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Le Sénat veut pousser le gouvernement à faire travailler davantage les salariés pour financer les politiques du grand âge

Dans l’une des chambres de l’Ehpad de la résidence Kersalic, à Guingamp (Côtes-d’Armor), le 16 octobre 2024.

Travailler davantage pour renflouer des Ehpad dont les deux tiers sont en déficit, soutenir les services d’aide à domicile, amorcer le financement d’une loi pour le grand âge : pour le Sénat, il y a urgence. A l’occasion de l’examen du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS), qui débute lundi 18 novembre au Palais du Luxembourg, Elisabeth Doineau, sénatrice (Union des démocrates et indépendants, UDI) de la Mayenne et rapporteuse générale du budget de la Sécurité sociale, défendra un amendement instaurant une « contribution de solidarité par le travail ».

Selon le même schéma que la « journée de solidarité » créée en 2004 après la canicule de 2003, la mesure impose sept heures de travail supplémentaires non payées chaque année aux salariés des secteurs privé et public. Elle a toute chance d’être votée par la majorité sénatoriale de droite et du centre. Les salariés pourraient décider, avec leur employeur ou par branche, la répartition, sur l’année, de ces heures supplémentaires. Leurs employeurs verseraient, en contrepartie, une fraction du montant des cotisations sociales à la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie, qui finance les politiques pour les personnes âgées et handicapées. Des efforts auxquels, assure la sénatrice, les Français consentiront, à condition qu’ils comprennent qu’ils « servent à affronter le mur du vieillissement qui est devant nous ».

La « contribution » dégagerait, selon la sénatrice, 2,5 milliards d’euros par an. Le président du Sénat, Gérard Larcher, est monté en première ligne, dimanche, pour défendre la mesure : « On ne peut pas se plaindre en permanence qu’on ne répond pas à l’enjeu de l’autonomie et du vieillissement sans répondre par une démarche de solidarité », a-t-il plaidé, dans un entretien au Journal du dimanche publié samedi 16 novembre.

Idée « judicieuse »

Le premier ministre, Michel Barnier, se montre plus dubitatif. « Je suis très réservé sur cette idée, complexe à mettre en œuvre et dont je ne suis pas sûr qu’elle rapporte ce que certains prétendent », a-t-il confié à Ouest France, jeudi 14 novembre. Selon nos informations, M. Barnier n’est, en outre, pas favorable à une introduction du dispositif par voie d’amendement. A ses yeux, une concertation préalable avec les partenaires sociaux s’impose.

De son côté, le ministre de l’économie, Antoine Armand, a jugé jeudi sur Sud Radio l’idée « judicieuse ». Laurent Saint-Martin, ministre du budget, s’y est dit « favorable » dimanche sur LCI. « Je pense que tout ce qui permet à notre pays de montrer qu’on peut travailler davantage pour participer à l’effort de redressement va dans le bon sens », avait-il déjà avancé le 29 octobre sur TF1. Mais « c’est un débat au sein du gouvernement, car le premier ministre lui-même a émis des réserves » sur la question, s’est-il repris dimanche.

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Handicap et futur emploi : l’alerte des associations étudiantes

« Je te rends service en ne te donnant pas le tiers-temps car, de toute façon, ceux à qui je le donne ne réussiront pas le concours. » Ce sont les propos adressés par un membre du service handicap d’une université à un étudiant témoignant dans le cadre d’une enquête sur le vécu des personnes en situation de handicap dans les études de santé. « Ce n’est pas le seul verbatim de cette nature », observe Chloé Sabatier, vice-présidente de l’Association nationale des étudiants en pharmacie de France (Anepf), partie prenante de l’enquête publiée en mars 2024 et menée avec d’autres fédérations en médecine, kinésithérapie, dentaire, science infirmière, psychomotricité, orthophonie, obstétrique, ergothérapie, et avec le réseau 100 % Handinamique.

« 48,2 % des répondants ont subi des discriminations des étudiants, des enseignants et même des missions handicap, comme ici, poursuit Chloé Sabatier. 63,2 % craignent que leur handicap nuise à leur réussite et si 70 % ont une aide pour les examens, seuls 33 % en bénéficient pour les nombreux stages exigés par leur formation. » Or, c’est la clé de leur future insertion professionnelle.

Trop d’étudiants à la peine ? Près de 60 000 d’entre eux sont accompagnés par une mission handicap et le budget de l’Etat qui leur est consacré est passé de 7,5 à 22 millions d’euros en trois ans. Toutefois, les besoins restent immenses. « Il arrive qu’il n’y ait qu’un référent handicap pour 700 étudiants dans certaines universités, rendant le soutien complexe, voire inexistant », ajoute Chloé Sabatier.

« Inégalité des aides »

Le signal d’alarme tiré par l’Anepf n’est pas isolé. L’Association nationale des étudiants en Staps (Anestaps) a aussi mené une consultation, qui sera publiée jeudi 21 novembre, sur l’insertion professionnelle des personnes en situation de handicap dans le monde du sport. Elle conclut qu’il est très difficile d’accéder à un emploi dans ce domaine, d’après 77 % des répondants.

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« Nous dénonçons aussi le manque de place accordé à ce sujet dans nos études, alors que nos futurs métiers nous y confronteront, mais aussi l’inégalité des aides d’une université à l’autre pour les étudiants concernés », affirme Emma Leonardi, étudiante en 3e année de licence Staps « activité physique et adaptée et santé » à Nantes, et vice-présidente de l’association. Comme Chloé, elle espère que la consultation de l’Anestaps encouragera des pratiques plus inclusives.

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Chez Orange, un nouveau plan de départs pour les seniors

Vincent Lecerf, directeur des ressources humaines et de la transformation du groupe Orange.

Malgré le succès de son dernier plan de départs pour les seniors, achevé en 2022, Orange affirmait ne pas vouloir lancer un nouveau « temps partiel senior » (TPS). En plus de son coût (1,7 milliard d’euros), la direction de l’opérateur télécoms s’inquiétait de son effet déstabilisateur : en 2022, 7 600 salariés s’étaient précipités sur le dispositif, dont beaucoup à la dernière minute, ce qui avait désorganisé certains services et fait disparaître des compétences techniques.

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Orange fait finalement volte-face. Le 7 novembre, lors d’une réunion avec les syndicats organisée dans le cadre des négociations triennales sur la gestion des emplois et des parcours professionnels (GEPP), le groupe a ouvert la porte à un nouveau TPS. « Cela répond à une demande forte du corps social », explique Vincent Lecerf, le directeur des ressources humaines d’Orange. De nombreux salariés regrettaient de n’avoir pas pu profiter du précédent plan à quelques mois près.

Selon les modalités dévoilées par les organisations syndicales, le nouveau TPS couvrirait la période 2025-2028. Il pourrait être activé par le salarié cinq ans avant son départ à la retraite : la première année serait travaillée à 50 % et rémunérée à 70 % ; les quatre suivantes seraient libérées et payées à 60 %, avec un minimum de rémunération garanti. Pour être éligible, il faudrait afficher quinze années d’ancienneté, avec un âge de départ à la retraite compris entre 2026 et 2033.

L’objectif de la direction est de lisser au maximum les demandes de TPS pour éviter de connaître le même choc qu’en 2022. Le plan pourrait être accompagné d’engagements sur les embauches. Le précédent en prévoyait 8 000, objectif quasiment atteint selon Orange.

A bas bruit

Pour M. Lecerf, le TPS « est le dispositif le plus approprié pour accompagner l’adaptation des effectifs du groupe » des activités en déclin vers celles en croissance, dans un contexte où « les évolutions technologiques et les nouveaux usages numériques provoquent une transformation profonde et rapide du secteur des télécoms ». D’autres grands opérateurs télécoms européens (Telefonica, Vodafone, BT, Deutsche Telekom…) ont d’ailleurs annoncé des plans de départs ces deux dernières années.

Créé par Stéphane Richard, l’ancien PDG d’Orange, au lendemain de la crise des suicides de 2008-2009 (35 salariés s’étaient donné la mort en deux ans), comme un outil d’apaisement social, le TPS est devenu un moyen de réduire à bas bruit les effectifs et la masse salariale. Le nouveau millésime permettrait d’anticiper le départ à la retraite de 1 500 à 2 000 personnes par an. Sur les quatre années du plan, cela représenterait 6 000 à 8 000 salariés, soit 9 % à 12 % des effectifs d’Orange en France. Ils s’ajouteraient aux 42 000 salariés passés par le dispositif depuis sa création en 2010. En dix ans, les effectifs de l’opérateur dans l’Hexagone ont fondu d’un tiers, pour tomber à 65 000 salariés (dont 11 000 fonctionnaires), avec une moyenne d’âge de 49 ans.

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Paradoxe dans l’industrie : les plans sociaux se multiplient alors que les difficultés de recrutement persistent

A la Haute Ecole de formation aux métiers de soudage HEFAïS, à Cherbourg (Manche), le 29 octobre 2024.

Quelques minutes pour décrocher non pas l’amour mais un emploi. Le 7 novembre à Valenciennes (Nord), l’Union des industries et métiers de la métallurgie du Grand-Hainaut, dans les Hauts-de-France, a organisé un job dating sur le modèle des speed dating amoureux, pour tenter de répondre au besoin de main-d’œuvre industrielle dans la région.

Une autre rencontre de ce type est programmée le 26 novembre à Saint-Nazaire (Loire-Atlantique), toujours encadrée par la fédération patronale locale. A chaque fois, une vingtaine d’entreprises y proposent une centaine de postes à pourvoir, en CDI, CDD ou intérim. Opérateurs ou techniciens dans la mécanique, la maintenance ou l’usinage de pièces, les profils sont variés.

Cette initiative particulière témoigne du paradoxe plus large qui traverse le monde industriel, alors que débute, lundi 18 novembre, la Semaine de l’industrie organisée par le gouvernement. Les plans sociaux qui se multiplient dans l’automobile ou la chimie – chez Michelin, Vencorex, etc. – marquent l’agenda social et illustrent le coup de frein à la réindustrialisation entamée ces dernières années ; mais, dans le même temps, l’industrie française pâtit d’une pénurie chronique de main-d’œuvre.

Selon la direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares, rattachée au ministère du travail), « 66 630 emplois » industriels étaient vacants dans le pays au deuxième trimestre de cette année. Ce chiffre, qui a triplé entre 2015 et 2023, ternit le bilan du gouvernement, alors que « 130 000 emplois ont été créés dans l’industrie depuis 2017, dont 28 000 en 2023 », note la direction générale des entreprises du ministère de l’économie.

« Une image passéiste et caricaturale »

Ce regain industriel est d’autant plus fragile que les difficultés des entreprises à recruter – en particulier les TPE et les PME, moins bien loties que les grands groupes – persistent. « Quelque 260 000 projets de recrutements sont prévus dans l’industrie en 2024, or près de 60 % de ces recrutements sont jugés difficiles par les entreprises », regrette le ministre délégué à l’industrie, Marc Ferracci, qui considère que le sujet est « un enjeu crucial pour le pays ». L’ensemble des secteurs sont concernés, aussi bien les industries traditionnelles que les filières dites « d’avenir ».

En cause notamment l’image ou la méconnaissance des métiers industriels. La désindustrialisation des quarante dernières années a traumatisé de nombreux territoires et marqué les mémoires familiales, éloignant d’eux les nouvelles générations.

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Marylise Léon, secrétaire générale de la CFDT, au « Monde » : « Il y a besoin de responsabiliser les entreprises sur chaque euro d’aide publique »

Marylise Léon, secrétaire générale de la CFDT, à Paris, le 28 août 2023.

La secrétaire générale de la CFDT, Marylise Léon, estime que la situation politique actuelle permet aux partenaires sociaux de jouer un plus grand rôle et de faire avancer leurs revendications. Elle s’inquiète des plans sociaux en cours, mais aussi des restructurations et pertes d’emploi moins visibles, qui se produisent notamment dans les petites entreprises.

Le projet d’accord sur l’assurance-chômage, sur lequel la CFDT rendra sa décision définitive jeudi 21 novembre après un premier avis favorable, engendre d’énormes économies. Est-ce vraiment une avancée pour les salariés et les demandeurs d’emploi ?

Oui, ça l’est. Pour la CFDT, il y avait un enjeu d’être en responsabilité, à la fois sur la gestion du régime et sur la trajectoire financière. Et puis nous avions ciblé des publics particuliers, notamment les saisonniers et les premiers entrants dans l’assurance-chômage – des jeunes, autrement dit –, pour lesquels nous voulions améliorer les règles.

Je suis tout à fait lucide sur le fait que l’accord dégage des économies, que des efforts sont demandés. La boussole de notre organisation, c’était qu’ils soient justes et le mieux répartis en fonction des demandeurs d’emploi, et que les employeurs prennent leur responsabilité. Nous savions aussi qu’en cas d’échec, la réforme violente de [l’ancien premier ministre] Gabriel Attal, qui a été suspendue, était toujours dans le paysage. L’enjeu de réussir était donc d’autant plus important.

L’accord sur l’emploi des seniors contient peu de mesures normatives. Incitera-t-il les entreprises à garder ou à embaucher des salariés proches de la soixantaine ?

L’accord permet de clarifier ce sur quoi on s’entend avec le patronat. Je ne pense pas que sur les seniors, il y ait une recette miracle, avec une mesure qui va tout régler. Mais il faut que nous puissions avancer progressivement. Nous verrons ce que le compromis trouvé produira, notamment sur la retraite progressive désormais ouverte à partir de 60 ans grâce à cet accord et nous reprendrons rendez-vous car le débat n’est pas clos.

Le gouvernement, qui vous avait invité à négocier, a salué les discussions achevées jeudi. Est-ce le retour en grâce des partenaires sociaux après sept années lors desquelles ils ont été malmenés ?

Je ne suis pas là pour refaire le film. Ce qui m’importe, c’est que la CFDT a tenu son rôle pour les travailleurs et les demandeurs d’emploi. Je savais qu’il fallait être au rendez-vous et nous l’avons été. J’attends maintenant que le gouvernement le soit, à son tour, en concrétisant cette confiance, avec une transposition rapide dans la loi des dispositions qui le nécessitent.

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Accidents du travail : « L’indifférence que la situation a suscitée jusqu’à aujourd’hui doit inquiéter et interpeller »

Il y a des morts qui importent moins que d’autres. Le plus souvent, les homicides (meurtre, assassinat) donnent lieu à des dramatisations médiatiques importantes.

A l’inverse, pendant longtemps, la mortalité routière et la violence intrafamiliale étaient des impensés de la vie sociale. Elles avaient une très faible visibilité et n’étaient pas traitées comme des problèmes méritant une attention particulière. La situation a changé depuis une quinzaine d’années, même si leur banalisation n’a pas été éliminée.

Triste bilan

La violence subie au travail va-t-elle connaître le même sort et être reconnue comme une situation chronique, socialement dommageable, pénalement sanctionnable et méritant une mobilisation particulière ? C’est ce que semble amorcer la campagne lancée par la nouvelle ministre du travail [Astrid Panosyan-Bouvet] il y a quelques jours.

Lire le décryptage : Article réservé à nos abonnés Pourquoi des salariés ne déclarent pas leurs accidents de travail

Les chiffres sont affligeants. Il y a en France 100 accidents graves par jour et deux décès quotidiens, soit de l’ordre de 750 annuels. Ce triste bilan est à peu près au même niveau que l’ensemble des homicides commis. On ne peut plus se contenter de dire qu’il y a fatalité d’un côté et insécurité de l’autre. C’est à tort que certains opposent l’erreur technique à la faute intentionnelle. C’est l’indifférence que ces situations ont suscitée jusqu’à aujourd’hui qui doit inquiéter et interpeller.

Il a fallu attendre novembre 2022 pour que le Collectif des familles : stop à la mort au travail se constitue et entame des actions pour faire reconnaître l’ampleur du problème et de son déni social.

Lire la tribune : Article réservé à nos abonnés Accidents du travail : « Pour une politique zéro mort ! »

Il n’est cependant pas possible de soutenir que l’on a alors découvert l’ampleur de l’enjeu. La Caisse nationale d’assurance-maladie (CNAM) publie annuellement des données sur ce sujet. Une enquête de la Cour des comptes de 2018 dresse le bilan de la réforme de l’administration du travail de 2015 et attire l’attention sur l’enjeu de la sécurité.

Un nombre sous-estimé

Un second rapport de 2024 analyse les ressources humaines de ce ministère et leurs conséquences, entre autres sur la sécurité au travail. Un ouvrage de Matthieu Lépine est explicitement intitulé L’Hécatombe invisible. Enquête sur les morts au travail (Seuil, 2023). Mais il n’a absolument pas eu le même écho que celui sur les pratiques des établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad), ni dans la presse, ni chez les pouvoirs publics. Nul ne peut pourtant plaider l’ignorance.

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Assurance-chômage et emploi des séniors : le gouvernement « salue » les accords trouvés par les partenaires sociaux

Une manifestation contre la réforme des retraites, à Bordeaux, le 1ᵉʳ octobre 2024.

Trois accords d’un coup : le patronat et plusieurs syndicats sont parvenus, jeudi 14 novembre, à s’entendre sur de nouvelles règles pour l’assurance-chômage et pour l’emploi des seniors, avec en bonus une entente sur les parcours syndicaux. « Nous avons réussi, au terme d’une négociation flash, à aboutir ce soir », a salué le représentant du Medef, Hubert Mongon, au terme des discussions, faisant état d’une « majorité d’avis favorables » sur les accords, « avec des nuances ».

La porte-parole du gouvernement, Maud Bregeon, a « salué » vendredi matin, sur Franceinfo, ces accords trouvés par les partenaires sociaux. « Cela démontre que la méthode, qui est celle du premier ministre de laisser la place au dialogue social, porte ses fruits », a-t-elle vanté.

Ombre au tableau toutefois, côté patronal : si Eric Chevée (CPME) a jugé que l’accord sur l’assurance-chômage « ne pose pas de problème », il s’est montré beaucoup plus critique concernant celui sur les seniors, qu’il a jugé « pas équilibré ». L’U2P, troisième organisation patronale qui regroupe artisans et commerçants, a émis un « avis positif » sur les trois accords, a déclaré à l’Agence France-Presse son négociateur Jean-Christophe Repon.

Outre les règles d’indemnisation des chômeurs qui doivent s’appliquer à compter du 1ᵉʳ janvier 2025 et les mesures pour favoriser l’emploi des seniors, les partenaires sociaux ont convenu d’un troisième accord sur le dialogue social. Première à s’exprimer, la délégation CFDT « donne un avis favorable sur les trois textes », a annoncé le négociateur, Olivier Guivarch ; son homologue de la CFTC, Frédéric Belouze, faisant lui aussi savoir que sa délégation allait « défendre devant ses instances favorablement ces trois accords ».

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La CGT s’est montrée nettement plus réticente, la négociatrice, Sandrine Mourey, déplorant que « ça tape dur » sur l’assurance-chômage et notant pour l’emploi des seniors « des petits mais pas de gros gains » pour les salariés. La CFE-CGC, qui avait déjà annoncé qu’elle ne signerait pas l’accord sur l’assurance-chômage, a déclaré par la voix de son négociateur, Jean-François Foucard, être favorable aux deux autres textes. Force ouvrière (FO) réserve encore son appréciation sur les trois textes.

Les syndicats doivent encore formellement consulter leurs instances. Le texte sur l’assurance-chômage, prévu pour quatre ans, est un avenant à l’accord de novembre 2023 – signé par la CFDT, FO et la CFTC, mais non validé par le gouvernement. Il prévoit notamment, pour dégager des économies, de diminuer l’indemnisation des chômeurs frontaliers ayant travaillé en Suisse, Belgique, Allemagne ou au Luxembourg. Leurs droits sont aujourd’hui calculés sur la base de leurs salaires dans ces pays, nettement plus élevés qu’en France.

Un relèvement de deux ans des bornes d’âge ouvrant droit à une indemnisation plus longue, pour prendre en compte la réforme des retraites que les syndicats contestent, est également prévu. Le palier ouvrant droit à 22,5 mois d’indemnisation au maximum passe ainsi de 53 ans à 55 ans et celui donnant droit à 27 mois de 55 ans à 57 ans. La mesure devrait rapporter 350 millions sur quatre ans.

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En faveur des retraites progressives

Afin de se rapprocher des 400 millions d’euros d’économies supplémentaires demandées dès 2025 aux partenaires sociaux par la ministre du travail, Astrid Panosyan-Bouvet, le patronat a accepté que la réduction de 4,05 % à 4 % de la cotisation employeur à l’assurance-chômage n’ait lieu qu’au 1ᵉʳ mai 2025.

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Au global, les nouvelles règles permettraient de dégager quelque 2,3 milliards d’économie sur quatre ans pour le régime de l’assurance-chômage, selon un calcul de l’Unédic.

Syndicats et patronat avaient à cœur de s’accorder pour éviter que le gouvernement reprenne la main, comme l’avait fait au printemps le gouvernement Attal après l’échec des négociations sur les seniors, publiant un décret dont les syndicats avaient unanimement dénoncé la « violence ».

Les discussions sur l’assurance-chômage se sont achevées à la mi-journée, mais les négociateurs attendaient celles sur l’emploi des seniors, qui se sont tenues ensuite, pour rendre leur verdict.

Le patronat a lâché du lest dans la soirée, sur un « point dur » des syndicats. Il a renoncé dans l’immédiat à une exonération progressive de cotisations d’assurance-chômage pour l’employeur qui recruterait un salarié en « contrat de valorisation de l’expérience », une mesure portée par la CPME.

Ce nouveau contrat spécifique, pour faciliter l’embauche des chômeurs âgés, subsiste néanmoins. Le salarié pourra être mis d’office à la retraite dès qu’il a droit à une retraite à taux plein. « C’est dur la désaccoutumance » sur les exonérations de cotisations, a ironisé Denis Gravouil (CGT).

Le texte entend aussi favoriser les retraites progressives, peu répandues. Accessible à partir de 60 ans et permettant au salarié de travailler à temps partiel tout en continuant à cotiser à taux plein pour sa retraite, le dispositif ne devient pas pour autant un droit auquel l’employeur ne pourrait plus s’opposer, comme l’auraient voulu les syndicats. Enfin, le troisième accord, « tombé un peu du ciel », dixit un négociateur, vise à ouvrir des négociations sur les parcours syndicaux et demander au gouvernement de légiférer pour permettre d’exercer plus de trois mandats pour les représentants du personnel.

Le Monde avec AFP

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En France, l’inquiétude monte face aux plans sociaux

Des employés de l’usine de produits chimiques Vencorex, lors d’une manifestation après la mise en faillite de l’entreprise, en septembre, au Pont-de-Claix (Isère), le 7 novembre 2024.

Faut-il travailler à une stratégie industrielle européenne, comme le prône le ministre délégué chargé de l’industrie, Marc Ferracci ? Ou demander plutôt des comptes aux entreprises qui ont reçu des aides publiques, comme le suggèrent Sophie Binet et Marylise Léon, respectivement secrétaires générales de la CGT et de la CFDT ? L’Etat doit-il bloquer l’homologation de certains plans sociaux, ainsi que le plaide François Ruffin, député de la Somme ?

L’annonce en cascade, depuis le 5 novembre, de la fermeture de deux usines Michelin à Cholet (Maine-et-Loire) et à Vannes – soit 1 254 salariés – d’un plan social chez Auchan, qui s’apprête à supprimer 2 389 emplois, puis de la mise en redressement judiciaire du chimiste Vencorex, menaçant quelque 500 emplois, a soulevé une vague d’inquiétude dans le pays. A l’issue de cette semaine noire, responsables politiques et syndicalistes s’interrogent sur les réponses à apporter pour éviter une hémorragie sur le front social.

Car, sur le constat, personne ne semble se faire d’illusions. Pendant les trois années qui ont suivi la pandémie de Covid-19, les entreprises, aidées par le prêt garanti par l’Etat, les diverses aides accordées pendant les confinements et la relative bonne santé de l’économie d’alors, ont beaucoup embauché et peu licencié.

Mais désormais, l’horizon s’assombrit et les difficultés s’accumulent. « Des annonces de fermetures de sites, il y en aura probablement dans les semaines et les mois qui viennent », a déclaré M. Ferracci, samedi 9 novembre, sur France Inter, évoquant la possible destruction de « milliers d’emplois ». « Nous sommes au début d’une violente saignée industrielle », enchaînait le lendemain Mme Binet, de la CGT, dans l’hebdomadaire La Tribune Dimanche, mettant en cause la volonté des entreprises de « toujours augmenter les marges » et de « distribuer toujours plus de profit aux actionnaires ».

La confédération a déjà dressé une liste des plans sociaux en préparation, « qui frôle les 200 », assure-t-elle. La centrale syndicale a appelé à une journée de mobilisations dans toutes les régions, le 12 décembre. Mme Binet souhaite, en outre, « qu’une entreprise ne puisse pas toucher d’aides de l’Etat si l’avis des représentants du personnel est défavorable ». Un point sur lequel Mme Léon, son homologue de la CFDT, est d’accord. « Cela me paraît lunaire que l’Etat ne sache pas à quoi servent les aides qui sont attribuées : on parle de centaines de millions d’euros », a-t-elle déclaré sur Franceinfo, vendredi 8 novembre. Ces déclarations ont reçu un accueil plutôt bienveillant de la part de M. Ferracci. « Si les aides ne sont pas efficaces de manière globale, eh bien il faut arrêter les aides », a-t-il admis sur France Inter.

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Ingénieur, un métier toujours aussi attractif : « Je ne pensais pas que j’aurais un si beau poste à mon âge »

Beaucoup en rêvent : un diplôme qui permet de trouver du travail avant même la fin de ses études, de faire la ou le difficile entre plusieurs offres, de changer de secteur d’activité quand on le souhaite, de déménager au gré de ses projets de vie ou encore de reprendre ses études si l’on en a envie.

Année après année, l’attractivité du diplôme d’ingénieur sur le marché du travail ne se dément pas. Selon la dernière enquête menée par l’association Ingénieurs et scientifiques de France (IESF) auprès d’anciens élèves d’écoles d’ingénieurs et de diplômés scientifiques (bac + 5 et plus), 85 % des diplômés des trois dernières promotions (2020-2023) ont trouvé un emploi en moins de trois mois ; 65 % ont même été recrutés avant la fin de leurs études.

C’est le cas de Louis-Mayeul Rousset-Rouvière, 24 ans, originaire des Hauts-de-Seine, qui a plusieurs fois été approché lorsqu’il étudiait au sein de la prestigieuse Ecole nationale des ponts et chaussées. « On sentait bien qu’on était prisés. Chaque année, les entreprises se pressaient au Forum Trium [qui réunit grandes écoles et entreprises], c’est-à-dire qu’elles payaient pour nous rencontrer et nous donner envie de travailler pour elles. »

Lorsque Louis-Mayeul contacte de grands groupes, comme Eiffage ou Vinci, dans le cadre de ses stages obligatoires de fin de deuxième année, il est rappelé immédiatement. Pour son stage de fin d’études, il a l’embarras du choix et hésite. « C’est une décision importante, car elle conditionne souvent la première embauche », explique le jeune homme, qui a finalement choisi la Setec, un bureau d’études renommé, où il poursuivra en CDI.

« Le diplôme d’ingénieur est une belle machine à insérer, elle est très sélective à l’entrée mais insère très bien à la sortie », confirme Jean Pralong, enseignant-chercheur en gestion des ressources humaines à l’Ecole de management de Normandie, qui modère toutefois l’idée selon laquelle les candidats feraient seuls la loi sur le marché de l’emploi. « Il ne faut pas perdre de vue que c’est un marché segmenté. Pour chaque diplômé, il y a un périmètre de postes accessibles, en fonction du classement de son école, du secteur d’activité. Ce n’est pas illimité. »

Forte évolution des attentes

Si les jeunes diplômés ne sont pas tout-puissants dans leurs négociations avec les recruteurs, ils ont en tout cas un luxe : celui de pouvoir changer d’entreprise, voire de métier, quand ils le souhaitent et selon leurs propres critères. Bertille (qui n’a pas souhaité donner son nom de famille, comme d’autres personnes interrogées), 25 ans, également diplômée des Ponts, a décliné une belle offre – poste intéressant, plutôt bien payé – qui lui avait été faite lors de son stage de fin d’études. La localisation géographique ne lui convenait pas, et puis, son diplôme en poche, elle avait envie de faire une pause.

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« Après la croissance sans emploi qui menace les pays riches, faut-il craindre un développement sans emploi dans les économies à bas revenu ? »

Cet été, une agence bancaire de la State Bank of India, une vénérable institution publique indienne, a vu le jour à Chhapora, un petit village isolé du Chhattisgarh, l’un des Etats les plus pauvres du pays. Enseigne rutilante, ordinateurs tout neufs rangés derrière des guichets, formulaires imprimés avec le logo de la banque : qui aurait pu s’imaginer que cette nouvelle agence était en réalité fausse ? D’autant que les escrocs, prétextant un retard dans la livraison des serveurs, avaient refusé de prendre les liasses de billets apportées par les habitants, soulagés de pouvoir enfin placer leurs économies ailleurs que sous un matelas ou une pile de saris.

Les escrocs se sont enrichis autrement, en réclamant de l’argent contre la promesse d’un emploi à la State Bank of India. Ils ont ainsi récolté des dizaines de milliers d’euros et se sont ensuite évanouis dans la nature. Seul l’un d’entre eux a été arrêté. Il faut leur reconnaître un certain sens de l’inventivité. A force d’être alerté sur les arnaques en ligne, on en oublie que les fraudes bancaires ne sont pas que virtuelles. Les escrocs ont compris que le chômage de masse est un fléau qui gangrène l’Inde. Les emplois y sont devenus si rares que les chômeurs sont prêts à tout pour en décrocher, surtout si c’est un emploi de fonctionnaire.

Fin 2022, des demandeurs d’emploi avaient d’ailleurs été victimes d’une arnaque similaire, qui promettait cette fois des emplois dans les chemins de fer indiens. Après les avoir prétendument recrutés contre une commission, les escrocs les avaient envoyés dans des gares compter les trains, avant de disparaître. Le secteur privé offre des conditions de travail très précaires et les cas de surmenage se multiplient, comme l’a montré le suicide récent d’une jeune employée du géant de l’audit EY.

Lire le reportage | Article réservé à nos abonnés En Inde, le désenchantement de la jeunesse diplômée

De nombreux autres pays en développement sont menacés par le chômage. « Le spectre du chômage plane de manière inquiétante, avec, à la clé, 800 millions de jeunes qui pourraient se retrouver sans réel emploi, au risque de déstabiliser les sociétés et de freiner la croissance économique », s’est inquiété Ajay Banga, le président de la Banque mondiale, en octobre, lors des assemblées générales communes avec le Fonds monétaire international. Ce fléau est mal comptabilisé, donc invisible, et se confond souvent avec le secteur informel, des petits emplois qui consistent à appuyer sur le bouton d’un ascenseur ou à ouvrir les portes d’un magasin.

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