Les salariés vulnérables cherchent leur place dans l’entreprise
Marie le reconnaît, certains collègues ne comprennent pas sa situation : son retour provisoire en présentiel sur le plateau, après plusieurs mois de télétravail et avant son départ quelques semaines plus tard pour reprendre un travail en 100 % distanciel, jusqu’au reconfinement général du 30 octobre. Elle aussi avoue chercher une cohérence entre les nombreux changements qu’elle a dû accepter. Souffrant d’obésité, cette salariée du secteur de l’assurance a vu sa situation professionnelle évoluer au fil des mois, à mesure que des mesures gouvernementales ou des décisions de son entreprise étaient prises.
Considérée comme une personne à risque face à l’épidémie de Covid-19, elle pouvait, jusqu’à la fin août, travailler de chez elle. Las, un décret a exclu certaines pathologies (diabète non équilibré…), dont l’obésité, de la liste des critères de vulnérabilité et Marie a dû retourner au bureau. Un décret finalement suspendu par le Conseil d’Etat mi-octobre. Marie, à nouveau reconnue « vulnérable », est ainsi retournée à l’isolement deux semaines avant le reste de l’entreprise.
A chaque étape, la jeune femme a fait valoir ses droits, expliquant à ses employeurs l’évolution des textes, dévoilant dans le même temps sa fragilité. Avec, en elle, la peur de « passer pour une personne cherchant à profiter du système, qui exagérerait la situation ». Avec, aussi, la sensation de « faire l’aumône » face à un responsable de service voulant « privilégier le présentiel, même si toutes [ses] missions pouvaient être effectuées à distance ».
« Je me sens de plus en plus à part »
Tous les salariés vulnérables ne sont pas aujourd’hui dans la situation de Marie. Certains ont pu trouver facilement un terrain d’entente avec leur service des ressources humaines, comme Louise (le prénom a été changé), formatrice : « Mon entreprise a pris en compte ma vulnérabilité en me mettant en télétravail avant même le confinement de mars. Les échanges sont nombreux, je suis toujours en contact, les choses se passent bien. » Mais Louise reconnaît être « minoritaire ». Et, de fait, les témoignages de « vulnérables » décrivant une situation professionnelle souvent « perturbante », parfois « angoissante », sont légion. Nombre d’entre eux conviennent avoir désormais du mal à trouver leur place dans le collectif de travail. Marie résume : « Je me sens de plus en plus à part. »
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