Amazon ferme pendant cinq jours ses sites logistiques français

Le centre logisitque d’Amazon à Lauwin-Planque (Nord), le 19 mars.
Le centre logisitque d’Amazon à Lauwin-Planque (Nord), le 19 mars. PASCAL ROSSIGNOL / REUTERS

Est-ce un signe d’écoute ou une démonstration de force ? Amazon a décidé de fermer tous ses sites logistiques en France, à partir du jeudi 16 avril, jusqu’au lundi 20 avril inclus, en se réservant la possibilité de prolonger cette mise à l’arrêt. L’annonce a été faite mercredi 15 avril, lors d’une réunion extraordinaire du comité social et économique (CSE), l’instance de représentation du personnel.

Ce choix intervient après l’ordonnance rendue en référé, mardi 14 avril, par le tribunal judiciaire de Nanterre. Les juges ont imposé au géant de l’e-commerce de restreindre son activité aux commandes de produits alimentaires, médicaux et d’hygiène, tant que la société n’aura pas évalué correctement les risques auxquels sont exposés ses salariés, du fait de la pandémie de Covid-19. Cet audit devra être conduit en concertation étroite avec les élus du CSE et se traduire par de nouvelles mesures de protection des équipes. Faute de quoi, l’entreprise sera tenue de payer une astreinte de 1 million d’euros « par jour et par infraction constatée ». Avant cette procédure judiciaire, l’inspection du travail avait, début avril, mis en demeure Amazon d’améliorer les conditions de sécurité pour ses collaborateurs dans cinq établissements.

« En désaccord » avec le tribunal, la filiale tricolore du groupe américain a exprimé, mercredi, son intention de faire appel, en mettant en avant les « preuves concrètes qui ont été apportées sur les mesures de sécurité mises en place pour protéger nos employés ». Elle doit, cependant, dès à présent se conformer à l’ordonnance prononcée mardi, celle-ci étant « exécutoire ».

« Trop tôt pour parler de réouverture »

L’entreprise a choisi d’aller plus loin que les prescriptions des juges – une suspension complète du fonctionnement de ses entrepôts et non pas un recentrage sur les commandes essentielles –, car elle ne peut, dit-elle en substance, pas procéder autrement pour réaliser ce qui lui est demandé. Jeudi 16 avril matin, sur LCI, Frédéric Duval, le directeur général de l’enseigne en France, a déclaré qu’il était « trop tôt pour parler de réouverture », laissant ainsi entendre que les salariés pourraient rester chez eux au-delà du 20 avril. Il a, au passage, mis en exergue les difficultés que cette situation entraîne pour d’autres entreprises, tributaires d’Amazon pour leurs livraisons.

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La fermeture des centres de distribution, qui emploient un peu plus de 10 000 personnes (dont environ un tiers en intérim), suscite des réactions contrastées parmi les organisations de salariés. L’Union syndicale Solidaires, à l’origine de l’action en référé devant le tribunal de Nanterre, y voit un motif de satisfaction, tout en demeurant prudente. « On demandait la fermeture, mais si c’est un enfumage, pour repartir mardi comme si de rien n’était… », s’inquiète Laurent Degousée, du syndicat SUD-Commerce, une composante de Solidaires.

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Aérien : « Nous vivons en direct le crash d’une industrie »

Un avion de la compagnie Hainan Airlines, à l’aéroport international de Pékin, le 13 mars.
Un avion de la compagnie Hainan Airlines, à l’aéroport international de Pékin, le 13 mars. Thomas Peter / REUTERS

Pertes et profits. C’est nuitamment, mardi 14 avril, que le conglomérat chinois HNA a averti ses créanciers qu’il reportait le paiement de sa dette de 2013 d’un an. Ceux qui ont acheté celle émise en 2015 n’en mènent pas beaucoup plus large, puisque sa cotation a été suspendue la même semaine. HNA est tout simplement au bord de la faillite. Son activité première, Hainan Airlines, la quatrième compagnie aérienne de Chine, a déjà perdu plus de 4 milliards d’euros au premier trimestre et n’a plus les moyens de tenir.

Elles seront les premières victimes visibles de la crise. Dès le mois de mars, l’association internationale du transport aérien (IATA) prévenait que la plupart de ces compagnies ne pourraient pas tenir au-delà de mai. Le milliardaire américain Warren Buffett a coutume de dire qu’il n’y a pas plus mauvais investissement que l’aérien, métier structurellement en perte depuis sa création et qui ne survit que grâce au soutien des Etats.

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Cela n’a jamais été aussi vrai, mais le séisme est aujourd’hui d’une magnitude inédite. Aucune entreprise de ce secteur n’est épargnée. L’Australie pleure pour ses deux champions, Virgin et Qantas, l’Afrique voit ses trois seules compagnies de rang international mordre la poussière : Ethiopian Airlines, la seule rentable du continent, Kenya Airways et South African Airways. Déjà en dépôt de bilan, cette dernière est désormais à court de liquidités.

Souci de souveraineté

En Europe et aux Etats-Unis aussi, les pavillons nationaux sont en déroute et en appellent aux gouvernements. Tous ont compris qu’il faudrait en passer par des nationalisations au moins partielles : la France et les Pays-Bas pour Air France-KLM, l’Allemagne pour Lufthansa et même le Royaume Uni pour IAG, maison mère de British Airways. Aux Etats-Unis, les American Airlines, Delta et Southwest Airlines ont dû également se résoudre à inviter l’Etat dans leur capital.

Nous vivons en direct le crash d’une industrie. Personne n’y échappera. Le sort de Hainan Airlines sera probablement d’être avalé par un concurrent étatique. Ces nationalisations massives répondent plus à un souci de souveraineté qu’à une quelconque rationalité économique. Discours dorénavant à la mode. Mais les Etats, affaiblis par l’effondrement de leurs recettes et l’explosion de leur dette, pourront-ils tous sauver leurs fleurons à fonds perdu, alors qu’il y a tant à faire de tous côtés ?

La crise née des attentats du 11 septembre 2001 a profondément changé la physionomie du secteur, notamment en Europe avec, entre autres, la disparition de Sabena et Swissair. Le cataclysme actuel, bien plus violent, avec une économie mondiale appauvrie, redessinera le secteur plus sensiblement encore. Les survivants en sortiront renforcés, mais redécolleront sur un champ de ruines.

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Déconfinement : comment les entreprises doivent-elles se préparer à protéger leurs salariés ?

« L’entreprise doit  mettre en place une organisation spécifique et des mesures de prévention pour respecter la distanciation sociale, que les salariés soient en openspace, sur une chaîne de montage ou derrière une caisse de supermarché » (Caisses de l'hypermarche Leclerc de Blagnac, le 17 mars).
« L’entreprise doit  mettre en place une organisation spécifique et des mesures de prévention pour respecter la distanciation sociale, que les salariés soient en openspace, sur une chaîne de montage ou derrière une caisse de supermarché » (Caisses de l’hypermarche Leclerc de Blagnac, le 17 mars). VINCENT NGUYEN / RIVA PRESS POUR « LE MONDE »

Pour préparer le retour des salariés sur site à partir du 11 mai, l’évaluation des risques à réaliser, en concertation avec les salariés et les services de santé, est considérable. Elle doit être minutieuse et sera contrôlée par l’inspection du travail. Il ne s’agit pas simplement de distribuer masques et savon, mais bien de prévenir les risques sur chaque poste de travail avec une organisation spécifique garantissant notamment le respect des gestes barrières et de la distanciation sociale.

Quelle que soit leur activité, les entreprises ont l’obligation renforcée en période de pandémie de mettre en œuvre strictement les règles relatives à la protection de la santé et à la sécurité du personnel. De manière habituelle, selon les articles L 4121-1 et suivants du code du travail, l’entreprise doit évaluer les risques de son activité dans un document unique d’évaluation des risques (DUER), puis mettre en œuvre des « actions de prévention » et des « méthodes de travail et de production garantissant un meilleur niveau de protection ».

Cette obligation est renforcée en cas d’exposition à un agent biologique dangereux. Certes cette exposition peut être inhérente à l’activité même de l’entreprise (exemple du laboratoire d’analyses médicales). Toutefois l’article R4421-1 pose le principe que si l’évaluation révèle l’existence d’un « risque spécifique », certaines des règles, plus strictes, de prévention des risques biologiques prévues aux articles R4424-2 et suivants s’appliqueront.

« Risque de propagation »

Dans le contexte d’urgence sanitaire liée à l’épidémie de Covid-19, toutes les entreprises doivent donc compléter leur DUER en évaluant le risque spécifique de transmission de ce virus en leur sein, en tenant compte de la distance entre les postes de travail, de la circulation des salariés, etc.

En l’état des connaissances médicales diffusées sur ce virus, l’entreprise doit tenir compte du fait qu’il se transmet par les gouttelettes produites par la respiration, qu’il reste présent sur des surfaces pendant un temps indéterminé, que la contagion peut provenir d’une personne non symptomatique, et qu’il s’agit d’un agent biologique pathogène du groupe 4 défini à l’article R4421-3, à savoir qu’il provoque « des maladies graves chez l’homme et constitue un danger sérieux pour les travailleurs. Le risque de (sa) propagation dans la collectivité est élevé. Il n’existe généralement ni prophylaxie ni traitement efficace ».

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Coronavirus : face à l’épidémie, les coursiers livrés à eux-mêmes

Sur le trajet de Charly. Pont Saint-Louis

CAMILLE MILLERAND / DIVERGENCE POUR « LE MONDE »

Par

Publié hier à 03h59, mis à jour à 08h32

Mis à part quelques sans-abri, on ne voit plus qu’eux dans l’espace public. Vidées par l’épidémie de Covid-19, les rues semblent presque leur être offertes. Sur leurs vélos, ils descendent les boulevards ou patientent dans l’attente d’une commande. Leur sac à dos isotherme siglé annonce qu’ils roulent pour Uber Eats, Deliveroo, Stuart ou Frichti. Ils livrent repas et courses à ceux qui n’osent, ne veulent, ne peuvent ou ne doivent plus sortir.

« Si je tombe malade, c’est la volonté de Dieu. » Charly se veut philosophe. Cet Ivoirien de 25 ans est coursier pour la plate-forme Stuart, filiale de La Poste, et il n’a pas peur d’attraper le virus. Au début du confinement, il avait pourtant décidé de rester chez lui, dans l’appartement qu’il occupe avec son père, agent de sûreté et toujours en activité. Puis des amis livreurs lui ont dit : « C’est bon, tu peux venir. » Et Charly a pensé : « Puisque d’autres travaillent, pourquoi pas moi ? » Au bout de deux semaines, il est donc reparti arpenter Paris et sa banlieue.

Livraisons dans l’arrière cour d’un immeuble du 5e arrondissement et à la cité Veron, dans le 18e arrondissement de Paris.
Livraisons dans l’arrière cour d’un immeuble du 5e arrondissement et à la cité Veron, dans le 18e arrondissement de Paris. CAMILLE MILLERAND / DIVERGENCE POUR « LE MONDE »

Pouvait-il en être autrement ? Micro-entrepreneurs, les coursiers à vélo ne peuvent pas faire valoir un droit de retrait ou être placés en chômage partiel. Arrivé en France en octobre 2019, Charly est en situation irrégulière. Hormis une courte expérience de manœuvre dans le bâtiment, il n’a pas trouvé d’autre source de revenus que la livraison. Il travaille grâce au compte Stuart ouvert au nom de son père, en situation régulière, lui.

« Hier, ça n’a pas marché, j’ai fait 33 euros »

Par une journée d’avril à la météo clémente, Charly a ainsi charrié sur son dos de la charcuterie, des bretzels, de la bière, de la confiture, des oranges et des branches de céleri, un filet de bar ou encore des merguez et des mousses au chocolat.

Il a réalisé, en huit heures de travail et une douzaine de livraisons, 73 euros de chiffre d’affaires, auxquels il faudra retrancher 22 % de charges sociales. En période de confinement, il y a des journées plus difficiles : « Hier, ça n’a pas marché, j’ai fait 33 euros », nous confiait, mercredi 15 avril, le jeune homme.

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Le secteur de la livraison a été bousculé par la crise sanitaire. « L’activité est très clairement en baisse », note Pierre, un livreur parisien de 37 ans, qui pédale pour Deliveroo. Depuis le début du confinement, il estime gagner aux alentours de 10 euros de l’heure. « Avec les cotisations, je suis en dessous du smic, note-t-il. Alors que je travaille le soir et le week-end. »

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Coronavirus : comment le chômage partiel comptera-t-il pour la retraite ?

Les périodes de chômage partiel donnent droit, sous certaines conditions, à des points de retraite Agirc-Arrco.
Les périodes de chômage partiel donnent droit, sous certaines conditions, à des points de retraite Agirc-Arrco. Achim Sass/Westend61 / Photononstop

Quasi neuf millions de salariés. Le dernier chiffre communiqué sur le dispositif exceptionnel d’activité partielle mis en place dans le contexte de la pandémie donne le vertige. L’indemnité de chômage partiel ne constituant pas un salaire et n’étant donc pas soumise à cotisations retraite, se pose, pour les actifs concernés, la question de l’impact de cette situation sur leurs futures pensions…

« Autant rassurer tout de suite : pour la plupart des salariés, les conséquences sur la retraite de quelques semaines de chômage partiel seront inexistantes ou faibles. Notre système de retraite est protecteur, les règles de calcul des pensions permettent aux salariés de ne pas y laisser trop de plumes quand ils font face à un accident de la vie et ne cotisent pas », souligne Dominique Prévert, du cabinet Optimaretraite.

Aucun trimestre perdu pour la plupart des salariés

« On ne peut toutefois pas dire que le chômage partiel sera sans effet. Pour comprendre les potentiels impacts, et qui serait concerné, il faut entrer dans le détail du calcul des pensions, qui est tout sauf simple », poursuit-il.

Commençons par les pensions de base du régime général, versées par l’Assurance-retraite. La règle est la suivante : le chômage partiel ne permet pas d’engendrer des trimestres, contrairement au chômage indemnisé « traditionnel ».

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N’en déduisez toutefois pas, si vous êtes au chômage partiel, que vous serez amené à partir plus tard à la retraite. La plupart des salariés en activité partielle auront tout de même leurs quatre trimestres en 2020. Rappelons en effet que pour engranger quatre trimestres sur l’année civile, un salaire de 6 090 euros touché en 2020 suffit (soit 600 fois le montant du smic horaire) – le salaire brut requis pour valider un trimestre s’élevant à seulement 1 522,50 euros.

Autrement dit, si le reste de l’année, vous avez ces 6 090 euros de salaire brut en dehors de votre indemnité de chômage partiel, vous ne subirez aucune perte de trimestres. Un salarié payé au smic, par exemple, remplit cette condition en seulement quatre mois de salaire.

Les temps très partiels affectés

« La question de l’impact en termes de trimestres se pose uniquement pour les personnes qui, à cause de leur chômage partiel, seront amenées à percevoir moins de 6 090 euros de salaire brut au total dans l’année », note M. Prévert. Celles travaillant à temps très partiel, notamment.

Pour un salarié à temps partiel, dont le salaire brut s’élève habituellement à 550 euros par mois, et 6 600 euros sur l’année (rémunération sur douze mois), un mois de chômage partiel abaissera par exemple sa rémunération brute annuelle soumise à cotisations à 6 050 euros, ce qui ne lui permettrait de valider que trois trimestres, en l’état actuel de la réglementation (il n’atteindrait pas les 6 090 euros).

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« L’impact du chômage partiel sur les très bas salaires annuels dépendra de combien de temps durera la situation », ajoute M. Prévert. Pour un salarié rémunéré 600 euros bruts par mois et donc, habituellement, 7 200 euros sur l’année, un mois de chômage partiel fera passer sa rémunération annuelle à 6 600 euros en 2020, montant suffisant pour obtenir quatre trimestres. Deux mois, en revanche, lui feraient perdre un trimestre (rémunération brute abaissée à 6 000 euros).

Un dispositif dérogatoire en vue ?

Pas sûr, toutefois, que des trimestres soient réellement « perdus » dans l’affaire, même pour les salariés travaillant à temps très, très partiels. Le gouvernement réfléchit en effet à introduire un dispositif dérogatoire à même de neutraliser l’impact pour les personnes concernées.

Pour le calcul des trimestres, les périodes d’activité partielle pourraient par exemple être considérées comme des « périodes assimilées », comme le sont déjà les arrêts-maladie ou encore le chômage indemnisé classique.

« Il n’y a pas de raison, dans le contexte, de traiter différemment une personne en arrêt pour maladie, une autre en congé pour garde d’enfant, et une autre en activité partielle », confie un proche du dossier.

L’impact sur le salaire de référence et les points Agirc-Arrco

« Si elle n’impactera pas le quota de trimestres de la plupart des salariés, la période d’activité partielle pourrait affecter, à la marge, le montant de la future pension de base si elle joue sur le salaire de référence pris en compte pour calculer la pension de base, le salaire moyen des vingt-cinq meilleures années », complète Dominique Prévert. « Mais là encore, pour des raisons très techniques relevant du complexe calcul de la pension de base, l’impact devrait être généralement faible ou inexistant. »

Le principal risque est qu’en réduisant le salaire soumis à cotisation que vous recevrez en 2020, votre période de chômage partielle ne fasse sortir cette année de vos vingt-cinq meilleures, si toutefois elle devait y figurer, pour la remplacer par une autre année…

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Quid des pensions complémentaires, versées par l’Agirc-Arrco ? Si vous touchez une indemnité d’activité partielle, des points peuvent vous être attribués à une condition : que la durée de l’activité partielle dépasse soixante heures en 2020. Ce qui devrait être le cas pour la plupart des salariés concernés.

Et le congé pour garde d’enfant ?

Autre dispositif exceptionnel ouvert depuis la fermeture des crèches et écoles le 16 mars : l’arrêt de travail pour garde d’enfant. Les indemnités journalières versées par l’Assurance-maladie ne sont pas soumises à cotisations, mais les périodes compteront quand même pour la pension de base du régime général : un trimestre sera accordé tous les soixante jours d’indemnisation (sans pouvoir vous amener à dépasser quatre trimestres sur l’année). Ces indemnités ne compteront en revanche pas dans le calcul du salaire moyen de vos vingt-cinq meilleures années.

Pour la pension Agirc-Arrco, ces semaines seront traitées comme des périodes d’incapacité de travail et conféreront donc des points seulement si l’arrêt dure au moins soixante jours consécutifs. Combien de points seront acquis si vous entrez dans ces critères ? Autrement dit, si le dispositif demeure ouvert au moins soixante jours et que vous avez pris le congé sans interruption sur ce nombre de jours – compliqué si le congé a été partagé entre les deux parents. Le calcul sera généralement basé sur les points acquis en 2019.

Exemple : Tom a acquis 120 points en 2019, donc 0,3288 point par jour. S’il prend en 2020 quatre-vingt-dix jours de congé garde d’enfant, il obtiendra, au titre de l’incapacité de travail, 90 x 0,3288 = 25,59 points – en plus des points acquis par ses cotisations du reste de l’année (sans pouvoir acquérir, au total en 2020, plus que les 120 points de 2019).

Combien de points ? « L’attribution se fera non pas sur la base de l’indemnité touchée, mais du salaire touché l’année de l’activité partielle », explique François-Xavier Selleret, directeur général du régime. Le nombre de points obtenu au final sera celui que vous auriez eu si vous aviez touché votre salaire habituel pendant la période, légèrement diminué en raison de la période de carence de soixante heures qui s’applique.

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Le calcul est le même que l’employeur de M. Durand l’indemnise ou non au-delà des 70 % de son salaire brut prévus, dans le dispositif, pour les salariés gagnant plus que le smic, précise l’Agirc-Arrco.

La Halle veut se délester de 150 à 200 magasins

Un magasin La Halle, en janvier 2017 à Bailleul.
Un magasin La Halle, en janvier 2017 à Bailleul. PHILIPPE HUGUEN / AFP

Le temps de Vivarte est compté. Le groupe a annoncé mercredi 15 avril qu’il va demander l’ouverture d’une procédure de sauvegarde auprès du tribunal de commerce de Paris pour son enseigne La Halle. La décision s’est imposée au président de Vivarte, Patrick Puy, compte tenu « du rythme de consommation de cash » au sein du groupe qui, outre La Halle, détient les chaînes Minelli et Caroll. Ces deux dernières enseignes ne sont pas concernées.

La Halle − concurrent de Kiabi et qui exploite 850 magasins d’habillement et de chaussures − a consommé l’essentiel des 100 millions d’euros de trésorerie, absorbés depuis fin août 2019, a assuré M. Puy, lors d’une conférence téléphonique avec la presse, mercredi 15 avril. La fermeture des magasins, mi-mars, à la suite de la mise en place des mesures de confinement, a accéléré cette dégradation. « Le Covid-19 nous a assassinés », avance M. Puy. Entre le 15 mars et le 11 mai (date théorique de réouverture des magasins d’habillement en France), le groupe pourrait avoir perdu 106 millions d’euros de chiffre d’affaires. « Au risque de placer l’entreprise en cessation de paiements fin mai », explique M. Puy.

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Pour l’éviter, Vivarte a donc recours à cette procédure de sauvegarde « qui permet de donner un cadre clair à la suspension des paiements », explique Noam Ankri, associé du cabinet d’avocats Ashurst, spécialiste de la restructuration des sociétés. L’enseigne peut ainsi éviter le paiement des loyers de ses magasins à ses bailleurs.

Une « telle panade »

Que deviendra le groupe ensuite ? Le dirigeant affirme déjà savoir quelles sont les autres mesures nécessaires pour la survie de Vivarte qui emploie 6 500 salariés et génère 1,2 milliard d’euros de chiffre d’affaires. La Halle doit réduire son parc de magasins de 820 unités, pour n’en exploiter que 600 environ, estime le spécialiste de la restructuration d’entreprises qui dit « rêver de sauver 3 500 à 4 000 postes au sein de La Halle ». L’enseigne emploie aujourd’hui 5 500 personnes.

A en croire le dirigeant, 150 à 200 points de vente La Halle doivent être « cédés ou fermés ». Toutefois, une fermeture semble probable. Car « vendre des magasins relèvera de l’exploit », observe M. Puy, alors que le marché tricolore de la distribution d’habillement est à la peine depuis une douzaine d’années et que rares sont les investisseurs « à s’y intéresser ».

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Coronavirus : certains fonctionnaires recevront une prime pouvant aller jusqu’à 1 000 euros

Emmanuel Macron l’a promise le 25 mars, elle est au programme du conseil des ministres du mercredi 15 avril : certains fonctionnaires toucheront une prime pouvant aller jusqu’à 1 000 euros. C’est Olivier Dussopt, secrétaire d’Etat chargé de la fonction publique, qui l’a annoncé aux syndicats, mardi 14 avril, lors de la réunion en visioconférence qu’il tient chaque semaine avec les organisations représentatives de la fonction publique. Certains aspects seront inclus dans le projet de loi de finances rectificative qui devait être présenté mercredi par le gouvernement.

Evoquant « reconnaissance » et « respect » vis-à-vis des agents publics mobilisés dans la lutte contre le coronavirus, Emmanuel Macron avait, fin mars, annoncé avoir demandé au gouvernement « d’apporter une réponse claire, forte et de court terme pour l’ensemble des personnels soignants comme pour l’ensemble des fonctionnaires mobilisés, afin de majorer les heures supplémentaires effectuées et sous forme d’une prime exceptionnelle pour pouvoir accompagner financièrement cette reconnaissance », a-t-il dit.

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La prime sera exonérée d’impôts et de cotisations sociales, ainsi que le demandaient les employeurs territoriaux. Elle sera versée aux agents des trois « versants » (Etat, collectivités locales, hôpitaux) qui font face à un important surcroît de travail, notamment dans le cadre des plans de continuité d’activité, sur place ou à distance. Elle sera également modulable, c’est-à-dire fixée individuellement en fonction de l’engagement de l’agent, de la durée de sa mobilisation, etc. Pour la fonction publique de l’Etat, 400 000 agents sont concernés et cela représentera 300 millions d’euros, a précisé M. Dussopt.

« La prime n’est pas ce qui rendra la santé aux fonctionnaires »

Pour les personnels hospitaliers, la prime sera d’un montant plus élevé : de 500 ou 1 500 euros, a assuré le premier ministre, Edouard Philippe, à l’issue du conseil des ministres, mercredi. Elle sera modulée en fonction de la prise en charge ou non de victimes du Covid-19 par les établissements. D’ailleurs, pour les agents des hôpitaux et des Ehpad, le gouvernement va décider du paiement rapide des heures supplémentaires. Celles-ci, en effet, sont le plus souvent récupérées ou placées sur un compte épargne-temps. Cela représentera 1,3 milliard d’euros, a précisé le ministre de la santé, Olivier Véran.

« La prime n’est pas ce qui rendra la santé aux fonctionnaires, rappelle Jean-Marc Canon, secrétaire général de l’Union fédérale des syndicats de l’Etat (CGT). La priorité avant de donner de l’argent, c’est que tous les agents qui travaillent dans des conditions parfois dantesques disposent des moyens de protection nécessaires. Après la crise, nous ne revendiquerons pas tant une prime qu’une véritable négociation salariale. »

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Solidaires, de son côté, regrette la modularité de la prime. « Cela va créer des problèmes entre les agents dans les services, prévient Gaëlle Martinez, déléguée générale fonction publique. Surtout que l’on ne choisit pas non plus les missions qu’on exerce. Certains fonctionnaires seront exclus. »

Une ordonnance sera également présentée en conseil des ministres concernant les congés. L’Etat pourra imposer jusqu’à dix jours de congés et/ou de RTT pendant la période de confinement aux agents qui ont reçu l’autorisation de s’absenter, et cinq jours pour ceux qui télétravaillent, comme dans le privé. Les jours de congés déjà demandés et pris par les agents durant ces périodes seront décomptés. Les enseignants, les agents qui sont restés en activité et les personnels hospitaliers ne sont pas concernés par ces mesures.

« Cette mesure apparaît comme punitive et malvenue », a réagi Luc Farré, secrétaire général de l’UNSA Fonction Publique, considérant que la prime est « gâchée par une suppression de jours de congés ».

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Amazon : « La crise nous fait basculer dans les nouveaux Temps modernes »

Pertes & profits. Cette crise devait être une forme de sacre pour Amazon. La démonstration éclatante de son utilité sociale et de sa suprématie sur ses concurrents physiques, fermés pour cause de confinement. Grâce à lui des millions de reclus conservent une petite fenêtre marchande sur l’extérieur. Chez Amazon, comme naguère à la Samaritaine, on trouve tout, du dernier prix Goncourt à la table de jardin, de la console de jeu à la grenouillère pour bébé. Et le succès est au rendez-vous, les ventes grimpent et l’entreprise embauche à tour de bras au moment où le commerce licencie en masse ou place en chômage technique des cohortes entières de salariés. La dernière bouée de sauvetage de l’économie.

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Et puis voilà que le tribunal judiciaire de Nanterre ordonne, mardi 14 avril, au plus gros magasin en ligne du monde de ne plus vendre en France que des produits essentiels, d’alimentation et de santé, sous peine d’une amende de un million d’euros par jour. Non pas que les juges aient trouvé immoral de commercialiser des objets plus futiles en cette période troublée, mais parce que l’entreprise n’a pas suffisamment respecté « son obligation de sécurité et de prévention de la santé des salariés ».

Révolution en marche

Pourtant, la société, qui assure que « rien n’est plus important que la sécurité des collaborateurs », n’a pas lésiné sur les fournitures : 27 000 litres de gel hydroalcoolique, 1,5 million de masques, pour les seuls 6 500 salariés français. Mais les inspecteurs, alertés par le syndicat SUD, auteur de la plainte en justice, ont souligné la promiscuité dans les vestiaires, la distance entre opérateurs dans les entrepôts… Pour le syndicat, la protection des salariés passe par la réduction de l’activité, limitant le personnel nécessaire, et donc les risques de contamination.

Cette histoire promet des jours difficiles lorsque le déconfinement se produira. Voulant protéger leurs troupes, les syndicats seront intraitables sur les consignes de sécurité quand les directions seront obsédées par le retour à une activité décente et à la rentabilité. D’autant que toutes les sociétés ne sont pas aussi riches qu’Amazon pour noyer ses salariés sous les hectolitres de gel et les millions de masques. Il faudra de bonnes heures de discussion avec les représentants du personnel.

Amazon : en France, une activité jalonnée de conflits sociaux

Avril 2020 : des salariés mobilisés contre le Covid-19

Le 18 mars, les salariés d’Amazon Saran (Loiret) appelaient à un débrayage et demandaient la fermeture du site, s’estimant mal protégés contre le coronavirus.
Le 18 mars, les salariés d’Amazon Saran (Loiret) appelaient à un débrayage et demandaient la fermeture du site, s’estimant mal protégés contre le coronavirus. PhotoPQR/République du Centre/MaxPPP

Menaçant de se mettre en grève ou d’exercer leur droit de retrait, des salariés d’Amazon se mobilisent, depuis plusieurs semaines, contre des conditions de sécurité jugées insuffisantes. Cinq entrepôts de la firme sur six ont été mis en demeure par le ministère du travail de mieux protéger les salariés contre le Covid-19. Puis la mise en demeure a été levée pour trois d’entre eux. Ce qui n’a pas convaincu le syndicat Sud-Solidaires, qui a assigné, le 10 avril, la multinationale en référé devant le tribunal de Nanterre afin d’obtenir « l’interdiction de continuer à employer du personnel sur ses six sites français et, à tout le moins, de réduire, comme la société s’y est engagée, son activité aux 10 % de marchandises “essentielles” ». Quatre jours plus tard, la juridiction a estimé que la société avait « de façon évidente méconnu son obligation de sécurité et de prévention de la santé des salariés ». Elle lui enjoint de restreindre son activité « aux seules activités de réception des marchandises, de préparation et d’expédition des commandes de produits alimentaires, d’hygiène et médicaux ».

Février 2019 : condamnation des prud’hommes à Orléans

A l’intérieur du site de distribution d’Amazon à Saran, dans la banlieue d’Orléans (Loiret).
A l’intérieur du site de distribution d’Amazon à Saran, dans la banlieue d’Orléans (Loiret). PhotoPQR/Le Parisien/MaxPPP

C’est une décision très attendue par beaucoup de salariés français de la plateforme américaine. Le conseil des prud’hommes a condamné le géant de la vente en ligne à réévaluer le statut de sept salariés caristes du site d’Orléans (Loiret). Une situation qui avait été dénoncée, un an auparavant, par la commission paritaire permanente de négociation et d’interprétation, qui affirmait que le classement des salariés d’Amazon ne respectait pas la convention collective. La juridiction orléanaise a assorti sa décision d’un rappel de salaire, de congés payés et de treizième mois. Au total, ce sont près de 154 000 euros qui devront être versés aux sept employés.

Janvier 2019 : quatre « gilets jaunes » licenciés

Le 5 février 2019 à Montélimar (Drôme), Des gilets jaunes, la CGT et la CFDT manifestent devant Amazon, qui veut licencier pour « faute grave » quatre personnes qui ont apporté leur soutien aux « gilets jaunes ».
Le 5 février 2019 à Montélimar (Drôme), Des gilets jaunes, la CGT et la CFDT manifestent devant Amazon, qui veut licencier pour « faute grave » quatre personnes qui ont apporté leur soutien aux « gilets jaunes ». PhotoPQR/Le Dauphiné/MaxPPP

Quatre salariés du groupe ont été licenciés pour avoir exprimé sur les réseaux sociaux leur solidarité avec le mouvement des « gilets jaunes » : deux logisticiens à Douai (Nord), un salarié de Montélimar (Drôme) et un autre sur le site de Saran (Loiret). Ce dernier, Rémi Deblois, avait posté le 18 novembre 2018 ce message sur Facebook : « Pour frapper un grand coup et nuire à l’économie, blocage des entrepôts Amazon. La semaine du Black Friday commence demain et c’est encore les plus aisés qui vont en profiter. » La direction l’accuse de manque de loyauté et estime que ce texte démontre son « envie manifeste de dénigrer l’entreprise et de lui porter préjudice ». Rémi Deblois a décidé de contester son licenciement.

Octobre 2018 : le rapport qui épingle le site de Montélimar

La base logistique d’Amazon à Montélimar (Drôme), en février 2019.
La base logistique d’Amazon à Montélimar (Drôme), en février 2019. Nathalie Rodrigues/Radio France/Maxppp

Une petite bombe. En l’occurrence, un rapport de 217 pages qui raconte par le menu les effets du système Amazon sur les salariés du site de Montélimar, une des cinq plateformes de stockage du groupe à l’époque en France. Mené à la demande du CHSCT par le cabinet Syndex auprès de 256 salariés (sur un total de 776), le document révèle notamment que 44 % des sondés ont déclaré avoir consulté leur médecin traitant pour un problème lié à leur environnement de travail, et 70 % affirment être en état de stress au travail. La direction du groupe a assuré « prendre très au sérieux ce rapport ».

Juin 2013 : grève à l’entrepôt de Saran

Saran est le premier site d’Amazon à avoir ouvert en France.
Saran est le premier site d’Amazon à avoir ouvert en France. PHOTOPQR/OUEST FRANCE/ maxppp

Mauvaise séquence pour le géant américain. Alors qu’Aurélie Filippetti, à l’époque ministre de la culture du gouvernement de Jean-Marc Ayrault, vient d’accuser la multinationale de « dumping » sur le marché de l’édition, une centaine de salariés (sur un total de 900) du site de Saran se met en grève, imitant ainsi leurs collègues allemands. Ils dénoncent des salaires trop bas, des cadences de travail jugées trop soutenues et « une surveillance de tous les instants ». Inauguré en 2007, cet entrepôt géant de 70 000 mètres carrés est le premier site du géant américain à avoir ouvert en France.

L’action se déroule chez Amazon car le symbole est fort, médiatique et américain, alors que tout est disponible en ce moment sur Internet chez les innombrables marchands français de la toile, sans pour autant que l’on soit certain que les manutentionnaires et les livreurs soient mieux traités que chez le géant de Seattle. Mais il incarne à lui seul cette révolution en marche, comme Ford dans les années 1930 avec la révolution industrielle. Même promesse de prospérité et d’emploi, mais même rudesse dans les rapports sociaux. Les employés des immenses entrepôts robotisés d’Amazon sont comme Charlot dans Les Temps modernes, pris dans l’engrenage d’une machine qui les dépasse et les déshumanise. Comme le soulignait récemment l’économiste Daniel Cohen, la révolution numérique nous promet dans un même élan la croissance, l’emploi, le confort, la solitude et la précarité. La crise sanitaire d’aujourd’hui nous fait basculer dans les nouveaux Temps modernes. A nous d’inventer la société qui les rendront plus vivables.

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Quelle politique de relance en France pour l’après-crise du coronavirus ?

Bruno Le Maire, ministre de l’économie et des finances, dans son bureau à Paris, le 14 avril.
Bruno Le Maire, ministre de l’économie et des finances, dans son bureau à Paris, le 14 avril. BENOIT TESSIER / REUTERS

C’était il y a un an à peine. Le mouvement des « gilets jaunes » avait fait tanguer comme jamais le quinquennat d’Emmanuel Macron. Fin avril 2019, après un hiver de grand débat national et des mesures d’urgence pour le pouvoir d’achat, le chef de l’Etat annonçait une baisse de 5 milliards d’euros de l’impôt sur le revenu.

Une manière de montrer qu’il avait entendu la colère des manifestants, sans revenir trop fortement sur les gages donnés aux entreprises et aux « premiers de cordée », comme la suppression de l’ISF. Mais la politique de l’offre et de soutien aux entreprises afin de doper la croissance et l’emploi, héritée de la seconde moitié du quinquennat Hollande, et poursuivie par Emmanuel Macron, s’en trouvait toutefois amendée.

Un an plus tard, la situation est radicalement différente, mais les similitudes, troublantes. « Il nous faudra rebâtir notre économie plus forte afin de produire et redonner plein espoir à nos salariés (…). Il nous faudra rebâtir une indépendance agricole, sanitaire, industrielle et technologique française. Cela passera par un plan massif pour notre santé, notre recherche, nos aînés, entre autres », a assuré le président de la République à la fin de son allocution télévisée, lundi 13 avril, comme en écho au « quoi qu’il en coûte » de sa première prise de parole, le 12 mars.

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Le chef de l’Etat a aussi annoncé une aide exceptionnelle pour les familles modestes, déplorant que « notre pays, aujourd’hui, tient tout entier sur des femmes et des hommes que nos économies reconnaissent et rémunèrent si mal ».

Une préoccupation partagée par le ministre de l’économie et des finances, Bruno Le Maire. « Au moment où l’on s’aperçoit que l’on a besoin des caissières, des transporteurs, la question de la justice sur les salaires des plus modestes revient encore plus sur le devant de la scène », a-t-il souligné, mardi matin, sur BFM-TV.

Un ton qui contraste fortement avec celui employé à la fin de la semaine précédente. « Le redressement économique sera long, difficile et coûteux. Il demandera des efforts de la part de tous les Français », avait lancé le patron de Bercy, jeudi 9 avril, dans un entretien aux Echos.

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Récession inédite

De là à imaginer un nouveau tournant social pour la fin du quinquennat, il y a un pas qu’il ne faudrait pas franchir trop vite. Le coût sans précédent de la crise a fait voler en éclats la trajectoire budgétaire de l’exécutif. Le second projet de budget rectifié, qui devait être présenté en conseil des ministres mercredi 15 avril, entérine 110 milliards d’euros de mesures de soutien aux entreprises.

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Les professionnels du tourisme réclament des mesures rapides

L’annonce, lundi 13 avril, par le président de la République, de la mise en œuvre prochaine « d’un plan spécifique » pour le secteur du tourisme, de l’hôtellerie et de la restauration n’a pas suffi à calmer les angoisses des professionnels. « Je peux affirmer que 2020 est perdue pour le secteur », se lamente Roland Héguy, président de l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie (UMIH). Un pessimisme qui tranche avec le volontarisme affiché, par Jean-Baptiste Lemoyne, secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’Europe et des affaires étrangères, à l’occasion d’une conférence de presse, mardi 14 avril.

Selon lui, c’est la « satisfaction générale » qui règne chez les professionnels du secteur après l’allocution d’Emmanuel Macron. Il a évoqué les mesures de « soutien à court terme » par les autorités « d’un secteur principalement impacté ». Selon ses calculs, l’impact économique de la pandémie de Covid-19 sur le tourisme, l’hôtellerie et la restauration atteindrait 40 milliards d’euros par trimestre. Pour le seul tourisme, la facture mensuelle s’élèverait à 10 milliards d’euros.

Ce n’est donc pas un hasard si les entreprises de ce secteur ont été parmi les plus nombreuses à solliciter des prêts garantis par l’Etat. D’après les derniers décomptes, 1,26 milliard d’euros de prêts ont déjà été accordés, soit 11,45 % du total. Dans le détail, « quatre grandes régions », a pointé M. Lemoyne, l’Ile-de-France, PACA, la Nouvelle-Aquitaine et Auvergne-Rhône-Alpes, se partagent 60 % de la manne distribuée par les pouvoirs publics.

Une « année blanche »

Pour M. Lemoyne, ces sommes sont une bouffée d’oxygène bienvenue pour des entreprises souvent exsangues. Ces « prêts permettent d’obtenir jusqu’à un quart du chiffre d’affaires ». Surtout, a-t-il ajouté, ils interviennent alors que « l’on entre dans des mois importants pour le tourisme ». En juillet et août, le tourisme domestique génère 41 milliards d’euros, tandis que les revenus du tourisme international s’élèvent à 14 milliards d’euros.

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M. Lemoyne a aussi tenté de calmer les « attentes des professionnels » qui souhaiteraient connaître le calendrier de « la relance de la filière ». Surtout, les entreprises veulent savoir quand « les annulations de charges », évoquées par le président de la République seront effectives. A en croire M. Lemoyne, cela pourrait prendre encore un moment. Le secrétaire d’Etat a prévu de se réunir avec le ministre de l’économie et des finances, Bruno Le Maire, et les représentants du secteur, « jeudi 16 ou vendredi 17 avril ». Un premier rendez-vous de « préparation » avant la tenue d’un comité interministériel consacré au tourisme prévu « courant mai », sans plus de précision. Ces annulations de charges pourraient aller jusqu’à 750 millions d’euros, selon le ministre de l’action et des comptes publics, Gérald Darmanin, mercredi 15 avril, sur Europe 1.

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