La Roumanie fait venir des travailleurs asiatiques pour remplacer ses émigrés

La Roumanie fait venir des travailleurs asiatiques pour remplacer ses émigrés

Avec ses 1 100 lits répartis sur trois bâtiments, le foyer de travailleurs Komitat Bucarest-Sud est un vrai bouillon de cultures. Népalais, Indiens, Bangladais, Sri-Lankais… Les immigrés venus d’Asie entrent et sortent en continu, en cette mi-mars, des dortoirs avec caméras et service d’ordre, installés dans un faubourg résidentiel de la capitale roumaine. « Je suis arrivé il y a six mois pour travailler pour [le livreur à vélo] Glovo », raconte Naresh Chaudhary, Népalais de 38 ans, entre deux coups de fil à sa mère restée au pays, depuis la chambre qu’il partage avec trois autres Népalais.

Ce père de famille assure gagner deux fois plus qu’au Népal pour livrer des plats chauds aux Bucarestois, qui ont progressivement pris l’habitude de ces livreurs qui ne parlent pas un mot de roumain. « C’est la première fois que je viens ici », explique ainsi M. Chaudhary, passé auparavant par la Malaisie et l’Arabie saoudite. Comme tous ses voisins, il a atterri « grâce à un cabinet de recrutement » dans ce pays d’Europe de l’Est qui fait face à un manque de main-d’œuvre criant, en raison du départ de millions de ses propres habitants vers l’Europe de l’Ouest depuis son accession à l’Union européenne, en 2007.

Sherpa Pemba, 32 ans, originaire du Népal, et Sofonyas, 25 ans, originaire d’Éthiopie, tous deux livreurs à Bucarest, le 13 mars 2024.

A ses côtés, un autre Népalais, Sherpa Pemba, 32 ans, avoue lui aussi n’avoir jamais entendu parler de la Roumanie avant d’arriver, mais affirme trouver les « Roumains sympas ». Même s’il a vite déchanté sur ses conditions de travail. Alors même qu’il travaille plus de onze heures par jour pour Glovo, il affirme ne jamais arriver à décrocher suffisamment de livraisons pour dépasser le minimum de revenu exigé par son employeur. « Je n’ai toujours pas pu envoyer d’argent à ma famille », se plaint-il, en dépit d’un contrat qui lui avait garanti 550 euros de salaire mensuel.

« Problème de population active »

« Ils devraient passer davantage de temps dans le centre-ville pour recevoir plus de commandes », avance Valeriu Nicolae, le directeur du foyer, pour justifier ces complaintes qui seraient « des cas isolés » au sein des plus de 120 000 étrangers non européens qui résident désormais en Roumanie. Cet ancien diplomate a eu le nez creux en fondant, en 2016, sa société de dortoirs privée, qui propose aux entreprises roumaines d’héberger leurs travailleurs pour seulement 6 euros par nuit. Komitat assure désormais l’hébergement de plus de 4 000 travailleurs, en grande partie asiatiques, qui travaillent notamment « dans les Hôtels Marriott, chez McDonald’s ou dans les supermarchés Delhaize ».

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LJD

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