Dépendance : « Qu’on le veuille ou non, tous les Français sont ou seront un jour aidants »

Aménagement des horaires, télétravail, congés élargis et rémunérés, des solutions existent pour concilier vie d’aidant et vie professionnelle, expliquent dans une tribune au « Monde », les chefs d’entreprise Emma Berger et Anne-Béatrice Sonnier.

Publié aujourd’hui à 11h22, mis à jour à 12h11 Temps de Lecture 3 min.

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« Aménagement des horaires (30 %), télétravail (26 %), congés élargis et rémunérés (10 %) sont les pistes les plus largement partagées. »
« Aménagement des horaires (30 %), télétravail (26 %), congés élargis et rémunérés (10 %) sont les pistes les plus largement partagées. » Odilon Dimier/PhotoAlto / Photononstop

Tribune. Certains les appellent les « invisibles », ces onze millions de Français, d’aidants qui accompagnent, au quotidien, un proche en situation de dépendance en raison de son âge, d’un handicap ou d’une maladie. Soit un Français sur six et un salarié sur dix. Or, 79 % d’entre eux estiment avoir du mal à concilier vie d’aidant et vie professionnelle. Pas simple, en effet, de rester concentré, motivé et disponible pour son travail et ses collègues lorsqu’on consacre 16 heures par semaine à un proche.

Si on y ajoute le coût engendré – plus de 2 000 euros par an – et les déplacements incessants – la distance moyenne entre l’aidant et son proche est de 226 kilomètres – on se rend compte de l’enjeu majeur que cela représente pour les entreprises et la société dans son ensemble. Avec une population de plus de 85 ans qui devrait tripler au cours des 30 prochaines années, il est temps de prendre le sujet à bras-le-corps.

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Et c’est bien ce qui semble en train d’émerger. Pour permettre, enfin, à tous les Français de pouvoir concilier vie d’aidant et vie professionnelle, tout commence par un contexte législatif adapté et favorable. Si, bien sûr, les entreprises peuvent beaucoup, le législateur reste celui qui impulse le changement et déploie le cadre nécessaire.

Amélioration législative

Si les lois de 2015 et de 2019 ne répondent pas à tout, elles changent néanmoins la donne. Alors que la loi de 2015, dite « loi de l’adaptation de la société au vieillissement », apporte des réponses concrètes pour améliorer le quotidien des personnes âgées mais aussi des aidants en leur garantissant un droit au répit et un congé de « proche aidant », la loi de 2019 vient renforcer le dispositif.

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Publiée le 9 mai, elle vise spécifiquement à favoriser la reconnaissance des aidants, notamment dans le cadre de leur vie professionnelle. Avec deux mesures-phares : la mention de l’aidant dans le dossier médical partagé (DMP) de la personne aidée, et inversement ; la prise en compte obligatoire du sujet des aidants dans les négociations collectives de branches (article 1). L’avancée est incontestablement majeure.

Sonia Rykiel est à la recherche d’un repreneur

Une dizaine de candidats français et internationaux sont en lice pour reprendre la société de prêt-à-porter.

Par Publié aujourd’hui à 10h08, mis à jour à 10h22

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La directrice artistique de Sonia Rykiel, Julie de Libran, lors de la Fashion Week, à Paris, en septembre 2018.
La directrice artistique de Sonia Rykiel, Julie de Libran, lors de la Fashion Week, à Paris, en septembre 2018. Stephane Mahe / REUTERS

« Vendredi [28 juin], c’est fini… La boutique Sonia Rykiel de Toulouse ferme ses portes. C’est un crève-cœur, tant pour nos clientes fidèles que pour nous », confie Anne Listuzzi, 48 ans, qui y travaille depuis son ouverture, en 1995. Ma mère adorait cette marque, et j’ai également eu un coup de cœur. Chez Sonia Rykiel, j’ai tout connu. Les files d’attente devant la boutique, les mois de décembre exceptionnels… Et, depuis 2012, la reprise de la marque, les prix qui augmentent et la clientèle qui ne s’y retrouve plus… et un plan social en 2015. Bref, la dégringolade… »

Lundi 1er juillet, le tribunal de commerce de Paris doit désigner le repreneur de la célèbre marque de prêt-à-porter de Saint-Germain-des-Près, dont la créatrice est morte en 2016, placée en redressement judiciaire depuis avril. Une dizaine de candidats français et internationaux se pressent pour reprendre la société, mais ne proposent de reprendre, pour les plus sérieux, qu’entre 30 et 90 personnes sur les 133 salariés restants.

En 2012, quand Sonia Rykiel cède l’entreprise au fonds First Heritage Brands (FHB), qui associe Jean-Marc Loubier à la famille hongkongaise Fung et au fonds singapourien Temasek, la maison employait encore plus de 330 personnes. A l’époque, les ambitions des repreneurs sont très fortes : doubler le chiffre d’affaires (83 millions d’euros en 2011), internationaliser la société et la numériser. Le fonds promet d’y mettre jusqu’à 200 millions d’euros…

De désillusion en désillusion

En pure perte. Au lieu d’un nouveau départ, la marque va de désillusion en désillusion. En 2015, face aux difficultés, le propriétaire organise un plan social de près de 80 personnes, arrête plusieurs lignes de produits, ferme des boutiques et cesse certaines licences. Le chiffre d’affaires ne se redresse pas pour autant. En 2018, il était autour d’un peu plus de 30 millions d’euros, soit autant que sa dette, évaluée à 30 millions.

« Nous sommes passés d’une affaire familiale, gérée de manière humaine et en bon père de famille, à une société dirigée par des cadres de l’école LVMH. Leur approche était très structurée, avec des procédés très rigides et des budgets prédéfinis, relate une représentante du personnel, qui souhaite garder l’anonymat. Mais la greffe n’a pas pris. »

« Pour faire fonctionner une griffe, il faut un copilotage efficace entre une direction artistique et un manageur, remarque Jean-Jacques Picart, un très bon connaisseur du secteur. Il semble que Julie de Libran, la directrice artistique, et Jean-Marc Loubier, le manageur, n’ont pas réussi à travailler de concert. »

Après le Ticket Restaurant, le « ticket mobilité » est annoncé pour 2020

Les contours de ce dispositif destiné à inciter les salariés à utiliser des transports peu polluants pour se rendre au travail se précisent avec le vote de la loi d’orientation des mobilités.

Par Publié aujourd’hui à 06h00

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« L’auto-partage et la location de véhicules en libre-service seront ajoutés par décret, a promis la ministre des transports. Reste à savoir si les trottinettes seront dans le lot. »
« L’auto-partage et la location de véhicules en libre-service seront ajoutés par décret, a promis la ministre des transports. Reste à savoir si les trottinettes seront dans le lot. » Jacques Loic / Photononstop

Après l’examen du projet de loi d’orientation des mobilités (LOM) par le Sénat et des discussions intensives sur les bancs de l’Assemblée nationale, les députés ont finalement voté le texte, le 18 juin. La mise en place d’un forfait mobilité, visant à encourager les salariés à utiliser des transports peu polluants pour leurs trajets domicile-travail, figure parmi les mesures les plus discutées.

Le défi est ardu : selon l’lnsee, 7 salariés sur 10 utilisent la voiture pour se rendre au travail. Une indemnisation kilométrique vélo (IKV) avait déjà été mise en place par le précédent gouvernement en 2016, mais celle-ci ne semble pas vraiment avoir trouvé son public : seulement 144 employeurs ont déclaré auprès de l’Observatoire de l’indemnité kilométrique vélo la verser à leurs salariés. La ministre des transports, Elisabeth Borne, a promis que ce nouveau forfait mobilité serait un dispositif plus simple à mettre en œuvre et surtout plus étendu. Il sera mis en place dès le 1er janvier 2020.

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L’employeur pourra prendre en charge tout ou partie des frais engagés par ses salariés se rendant au travail avec leur vélo ou en covoiturage, que ce soit en tant que conducteur ou passager. L’auto-partage et la location de véhicules en libre-service seront ajoutés par décret, a promis la ministre des transports. Reste à savoir si les trottinettes seront dans le lot.

Un titre mobilité sur le modèle du Ticket Restaurant

En ce qui concerne la fiscalité, l’indemnité kilométrique vélo était exonérée de cotisations sociales pour l’entreprise et d’impôt sur le revenu pour le salarié dans la limite de 200 euros par an, le nouveau forfait mobilité double ce plafond. Le forfait mobilité sera défiscalisé jusqu’à « 400 euros par an », précise le projet de loi.

Le Sénat a aussi permis le cumul du forfait mobilité avec la prise en charge par l’employeur de la moitié de l’abonnement de transport en commun, sans plafond, et la participation (facultative) de l’employeur aux frais du carburant et de l’énergie dans la limite de 400 euros par an pour l’alimentation des véhicules électriques, hybrides rechargeables et hydrogènes. Attention : « Cette disposition sera réservée à ceux qui n’ont pas accès aux transports en commun », précise le communiqué du ministère. Particularité pour le secteur public, les fonctionnaires pourront bénéficier du forfait mobilité à hauteur de 200 euros par an maximum.

Faible mobilisation et front syndical désuni contre la réforme de l’assurance-chômage

Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT, et François Hommeril, président de la CFE-CGC, lors d’une manifestation contre la réforme de l’assurance-chômage, à Paris, le 25 juin.
Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT, et François Hommeril, président de la CFE-CGC, lors d’une manifestation contre la réforme de l’assurance-chômage, à Paris, le 25 juin. LIONEL BONAVENTURE / AFP

Quelques centaines de manifestants pour défendre le sort de millions de personnes inscrites à Pôle emploi… Le gouvernement n’a pas de mouron à se faire : bien que l’ensemble des syndicats y soient hostiles, la réforme de l’assurance-chômage ne déclenche, à ce stade, aucune mobilisation de grande ampleur.

Mardi 25 juin, ils étaient environ trois cents à s’être donné rendez-vous sous les fenêtres du ministère du travail, à l’angle de la rue de Grenelle et du boulevard des Invalides. Une initiative lancée par plusieurs confédérations de salariés (CFDT, CFE-CGC, CFTC, UNSA) et une organisation étudiante (FAGE), à laquelle s’étaient joints des représentants de plusieurs associations (comme Solidarités nouvelles face au chômage).

Leur but : exprimer tout le mal qu’ils pensent des mesures dévoilées le 18 juin par l’exécutif pour transformer le système d’indemnisation des demandeurs d’emploi. Ces changements devraient avoir pour effet de réduire les dépenses de 3,75 milliards d’euros (de novembre 2019 à fin 2021), une partie de ces gains (350 millions) devant être réinjectés dans l’accompagnement des chômeurs, ce qui engendrerait au total 3,4 milliards d’économies.

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Chaque personne présente mardi a pu constater combien il est difficile de sensibiliser l’opinion sur un tel sujet. « Il y a plus de CRS que de syndicalistes », plaisantait – à moitié – François Hommeril, le numéro un de la CFE-CGC, au tout début du rassemblement.

Même si elles savaient à l’avance qu’il n’y aurait pas foule, les organisations à l’origine de cette action tenaient à marquer le coup, face à un projet « proprement scandaleux et injuste », selon Laurent Berger. Une semaine après les annonces gouvernementales, la colère du secrétaire général de la CFDT n’est pas retombée. Critiquant à nouveau la « logique purement budgétaire » des dispositions prises, il s’est élevé face à l’« espèce de cynisme » de l’exécutif, qui cherche à suggérer que « quand on est au chômage, on l’a bien cherché ». « Ce n’est pas vrai ! », a-t-il martelé.

« Ce sont les plus précaires, ceux qui sont les plus éloignés de l’emploi, ceux qui enchaînent les CDD qui vont être les premiers touchés et à ça, on s’y oppose formellement », a déclaré Philippe Louis, président de la CFTC.

« On ne pouvait pas laisser passer ça sans rien dire, surtout au moment où le président de la République parle de virage social… », a complété Laurent Escure, secrétaire général de l’UNSA.

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Une fois de plus, les syndicats n’ont pas réussi à constituer un front uni alors même que leur analyse sur le fond est identique. Force ouvrière était absente, mardi. Son leader, Yves Veyrier, explique avoir découvert l’initiative des centrales dites « réformistes » au moment où elle a été rendue publique, soit aussitôt après la présentation de la réforme, le 18 juin. Quant à la CGT, elle devait organiser un rassemblement, mercredi, devant le siège de l’Unédic – l’association paritaire qui gère l’assurance-chômage.

En ordre dispersé

« Cette mobilisation étant prévue depuis plusieurs mois, nous sommes restés dessus, indique Denis Gravouil, représentant de la centrale de Montreuil (Seine-Saint-Denis). La CFDT a sorti la semaine dernière son appel à une manifestation symbolique. Ni moi ni quiconque à la CGT n’avons été contactés à ce sujet. »

Mardi, M. Berger a, pour sa part, affirmé avoir « proposé de faire cette initiative ». Interrogé plusieurs fois sur la réaction en ordre dispersé des confédérations, il a fini par lâcher, agacé : « Si vous voulez faire de cette mobilisation un élément de discussion sur l’unité syndicale, vous repasserez. C’est pas le sujet d’aujourd’hui. »

Plusieurs responsables de centrales espèrent cependant qu’ils parviendront à resserrer les rangs. M. Veyrier assure se placer dans cette optique. « Il reste des choses à construire ensemble », d’après M. Hommeril. Mais l’idée d’une intersyndicale – que M. Gravouil dit avoir proposée à la CFDT depuis février, sans succès – tarde à se concrétiser.

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Avec le plein-emploi, les Etats américains tentent de faire revenir leurs habitants natifs

Aux Etats-Unis, plusieurs Etats volent au secours des employeurs en manque de main-d’œuvre en attirant réfugiés et enfants du pays partis chercher du travail ailleurs en temps de crise.

Par Publié aujourd’hui à 07h30

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Mustafa Faek, 24 ans, est un réfugié irakien arrivé il y a quatre ans à Buffalo, dans l’Etat de New York, tout près du Canada. Il s’est vite intégré. « Je suis professeur de musculation, dit-il. Je nage, je fais des photos, je suis agent immobilier. » Toute la journée, M. Faek multiplie les visites d’appartement pour le compte du cabinet immobilier Howard Hanna. Il fait partie de ces jeunes étrangers que les entreprises de Buffalo et de la ville d’Utica, 300 kilomètres plus loin, ont réussi à faire venir, avec l’aide de l’Etat.

« Buffalo a connu son meilleur moment dans les années 1950. Ensuite des usines ont fermé, les habitants sont partis, et ceux qui sont restés ont vieilli », résume Eva Hassett, directrice de l’Institut international de Buffalo. Entre les années 1950 et l’an 2000, la ville a perdu 50 % de sa population. Mais la reprise de l’économie et le plein-emploi ont changé la donne. Les entreprises et commerces locaux (AIM Transportation Solutions, New Wave Energy, Pepsico, Target…) réclament une force de travail plus jeune.

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D’où les services offerts par l’Institut international aux réfugiés primo-arrivants et à ceux qu’on appelle les « secondaires », des immigrants qui avaient d’abord élu domicile dans un autre Etat et choisissent finalement de tenter leur chance à Buffalo. « Je le dis à mes amis de Chicago, de Philadelphie, du Texas, s’enthousiasme M. Faek. Ici le potentiel est sans limite ».

Agence pour l’emploi efficace

Le constat est identique à Utica, qui a vu sa population décliner de 40 % en un demi-siècle. Le Mohawk Valley Resource Center for Refugees se veut une machine bien huilée. Depuis ses débuts dans les années 1980, quand le centre accueillait les déplacés de la guerre du Vietnam, 16 500 réfugiés se sont installés dans la région. « Nous voyons passer à l’année 180 réfugiés, plus une centaine de “secondaires” », dit Shelly Callahan, la directrice du centre. Son organisation met à leur disposition 100 interprètes, des cours d’anglais, une aide à la recherche de logement… Et surtout, le centre est une agence pour l’emploi très efficace. Avec un taux de chômage inférieur à 5 % dans la ville, Mme Callahan se fait fort de trouver un poste de débutant dans les deux mois pour tout demandeur intéressé. On peut même créer sa propre entreprise.

Loin des clameurs anti-immigrés de la Maison Blanche, la Westminster Economic Development Initiative (WEDI) trace son chemin d’incubateur à Buffalo. L’organisation, financée par l’agence fédérale des petites entreprises, plusieurs fondations et les largesses de Wall Street, a ouvert un bazar dans un ancien supermarché. Les créateurs de start-up de huit pays différents s’y côtoient : du cabinet comptable birman à l’experte en macramé irakienne, en passant par le restaurant thaïlandais. « Nous avons plus de restaurants birmans que la ville de New York », plaisante Bob Doyle, directeur du développement de WEDI. Ravi de voir les immigrants ouvrir à leur tour des petites ou moyennes entreprises et attirer vers le bazar des clients canadiens et des visiteurs de New York.

Dirigeants, salariés : des malentendus à répétition

Il existe, malgré les apparences, un véritable fossé entre les attentes des salariés et celles des dirigeants d’entreprise comme le revèle dans sa chronique la journaliste au « Monde » Annie Kahn.

Publié aujourd’hui à 07h00 Temps de Lecture 2 min.

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« Malgré leur dire, les dirigeants gèrent leur « capital humain » moins attentivement que les autres catégories d’actifs.»
« Malgré leur dire, les dirigeants gèrent leur « capital humain » moins attentivement que les autres catégories d’actifs.» Roy Scott/Ikon Images / Photononstop

Ma vie boîte. Tout dirigeant se doit désormais de l’affirmer, la main sur le cœur : le personnel est le principal actif d’une entreprise. C’est pourquoi les budgets et le temps consacrés au recrutement sont conséquents. C’est aussi la raison pour laquelle les directions des ressources humaines se mobilisent pour figurer dans les palmarès des entreprises où il fait bon vivre, prêtent une oreille attentive aux discours sur la génération Y ou Z et sur les nouvelles méthodes de management participatives.

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Peine perdue. Car une enquête publiée le 20 juin par Audencia, école de management européenne, réalisée auprès de dirigeants de 150 entreprises, montre que les dirigeants ont une vision des attentes de leurs salariés en complet décalage avec la réalité du terrain. Et si les manageurs sont nombreux à juger leurs pratiques innovantes, leurs subordonnés sont loin de s’en apercevoir.

Une autre perception

Pour parvenir à ce résultat, les chercheurs de la chaire innovations managériales d’Audencia ont confronté les résultats de cette enquête « dirigeants » avec ceux de l’enquête « salariés », réalisée en 2017, auprès d’un échantillon représentatif de 1 001 personnes. Plus de la moitié (53 %) des dirigeants interrogés pensent ainsi que les salariés de moins de 35 ans sont davantage en quête de sens que leurs aînés. Erreur ! Seule une minorité de 22 % des 18-34 ans de l’enquête cite l’intérêt de leur tâche parmi leurs principales motivations – contre 42 % pour la génération précédente.

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En revanche, percevoir une augmentation est jugé comme très motivant pour les trois quarts des « millennials », plus que la reconnaissance des efforts (52 %) et la promotion (39 %). Autre décalage : si 65 % des dirigeants estiment pratiquer un management participatif ou collaboratif, 81 % des salariés se sentent, au contraire, managés de façon directive ! Il faut dire que les manageurs sont bien plus préoccupés par le développement de nouveaux produits et services ou par l’usage de nouvelles technologies que par l’innovation managériale.

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Conséquence : malgré leur dire, les dirigeants gèrent leur « capital humain » moins attentivement que les autres catégories d’actifs. Une publication de Peter Cappelli, professeur de management à la Wharton School (Etats-Unis), parue en mai dans la Harvard Business Review, indiquait ainsi que, s’il est essentiel aux yeux des dirigeants américains de contrôler la qualité de leurs produits, services ou équipements, un tiers d’entre eux seulement appliquent le même genre de méthode pour s’assurer de la pertinence de leur processus de recrutement.

Facebook ouvre l’ère des entreprises devenues puissances universelles

A travers sa monnaie, il faut craindre que Facebook organise de nouveaux référentiels de ce qui est marchandisable ou pas, désigne les activités accessibles à sa monnaie et celles qui ne le sont pas, explique, dans sa chronique, le titulaire de la chaire Théorie et méthodes de la conception innovante, Armand Hatchuel.

Publié aujourd’hui à 06h30 Temps de Lecture 2 min.

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« Il faut  sortir de l’illusion transactionnelle de l’argent, car avec une telle monnaie Facebook disposera d’un pouvoir gestionnaire sur une très large part des activités individuelles et entrepreneuriales du monde »
« Il faut  sortir de l’illusion transactionnelle de l’argent, car avec une telle monnaie Facebook disposera d’un pouvoir gestionnaire sur une très large part des activités individuelles et entrepreneuriales du monde » DR

Avis d’expert « Entreprise ». En annonçant la création d’une monnaie virtuelle pour ses 2,5 milliards de clients, Facebook a rompu avec l’un des codes majeurs des Etats modernes : le monopole de la monnaie. La réaction ne s’est pas fait attendre et le ministre de l’économie a prévenu qu’une entreprise privée ne pouvait pas créer une monnaie souveraine.

De nombreux observateurs ont, par ailleurs, exprimé leur scepticisme sur la faisabilité et la fiabilité d’un tel projet. Reste que, fort d’un déploiement en nombre de personnes et de pays sans précédent dans l’histoire, fort aussi de sa pénétration dans la vie intime et quotidienne des gens, Facebook annonce, avec cette nouvelle monnaie, l’ère des entreprises devenues puissances universelles.

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Car l’argent n’est pas un outil passif d’échange. Les actes d’un colloque de Cerisy récemment publiés ont montré que l’argent tend à coloniser les repères de la valeur, de l’éthique civile et marchande, du pouvoir et de la solidarité (« Comment apprivoiser l’argent ? », sous la direction de Jean-Baptiste de Foucauld, Hermann, 2016). Contre ces dérives, les Etats modernes ont eu à agir pour défendre une « bonne gestion » de l’ordre public. Il a fallu garantir le paiement des dettes, réglementer l’exercice des professions, protéger la valeur des biens et des salaires ou encore limiter l’exercice bancaire.

En dehors du bitcoin, les monnaies locales sont légion depuis quelques années. Mais elles servent un intérêt collectif local, territorial ou communautaire. Entre les utilisateurs de Facebook, il n’y a rien de tout cela. C’est une foule immense, plus grande que le plus grand des empires passés et présents.

Un précurseur

Le danger n’est donc pas que la nouvelle monnaie concurrence les Etats sur leur souveraineté. Il faut plutôt craindre que Facebook construise à travers sa monnaie une « pax Libra » mondiale, qui organise de nouveaux référentiels de ce qui est marchandisable ou de ce qui ne l’est pas, décide qui mérite que l’on protège ses dettes ou d’être abandonné à son sort, désigne les activités accessibles à sa monnaie et celles qui ne le sont pas. Facebook a d’ailleurs un précurseur qui mérite d’être rappelé, c’est la Compagnie hollandaise des Indes orientales qui battait sa propre monnaie et avait acquis, pendant deux siècles, la stature d’un Etat influent.

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En soutenant publiquement qu’il s’agit simplement de pouvoir envoyer de l’argent comme on envoie une photo, Facebook feint de mésestimer son innovation. Envoyer de l’argent, c’est associer deux individus ou deux collectivités dans la même communauté d’intérêts, de jugement et de solidarité.

Innovation : inverser la tendance

Face à la domination écrasante de la Chine et des Etats-Unis, que faire pour inverser la tendance et permettre l’émergence en France et en Europe de licornes, s’interrogent Alain Dupas, Jean-Christophe Messina et Cyril de Sousa Cardoso

Par Publié aujourd’hui à 06h00

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« Innover comme Elon Musk, Jeff Bezos et Steve Jobs », d’Alain Dupas, Jean-Christophe Messina et Cyril De Sousa Cardoso. Odile Jacob, 176 pages, 17,90 euros.
« Innover comme Elon Musk, Jeff Bezos et Steve Jobs », d’Alain Dupas, Jean-Christophe Messina et Cyril De Sousa Cardoso. Odile Jacob, 176 pages, 17,90 euros.

Le Livre Sur 266 licornes recensées dans le monde en 2018, la domination de la Chine et des Etats-Unis est écrasante, alors que la présence européenne est très faible. La France ne comptait alors que deux start-up valorisées à plus de 1 milliard de dollars (884,20 millions d’euros). La situation n’est pas meilleure pour les géants du numérique, classés en « superlicornes » – plus de 10 milliards de valorisation – et en « titans » – plus de 50 milliards de valorisation. Les vingt leaders à ce niveau sont tous américains ou chinois. Que faire pour inverser la tendance et permettre l’émergence en France et en Europe de licornes, s’interrogent Alain Dupas, Jean-Christophe Messina et Cyril de Sousa Cardoso dans Innover comme Elon Musk, Jeff Bezos et Steve Jobs (Odile Jacob).

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L’ouvrage analyse la manière dont certains des plus grands entrepreneurs américains actuels « ont défini et appliqué une série de principes simples qui ont permis à leurs sociétés de partir du stade de garage et de croître à une vitesse phénoménale pour atteindre en moins d’un quart de siècle les premières places dans la hiérarchie des entreprises mondiales. »

Le physicien et expert des ruptures technologiques, le conseiller stratégique de dirigeants et l’expert en conduite de projets d’innovation se concentrent sur les sociétés entrepreneuriales américaines, et non chinoises en raison de la notion d’entrepreneur, très différente dans le régime autoritaire chinois : le pouvoir chinois s’appuie sur son énorme marché intérieur et limite de manière autoritaire la pénétration des GAFA (Google, Apple, Facebook et Amazon) sur ce marché.

Transposition difficile

La croissance extrêmement rapide des GAFA s’explique aussi par des pratiques entrepreneuriales liées aux personnalités des grands acteurs du numérique, difficilement transposables en Europe. « Mais cela n’interdit pas de comprendre comment il serait possible de s’inspirer de ces pratiques, tout en respectant les modèles sociaux européens, pour améliorer les procédures de soutien et de financement des start-up. » Objectif : libérer l’énergie créative des entrepreneurs, le plus souvent étranglée par des réglementations, et « créer une culture de l’entrepreneuriat à l’européenne, qui est désespérément absente, et qui conduit de nombreux entrepreneurs, après être passés à l’acte en Europe, à s’exiler au véritable pays des licornes ».

Aux urgences, la crainte du manque de personnels soignants durant l’été

Une enquête de l’ARS d’Ile-de-France révèle que les démissions de médecins urgentistes dans les hôpitaux publics de la région ont très fortement augmenté en 2018.

Par Publié aujourd’hui à 03h29, mis à jour à 14h16

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Des membres des services d’urgence des hôpitaux publics manifestent à Paris, le 6 juin, pour de meilleurs salaires et plus de personnel.
Des membres des services d’urgence des hôpitaux publics manifestent à Paris, le 6 juin, pour de meilleurs salaires et plus de personnel. AURORE MESENGE / AFP

L’été s’annonce de nouveau particulièrement tendu dans de nombreux services d’accueil des urgences (SAU). En plein épisode de canicule et à quelques jours d’une nouvelle manifestation nationale des infirmiers et des aides-soignants en grève pour dénoncer la dégradation de leurs conditions de travail, le 2 juillet, à Paris, une « enquête flash » menée par l’agence régionale de santé (ARS) d’Ile-de-France montre à quel point ces services fonctionnent en sous-effectif. Au 20 juin, dans les SAU des huit départements franciliens, de 458 à 728 plages médicales de douze heures n’étaient toujours pas pourvues pour juillet et de 567 à 892 ne l’étaient pas pour août.

Lire aussi : Une grève illimitée débute dans plusieurs services d’urgence, à Paris.

Ces résultats, établis à partir des réponses de la grande majorité des 92 services d’urgence franciliens (86 % ont répondu à l’enquête), sont du même ordre que ceux obtenus lors de la précédente édition, il y a un an ; à la même époque en juin, 531 plages n’étaient pas pourvues pour juillet et 711 pour août.

« La situation n’est pas plus inquiétante qu’il y a un an mais ce n’est pas pour autant qu’il faut s’en satisfaire, il va falloir trouver des solutions », explique Didier Jaffre, le directeur de l’offre de soins de l’ARS, qui assure « tout faire pour ne pas avoir à fermer de ligne de service mobile d’urgence et de réanimation (SMUR) » cet été.

Tous les hôpitaux ne sont pas touchés de la même façon par le manque de personnel soignant : en Ile-de-France, 41 % d’entre eux se disent concernés par une carence de médecins en juillet et 48 % en août. A l’origine de ces difficultés : un manque structurel de praticiens, qui s’aggrave pendant l’été, une période pendant laquelle les titulaires prennent leurs congés.

Démissions et recrutements

Fait marquant de cette troisième édition de l’enquête : la forte accélération du nombre de démissions de médecins urgentistes dans les établissements publics, avec 119 départs en 2018 (dont 46 dans les seuls hôpitaux de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris, AP-HP), contre 73 en 2017 et 43 en 2015.

« Certains partent en province, certains abandonnent la médecine d’urgence et d’autres enfin prennent une activité d’intérim à 1 500-1 700 euros les vingt-quatre heures ou vont travailler dans le privé », constate Mathias Wargon, le chef des urgences de l’hôpital Delafontaine, à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis). « Notre système d’information ne permet pas de dire où ils sont allés », note M. Jaffre.

La bonne santé de l’emploi facilite la mobilité des cadres

La majorité des cadres envisagent de changer de poste ou d’entreprise d’ici à 2022, indique le baromètre annuel de l’Association pour l’emploi des cadres (APEC), publié mercredi 26 juin.

Par Publié le 26 juin 2019 à 00h15

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« En 2018, 30 % des cadres ont réellement bougé, contre 25 % en 2015 et 24 % en 2013 »
« En 2018, 30 % des cadres ont réellement bougé, contre 25 % en 2015 et 24 % en 2013 » Monty Rakusen/Cultura / Photononstop

Plus de six cadres sur dix (64 %) envisagent une mobilité dans les trois ans à venir, révèle l’Association pour l’emploi des cadres (APEC) dans son baromètre annuel, publié mercredi 26 juin. Leur intention est d’abord (41 %) de changer de poste, puis (39 %) d’aller voir ailleurs et enfin (12 %) de créer une entreprise. Mais quelle que soit la motivation de la mobilité, depuis dix ans que l’APEC mesure les intentions et la réalité de la mobilité professionnelle du secteur privé, la tendance est à la hausse.

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En 2018, 30 % des cadres ont réellement bougé, contre 25 % en 2015 et 24 % en 2013. 21 % ont changé soit de poste, soit de service, soit de département, soit de contenu de poste au sein de leur entreprise et 9 % l’ont quitté. Mais ceux qui bougent dans l’entreprise ne le font pas pour les mêmes raisons que ceux qui en sortent. L’APEC explique la progression de la mobilité externe par « la dynamique du marché de l’emploi cadre ».

Avec un taux de chômage à 3,8 %, dont 100 000 chômeurs de longue durée, les cadres sont aujourd’hui quasiment au plein-emploi. Les entreprises qui n’avaient recruté que 143 700 cadres en 2009 en ont embauché 266 400 en 2018 ! Un record qui ne devrait pas s’arrêter là. Pour 2019, l’APEC a annoncé une nouvelle hausse des recrutements de 2 % à 10 %. Mais les motivations « défensives » déclarées par les cadres modèrent tout enthousiasme.

Occasion à ne pas manquer

La première est le besoin de « quitter un environnement difficile (stress, difficultés relationnelles) » et la deuxième est « l’absence de choix ». La bonne santé du marché de l’emploi se transforme dès lors en occasion à ne pas manquer. La mobilité interne dépend, quant à elle, davantage des réorganisations et des restructurations. Elle est en majorité (52 %) décidée à l’initiative de l’employeur. Les motivations le plus souvent avancées par les cadres sont : une opportunité à saisir, un gain en responsabilité ou l’absence de choix.

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En 2018, au sein de l’entreprise, 8 % des cadres ont ainsi changé de poste et 13 % ont connu d’autres types de changements. C’est cette deuxième composante qui augmente depuis 2014, précise l’APEC. Dans le cas d’une mobilité interne, 65 % des cadres ont vu leur charge de travail alourdie.

Cadres jeunes plus mobiles et moins fidèles