Emploi et handicap : Au café Joyeux, des salariés (presque) comme les autres

Emploi et handicap : Au café Joyeux, des salariés (presque) comme les autres

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« Joyeux, un café qui redonne dignité à des personnes en handicap cognitif en leur offrant un travail en milieu ordinaire. »
« Joyeux, un café qui redonne dignité à des personnes en handicap cognitif en leur offrant un travail en milieu ordinaire. » joyeux.fr

En 2014, un catamaran de dix-huit mètres navigue au large de Dinard. A bord, un groupe d’autistes s’évade du quotidien en découvrant les sensations de la voile. « J’ai adoré la sortie, j’ai pris beaucoup de plaisir, merci », lance Théo, 20 ans, à Yann Bucaille Lanrezac, à l’origine de ce projet associatif innovant, Emeraude Voile Solidaire. Puis un moment de gêne s’installe, le jeune autiste persiste dans les remerciements, sans poser la question qui lui tient vraiment à cœur. Il ose enfin : « Captain, il paraît que tu es patron ; t’as pas un métier pour moi ? »

La réponse est négative, Théo se recroqueville, se met en colère, s’énerve encore plus lorsqu’on lui propose une autre sortie en bateau : « Vous n’avez pas compris, moi ce que je veux, c’est être utile. » Cette phrase est un vrai détonateur pour Yann Bucaille Lanrezac : « La voile, c’est un beau projet, on a organisé quatre cent sept sorties en mer en six ans avec des personnes en souffrance. Mais j’ai compris qu’il fallait passer à l’étape supérieure et faire non plus quelque chose pour eux, mais quelque chose avec eux. »

Depuis qu’il a rejoint le café Joyeux, le manageur a changé son regard sur le handicap

Ce quelque chose, c’est Joyeux, un café qui redonne dignité à des personnes en handicap cognitif en leur offrant un travail en milieu ordinaire. Après une première adresse à Rennes en 2017, cette échoppe à la badine enseigne jaune a ouvert ses portes ce printemps à Paris, près de l’Opéra. Les deux établissements embauchent vingt-cinq travailleurs handicapés en CDI, encadrés par quelques manageurs, loin devant le quota de 6 % imposé par la loi.

Cet après-midi, Mathilde Knauer, 25 ans, atteinte de trisomie 21, est à la caisse : « Dans mon précédent emploi, j’étais cantonnée à un seul rôle, la mise en rayon. Ici, je fais un peu de tout, même ce qui me paraissait impossible ! Par exemple, me servir de mes doigts pour la caisse, manier des chiffres, des données, c’était dur. Mais les manageurs m’ont aidée à surmonter mes difficultés. »

Jean-Baptiste Dziurda, un des manageurs, a accompagné Mathilde en la faisant travailler sur ses lacunes par différents exercices, du rendu de la monnaie aux phrases à dire. « En termes de management, on apprend à devenir plus patient, plus modéré, car la moindre petite source de stress peut détruire une journée entière », explique-t-il.

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LJD

1 commentaire pour l’instant

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zoe0k Publié le7:04 - Nov 14, 2018

Peut être on trouve chez l’handicapé ce qu’on trouve pas chez une personne normale.

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