Télétravail : la négociation au point mort

Télétravail : la négociation au point mort

Sitôt engagée, sitôt enlisée. La deuxième séance de négociation sur le télétravail, que les partenaires sociaux ont organisée mardi 10 novembre, a, une fois de plus, montré la profondeur des désaccords entre les protagonistes. « Jeu de dupes », « théâtre d’ombres », « grand n’importe quoi »… A l’issue d’une rencontre qui a duré cinq heures, plusieurs responsables syndicaux ont reproché au patronat de camper dans son refus de parvenir à un accord national interprofessionnel (ANI), s’imposant à l’ensemble des entreprises.

Un immobilisme que les organisations de salariés jugent regrettable à l’heure où le gouvernement souhaite que ce mode d’organisation soit utilisé au maximum par les employeurs depuis le deuxième confinement, instauré le 30 octobre. Pour les centrales syndicales, il y a urgence car le calendrier est serré : à ce stade, il ne reste plus que trois réunions, d’ici au 23 novembre, pour permettre au processus de déboucher, le cas échéant, sur un compromis.

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Le 3 novembre, lors de la première séance de négociation, le patronat avait proposé une sorte de sommaire pour un projet d’accord avec sept grands chapitres qui balayent toutes les problématiques liées au télétravail : mise en place, accompagnement des personnels et des managers, préservation de la relation de travail avec le salarié ou encore « circonstances exceptionnelles » comme celles de la pandémie, etc.

« Ne pas quitter le ring au premier round »

Le problème, c’est que les échanges tardent à décoller, d’après Catherine Pinchaut (CFDT). « Il ne va pas falloir qu’on nous mène en bateau trop longtemps », s’est-elle indignée. A l’en croire, les mouvements d’employeurs n’ont fait que répondre par la négative à ses demandes sur plusieurs points cruciaux – par exemple la définition des postes éligibles au télétravail. « Ça commence à bien faire, on tourne en rond », a-t-elle ajouté, en précisant qu’elle n’avait nullement l’intention de prolonger l’exercice « si on n’a pas de biscuit ». Il est nécessaire, selon elle, de poser « un cadre ». Elle en est d’autant plus convaincue que, à l’heure actuelle, des entreprises « ne jouent pas le jeu » et rechignent à recourir au télétravail, alors que les pouvoirs publics le réclament, pour contenir la propagation du Covid-19.

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Du côté de Force ouvrière, on se veut plus mesuré. Sa représentante, Béatrice Clicq, a cependant jugé que cette négociation était « un combat de boxe ». « On y va avec la volonté d’avancer et de ne pas quitter le ring au premier round », a-t-elle complété. Selon la dirigeante confédérale, il s’agit de ne pas « laisser la main à l’arbitre » – comprendre au gouvernement – et de ne pas « siffler la fin du match ». Elle a cependant reconnu que, « à chaud », le patronat opposait « beaucoup de non » aux propositions syndicales. « Il faut obtenir des avancées très rapidement », a-t-elle insisté, en prévenant : « Ce n’est pas parce qu’on négocie un texte qu’à la fin, on le signera. » Son but reste de conclure un accord qui soit normatif.

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LJD

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