La crise du Covid-19 met en lumière les fragilités du statut des indépendants

La crise du Covid-19 met en lumière les fragilités du statut des indépendants

François Asselin, le président de la Confédération des petites et moyennes entreprises, à la sortie de l’hôtel Matignon, à Paris, le 26 octobre 2020.

Avec la météo radieuse de ce début de printemps, Claude (le prénom a été changé), 49 ans, consultant en management, a le sentiment d’être revenu un an en arrière. « Il fait le même temps, je suis au même endroit, derrière le même ordinateur, et je continue de piloter mon entreprise avec seulement deux ou trois mois devant moi. Ce manque de visibilité m’empêche de dormir, raconte-t-il. Jusqu’ici, je n’ai survécu que grâce au fonds de solidarité [FDS]. Les aides ont permis de repousser l’échéance, mais, financièrement, je suis au même point. Si elles s’arrêtent, sans nouveau client, ce sera la liquidation. »

D’autant que cet expert en transformation des entreprises, installé depuis dix ans en société unipersonnelle, est sorti en mars 2021 de la liste – mouvante et complexe – des entreprises éligibles au FDS. « Mais finalement, il paraît que Bercy pourrait encore prolonger… Ce qui nous redonnerait et la confiance et le sommeil, ce serait que l’Etat annonce garantir l’aide jusque fin août pour tout le monde. Là, on pourrait enfin voir venir. »

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Claude fait partie de ces trois millions d’indépendants dénombrés dans le pays, aux statuts juridiques divers – sont considérées comme indépendantes toutes les personnes qui possèdent un numéro de Siret, qu’elles soient en entreprise individuelle, en SASU (société par actions simplifiée unipersonnelle), SARL (société à responsabilité limitée), ou microentrepreneurs –, qui cherchent aujourd’hui un peu d’air dans la crise.

Mesures sanitaires sans cesse modifiées, manque de visibilité de leurs clients, réduction des budgets alloués à la communication, au marketing ou à l’événementiel, secteurs où ils sont très représentés… les difficultés s’accumulent pour ces professionnels à leur compte, à la couverture sociale minimale du fait qu’ils ne cotisent pas au régime obligatoire. Pas d’assurance-chômage, pas d’indemnités journalières en cas de maladie et pas de régime de retraite collectif. Pour couronner le tout, le fonctionnement du Fonds de solidarité, fluide jusqu’en décembre 2020, s’est sérieusement grippé début 2021.

« Une situation de précarité, avec des dettes »

« Je n’ai pas eu un seul client depuis un an, mais je n’ai touché aucune aide depuis décembre », témoigne Constance de Gabory, scénographe-plasticienne, parmi des milliers de personnes dans le même cas. Le renforcement du FDS, intervenu en novembre, a conduit Bercy à muscler parallèlement les contrôles en amont, afin d’éviter les abus. Mais cela se traduit par une mise en œuvre d’une rare complexité pour les bénéficiaires. « Les délais de traitement peuvent aller jusqu’à 60 jours », constate Hind Elidrissi, présidente du syndicat Indépendants.co, créé juste à la veille de la crise. « Il y a beaucoup de refus automatiques. Certaines demandes qui datent de fin janvier sont encore en attente. »

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