Tribune. Nous vivons en régime de coronavirus. Avec un premier souci évident : celui de notre santé individuelle et collective, en se donnant les pleins moyens de prévenir, de protéger, de guérir. Pas question toutefois de renoncer à vivre face à un fléau de ce type, mais plutôt de chercher à vivre différemment, en mode adapté. Certaines missions, certes non vitales, n’en restent pas moins essentielles. C’est bien le cas de la formation, qui est à la source de l’épanouissement personnel et social. La fermeture des établissements scolaires pose clairement la question : comment continuer à se former en temps de crise épidémiologique ?
Et si on apprenait dans les difficultés ? Et si le virus nous incitait à changer non seulement nos habitudes quotidiennes mais aussi notre manière de porter un certain nombre de grandes missions ? Car former autrement est possible, même nécessaire dans certains cas. D’autant que des solutions existent, éprouvées, qui fonctionnent parfaitement. Je pense, bien entendu, en premier lieu, à la formation à distance. C’est là l’alternative à privilégier pour concilier continuité de la mission de service public et respect des consignes de protection de nos concitoyennes et de nos concitoyens, la lutte contre la pandémie limitant drastiquement circulations et échanges.
Investir dans les infrastructures, une priorité
Le coronavirus doit nous servir d’électrochoc. Il doit nous pousser à avancer plus vite, plus loin et faire de la France un pays pionnier, voire exemplaire, pour la formation ouverte et à distance (FOAD). Cela suppose un engagement sans faille et une convergence de tous les efforts. A commencer bien sûr par la question des « tuyaux » : investir dans les infrastructures doit rester la priorité pour laquelle Etat et collectivités territoriales se mobilisent déjà. La généralisation du haut et du très haut débit sur l’ensemble du territoire est un impératif absolu.
Si la qualité de la transmission est majeure, le contenu l’est au moins autant. Beaucoup de ressources numériques existent, peut-être trop. Il est désormais essentiel qu’elles s’appuient sur un parcours pédagogique clairement identifiable. Il est nécessaire que leur qualité soit garantie et leur accessibilité facilitée, notamment en matière financière. Un pays comme la France doit se retrouver dans une offre pédagogique digitale de tout premier plan, en mesure de suppléer temporairement à l’indispensable médiation enseignante, y compris, d’ailleurs, en proposant des échanges interactifs à distance entre apprenants et formateurs. C’est un point important.
Chanel n’aura pas recours aux deniers publics. Après Danone, c’est au tour de la marque de luxe d’annoncer qu’elle maintiendra à 100 % les salaires de ses 8 500 employés en France « pendant 40 jours ouvrables, pour une période de 8 semaines, du 16 mars au 8 mai ».
« Cette décision relève de notre plan de solidarité responsable. Car l’Etat français va avoir d’autres priorités. Il lui faudra venir au secours d’entreprises en difficultés », explique au Monde Bruno Pavlovsky, président de Chanel SAS. Renoncer au recours au chômage partiel pour une durée de deux mois porte sur un montant de « plusieurs dizaines de millions d’euros », estime le dirigeant.
Le groupe, dont les ventes ont atteint 9,91 milliards d’euros en 2018, a fermé, début mars, toutes ses usines en Europe et notamment en France, où il emploie 7 500 personnes. Près des deux tiers des boutiques Chanel – la marque en exploite plus de 200 dans le monde pour y vendre ses collections de mode – sont également bouclées. Le fabricant est aussi confronté à la fermeture des grands magasins et des parfumeries où, d’habitude, il distribue ses gammes de maquillage, soins et parfums. Et, à en croire M. Pavlosky, le nombre de points de vente ouverts pourrait encore diminuer compte tenu des mesures de confinement « en cours d’adoption au Japon, en Australie, en Russie ou en Thaïlande ».
Faire face à « cette situation historique »
Pour faire face à « cette situation historique », l’entreprise, qui emploie 27 000 personnes dans le monde, puisera dans sa trésorerie. La société a dégagé un cash-flow libre opérationnel d’1,93 milliard d’euros en 2018.
M. Pavlovsky estime que Chanel devra apporter une « attention toute particulière à ses partenaires », à savoir ses fournisseurs, « afin d’être en mesure de repartir » lors du retour à la normale de l’économie et d’honorer les commandes « sur la deuxième partie de l’année 2020 ».
Des mesures de réduction de coûts seront adoptées chez Chanel
L’impact de la crise induite par l’épidémie de coronavirus devrait se chiffrer « en plusieurs dizaines de millions d’euros » dans les comptes de Chanel, juge le dirigeant, compte tenu d’une « forte réduction de chiffre d’affaires comprise entre 15 % à 20 % au cours de l’exercice 2020 ». Faute de « visibilité », le président de Chanel SAS prédit que cette chute pourrait même être plus importante. Ses estimations rejoignent celles esquissées par Kering. Le groupe qui détient, notamment, Gucci, Saint-Laurent et Bottega Veneta a dévoilé, le 20 mars, que son chiffre d’affaires sera en recul de l’ordre de 15 % en données comparables, au premier trimestre de l’exercice 2020.
Des mesures de réduction de coûts seront adoptées chez Chanel. La marque a renoncé à l’organisation du défilé de sa collection dite « croisière » prévue sur l’île de Capri, en Italie, en mai. Et ses modèles haute-couture ne défileront pas nons plus en juillet à Paris. La Fédération de la Haute-Couture et de la Mode a annoncé, vendredi 27 mars, son report. « Dans les trois mois qui viennent, il nous faut imaginer une autre façon de présenter nos collections que les défilés », prévient M. Pavlovsky, en rappelant combien les rassemblements seront cet été toujours sujets à caution.
Tribune. Le Covid-19 n’est sans doute pas une épidémie majeure, comparée au choléra (100 000 morts par an) ou au sida (un million de morts par an). Mais elle est exceptionnelle par les mesures de prévention qu’elle suscite, tel le confinement de plusieurs milliards de personnes, qui illustre cette formidable capacité de l’être humain – Homo technologicus depuis 3,3 millions d’années – à s’adapter rapidement à une situation nouvelle.
En ce temps de confinement, les objets informatiques sont ainsi, à nouveau, à la fois la pire et la meilleure des choses. La pire, quand ils permettent de surveiller les mouvements des malades à travers ceux de leurs téléphones mobiles. La meilleure, quand ils nous permettent de rester en contact avec nos familles, nos amis et nos environnements professionnels. Se confiner sans aucune communication avec les autres serait inhumain et sans doute impossible.
Un enseignant peut corriger ses copies au café, une avocate y rédiger sa plaidoirie, alors que le mineur ne peut travailler que dans une mine
Ainsi le confinement n’est pas, pour la plupart d’entre nous, un moment où, miraculeusement libérés de toute obligation, nous pourrions retrouver « le sens de l’essentiel ». C’est un moment où nous cherchons à faire face à nos responsabilités professionnelles d’une manière nouvelle, notamment par le télétravail. Ce télétravail n’est certes pas nouveau, mais le confinement actuel nous mène à l’expérimenter, pour la première fois, à grande échelle et nous permet d’évaluer la robustesse de nos discours à son propos, quand ils sont confrontés à la réalité.
Matériel et immatériel
Ces discours reposent sur l’observation que nous brassons désormais beaucoup plus d’information que de matière : il y a aujourd’hui beaucoup plus d’avocats ou d’enseignants que de paysans ou de mineurs. Or ce travail de l’information peut s’effectuer n’importe où. Un enseignant peut corriger ses copies au café, une avocate y rédiger sa plaidoirie, alors que le mineur ne peut travailler que dans une mine. Ainsi, le travail de l’information remplaçant peu à peu celui de la matière, le lien historique entre les concepts de travail et d’espace se défait : nous n’avons plus besoin d’espace de travail.
Pour l’essentiel, ce discours semble résister à l’épreuve de la réalité : depuis deux semaines, des millions de personnes rendent des services, produisent des contenus, organisent des réunions, des cours, etc. depuis chez elles. Mais ce passage du télétravail occasionnel au télétravail généralisé en fait apparaître certaines limites.
Tribune. Malgré l’indigence des autorités, incapables de fournir à temps des lits et des masques au lieu de beaux discours ; malgré la menace de la maladie, et la fatigue accumulée antérieurement du fait d’un travail notoirement sous pression ; malgré les démissions, le turnover, le manque d’infirmiers, voire de médecins, les personnels hospitaliers font face. Avec notre soutien admiratif.
Ont-ils le choix ? Oui et non. Dans sept enquêtes sur les relations de travail à l’hôpital, j’ai pu appréhender les dynamiques de l’engagement au travail, au cours de centaines d’entretiens. D’un côté, c’est leur travail et leur devoir à la fois, puisque leur travail consiste à prendre soin d’autrui soit directement, pour les soignants, soit indirectement, au moyen des supports logistiques, administratifs et techniques. Et, d’un autre côté, ce n’est pas parce que l’on est un agent hospitalier qu’on ne peut pas avoir de faiblesses, vouloir parfois se faire tout petit et laisser passer son tour.
Des soignants habitués à prendre sur eux
Les infirmières estiment volontiers que la moitié « seulement » d’entre elles sont très compétentes. C’est évidemment le discours de personnels exigeants, qui ne supportent pas, avec raison, les négligences, et encore moins la maltraitance. Mais c’est aussi un score remarquable : si la moitié des élèves d’une classe pouvaient se vanter d’être très bons…
D’ordinaire, l’engagement des personnels ne varie pas seulement selon la vocation individuelle, mais aussi selon l’unité considérée, autrement dit selon l’ambiance de travail du service. Comme dans une cité HLM, où la moindre vitre cassée donne un mauvais signal, il suffit d’un ou d’une cadre autoritaire, d’un médecin mégalo ou d’une paire de soignantes tyranniques pour gâcher l’ambiance. Les collectifs solidaires sont plutôt rares. Victimes du rythme productiviste et d’un imaginaire individualiste, les soignants sont habitués à prendre sur eux personnellement, voire à jouer au « super infirmier » au risque de l’épuisement individuel, plutôt qu’à tabler sur des ressorts collectifs. D’ailleurs les collectifs, on ne sait pas comment les construire, tout ce que l’on peut faire, c’est éviter de les détruire.
Marqués par la « révolution sida »
Cette collaboration au travail ordinaire, inégale selon le service, l’équipe, voire le binôme, ce sont aussi ces grandes épidémies extraordinaires qui l’animent. Ainsi, on se souvient encore, dans les services infectieux, de ce que les soignants ont nommé « la révolution sida ». Face à l’inconnu et au danger, on avait besoin de tout le monde. La hiérarchie, si prégnante d’habitude, s’efface au profit du coude-à-coude. C’est banal à dire, ça l’est moins à vivre. Comme des membres de commandos au clair de lune ou des « camarades » soudés dans la Résistance, les membres des services infectieux furent marqués à vie par leur expérience de travail solidaire. Gageons qu’il en ira de même après cette catastrophe sanitaire, après le désarroi face à la mort répétée de patients isolés.
Tribune. La France bénéficie d’un atout sérieux pour faire en sorte que la crise sanitaire et économique qui commence ne soit pas immédiatement amplifiée par une crise sociale majeure. Une partie significative du revenu des ménages (retraite, chômage, congé maladie, allocations familiales, RSA…) n’est pas strictement dépendante des soubresauts de l’économie. De plus, dès les premières heures de la crise, le gouvernement a annoncé des mesures volontaristes qui devraient permettre, à court terme, de protéger une grande partie du revenu d’une large fraction des salariés du privé en emploi stable. Les traitements des agents publics fonctionnaires ou sous contrat sont également maintenus. Ces mesures, si et seulement si elles sont correctement et rapidement mises en œuvre, pourraient protéger les revenus d’un grand nombre de ménages.
Mais pas tous, loin de là. Car le gouvernement qui, à juste titre, fait la liste des risques économiques par secteur (spectacle, commerce, agriculture, librairie…) et des réponses qui pourraient y être apportées, ignore jusqu’ici des segments entiers de la population, particulièrement exposés aux conséquences immédiates de la crise.
En premier lieu, les ménages les plus modestes, allocataires de minima sociaux et en particulier du RSA. Ces minima sociaux sont fixés à des montants trop faibles pour vivre (par exemple 841 € de RSA pour un couple avec enfant), dans le but de ne pas « désinciter » au travail. Ils sont articulés à des dispositifs comme la « prime d’activité » dont le montant augmente en fonction du nombre d’heures travaillées dans le mois. En temps normal, ces montants très faibles conduisent les « bénéficiaires » à un travail quotidien intense pour trouver des ressources, sous forme de travail informel, d’échange de services, ou de quelques heures d’intérim ou de CDD.
Annonces éparses
Cette économie, déjà difficile en temps ordinaire, est incompatible avec le confinement. De plus, la fermeture des cantines scolaires et des marchés augmente la facture alimentaire. Les ménages concernés (1,8 million de foyers au RSA en 2019) vont voir s’aggraver leurs difficultés financières pour s’approvisionner, payer leur loyer, se soigner, et rester confinés dans des logements inadaptés à la situation.
En second lieu, il y a tous les ménages qui ne sont pas ou mal couverts par la protection sociale. Un chômeur sur deux n’a pas assez de « droits » pour être indemnisé. C’est notamment le cas des autoentrepreneurs, dont le nombre a considérablement augmenté dans la dernière décennie, qui ne sont quasiment pas couverts. Parmi ceux-ci, les jeunes de moins de 25 ans n’ont même pas accès au RSA. Côté emploi, il y a toutes celles et ceux dont les emplois ne sont pas protégés par les mesures de chômage partiel : les intérimaires, les personnes en fin de CDD, les intermittents ou encore les pigistes, ont déjà très massivement perdu leur emploi. Leurs revenus risquent de décrocher fortement.
Des salariés d’Amazon en grève devant le site logistique de Lauwin-Planque (Nord), le 19 mars. PASCAL ROSSIGNOL / REUTERS
Deux semaines après l’annonce des premières mesures de confinement par Emmanuel Macron, les syndicats d’Amazon continuent de revendiquer l’arrêt du travail. « Amazon continue de privilégier ses ventes au détriment de la santé des ses employés. Chaque jour, il y a des milliers de contacts entre employés dans les entrepôts, c’est incohérent avec le fait de demander au reste des salariés de rester chez eux pour éviter la propagation du coronavirus », estime Julien Vincent, délégué central CFDT.
Signe de l’inquiétude, le taux d’absentéisme total atteindrait « autour de 50 % » dans la branche logistique d’Amazon, selon M. Vincent. Ce chiffre cumule les droits de retrait − que l’entreprise ne veut pas payer −, les congés, les congés sans solde et les maladies. Selon Alain Jeault, délégué central de la CGT, la direction a, elle, évoqué le taux de 30 % lors du comité d’entreprise extraordinaire de ce jeudi 26 mars. Contactée, la branche logistique d’Amazon estime ce chiffre trop élevé. L’entreprise objecte notamment que ces totaux intègrent des absences liées aux congés accordés aux parents d’enfants sans mode de garde. L’absentéisme total avoisinerait plutôt les 20 %, selon la direction.
Collègues en quarantaine
L’intersyndicale continue d’estimer les mesures de sécurité insuffisantes : « Manque de gel hydroalcoolique, pas de masques, pas de gants », liste Tatiana Campagne, élue SUD-Solidaires du site de Lauwin-Planque (Nord). Venir au travail chez Amazon implique aussi des contacts dans les transports en commun et il n’y a pas de contrôle de température, ajoute Jean-François Bérot, élu SUD-Solidaires du site de Saran,cité par La République du Centre. Dans cet entrepôt du Loiret, un employé a été diagnostiqué positif au coronavirus ce lundi et 32 collègues ont été envoyés en quarantaine pour avoir été à son contact.
Des employés protestent contre leurs conditions de travail devant le site Amazon de Saran (Loiret) le 18 mars. STRINGER / REUTERS
Amazon a renforcé progressivement sur ses sites les mesures pour tenter de faire respecter l’hygiène et la distanciation sociale entre salariés. « Avec une distance minimum de deux mètres, nous sommes mieux-disants par rapport aux recommandations des autorités », soutient la direction. Le gel hydroalcoolique est disponible sur les sites, selon l’entreprise. Quant au port de masques et de gants, « ce n’est pas une recommandation » des autorités.
« En tout cas, certains deviennent plus radicaux : on voit des profils qui faisaient du zèle se mettre à haïr l’entreprise. » Julien Vincent, délégué central CFDT
Les syndicats ont un nouvel angle d’attaque : selon eux, Amazon a menti en assurant ne distribuer que des « produits essentiels » pour répondre à la crise due au coronavirus. L’entreprise a annoncé, le 18 mars, se concentrer sur les produits pour la maison, alimentaires, médicaux, de soins de beauté… Or, Amazon livre aujourd’hui des transats, ironise une salariée du site de Boves, près d’Amiens, dans une photo partagée sur un groupe Facebook.
« On voit des ballons de foot, des consoles de jeu vidéo, de l’engrais pour gazon… et pas plus de riz ou de pâtes qu’avant », renchérit M. Vincent, qui a écrit au cabinet du ministre de l’économie, Bruno Le Maire, pour l’alerter. De fait, sur Amazon.fr, tout semble disponible, de la robe à l’appareil photo. Certes avec des délais de livraison rallongés. Ces derniers sont en moyenne plus longs pour les produits non prioritaires, assure la direction. Selon cette dernière, la politique de restriction est bien réelle et devrait être « de plus en plus visible ».« Nous sommes les seuls à avoir pris ce genre de décision », ajoute-t-on.
Dans ce conflit, Amazon peut se prévaloir d’une forme de soutien du gouvernement. Interrogée mercredi 25 mars à propos d’Amazon sur Europe 1, Muriel Pénicaud, la ministre du travail, a d’ailleurs répondu : « De ce que je sais, maintenant, les conditions de sécurité sont là. » Tout en demandant le respect du « dialogue social ».
Face à la fermeté d’Amazon, les salariés ne se découragent-ils pas ? « En tout cas, certains deviennent plus radicaux : on voit des profils qui faisaient du zèle se mettre à haïr l’entreprise », selon M. Vincent. « Nous n’allons pas lâcher le morceau, dit M. Jeault. Nous étudions avec les syndicats des recours judiciaires. Aux prud’hommes, pour faire payer les jours de droit de retrait. Et aussi au pénal, pour mise en danger de la vie d’autrui. »
Un kiosque à journaux, à Paris, le 19 mars au troisième jour du confinement imposé par le gouvernement pour faire face à l’épidémie due au coronavirus. THOMAS SAMSON / AFP
« Un dimanche soir, on était les maîtres du monde. Le lundi, c’était terminé. En 24 heures, le monde avait changé. » Trois semaines après l’annulation de l’Euro 2020, pour cause de coronavirus, et qui devait permettre au magazine So Foot de cartonner cette année, Franck Annese, le fondateur de So Press, n’en revient toujours pas. « C’était parti pour être notre meilleure année, on avait plein de projets, ça nous a séchés », témoigne le quadra à casquettes, qui a créé, outre So Foot, Society, Pédale ! (cyclisme), ou Running Heroes (course à pieds) ou Tampon ! (rugby).
Comme toute la presse, l’éditeur subit de plein fouet le cataclysme du Covid-19, qui fait fuir les annonceurs, ferme les kiosques, vide certaines rubriques (culture, loisirs, etc.) de leurs substances. Pour tenir la barre, Franck Annese a « suspendu les parutions d’avril de Tsugi, consacré à la musique, et de So Film, au cinéma », mis une soixantaine de CDI au chômage partiel, total ou à temps partiel, en fonction des métiers, et ce afin de « continuer à payer les pigistes », le nerf de la guerre de ses publications.
Chute de la pub
Au Parisien, l’annonce de mesures de chômage partiel, qui vont concerner la régie, une grande partie des fonctions supports, et la rédaction, a créé l’émotion en interne. Tous les journalistes des rubriques immobilier et hippisme sont mis à l’arrêt, comme la moitié des rédacteurs sport, et 30 % du service culture-spectacle. « Nous avons eu soudainement l’impression de ne plus faire partie de la grande famille de la rédaction. Le sentiment qu’il y a désormais des journalistes dont le travail est nécessaire et d’autres dont on n’a plus besoin », s’est ému le service sport, dans une lettre ouverte à la direction, et signée par une grande partie de la rédaction.
« Nous sommes touchés plus que d’autres par la fermeture de nombreux points de vente. Sans compter la chute de la pub », justifie Sophie Gourmelen, la directrice générale du journal. Pourquoi le propriétaire du titre, Bernard Arnault, qui a fait don de 40 millions de masques aux hôpitaux, ne donne-t-il pas un coup de main au titre, s’interrogent certains journalistes ? « L’actionnaire nous a aidés sur pas mal de choses. Mais l’on doit préserver au mieux le résultat de l’entreprise », justifie la dirigeante.
Les rédactions tournent à plein régime, les audiences des sites Internet sont en hausse, les abonnements numériques explosent
En Norvège, le taux de chômage est passé de 2,3 % de la population active à 10,4 % en un mois, un record depuis la seconde guerre mondiale. En Autriche, 163 000 nouveaux inscrits sont venus pointer aux services de l’emploi en dix jours, soit un bond de 40 %. En Suède, sur la seule semaine du 16 au 22 mars, 14 000 salariés ont reçu un préavis de licenciement, contre une moyenne habituelle de 3 000… par mois.
Ailleurs, en Europe, les statistiques ne sont généralement pas encore disponibles, mais la même histoire se répète à grande échelle.
Les hôtels suédois Scandic ont licencié 2 000 personnes, près de la moitié de leur personnel. En Hongrie, l’aéroport de Budapest a supprimé 15 % de ses effectifs. Au Royaume-Uni, raconte la BBC, Tom Danousias, 23 ans, a reçu une lettre de licenciement de son employeur, une entreprise qui vend des produits pour le secteur hôtelier. « Je vous écris pour vous confirmer que nous mettons fin à votre emploi le 18 mars à cause (…) de l’épidémie de coronavirus. » Il n’avait été embauché qu’un mois plus tôt et l’entreprise a utilisé la période d’essai pour se séparer immédiatement de lui.
Sous perfusion
Alors que la pandémie due au coronavirus se répand, forçant l’arrêt brutal de l’économie, le spectre du chômage de masse réapparaît. L’Organisation internationale du travail (OIT) pense qu’il pourrait y avoir entre 5 et 25 millions de chômeurs supplémentaires à travers le monde, suivant les scénarios économiques, dont la moitié dans les pays les plus développés.
Devant l’usine Sevelnord de PSA, à Hordain (France), le 16 mars 2020. PASCAL ROSSIGNOL / REUTERS
Partout, en Europe, les gouvernements ont réagi de la même façon : il faut empêcher au maximum les licenciements secs et les faillites des entreprises. Leur espoir est que le confinement ne dure qu’un ou deux mois. En mettant sous perfusion l’économie et en limitant les dommages de long terme, la reprise pourrait ensuite être rapide. Il faut préserver le « tissu productif » afin de « sauvegarder les emplois » et « rebondir » quand « la pandémie sera terminée », explique Pedro Sanchez, le premier ministre espagnol. « Le chômage partiel est meilleur que le chômage », confirme le chancelier autrichien, Sebastian Kurz.
Dans ce contexte, les gouvernements font tomber un à un les habituels tabous économiques. Des premières nationalisations ont eu lieu, notamment, en Italie, celle de la compagnie aérienne Alitalia, ainsi que de l’ensemble du système ferroviaire britannique, où l’Etat accepte d’assumer l’ensemble des pertes du secteur pour six mois. Tous les gouvernements ont aussi permis aux entreprises de reporter leurs dépenses de cotisations sociales, de TVA ou d’impôts, pour préserver au maximum les trésoreries. Ils acceptent de garantir, quasiment sans limite, des prêts aux entreprises, pour éviter les crises de liquidité.
Un chantier du 13e arrondissement, à Paris, le 23 mars. THOMAS SAMSON / AFP
« Nous n’avons pas envie d’envoyer nos salariés à l’abattoir. » Le message de Jean-Luc Tuffier, le président de la Fédération française du bâtiment (FFB) pour le Grand Paris, et des autres patrons du BTP est limpide. Malgré la pression du gouvernement, les professionnels jugent extrêmement difficile de redémarrer à court terme les innombrables chantiers arrêtés à cause de l’épidémie de Covid-19.
« Reprendre sans masques, puisqu’ils sont destinés en priorité au personnel soignant, sans gants ni gel hydroalcoolique, et alors que les règles de confinement se durcissent de jour en jour ?, demande M. Tuffier. Honnêtement, je ne vois pas bien comment on peut faire. »
Après quelques passes d’armes, le gouvernement et les représentants du BTP ont commencé, le 21 mars, à préparer ensemble un « guide de bonnes pratiques » précisant les conditions dans lesquelles certains chantiers pourraient repartir. Mais s’entendre sur ces recommandations n’a rien d’évident.
Le texte, attendu initialement le 24 mars, n’est toujours pas finalisé. Surtout, il n’est pas dit que, une fois diffusé, ce guide suffira à relancer vraiment l’activité.
Raisons sanitaires et pratiques
Depuis l’instauration du confinement, le 16 mars, de 80 % à 90 % des chantiers de l’Hexagone sont à l’arrêt. De nombreux clients l’ont imposé, qu’il s’agisse de particuliers, d’entreprises ou de collectivités. A Paris, par exemple, la ville a suspendu l’ensemble des chantiers dont elle est commanditaire, à l’exception de ceux relevant de mesures de mise en sécurité. Au moins, les Parisiens ne pourront plus accuser la maire, Anne Hidalgo, de perturber leur quotidien en lançant trop de travaux simultanés… Et quand les maîtres d’ouvrage ne le demandaient pas, les entreprises de BTP elles-mêmes ont pris l’initiative de stopper l’activité, pour des raisons tant sanitaires que pratiques.
C’est ainsi que de grands chantiers comme la rénovation de Notre-Dame de Paris, la restauration de l’opéra d’Avignon, l’extension du tramway de Bordeaux vers l’aéroport de Mérignac, ou encore le maillage du pays en fibre optique sont suspendus.
De même, les énormes tunneliers qui venaient d’être baptisés et devaient creuser pour les lignes 16 et 17 du futur métro automatique du Grand Paris Express restent, pour l’instant, au point mort.
L’essentiel des chantiers maintenus concerne des artisans qui travaillent seuls, par exemple pour rénover un appartement en l’absence de ses occupants. Et ceux liés à des urgences,comme la construction d’installations hospitalières.
Ils travaillent à l’hôpital ou en médecine de ville, ils sont généralistes, infirmiers, urgentistes, sage-femme : une quinzaine de soignants, en première ligne face à la pandémie de Covid-19, ont accepté de nous raconter leur quotidien professionnel. Chaque jour, dans ce « journal de crise », Le Monde publie une sélection de témoignages de ces « blouses blanches ».
« Plus de relâche possible, il faut être à 100 % tout le temps »
François Cornelis, 42 ans, médecin hospitalier, radiologue à l’hôpital Tenon (Paris 20e)
« Je fais la tournée des radiographies aux lits avec les manipulateurs. J’ai commencé par les urgences, où les patients s’accumulent. Ils ont souvent le même profil : fièvre et difficulté respiratoire les poussant à consulter. Puis les services d’hospitalisation, qui sont pleins, avec des patients sous oxygène, pour finir par la réanimation qui est bondée. Bientôt les cent soixante-dix lits ne seront plus disponibles à Tenon.
François Cornelis, radiologue à l’hôpital parisien Tenon. FRANCOIS CORNELIS
« Lavage des mains puis solution hydroalcoolique, puis blouse et masque FFP2, puis lunettes, masque, puis cagoule chirurgicale, puis surblouse stérile, et pour finir une double paire de gants »
Cette tâche est complexifiée par les nécessaires étapes de protection du personnel et du matériel. C’est le concours de déguisement sans le côté festif : lavage des mains puis solution hydroalcoolique [SHA], puis blouse et masque FFP2, puis lunettes, masque, puis cagoule chirurgicale, puis surblouse stérile, et pour finir une double paire de gants.
Mais le pire est à venir car le risque est au déshabillage. Il faut se pencher en avant et retirer la surblouse depuis l’abdomen vers l’avant en désengageant les épaules, enrouler la surblouse de telle sorte que la surface contaminée soit enveloppée sur elle-même avec les gants qui partent en même temps. Une vraie contorsion.
Il faut alors ne pas oublier de réaliser une nouvelle friction des mains avec une SHA, garder la tête levée afin que le masque de protection respiratoire n’entre pas en contact avec le cou ou la tenue puis, loin de la zone de soin, retirer dans l’ordre : la charlotte, les lunettes, le masque pour finir avec une friction des mains avec une SHA… d’où l’importance d’en avoir beaucoup.
Jusqu’à présent, on économisait sur le matériel pour les patients non Covid-19. Sauf que, maintenant, quasiment tous les patients sont sous suspicion de Covid-19, notamment en sortant du scanner, car on découvre de façon fortuite les signes de la maladie – visibles au scanner thoracique. La situation devient compliquée car cette maladie est contagieuse, complexe à appréhender avec des patients ayant des signes cliniques très variables, et probablement largement présente dans la population et les soignants.
Parmi les patients venant à l’hôpital, le piège vient souvent de ceux ayant des douleurs abdominales, et donc pas du tout des signes évocateurs d’une grippe comme on pourrait le penser… Il est difficile de les orienter correctement vers les parcours les plus adaptés. Il n’y a plus de relâche possible, il faut être à 100 % tout le temps en termes d’hygiène pour tous les patients. Ce qui donc nécessite des soignants, du matériel et du temps, qui nous manquent. »
« Les profils des patients qu’on reçoit sont extrêmement variés »
Thomas Gille, 38 ans, pneumologue à l’hôpital Avicenne, Bobigny (Seine-Saint-Denis)
« Dans mon unité de patients atteints du coronavirus, nous sommes huit pneumologues. On a ouvert jeudi 19 mars une unité qu’on a passée à trente-deux lits, très rapidement tous se sont remplis, à tel point qu’on va ouvrir une troisième unité. Il y a de plus en plus de malades qui arrivent. Aujourd’hui, que ce soient les médecins ou les autres soignants, plus personne ou presque ne fait ce à quoi il est habituellement destiné, tout le monde a été redéployé.
Thomas Gille, pneumologue à l’hôpital Avicenne, Bobigny (Seine-Saint-Denis). Thomas Gille
Les profils des patients qu’on reçoit sont extrêmement variés. Hier, j’ai eu un patient de 39 ans initialement sans facteur d’inquiétude, dont l’état s’est aggravé secondairement. Etre jeune, ça ne protège pas de faire une infection ni de développer une forme sévère qui nécessite d’aller en réanimation et d’être intubé. En réanimation, ils ont aussi des patients de 25 ans.
« Individuellement, chacun gère selon son caractère. J’ai du mal à décrocher, même quand je rentre le soir ou pendant un jour de repos »
On ne propose la réanimation que pour les patients pour lesquels on pense que ce sera bénéfique et dont l’état permet de la supporter. Mais on procède comme ça tout le temps, ces discussions ne sont pas proprement liées au Covid-19.
On est à flux très tendu mais on a encore un coup d’avance, on arrive à faire face au prix de journées éprouvantes. On a la chance d’être une équipe qui, au quotidien, est soudée, ça aide. La charge de travail sur une petite période, on peut la supporter ; l’inconnue, c’est combien de temps ça va durer. Et puis dans beaucoup d’équipes, il y a 20 % à 30 % des soignants qui tombent malades : si on n’est plus que cinq pour faire le travail de huit, ça va se compliquer.
Individuellement, chacun gère selon son caractère. Je suis un peu hypomane en ce moment, j’ai du mal à décrocher, même quand je rentre le soir ou pendant un jour de repos comme aujourd’hui. Mon téléphone a sonné huit fois, c’est un peu un repos opérationnel, on est à disposition de ceux qui ont la tête dans le guidon. »
« Je me replie sur moi pour essayer de lutter »
Damien Pollet, 58 ans, médecin généraliste à Salins-les-Bains (Jura)
Damien Pollet, médecin généraliste à Salins-les-Bains (Jura). Damien Pollet
« Je suis malade Covid-19 depuis vendredi 20, cloué chez moi. Ça commence à faire long… Mardi, à un moment de la journée, je n’avais plus que 37,8 °C. J’étais fier ! Mais hier, c’est remonté à 39,5 °C… Ma saturation en oxygène a un peu baissé, mais je n’ai pas de facteur de risque justifiant l’hospitalisation. Je sais que j’ai une épée de Damoclès au-dessus de la tête : le risque de décompensation…
« Il faut que les médecins généralistes se posent la question du télétravail pour limiter au maximum les contacts, sinon on va tous tomber malades »
Je me replie sur moi pour essayer de lutter. Je déconnecte mon téléphone, je m’isole un peu dans la musique, je fais pas mal d’autohypnose et je prends du paracétamol. Je me sens un peu déprimé, pourtant ce n’est pas dans ma nature. Je pense à tous ces gens qui continuent à bosser, notamment dans les magasins, sans protection. Au décès très perturbant d’un copain médecin s’ajoute un autre confrère que je connais bien, qui est sous ventilation en réanimation et un autre qui est dans le même état que moi. Heureusement, ma femme, Claire, va mieux.
Il faut que les médecins généralistes se posent la question du télétravail pour limiter au maximum les contacts, sinon on va tous tomber malades. La question est désormais : ne devrait-on pas, pendant un à deux mois, faire de la médecine sans examen ? »
« On commence à se projeter dans des situations terribles »
Véronique Manceron, 49 ans, interniste-infectiologue, hôpital Max-Fourestier, Nanterre
« Depuis lundi 23 mars, la situation s’est considérablement tendue. Cela n’a plus rien à voir avec la semaine dernière. Le flux de patients a fortement augmenté – on doit être à cinquante lits occupés dans les unités Covid-19 –, mais on s’attend à ce que cela continue à grimper. C’est d’ailleurs assez surréaliste : nous n’avons quasiment plus que des patients Covid-19. Avec les collègues, on se demande parfois ce que sont devenues les autres maladies, où sont passés les patients avec des cancers, des embolies pulmonaires, des accidents vasculaires. Il y a une forme d’inquiétude à ne plus voir ces gens qui souffrent eux aussi de pathologies graves. Que deviennent-ils ?
« On se demande parfois ce que sont devenues les autres maladies, où sont passés les patients avec des cancers, des embolies pulmonaires, des accidents vasculaires »
L’afflux des malades atteints par le Covid-19 ne cesse de s’intensifier et c’est en soi un stress considérable, d’autant plus que notre hôpital n’a pas de service de réanimation. Jusqu’à mercredi 25 au soir, on a réussi à aiguiller tous nos patients souffrant de formes sévères vers des services de réanimation, dans ou autour de Paris. Mais on sent que ça se tend fortement. C’est de plus en plus difficile de trouver de la place en réanimation… On nous a promis un logiciel pour nous aider à identifier les places disponibles et nous éviter de perdre trop de temps dans ces démarches.
Bien sûr, nous avons un service de soins intensifs, où il est possible de stabiliser les patients les plus gravement atteints, mais nous ne pouvons pas nous substituer à un service de réanimation. Alors on commence à se projeter dans des situations terribles où des choix devront être faits. On commence à réfléchir aux protocoles que nous devrons peut-être appliquer avant toute décision grave, pour ne jamais avoir à décider dans la précipitation.
Il y a un petit mieux sur les masques, mais sur d’autres matériels, en particulier les casaques et les pyjamas de bloc, on sent que les choses se tendent. Les services administratifs travaillent jour et nuit pour trouver des solutions aux problèmes matériels, mais, là encore, on doit se projeter dans des situations absurdes où chacun devrait venir avec sa propre tenue à usage unique et faire soi-même une machine tous les jours. C’est assez surréaliste. Le manque de protection des soignants est toujours une source de stress considérable. Tous les jours je vois des collègues tomber malades. Tous les jours. »
« Les consignes sur les masques varient d’un jour à l’autre »
Pierre Loisel, 59 ans, aide-soignant, groupe hospitalier Bretagne Sud, Lorient (Morbihan)
« Aujourd’hui, je souffle un peu. Et je profite du soleil pour jardiner et réparer la cabane au fond du jardin, ce que je n’ai jamais le temps de faire. Je lis beaucoup la presse, mais j’ai du mal à me concentrer pour ouvrir les ouvrages qui m’attendent. Pour entrer dans un livre, il faut être au calme dans sa tête, et ce n’est pas le cas.
Pierre Loisel, aide-soignant, du groupe hospitalier Bretagne Sud, Lorient (Morbihan) Pierre Loisel
« De nombreux lits ont été libérés dans les autres services, en organisant, de façon peut-être un peu précipitée pour certains, le retour des patients à leur domicile »
Je suis mis en réserve pour la première fois depuis quinze jours. Les effectifs le permettent, mais je suis susceptible d’être appelé à tout moment. “Tenez-vous prêt”, m’a-t-on dit. Hier, les syndicats de l’hôpital ont déposé un droit d’alerte, sur le manque de masques en particulier. Les consignes varient d’un jour à l’autre. Mardi 24, seuls les personnels en contact avec des personnes susceptibles d’être porteurs du virus y avaient droit. Mercredi soir, à 23 h 30, la direction a répondu aux syndicats en assouplissant la règle, et tous les agents pourront donc se protéger et protéger les patients et les résidents d’Ehpad.
Ici, il reste des lits disponibles en réanimation et de nombreux lits ont été libérés dans les autres services, en organisant, de façon peut-être un peu précipitée pour certains, le retour des patients à leur domicile. Mais cela reste compliqué. Le nombre de cas continue d’augmenter. Quand les personnels rentrent chez eux, ils sont avec leurs enfants qui, eux-mêmes, côtoient d’autres enfants de soignants dans la journée. Le virus continue sans doute à circuler. »