimestre.Mais le brutal stagnation que la France a vécu après début 2018, semble en passe d’être enrayée. Tous les secteurs économique, privé et public, embauchent actuellement.

Même pour l’industrie, qui a toujours été le parent pauvre du marché du travail, s’est remise à embaucher à l’échelle nationale. Au premier trimestre, 7 500 nouveaux postes sont crées, 18 800 sur un an. Une hausse particulièrement marqué dans les domaines de l’énergie, de l’eau et de la gestion des déchets, ainsi que dans l’agroalimentaire et la fabrication de biens d’équipement.

« Presque plus de gains de productivité du travail »

Dans le domaine de la construction, la progression est marquante est plus nette encore : on y observe la plus forte hausse des embauches depuis fin 2007, avec 16 100 emplois créés au premier trimestre, 36 500 depuis début 2018. Une reprise qui se retrouve aussi dans l’intérim, après des mois de repli.

C’est aussi dans les services marchands que se concentrent la majorité des nouveaux postes (68 200). Dans l’hébergement et la restauration, les recrutements ont triplé entre la fin 2018 et le début d’année 2019.

« La croissance, résume Eric Heyer, économiste à l’Observatoire français de conjonctures économiques (OFCE), est ultra-riche en emplois. Le produit intérieur brut [PIB] progresse de 0,3 % au premier trimestre et l’emploi de 0,4 %. Cela signifie qu’il n’y a presque plus de gains de productivité du travail. » Faut-il s’en inquiéter ?

Il faut prendre garde des bonnes manières

« Les codes de déontologie, d’éthique ou les chartes de bonnes pratiques se sont multipliés pour prescrire les sujets et les attitudes acceptables. »
« Les codes de déontologie, d’éthique ou les chartes de bonnes pratiques se sont multipliés pour prescrire les sujets et les attitudes acceptables. » Ingram / Photononstop

Les codes d’obligation, de déontologie ou les règlements de bonnes adoptes se sont diffusés dans les sociétés pour ordonner les sujets et les postures acceptables, développe le professeur Pierre-Yves Gomez dans sa chronique.

En mars 2019, une reproduction des Pressantes, d’Eschyle, avait été annulée sous prétexte que les masques utilisés par des acteurs pouvaient être expliqués comme des grimages racistes. Avant la remise d’une Palme d’or d’honneur pour sa carrière, Alain Delon a fait l’objet d’une pétition l’admonestant pour des propos privés observés comme incorrects. Quelques jours plus tard, une polémique est née sur le port d’un brassard évoquant la journée mondiale contre l’homophobie et qui ne fut pas proclamé par quelques capitaines lors des matchs de la 37e journée de Ligue 1 de football.

Ces exemples français présentent combien le monde des arts et du spectacle est l’objet d’une régularisation montante des conduites considérés comme bienséants. Cette régularisation exclut les exposés jugés non convenables et elle exige que l’on manifeste une adhésion aux principes éthiques définis comme corrects.

L’opinion publique est nommée comme juge suprême de la conformité ou de la déviance. Des combats légitimes ont autorisé ainsi de faire améliorer la justice ou la tolérance, mais ce mouvement conduit aussi à une aseptisation de l’art et du spectacle, comme l’a montré récemment Isabelle Barbéris (L’Art du politiquement correct, PUF, 2019). Il mène à un nouvel académisme officiel, avec ses discours exigés et ses thèmes exigés et, finalement, à une homogénéisation des points de vue, fussent-ils critiques.

L’entreprise ne fuit plus à un tel fait, parce qu’elle est un acteur sérieux dans le champ public, soumis au contrôle par les règles et par l’opinion. Les politiques d’implication sociale de l’entreprise (RSE) ont été un des moyens d’y répercuter les thèmes sociétaux du moment et de mettre en œuvre les règles pour s’y accorder. Les codes de déontologie, d’éthique ou les chartes de bonnes pratiques se sont multipliés pour prescrire les sujets et les postures approuvables.

Une fête des pères bien rémunéré

« La perte financière liée au congé parental reste très importante en France. Ce qui, selon l’OCDE, explique que seuls 4 % des pères français en profitent. »
« La perte financière liée au congé parental reste très importante en France. Ce qui, selon l’OCDE, explique que seuls 4 % des pères français en profitent. » Mikael Andersson/NordicPhotos / Photononstop

A défaut de mieux rétribuer le congé parental, compensé en France au plus 396,01 euros, certains artistes se battent pour renouveler le congé paternité, compensé à 100 %, et le porter à quatre semaines contre onze jours maintenant.

Ce dimanche, les enfants célébreront les pères, en leur proposant poèmes et menus cadeaux. Et pourtant, cette année comme les antérieures, les papas auront été moins présents que les mamans auprès d’eux. Pour des raisons culturelles, certes, mais aussi professionnelles.

Car, la perte financière attachée au congé parental reste très sérieuse en France. Il n’est en effet rétribué qu’à hauteur d’un tiers du smic. Ce qui, selon l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), développe que seuls 4 % des pères français en bénéficient. En Suède et en Islande, où il est compensé vers les 80 % du salaire, près d’un père sur deux le sollicite. A identiquement avec les mères.

La directive européenne « relative à l’équilibre vie professionnelle/vie privée » avait éveillé de gros espoirs. Elle envisageait un congé parental de deux mois pour chaque parent, rétribué à hauteur des congés maladie. Mais le texte, finalement voté par le parlement européen le 4 avril, laisse chaque Etat membre fixer le niveau « adéquat » d’indemnisation. Un sérieux bémol, dû en grande partie à l’opposition de la France, Emmanuel Macron redoutant que « cette belle idée finisse par coûter très cher ». La directive choisie selon les termes initiaux aurait pu constituer un surcoût de 1,6 milliard d’euros, estime le gouvernement.

Effets positifs à moyen terme

Un calcul court-termiste, peut-on concevoir, qui ne prend pas en compte les effets positifs à moyen terme sur l’économie d’une telle circonspection. Les conditions de rétributions prévues au début auraient en effet défendu une plus grande participation des femmes sur le marché du travail, expliquent Catherine Collombet, conseillère scientifique au Haut Conseil de la famille, de l’enfance et de l’âge (HCFEA) et sous-directrice à la Caisse nationale des allocations familiales, et Antoine Math, chercheur à l’Institut de recherches économiques et sociales, dans une étude de l’IRES diffusée en octobre 2018 (« Europe. Congés parentaux, de paternité et d’aidants : vers une nouvelle directive ? »). « Les coûts supplémentaires pour le congé parental [auraient été] contrebalancés par les gains provenant d’une part des recettes fiscales supplémentaires, d’autre part des dépenses moindres de prestations de chômage (et secondairement des dépenses de santé) », apprécient les chercheurs.

Pour bien intégrer les nouveaux recrus, les sociétés soignent leur accueil

« Moins de la moitié des cadres estiment avoir eu un vrai parcours d’intégration, révèle une enquête du site Cadremploi, publiée en avril. »
« Moins de la moitié des cadres estiment avoir eu un vrai parcours d’intégration, révèle une enquête du site Cadremploi, publiée en avril. » Salemi/Cartoonbase / Photononstop

L’assimilation des nouveaux travailleurs s’est transformée en priorité dans les secteurs en accroissement

« Plus jamais ça ! » Marie Barbier se rappelle encore d’une pratique épouvantable qu’elle a vécu il y a près de vingt ans. « Pour mon premier jour dans une grande entreprise, je me suis rendu compte que l’on ne m’attendait pas ! Je n’avais même pas d’ordinateur. » Actuellement, DRH de Bureaux à partager (BAP), site de mise en relation d’offreurs et de solliciteurs de bureaux et aussi gestionnaire d’espaces de coworking, elle met un point d’honneur à soigner l’accueil des nouveaux venus.

Même pratique néfaste pour Camille Fauran : « Dans ma précédente entreprise, mon manageur n’était même pas disponible quand je suis arrivée. J’ai été très affaiblie. La première réaction est souvent la bonne et j’ai quitté cette société au bout de deux mois », témoigne la responsable des opérations chez Welcome to the Jungle, plate-forme sur l’emploi créée en 2015.

Moins de la moitié des cadres apprécient avoir eu un vrai parcours d’assimilation, révèle une enquête du site Cadremploi, éditée en avril. Et celui-ci ne va guère au-delà des incontournables : visite des locaux (pour 69 % des cadres interrogés), exposition de l’entreprise par un membre de la direction (56 %), exposition du poste (55 %), petit déjeuner/déjeuner avec tous les nouveaux arrivants (52 %). Les « afterworks » (moments conviviaux entre collègues) ne sont offerts que par 29 % des sociétés et les systèmes de parrainage par 11 %.

Attacher plutôt que recruter

Malgré cela sur un marché de l’emploi cadre notamment dynamique, les entreprises ont conscience de la nécessité de bien intégrer les nouvelles recrues. Elles y gagnent du temps et de l’argent, car fidéliser coûte moins cher que recruter. Actuellement, « ce sont les grandes entreprises qui formalisent le plus les processus d’intégration car elles en ont les moyens en termes humains et financiers », enregistre Julien Breuilh, directeur des études de Cadremploi.

Chez L’Oréal à titre exemple, « lors des six premiers mois, beaucoup de temps est consacré à l’acculturation, ce qui passe par des rencontres, des événements, des visites de lieux de vente, des rendez-vous avec des personnes-clés… L’important est de transmettre nos valeurs. Entre six et neuf mois, des communautés de nouveaux arrivants sont mises en place, à un moment où l’on note parfois un certain désengagement », déclare Maryline Borri, global learning and transformation manageur du géant des cosmétiques.

Procès de la suicide d’un haut cadre de La Poste

La conclusion de la cour d’appel de Paris, qui avait reculé en février 2018 l’identification d’une « faute inexcusable » de l’entreprise, a été cassée par un arrêt de la Cour de cassation rendu le 29 mai.

La Poste a-t-elle fait une « faute inexcusable » par carence à son obligation de protection de la santé de l’un de ses hauts cadres, Nicolas Choffel, qui s’est suicidé le 25 février 2013, à 51 ans ? On ne le sait constamment pas, plus de six ans après cet acte connu comme accident du travail par l’assurance maladie.

Mais d’après sa veuve, Ilma Choffel de Witte, et sa fille, qui tourmentent La Poste pour « faute inexcusable », « un premier pas vers la vérité » a été traversé avec l’arrêt de la Cour de cassation rendu le 29 mai. Celle-ci a annulé la décision de la cour d’appel de Paris du 22 février 2018 qui avait détourné la reconnaissance de cette « faute », et elle a chassé les parties devant la cour d’appel de Paris pour rejuger l’affaire avec d’autres magistrats

M.Choffel s’était suicidé à son domicile alors qu’il était en arrêt maladie pour burn-out (épuisement professionnel). Pour la Haute juridiction, la cour d’appel a rejeté la faute impardonnable « sans procéder à l’examen, même sommaire, des pièces produites » par Mme Choffel et sa fille. Il s’agit surtout des déclarations et de plusieurs rapports d’expertise qui affirment tous « d’une surcharge de travail ».

Inquiet par le maintien de son emploi

L’arrêt maladie commence le 30 janvier 2013. Nicolas Choffel était sur le point de prendre le train pour aller à Marseille à une conférence du groupe La Poste, où il devait saisir la parole. Pris d’un malaise, il est allé chez lui et son médecin l’a mis en arrêt maladie. Selon Mme Choffel, « il avait une telle surcharge de travail qu’il n’avait pas pris de congés en août 2012. Et durant son arrêt, il a continué à travailler, sollicité à de nombreuses reprises par des mails, des SMS et des appels. » Autant de points contredits par la partie adverse. « La veille de son décès, il semblait préoccupé par le maintien de son emploi après son arrêt maladie pour burn-out, comme il le confiait à une amie du couple », a instruit dans ses fins l’avocat de Mme Choffel, Antoine Lyon-Caen.

Introduit à la Poste en 2001 à la direction de la communication, très bien inscrit et habituellement promu tout au long de sa carrière, il saisissait son travail très à cœur, de l’avis de tous. Nonobstant, un épuisement en conduite avait été découverte en 2010 par un cabinet. Dans le cadre d’un réaménagement, Nicolas Choffel avait été conduit à remplacer sa supérieure en novembre 2012, partie dans un autre service. Dès lors, il était rattaché directement au directeur de la communication et devait manager une équipe de six personnes, « sans avoir reçu de formation adéquate », estime Mme Choffel. 2012, l’année du « grand dialogue » engagé à La Poste après une série de suicides, une année dense pour l’équipe d’annonce qui doit produire un hors-série du journal interne Forum Mag pour début 2013.