Transition écologique : « L’industrie ne peut pas se contenter de verdir le monde d’hier, elle doit aussi contribuer à l’invention du monde de demain »

Transition écologique : « L’industrie ne peut pas se contenter de verdir le monde d’hier, elle doit aussi contribuer à l’invention du monde de demain »

Face à l’urgence des défis écologiques, que peuvent et que doivent faire les industriels ? D’abord, intensifier les efforts d’« éco-efficacité », c’est-à-dire la recherche de méthodes permettant de produire plus et mieux avec moins : moins de matières, d’énergie, de capital, mais aussi moins d’émissions de gaz à effet de serre, de pollutions, d’effets destructeurs sur le vivant.

La tâche est immense. Elle exige, dans certains cas, de véritables ruptures technologiques, comme pour la décarbonation des grands matériaux de base (acier et ciment notamment), qui représentent une part considérable des émissions. Mais on notera que cette tâche est au fond dans la droite ligne de ce que les industriels font et savent faire depuis toujours ; à cette (énorme) différence près qu’il s’agit maintenant d’intégrer dans le calcul d’efficacité toutes sortes d’effets qui étaient traditionnellement rejetés hors du périmètre de ce calcul, et d’agir sur un cycle complet allant des matières premières au recyclage des produits finis.

L’enjeu est de pivoter vers des modèles circulaires en lieu et place des modèles linéaires anciens. Ce défi, loin d’être purement technique, implique de nouveaux critères de mesure des performances, la connaissance fine des flux et de nouvelles formes de coopération entre firmes. C’est un nouveau paysage industriel qu’il s’agit de construire, bien au-delà du seul verdissement des procédés de production.

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Les avancées sur ce front sont déjà substantielles, et les marges de progrès, encore très importantes. Malheureusement, il y a un diable dans la boîte, qui s’appelle « l’effet rebond » : les progrès réalisés au niveau micro de l’offre sont mangés, souvent dépassés, au niveau macro de la demande. Le transport aérien est considérablement plus efficace qu’il y a trente ans, mais la demande a explosé, et l’impact global s’est aggravé. Le besoin d’énergie et de matière pour produire une unité d’éclairage (un lumen) a chuté de manière vertigineuse depuis un siècle. Résultat : on voit nos villes depuis l’espace, le gain a été totalement absorbé par l’augmentation de la consommation. Aucun secteur n’échappe à ce processus. On peut retourner le problème dans tous les sens : si l’on n’agit pas sur la demande en même temps que sur l’offre, la poursuite de l’efficacité revient à courir sur un tapis roulant qui va en marche arrière.

Un cran plus loin

Il n’y a donc pas d’autre choix que de passer par la case sobriété. En précisant tout de suite que celle-ci ne peut pas se limiter à nos consommations individuelles : elle implique surtout de repenser nos modes collectifs d’organisation du temps et de l’espace, et les gaspillages structurels qui en résultent. L’exemple type en est, bien sûr, la dispersion de notre habitat dans de petits lotissements, qui rendent d’innombrables ménages prisonniers de l’automobile. Se dessine ainsi un partage des rôles : l’efficacité technique pour les entreprises ; la sobriété, et les choix de valeur sous-jacents, pour les citoyens-consommateurs et la puissance publique.

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