« Vous ne détestez pas le lundi » : des voies pour « libérer le travail »
De juillet 2019 à mai 2021, des femmes de chambre ont organisé une longue grève à l’Hôtel Ibis Batignolles de Paris. Un combat victorieux, conclu notamment par l’obtention de revalorisations salariales de 250 à 500 euros. Ce n’est pas le seul mouvement social qu’ont connu les secteurs du ménage et de l’hôtellerie : bien d’autres ont éclaté ces dernières années.
Pour le rédacteur en chef du magazine Frustration, Nicolas Framont, c’est un signe positif, qui bat en brèche les « prophéties sociologiques sur la fin de la conflictualité au travail ». Un signe qui démontre que l’« obtention d’un rapport de force par la grève est loin d’être un outil du passé », mais aussi, plus largement, que la colère gronde parmi les travailleurs français.
C’est la thèse centrale de l’ouvrage que M. Framont, sociologue de formation, auteur engagé, a publié aux éditions Les Liens qui libèrent. Vous ne détestez pas le lundi se veut ainsi porteur d’une « bonne nouvelle : la résistance est déjà là, même si elle passe parfois sous les radars médiatiques », écrit-il. Après avoir décrit les maux qui touchent le monde du travail (intensification du contrôle hiérarchique, violence systémique…), vecteurs de nombreuses souffrances parmi les salariés, l’auteur met en lumière cette « sécession qui vient ». « Le système d’oppression dans le travail craque de partout », assure-t-il.
Comment s’exprime ce « mouvement d’infra-révolte, dont chacun connaît l’odeur, mais personne ne semble voir la couleur » ? Il prend, à ses yeux, des formes multiples. Face à des conditions de travail qu’ils ne supportent plus, certains salariés font le choix de démissionner.
D’autres mènent des actions de « résistance au travail » de l’intérieur : sabotages du quotidien, grève du zèle ou encore travail « en perruque » (usage des moyens fournis par l’entreprise pour effectuer d’autres tâches que celles pour lesquelles on est payé).
D’autres, enfin, ont recours aux arrêts de travail.
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