L’exploitation des chauffeurs routiers à travers l’Europe : jusqu’à trois ans de suite dans leur camion pour 70 euros par jour

La pluie diluvienne de cette fin de mai a enfin cessé, et les quatre camionneurs ont décidé de s’offrir un luxe rare : un kebab vendu dans le fast-food de l’aire d’autoroute, plutôt que de cuisiner à l’arrière de leur semi-remorque, comme ils le font d’habitude.

Trois sont du Kirghizistan, le quatrième vient du Tadjikistan. Ils conduisent des camions immatriculés en Lituanie. Ce samedi, ils prennent leur journée de repos hebdomadaire sur le parking de Hazeldonk, situé à la frontière entre les Pays-Bas et la Belgique, sur l’A16/E19. Au mépris de toutes les régulations, deux d’entre eux sont sur la route depuis six mois sans interruption, sillonnant l’Europe de livraison en livraison.

« On dort dans notre appartement », rit l’un d’eux, montrant la cabine de son camion, où une couchette est aménagée. Son salaire : 70 euros par jour, là encore au mépris de toutes les régulations. « On n’a pas de congés payés, pas d’enveloppe pour nos frais courants. On ne nous paie pas notre billet d’avion pour rentrer au pays, maugrée l’un d’eux. Mais on n’a guère le choix et l’on gagne quand même trois fois plus que chez nous. »

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Les quatre hommes, qui ne veulent surtout pas donner leur nom, de peur de perdre leur emploi, incarnent ce qui est dorénavant la réalité quotidienne du marché du transport routier en Europe : des chauffeurs non européens, travaillant dans des conditions déplorables pour des entreprises enregistrées en Europe centrale et assurant les livraisons des pays d’Europe occidentale.

Edwin Atema, responsable de l'association Road Transport Due Diligence, sur le parking de Hazeldonk, aux Pays-Bas, le 25 mai 2024.

« Ces chauffeurs sont exploités de façon choquante », s’alarme Edwin Atema, lui-même un ancien routier néerlandais, qui a fondé Road Transport Due Diligence (RTDD), une association de défense des conducteurs. Le matin même, son équipe a rencontré, sur un autre parking, un chauffeur des Philippines qui vivait dans son camion depuis trois ans.

Le 1er mai 2004, il y a tout juste vingt ans, quand l’Union européenne (UE) s’est élargie à huit pays d’Europe centrale et orientale, M. Atema a commencé à sonner l’alarme face au dumping social qui détruisait les conditions de travail de son secteur. A l’époque, les chauffeurs qui débarquaient sur le marché étaient polonais, hongrois ou lituaniens.

Choqué par leur situation, le Néerlandais a créé cette association, qui arpente les parkings d’autoroute à travers toute l’Europe afin d’enquêter et de défendre les routiers. Pour communiquer avec ces derniers, désormais largement immigrés d’Asie centrale, il lui a fallu recruter des russophones, le russe étant la seule langue commune à tous ces citoyens de l’ex-Union soviétique. « Aujourd’hui, les conditions de travail sont bien pires qu’il y a vingt ans, quand j’ai commencé à m’inquiéter », dénonce-t-il.

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« Marianne » : Denis Olivennes défend la vente à Pierre-Edouard Stérin, la rédaction se met en grève

Une volte-face au pied du mur. A la veille de ce qui devait être la date de l’offre de rachat par le milliardaire catholique conservateur Pierre-Edouard Stérin et à trois jours de la date butoir des négociations exclusives avec le groupe CMI du tchèque Daniel Kretinsky, la rédaction de Marianne s’est finalement cabrée, s’opposant à la vente du magazine à M. Stérin.

Parmi les journalistes de l’hebdomadaire votant jeudi 27 juin au soir, 80 % ont validé l’idée d’une grève reconductible qui commencera vendredi 28 juin à partir de 6 heures du matin, deux jours avant le premier tour des législatives anticipées. Son but ? L’arrêt définitif des négociations avec M. Stérin ou le refus de l’offre de rachat par le fondateur de Smartbox.

« La directrice de la rédaction, Natacha Polony, nous a assuré ce soir, peu après 20 heures, que la vente était suspendue après discussions avec Alban du Rostu et Denis Olivennes [les émissaires de MM. Stérin et Kretinsky]. Mais cela ne nous convainc pas, on veut l’arrêt total de la vente », expliquait une journaliste sous couvert d’anonymat, quelques minutes après le vote de la grève. Contactés à propos de cette suspension, Mme Polony, M. Olivennes, ainsi que M. Stérin n’ont pas répondu à nos questions.

Moins d’une semaine avant pourtant, vendredi 21 juin, la même rédaction pensait avoir tranché la question. Les journalistes de l’hebdomadaire – créé en 1997 par Jean-François Kahn et Maurice Szafran – avaient répondu non à la question « la rédaction doit-elle s’opposer au rachat par Pierre-Edouard Stérin, quelles que soient les garanties d’indépendance obtenues ? », à 60,3 % des voix. La majorité des journalistes estimait ainsi que les garanties d’indépendance qu’ils avaient arrachées – l’approbation par la rédaction de son directeur et sa représentation au sein du futur conseil d’administration – allaient protéger le journal des possibles immixtions de son futur actionnaire. Une partie, minoritaire, jugeait que l’antagonisme entre les valeurs fondatrices du magazine et M. Stérin restait trop profond.

Des liens avec Marine Le Pen

Ce sont les révélations du Monde, mercredi 26 juin, qui ont changé la donne avec la publication d’un article démontrant les liens Pierre-Edouard Stérin avec Marine Le Pen et le Rassemblement national (RN), par le biais du financier François Durvye, et son intention de soutenir des candidats aux législatives sous la bannière RN-LR. « Il nous dit depuis deux mois qu’il ne fait pas de politique alors qu’il est justement au cœur d’un projet politique. On se retrouve comme des lapins dans les phares d’une voiture », s’agace un journaliste.

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La résurrection discrète de Camaïeu, sans presque aucun salarié de Camaïeu

Le département « Be Camaïeu » de la nouvelle boutique lilloise de Celio, le 29 août 2024.

« Ils ont des fringues pour femmes maintenant ? » Dans la nouvelle boutique lilloise de Celio, au milieu des mannequins féminins vêtus de pantalons et chemises unis aux couleurs pastel, Clémence, 18, ans pose la question à son copain Valentin, qu’elle est venue « rhabiller pour la rentrée ». En shoppeuse aguerrie, la jeune femme (qui n’a pas donné son nom) a remarqué cette entrée inédite de Celio sur le marché du prêt-à-porter féminin sous un intitulé qui ne lui dit rien, mais qui renaît après une fin traumatique et un gâchis social : Camaïeu.

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Racheté aux enchères en décembre 2022 par Celio pour 1,8 million d’euros, le nom de l’ancienne entreprise nordiste, liquidée en octobre de la même année, sigle désormais les articles féminins vendus par l’enseigne d’habillement masculin. La première de ces boutiques destinées à la mode masculine comme féminine a été inaugurée, jeudi 29 août, dans la galerie commerciale Westfield de Lille par les patrons de Celio. Mais Camaïeu apparaît de manière discrète. Hormis un néon « Be Camaïeu » suivi d’un astérisque jouxtant le slogan « Be normal » de Celio au-dessus de l’entrée du magasin, rien n’annonce le retour de la marque.

Vingt-deux mois plus tôt, la disparition de l’enseigne avait provoqué un émoi considérable : 511 magasins fermés en France, 2 600 employés licenciés. Et pour la plupart des ex-salariés, cette « renaissance » ravive de bien mauvais souvenirs. « Je ne me réjouis pas du tout. Sur les 150 personnes avec qui je travaillais à l’entrepôt de Roubaix [Nord], il y en a toujours une centaine qui n’ont pas retrouvé de boulot », témoigne une ancienne employée du service logistique, restée trente ans chez Camaïeu.

« Parlons plutôt de l’avenir »

Elle souhaite rester anonyme « pour ne pas avoir de soucis » avec l’entreprise dans laquelle elle a retrouvé du travail, et n’imagine pas un seul instant franchir un jour la porte d’un magasin Celio pour s’habiller chez Be Camaïeu. « On va boycotter. La marque c’est nous, c’est pas eux. » La décision a été prise sur le groupe WhatsApp des anciens employés avec qui elle est restée en contact.

« Parlons plutôt de l’avenir », a proposé Marc Grosman lors de l’ouverture du nouveau magasin Celio-Camaïeu. Cofondateur de l’enseigne Celio avec son frère Laurent, Marc Grosman a investi entre 15 millions et 20 millions d’euros pour offrir des articles féminins Camaïeu dans ses magasins. Douze en France à ce jour – neufs ou agrandis pour l’occasion. Une centaine d’employés a été embauchée, dont dix anciens de Camaïeu.

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Face à la grève de ses salariés, Boeing annonce réduire ses dépenses et envisage du chômage technique

Des salariés de Boeing en grève brandissent des pancartes, le 15 septembre 2024, près de l’usine d’Everett (Washington).

Le constructeur aéronautique américain Boeing, touché depuis le 13 septembre par une grève paralysant notamment la production du 737 MAX et du 777, a annoncé, lundi 16 septembre, réduire ses dépenses.

Selon son directeur financier, Brian West, l’avionneur a décidé de geler tous les recrutements ; il se prépare à réduire « de manière importante » les dépenses d’approvisionnement et il envisage de mettre en place « dans les prochaines semaines » des mesures temporaires de chômage technique.

« Nous travaillons de bonne foi pour parvenir à un nouvel accord de convention collective qui tienne compte des réactions et qui permette à l’activité de reprendre », a rapporté M. West dans un message aux employés. « Cependant, notre groupe traverse une période difficile, a-t-il poursuivi. [Le débrayage] menace notre reprise d’une manière importante. » La direction a pris des « mesures nécessaires pour préserver les liquidités et protéger notre avenir commun », a-t-il déclaré, et pour assurer le financement de la « sécurité, de la qualité et de l’assistance directe aux clients ».

Une « étape difficile »

Boeing a ainsi gelé tous les recrutements et les hausses salariales liées à des promotions, suspendu tous les voyages « non essentiels », supprimé les voyages en première classe et en classe affaires y compris pour les membres de sa direction.

L’avionneur a également mis sur pause toutes les dépenses de conseil, caritatives, publicitaires et marketing, parmi les nombreuses actions déjà entreprises. Par ailleurs, le groupe devrait ne plus passer de commandes liées aux programmes du 737, du 777 et du 767 qui sont fabriqués dans les usines de Renton et d’Everett, dans la région de Seattle (Etat de Washington), dont la production est à l’arrêt depuis vendredi.

M. West a ajouté que le groupe envisageait une « étape difficile » : la mise en place « dans les prochaines semaines » de mesures temporaires de chômage technique pour de nombreux salariés, responsables et dirigeants. Les négociations entre Boeing et l’antenne locale du Syndicat international des machinistes et des ouvriers de l’aérospatial (IAM) doivent reprendre mardi, sous l’égide d’une médiation fédérale.

Multitude de problèmes de qualité

Les plus de 33 000 adhérents représentés par l’IAM-District 751 (sur quelque 170 000 employés du groupe) ont rejeté, jeudi, le projet de convention collective annoncé le 8 septembre à 94,6 % et approuvé un débrayage à 96 %.

Leur mouvement de grève a entraîné la fermeture de deux grandes usines d’assemblage dans la région de Puget Sound, paralysant la production du 737, du 777 et du 767 cargo, dont les livraisons cumulent déjà les retards. Une situation d’autant plus problématique pour l’avionneur qu’il encaisse la plus grosse partie du paiement (environ 60 %) à la remise des avions.

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Boeing traverse une situation financière précaire depuis le crash de deux 737 MAX 8 en 2018 et en 2019, ayant coûté la vie à 346 personnes, et une multitude de problèmes de qualité de la production. Les mécontents jugent toutefois la hausse salariale trop éloignée des demandes du syndicat (+ 40 % initialement) et le volet sur les retraites, insatisfaisant.

Boeing fait l’objet d’une supervision accrue depuis un incident en vol au début de janvier sur un 737 MAX 9 d’Alaska Airlines. Survenu après une série de problèmes de conformité et de contrôle qualité, il a ravivé les questions soulevées sur ces mêmes lacunes après les deux crashs.

La dernière grève chez l’avionneur américain remonte à 2008 et avait duré cinquante-sept jours. Selon la société d’analyse financière TD Cowen, une grève de cinquante jours priverait Boeing de 3 à 3,5 milliards de dollars de liquidités et aurait un impact de 5,5 milliards sur le chiffre d’affaires.

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Le Monde avec AFP

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L’usine Poulain de Villebarou menacée par une fermeture imminente

A l’usine Poulain de Vilebarou (Loir-et-Cher), en janvier 2018.

Plus de 170 ans après sa création, l’usine Poulain implantée à Villebarou, près de Blois (Loir-et-Cher), est visée par un plan de fermeture qui sera annoncé le 13 juin lors d’un comité social et économique (CSE) extraordinaire, a-t-on appris vendredi 7 juin de source syndicale et auprès de la direction.

Convoqués mercredi par leur direction, les syndicats ont appris à l’occasion de cette réunion l’ordre du jour du CSE à venir, à savoir « la fermeture du site de Blois », a précisé auprès de l’Agence France-Presse Tony Anjoran, délégué syndical de la CGT au sein de Poulain, confirmant une information de La Nouvelle République.

Cette annonce a pris par surprise les 109 salariés de l’usine, selon le syndicaliste, qui affirme que « cela fait un an que les volumes sont en baisse, mais pas de là à mettre en péril la société ».

En 2023, le site avait arrêté la production de poudres chocolatées pour l’étranger, soit 18 % de sa production, selon La Nouvelle République. Par ailleurs, en 2022, l’usine avait bénéficié d’une aide de l’Etat de 200 000 euros, toujours selon le média tourangeau.

« Négocier au mieux les conditions de sortie d’un point de vue social »

« Aucun des efforts déployés pour trouver une solution industrielle de nature à pérenniser l’activité du site » n’a abouti, a expliqué de son côté la direction, pour qui le CSE du 13 juin « permettra de partager des informations en vue de consultations des instances représentatives du personnel sur les raisons économiques de ce projet, ses impacts, l’accompagnement des salariés et la recherche de repreneurs ».

« On l’a en travers de la gorge, parce qu’ils auraient aussi pu attendre quelques mois et choisir de vendre le site », a déploré M. Anjoran, avant de se déclarer « écœuré » de voir se fermer « une entreprise qui a plus d’un siècle d’histoire ». Désormais, pour la CGT, un objectif demeure : « négocier au mieux les conditions de sortie d’un point de vue social » pour les salariés de l’entreprise fondée en 1848 par Victor-Auguste Poulain.

De son côté, la direction a assuré sa « détermination à accompagner chacun des 109 salariés concernés vers un nouvel emploi », qui sera « au cœur du projet » présenté le 13 juin.

Depuis 2017, la marque de chocolat Poulain est détenue par le groupe Carambar & Co, créé après le rachat par la société d’investissement Eurazeo de plusieurs marques de confiseries françaises à la multinationale américaine Mondelez.

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Le Monde avec AFP

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Casino : un « accord de principe » a été trouvé entre la direction et les salariés sur les modalités du plan social

Magasin Casino à Ploubalay (Côtes-d’Armor), le 5 juillet 2023.

Après une première audience très animée au début de juin, le directeur général de Casino (Monoprix, Franprix, Cdiscount), Philippe Palazzi, a annoncé, jeudi 27 juin, un « accord de principe avec les partenaires sociaux » à la sortie de la cour d’appel de Paris. Il concerne les modalités du plan social en cours et ouvre la voie à davantage d’apaisement entre la direction et le personnel.

Cet « accord » porte notamment sur l’indemnisation dite supralégale et sur les congés de reclassement dans le cadre du plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) annoncé à la fin d’avril et qui pourrait concerner de 1 300 à 3 200 postes. « Les discussions ont été âpres, mais cela s’est fait dans l’intérêt de l’entreprise et des salariés », a souligné M. Palazzi, à la sortie de l’audience.

Le dirigeant, la directrice générale des enseignes Casino, les représentants du personnel, les administrateurs et mandataires judiciaires avaient été convoqués par la cour d’appel de Paris en raison de leur rôle pendant de longs mois dans le sort du distributeur en grande difficulté. Une première audience, très animée, s’était déjà tenue le 5 juin.

L’audience en appel a été renvoyée en septembre

Le comité social et économique central (CSEC) de Distribution Casino France (DCF), l’une des principales entités du groupe Casino, avait fait appel, en mars, du jugement du tribunal de commerce de Paris validant le plan de sauvegarde accéléré de la société. Ce sauvetage, provoqué par l’endettement devenu insoutenable du distributeur et au terme duquel le groupe est tombé dans l’escarcelle du milliardaire tchèque Daniel Kretinsky, ne respectait pas « le droit des procédures collectives » ni « les intérêts des salariés », estimait le CSEC.

La cour d’appel avait considéré, le 5 juin, que les engagements sociaux de Casino et des repreneurs n’étaient « pas assez précis ». Elle suggérait la mise en place d’une médiation, rejetée en bloc par DCF et les repreneurs – Daniel Kretinsky et ses alliés, Marc Ladreit de Lacharrière et le fonds Attestor.

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Cependant, il pourrait y avoir une « volonté d’apaisement avec une renonciation réciproque à toute action » judiciaire au vu de l’accord trouvé, jeudi 27 juin, a expliqué Matthieu Boissavy, l’un des avocats des salariés. Il s’est réjoui de cet « accord concernant les mesures sociales en faveur des salariés, notamment sur l’indemnisation supralégale et les congés de reclassement ». L’audience en appel a été renvoyée, à la demande des salariés, et se tiendra le 25 septembre, afin de laisser le temps de « formaliser » l’accord ainsi trouvé.

« Soulager les salariés »

Pour Philippe Palazzi, l’accord va « soulager les salariés » encore dans l’attente. Il n’a pas souhaité en divulguer les détails, précisant simplement qu’il ne concernerait pas les quelque 15 800 salariés qui ont changé d’enseigne et d’employeur à la suite de la cession par Casino de l’essentiel de ses magasins « grand format » à ses concurrents Mousquetaires-Intermarché, Auchan et Carrefour.

« Il y a la portabilité en France des acquis sociaux ou des contrats prévue dans la loi pour quinze mois, ensuite ils intégreront les accords sociaux de chaque enseigne », a-t-il rappelé, en affirmant avoir « de très bons retours des salariés concernant Auchan et la façon dont les salariés ont été accueillis, avec beaucoup de formations, d’accueil et de bienveillance ».

Casino employait encore à la fin de 2022 quelque 200 000 personnes dans le monde, dont 50 000 en France, avant de multiplier les cessions. Ses effectifs sont passés sous les 30 000 salariés avant même le PSE en cours de négociation. L’ampleur de ce plan devrait être connue en détail au plus tard en septembre.

Le Monde avec AFP

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France Services : la Cour des comptes appelle à renforcer ces guichets de proximité, essentiels à la cohésion des territoires

Un espace France Services, à Ernée (Mayenne), le 16 novembre 2022.

Les espaces France Services, conçus pour répondre au sentiment de relégation exprimé lors de la crise des « gilets jaunes » dans les territoires confrontés au repli des services publics dans un contexte d’accélération de la digitalisation des démarches, ont-ils tenu la promesse alors formulée par Emmanuel Macron d’offrir à tous les concitoyens « un endroit où trouver réponse à [leurs] démarches de la vie quotidienne » ? Disposent-ils pour ce faire de moyens suffisants et pérennes ? C’est sur ces deux questions que s’est penchée la Cour des comptes dans un rapport évaluatif (2020-2023), rendu public mercredi 4 septembre.

Désormais au nombre de 2 840 en France (antennes comprises), ces lieux d’accueil de proximité proposent, au sein d’un guichet unique tenu par au moins deux agents polyvalents, une aide pour diverses démarches administratives (impôts, retraite, immatriculation de véhicules, prédemandes de titres…). Soit une sorte de « couteau suisse de services », associant désormais onze partenaires nationaux (France Titres, France Travail, La Poste, Caisse nationale d’allocations familiales, Caisse nationale d’assurance-vieillesse, Mutualité sociale agricole, Agence nationale de l’habitat…). A cette offre minimale, dite « socle », peuvent s’ajouter des partenariats locaux propres à chaque structure.

Piloté par l’Agence nationale de la cohésion des territoires, le dispositif repose sur un réseau de porteurs locaux (collectivités territoriales, La Poste, associations, etc.). Dans le détail, 58 % des usagers ont plus de 55 ans et la majorité d’entre eux sont des femmes (56 %). Les jeunes sont faiblement représentés. Enfin, 82 % des demandes sont traitées sur place.

Maillage renforcé (doublement du nombre de structures), fréquentation accrue (quoique hétérogène selon les espaces), demandes traitées en augmentation continue (1,17 million en 2020, 9 millions fin 2023), écoute et accompagnement personnalisé… La juridiction de la Rue Cambon salue d’abord un programme qui « satisfait une majorité d’usagers » (plus de 90 %) en même temps qu’il « contribue à la cohésion sociale des territoires ».

« Lieux de sociabilité »

Près de 100 % des espaces se situent à moins de trente minutes de transport, conformément à l’engagement présidentiel. Ils sont majoritairement implantés en milieu rural (63 %) – 18 % sont en quartiers prioritaires de la ville. La Cour salue aussi des résultats supérieurs à l’expérience précédente des Maisons de services au public.

« Les usagers trouvent en France Services une relation de services “humanisée et humanisante” », salue la juridiction, ce qui allège « le fardeau administratif », notamment pour les personnes les plus éloignées du numérique. Par ailleurs, ces espaces sont perçus par nombre d’usagers « comme des lieux de sociabilité », dépassant les ambitions de départ. France Services « a une influence sur le sentiment individuel d’abandon », estime la Cour, ce qui « participe incontestablement à la réduction des fractures territoriales ».

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Patronat et syndicats relancent les discussions, après des mois de tensions

Lors du débat entre la secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet, et le président du Medef, Patrick Martin, à la fête de « L’Humanité », à Brétigny-sur-Orge (Essonne), le 14 septembre 2024.

Les prises de contact s’enchaînent pour retisser des liens qui s’étaient distendus. Depuis la rentrée scolaire, le patronat et les syndicats ont eu plusieurs entretiens apaisés, dans le souci manifeste de se montrer constructifs. Après les tensions engendrées par l’échec, en avril, de la négociation sur l’emploi des seniors, les deux camps semblent, à nouveau, désireux de se parler en composant avec leurs antagonismes.

L’une de leurs principales préoccupations est d’apporter la preuve qu’ils sont des acteurs responsables, aptes au compromis – à la différence, selon eux, des formations politiques, plus promptes à s’entredéchirer qu’à rechercher l’intérêt général. Autant d’initiatives enclenchées au moment où des collaborateurs du premier ministre, Michel Barnier, reçoivent, à partir de lundi 16 septembre et à tour de rôle, les organisations de salariés et d’employeurs.

La relance des discussions entre les partenaires sociaux vient de s’illustrer dans une scène très inhabituelle : la participation du Medef à la Fête de L’Humanité, qui s’est tenue, de vendredi 13 à dimanche 15 septembre, à Brétigny-sur-Orge (Essonne). Samedi après-midi, Patrick Martin, le numéro un du mouvement patronal, a débattu, pendant presque une heure trois quarts, avec Sophie Binet, la secrétaire générale de la CGT. La confrontation s’est déroulée sous un chapiteau plein à craquer, avec une assistance ultramajoritairement acquise à la syndicaliste et, la plupart du temps, respectueuse à l’égard du président du Medef, abstraction faite de quelques courtes huées.

« Dialogue franc »

Si M. Martin s’est jeté dans la gueule du loup, c’est au nom de la « conviction profonde » que les représentants des travailleurs et des chefs d’entreprise doivent parlementer, « en assumant leurs désaccords », mais sans se livrer au « jeu dangereux de l’anathème, de l’insulte et de la fracturation », a-t-il dit peu après la fin de la joute. Mme Binet, elle, a remercié son contradicteur d’accepter un moment de « dialogue franc ». « J’ai bien entendu votre appel à la réouverture de la négociation », a-t-elle ajouté, faisant allusion au souhait de M. Martin, exprimé le 26 août, de reprendre les tractations sur l’emploi des seniors qui avaient capoté en avril. Et d’observer : « Je pense que votre présence ici s’inscrit dans ce cadre-là. »

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D’humeur moqueuse, la cheffe de la CGT a proposé au leader patronal d’engager immédiatement les pourparlers, à la Fête de L’Huma : « J’ai un stylo, donc c’est bon. J’espère que vous avez le chéquier et tout va bien se passer », a-t-elle lancé devant un auditoire hilare. Un zeste d’humour pour égayer des échanges que les deux protagonistes avaient visiblement préparés avec beaucoup de sérieux, au vu de la précision de leurs argumentaires respectifs.

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Le média féministe « Causette », en liquidation judiciaire, cherche un repreneur

Le média féministe Causette, qui a cessé la publication de son mensuel papier à l’automne dernier, pour devenir 100 % numérique, a été placé « en liquidation judiciaire le jeudi 6 juin » par le tribunal de commerce de Paris « sans poursuite d’activité » ; il « cherche un repreneur » pour « renaître au plus vite », a-t-il annoncé lundi 10 juin, confirmant une information de L’Informé. « Depuis cette date, le site n’est donc plus mis à jour, et le travail des salarié[e]s a pris fin », poursuit-il, déplorant « une mise en veille » brutale.

Fondé en 2009 par Grégory Lassus-Debat, le magazine avait été repris en 2018, après une première liquidation judiciaire, par le groupe Hildegarde, qui « avait déposé le bilan de Causette média le 22 mai, espérant un redressement judiciaire », lequel n’a pas été accordé, détaille le communiqué. Hildegarde est également propriétaire des publications spécialisées Le Film français et Première.

Impertinence, progressisme, féminisme

« Nous sommes persuadé[es] que Causette est indispensable dans le paysage médiatique français de par son impertinence, son progressisme, son féminisme (…), d’autant plus au moment où l’extrême droite réalise des scores historiques aux élections et s’impose toujours plus dans le champ médiatique », est-il écrit au lendemain de la large victoire du Rassemblement national aux européennes et de la dissolution de l’Assemblée nationale.

« C’est pourquoi Causette va se battre pour trouver » un repreneur ou une repreneuse « pour s’engager à ses côtés et renaître au plus vite », précise le média, qui compte mettre l’ensemble de son site en libre accès « dans les prochains jours ».

Le magazine féministe avait annoncé à la fin de septembre qu’il devenait un média 100 % en ligne pour « faire face à l’augmentation des coûts » et au changement des habitudes de lecture. « Le titre a pu, en huit mois, se déployer numériquement, entraînant un enthousiasme renouvelé sur son site comme sur ses réseaux sociaux », assure-t-il lundi, regrettant « d’avoir manqué de temps et de moyens pour pérenniser les choses ».

Le Monde avec AFP

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Législatives 2024 : la réforme de l’assurance-chômage suspendue, après l’échec du camp Macron

Paris, France le 30 juin 2024 - Le Premier ministre, Gabriel Attal, prend la parole dans la cour de l’Hôtel de Matignon après l’annonce des résultats du premier tour des élections législatives.

Quelques heures à peine après le résultat du premier tour des élections législatives, le premier ministre Gabriel Attal a décidé « de suspendre la mise en œuvre de la réforme de l’assurance-chômage », a indiqué son entourage à l’AFP, dimanche 30 juin au soir. Un renoncement qui marque l’échec du gouvernement alors que la coalition présidentielle Ensemble est arrivée troisième du scrutin, loin derrière le Rassemblement national (RN) et le Nouveau Front populaire. « Première victoire des électeurs RN ! Quand le peuple vote, le peuple gagne ! », a aussitôt réagi Marine Le Pen, dimanche soir.

La réforme de l’assurance-chômage, critiquée par les syndicats et de nombreuses forces politiques – de la gauche au RN en passant par le centre droit –, devait initialement faire l’objet d’un décret publié au Journal officiel avant le dimanche 30 juin, date à laquelle les règles d’indemnisation actuelles arrivent à échéance. Vendredi 28 juin, le ministère du travail avait annoncé que ce ne serait finalement pas le cas avant le 1er juillet.

Pour éviter un vide juridique, les dispositions actuelles de l’assurance-chômage n’étant en vigueur que jusqu’à ce dimanche, un « décret de jointure », prolongeant ces règles, va être publié lundi 1er juillet au Journal officiel, précisent Matignon et le ministère du travail.

Machine arrière

Cette décision met fin à un mois d’atermoiements de la part de l’exécutif. Pressé de retirer sa réforme depuis la dissolution de l’Assemblée nationale, le gouvernement s’était refusé à faire machine arrière. Le 13 juin, le locataire de Matignon avait ainsi affirmé qu’« un décret sera[it] pris d’ici au 1er juillet » pour mettre en œuvre ce projet. La veille, Emmanuel Macron avait été plus flou, lors d’une conférence de presse, laissant entrevoir une réflexion sur le sujet, pour prendre en compte le « temps électoral » : « Ça doit se reprendre après. Est-ce que ça doit passer par l’Assemblée ? Est-ce que ça doit passer par un décret ? On le verra le lendemain [du scrutin]. »

La réforme en question devait fortement durcir, à partir du 1er décembre, les conditions dans lesquelles les demandeurs d’emploi peuvent bénéficier de l’assurance-chômage. Le texte faisait passer la durée de travail nécessaire pour toucher une allocation à huit mois sur les vingt derniers (contre six sur vingt-quatre, aujourd’hui, pour ceux qui ne sont pas considérés comme des seniors). La période d’indemnisation était, elle, raccourcie de dix-huit mois à quinze mois (les personnes d’au moins 57 ans étant soumises à un système plus favorable). La mesure devait permettre au gouvernement de réaliser 3,6 milliards d’euros d’économies par an.