La Caisse d’épargne brise un tabou en recourant à des travailleurs indépendants

Aucune banque en France n’avait jamais osé s’y risquer. La Caisse d’épargne a décidé de faire le saut : elle s’apprête à lancer un nouveau modèle de distribution en remplaçant, dans certaines agences rurales, ses salariés par des travailleurs indépendants, avec le statut de conseiller indépendant local (CIL). Le premier établissement à expérimenter la formule est la Caisse d’épargne Bretagne-Pays de Loire, qui commencera le test en juin dans trois points de vente. L’institution a obtenu le feu vert de son organe central, BPCE (Banque populaire-Caisse d’épargne), et transmettra prochainement une demande d’autorisation à l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution, le gendarme bancaire.

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« C’est un tsunami dans le monde bancaire, a réagi Frédéric Guyonnet, le président national du syndicat SNB-CFE-CGC. Le groupe franchit la ligne rouge. Aujourd’hui, on nous parle des agences rurales, demain ce sera les agences des quartiers sensibles. Et ce n’est pas de bon augure pour les clients, car ces entrepreneurs seront rémunérés en fonction du nombre de produits vendus. »

Pourquoi, donc, remplacer des salariés par des travailleurs indépendants ? Dans le document de présentation soumis en comité social et économique (CSE), le 30 janvier, et que Le Monde s’est procuré, la Caisse d’épargne Bretagne-Pays de Loire insiste sur « l’environnement contraignant » auquel font actuellement face les banques : la concurrence des autres enseignes et des néobanques, les taux bas, la pression réglementaire. La baisse des revenus rend « une présence granulaire en milieu rural de plus en plus coûteuse pour des portefeuilles de clients fidèles, mais vieillissants », souligne l’établissement, en ajoutant que « les budgets de la Caisse ne suffisent pas pour rénover toutes les agences » et qu’elle rencontre « des difficultés pour fidéliser [ses] collaborateurs et attirer de nouveaux talents ».

Le mandataire devra présenter des garanties

L’établissement projette de regrouper ou de rapprocher une soixantaine d’agences d’ici à la fin 2021, mais veut se montrer prudent en milieu rural, car, est-il écrit, « le retrait de [leur] enseigne participe [au] sentiment de désertification et peut nuire à [leur] image ». D’où l’idée d’un recours aux travailleurs indépendants, pour externaliser une partie du réseau de distribution de l’établissement.

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Des secteurs comme les télécommunications, la distribution ou les assurances ont déjà expérimenté le modèle. En Belgique, plusieurs banques, dont BNP Paribas, confient également des agences à des entrepreneurs franchisés.

La Californie tente de réguler l’« économie des plates-formes »

Des chauffeurs Uber manifestent pour leurs droits, le 8 mai 2019 à l’aéroport de Los Angeles, en Californie.
Des chauffeurs Uber manifestent pour leurs droits, le 8 mai 2019 à l’aéroport de Los Angeles, en Californie. LUCY NICHOLSON / REUTERS

Employés ? Travailleurs indépendants ? A l’automne 2019, la Californie croyait avoir tranché le débat sur la « gig economy », l’économie à la demande, en adoptant une loi imposant aux entreprises d’octroyer à leurs contractuels des avantages comparables à ceux des salariés : congé maladie, salaire minimum, assurance chômage, d’invalidité. C’était la première tentative, à l’échelle d’un Etat de cette importance pour freiner « l’ubérisation » du travail et la multiplication des emplois précaires.

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Pour les élus californiens, il s’agissait de lutter contre les inégalités qui s’accentuent, à l’ombre de ce que les experts appellent maintenant la « two-jobs economy », l’économie où il faut deux emplois pour s’en sortir. L’auteure de la loi, Lorena Gonzalez, une ancienne syndicaliste de San Diego, fille d’ouvrier agricole et diplômée de l’université Stanford, avait accusé les plateformes technologiques de pratiquer des méthodes « féodales », sous couvert de « flexibilité ».

La loi, dite AB5, est entrée en vigueur le 1er janvier. Elle impose aux entreprises opérant en Californie de requalifier comme employés les contractuels qui satisfont aux conditions définies par la Cour suprême de l’Etat en 2018. « La présomption est que vous êtes un employé sauf si trois critères sont simultanément réunis », explique Ken Jacobs, le directeur du centre de recherche de l’université de Berkeley sur le travail : être indépendant du contrôle de la compagnie, exercer une tâche qui ne figure pas dans « l’activité principale » de celle-ci, et offrir ses services à d’autres employeurs.

Une définition qui frappe au cœur du modèle de la gig economy, notamment le deuxième critère. Uber a beau proclamer être une plate-forme qui met en relations clients et chauffeurs et non une entreprise de transports, sa défense ne convainc pas les experts. « Pour une compagnie qui paie les gens pour conduire, il est difficile de prétendre que la conduite n’est pas au cœur de son activité », note le professeur Jacobs.

Panique

La loi visait surtout à protéger les forçats de l’économie numérique : les chauffeurs des compagnies de VTC comme Uber et Lyft, les livreurs d’Amazon Flex, DoorDash, Instacart, Postmates soumis à des tarifications dont seuls les algorithmes ont la clef.

Mais des dizaines de milliers de contractuels de métiers plus classiques se sont aperçus qu’elle les englobait aussi : pigistes (s’ils rédigent plus de trente-cinq articles annuels pour la même entreprise), correcteurs, interprètes, routiers, photographes. La loi a semé la panique dans les salons de coiffure, les cabinets d’experts-comptables, les clubs de yoga, obligés de recourir à des avocats pour savoir si leurs auxiliaires étaient contractuels ou pas.

« Avoir la bonne tenue » : dans les écoles de commerce, l’apprentissage des codes vestimentaires

MARK AIRS/PHOTONONSTOP

« Je ne me suis jamais mis autant la pression sur ma tenue que le jour où j’ai passé mon entretien d’embauche chez Chanel », se souvient Mathieu, fraîchement diplômé de l’Inseec. Jusqu’alors, il ne s’était pas posé trop de questions. Pour se présenter aux jurys d’admission des écoles de commerce, il s’était acheté une veste, des chemises claires et un pantalon classique. Une panoplie qu’il a ressortie à chaque moment important de sa scolarité.

Mais là, c’était une autre affaire. Il s’agissait d’être embauché dans une entreprise de luxe. Après avoir longuement hésité entre une tenue très classique et « quelque chose d’élégant mais avec une touche de fantaisie, pour montrer que j’étais sensible à la mode », il a finalement préféré ne prendre aucun risque et a ressorti son habituelle veste complétée d’un nouveau pantalon « plus chic ».

« Nos étudiants apprennent à se présenter à un employeur et donc à adopter le bon code vestimentaire, sachant qu’il varie selon les entreprises et les secteurs » Jérôme Troiano, responsable carrières à l’Edhec

Si l’habit n’est pas censé faire le moine, en réalité « le vêtement reste un marqueur culturel et identitaire fort », souligne la sociologue Isabel Boni-Le Goff, spécialiste du secteur du conseil. Donc, pour avoir des chances d’être retenu lors d’un entretien d’embauche ou de stage, mieux vaut se présenter avec la « bonne » tenue. Les écoles de commerce, qui font de l’insertion professionnelle leur atout maître, l’ont bien compris.

Il en est question dans les ateliers consacrés à l’embauche ou lors de séances de simulation d’entretiens. Des préceptes mis en pratique au travers de différentes manifestations organisées par les écoles. Ainsi, à l’Inseec, « les étudiants doivent venir en costume ou en tailleur lors des présentations d’études de cas ou du grand oral en fin de master 1, » indique Alexandra Vignolles, directrice de l’innovation pédagogique. A l’Edhec, dès le début d’année, deux jours sont consacrés au « networking » (réseautage). « Nos étudiants apprennent à se présenter à un employeur et donc à adopter le bon code vestimentaire, sachant qu’il varie selon les entreprises et les secteurs d’activité », explique Jérôme Troiano, responsable carrières de l’école lilloise.

Classique et neutre

« S’il a la bonne tenue lors de l’entretien d’embauche, le candidat montre qu’il a compris la culture de l’entreprise, le message que celle-ci veut faire passer, et qu’il y adhère. C’est aussi un moyen, pour le recruteur, de voir si le jeune pourra s’intégrer ou non », observe Susan Nallet, directrice carrières de Grenoble Ecole de management (GEM). Et comme le marché du travail est très concurrentiel, pas question pour les candidats de prendre le moindre risque. « On a tellement envie de réussir que, même si parfois on a l’impression d’être déguisé, on joue le jeu, confirme Mathieu. Quitte à se mettre dans une situation financière inconfortable en achetant des tenues très chères. »

« En revêtant un costume, bon nombre d’étudiants ont le sentiment de ressembler à l’image qu’ils se font d’un cadre. » Oumaya Hidri-Neys, sociologue

Dans les écoles où l’on apprend à devenir manageur, et donc à intégrer les pratiques culturelles de la fonction, une tenue formelle est de mise dès les jurys d’admission dans l’école. Une pratique que les étudiants ont intégrée. « Cela ne me serait pas venu à l’idée de passer les oraux autrement qu’en costume. Ça fait partie du cérémonial », fait valoir Thomas, étudiant à Montpellier Business School. « Et ça met en confiance », abonde Alexandre, étudiant à GEM. Des propos qui ne surprennent pas la sociologue Oumaya Hidri Neys : « En revêtant un costume, bon nombre d’étudiants ont le sentiment de ressembler à l’image qu’ils se font d’un cadre. »

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Ce qui ne les empêche pas, une fois dans le monde du travail, d’assouplir leur tenue. C’est le chemin adopté par Louise, étudiante à l’Inseec, qui suit son cursus en alternance chez Thales. Pour son premier jour dans l’entreprise, elle s’est attaché les cheveux et a choisi « des vêtements classiques et neutres » : veste, pantalon et sandales plates. « Je voulais sonder la température vestimentaire du service dans lequel j’allais travailler avant de m’autoriser un peu de fantaisie. » Elle a ensuite constaté que le code était assez libre. « Mon chef est en costume-cravate, mais son collègue met parfois un jean avec des mocassins. »

Des codes assouplis

Cette tendance à moins de formalisme se retrouve dans la plupart des entreprises, où costumes et cravates perdent du terrain. Mais ce relâchement est très relatif et reste largement codifié. En témoigne le « friday wear », cette tenue moins formelle réservée au vendredi, venue des Etats-Unis dans les années 1980. « Ce jour où l’on vient habillé au bureau comme on le souhaite répond en réalité à une autre forme de règle », rappelle Agnès Ceccarelli, professeure associée à l’ICN Business school.

Dans le secteur de la finance ou du conseil, ou encore dans les très grandes entreprises, le classicisme est toujours de rigueur. « Là, il faut avoir du style, c’est-à-dire savoir se déplacer, se tenir, s’exprimer, mais aussi se vêtir. La bonne tenue : un costume sombre et une chemise claire pour les hommes, avec ou sans la cravate selon les circonstances. Un tailleur avec un chemisier pour les femmes, éventuellement agrémenté d’accessoires discrets », détaille Haude Rivoal, sociologue du travail.

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Dans les start-up de la tech ou dans l’univers de la communication, la liberté vestimentaire n’est qu’apparente. Certes, le costume-cravate est relégué au fond du placard. Mais il est remplacé par un nouvel uniforme codifié, à base de jean, baskets et tee-shirt. Un look qui vise, selon Haude Rivoal, « à mettre en scène la flexibilité et l’agilité, en faisant souffler un vent de jeunesse sur l’entreprise ».

« Les femmes sont soumises à une injonction paradoxale. Elles doivent être une vraie femme et en même temps un vrai manageur. » Isabel Boni-Le Goff

En conclure que l’on peut aller travailler avec n’importe quoi sur le dos serait aller un peu vite. « Il s’agit en réalité d’une transformation des codes, mais pas d’une disparition de ceux-ci », insiste la sociologue. Pour le jeune salarié, la difficulté consiste alors à paraître détendu… sans être négligé. Un équilibre subtil, d’autant « qu’on n’a pas les mêmes goûts vestimentaires selon son milieu d’origine, ni la même somme d’argent à y consacrer », pointe Oumaya Hidri Neys.

Adopter la bonne tenue dans la bonne circonstance apparaît plus difficile pour les étudiantes que pour les étudiants. « Les femmes sont soumises à une injonction paradoxale. Elles développent une stratégie qui vise à reprendre des pièces du vestiaire masculin pour être légitimes, car ce sont des éléments qui symbolisent l’autorité et l’expertise et véhiculent les signes de l’autorité managériale. Mais, en même temps, elles sont censées ne pas renoncer à leur féminité. Alors, elles bricolent pour répondre aux normes de genre qui leur sont assignées », analyse Isabel Boni-Le Goff.

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Dans le domaine du conseil, largement dominé par les hommes, les femmes sont particulièrement exposées. « Si elles ne se conforment pas à ce qui est attendu d’elles, en adoptant par exemple une tenue jugée comme trop sexualisée, elles s’exposent à des moqueries, des injures, voire des comportements de harcèlement », a constaté la sociologue. Afin d’éviter d’être stigmatisées, les femmes préfèrent alors porter des vêtements neutres, voire passe-partout. Et cela dès l’école. Emma, étudiante à l’EM Normandie, l’a bien compris. La semaine, dans son école de commerce, elle s’habille de façon « à passer inaperçue ». Le week-end, elle « ressort jupes et accessoires ».

En Ile-de-France, le secteur privé continue à recruter à tour de bras

Des ouvriers construisent, sur le champ de course de Longchamp, en octobre 2019.
Des ouvriers construisent, sur le champ de course de Longchamp, en octobre 2019. JOEL SAGET / AFP

L’Ile-de-France, premier bassin d’emploi de l’Hexagone avec 4,8 millions de salariés dans le secteur privé – soit un salarié sur quatre dans le pays –, va continuer à recruter de manière soutenue en 2020. Ce sont tout particulièrement les services qui devraient soutenir la tendance dans cette région qui représente 31 % du produit intérieur brut (PIB) national, indique une enquête de la Banque de France réalisée auprès de 14 800 chefs d’entreprise, tous secteurs confondus, et publiée jeudi 13 février. « Dans un contexte international difficile, marqué par un ralentissement de la croissance et des échanges internationaux, les entreprises franciliennes ont bien tiré leur épingle du jeu en 2019 », explique Jean-Pascal Prevet, directeur régional Île-de-France de l’institution.

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Les sociétés du secteur de la construction et des travaux publics, notamment, ont réalisé une excellente année 2019, avec un chiffre d’affaires en hausse de 4,7 %, et s’acheminent vers une croissance plus modérée en 2020 (+ 2,3 %). L’industrie, après une production en augmentation de 2,4 %, prévoit une progression de 1 % cette année, en raison d’une conjoncture moins favorable dans l’automobile. Dans ce secteur, « l’année 2019 a connu une stabilisation » des effectifs, essentiellement due à la diminution « drastique » du nombre d’intérimaires dans les usines de la région, Renault à Flins et PSA à Poissy, note l’étude.

Le BTP toujours porteur

Les services marchands devraient connaître une année particulièrement dynamique (+ 4,3 % attendus, après 3 % en 2019). Toutes les branches des services ont recruté l’an passé (+ 3,6 % au global) et vont poursuivre sur cette lancée, à l’exception notable de la publicité. L’ingénierie technique (bureaux d’étude), notamment, est fortement pourvoyeuse d’emplois, dans un secteur en tension. « Les compétences sont difficiles à recruter et à conserver », a souligné Danièle Koubi, responsable des études économiques au sein de la direction des affaires régionales Ile-de-France de la Banque de France. Les effectifs devraient y augmenter de 5,4 % en 2020, au même rythme que l’année passée.

Autre activité en tension : l’information-communication, portée par les activités informatiques et le secteur des logiciels. Développeurs, ingénieurs, chefs de projet sont toujours très demandés alors que les embauches accélèrent encore (+ 5,6 % cette année, après 3,8 % en 2019). Dans un autre registre, les transports et l’entreposage, qui bénéficient de l’envolée du e-commerce, cherchent des manutentionnaires ou des chauffeurs pour acheminer les millions de colis qui leur sont confiés, mais souffrent d’un manque d’attractivité qui pénalise les entreprises.

« Scrum master », « Bim manager », « photogrammètre »,… : ces nouveaux métiers qui apparaissent et recrutent

Personne ne les connaît. Ils sont entrés dans les entreprises avec la multiplication des drones, et la diffusion du numérique, mais pas seulement. Dans le BTP, la construction, la santé, l’informatique et l’ingénierie, de drôle de noms de métiers s’infiltrent dans les petites annonces depuis cinq ans. Qu’est-ce qu’un photogrammètre ou un scrum master ? Quelle est la différence entre le bid manager, et le BIM manager ? Et que vient faire l’assistant médical dans ces nouveaux métiers ?

Le groupe Randstad s’est appuyé sur l’intelligence artificielle pour identifier ces métiers émergents. Le spécialiste de l’intérim a recensé leur niveau de salaire, les régions qui les recrutent, et ce qu’on attend d’eux en termes de formation et de compétences comportementales, dites « soft skills ».

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Le photogrammètre est très recherché en Bretagne, pour un salaire annuel moyen de 30 000 euros. Spécialiste de la cartographie et de la topographie, c’est un cousin germain du géomètre qui aurait passé son brevet de pilote de drone avec une spécialité data. Il doit être qualifié en photogrammétrie par drone, soit quelque treize jours de formation pour près de 5 000 euros. Après quoi, il parlera couramment orthophotoplan, nuage de points et autres cubatures. Une partie de la formation est éligible au CPF sous l’intitulé « pilotage de drone industriel automatisé » ou « télépilotage drone ». Le volume d’offres n’est pas très important, 275 en 2019, mais en progression de 125 % en un an.

« Maître de mêlée »

L’Ile-de-France est, elle, en quête de scrum masters, autrement dit de chefs de projet en méthode « agile ». Le seul site Jobthis a publié une dizaine d’offres ces deux dernières semaines. 2 774 annonces ont été publiées en 2019, en hausse de 30 % en un an. Le scrum master, de l’anglais « maître de mêlée » (celle du rugby), tient davantage du coach que du chef de service. « Il doit notamment s’assurer que la méthode [agile] est comprise et mise en œuvre et que l’équipe adhère à la théorie, aux pratiques et aux règles de Scrum Manifesto », précisait une offre récente. La formation initiale d’ingénieur informatique plus une certification de scrum master assurent un salaire annuel moyen de 59 000 euros.

Au centre de la France, l’Auvergne recherche plutôt des BIM managers, à ne pas confondre avec le bid manager, très couru en Ile-de-France. « BIM » est l’acronyme de Building Information Modeling, en référence aux maquettes virtuelles des chantiers ou projets conduits par ces nouveaux architectes numériques, tandis que « bid » est la traduction d’« enchères ». Le bid manager est un professionnel du marketing, expert du référencement et du coût par « clic ». Bouygues Telecom, Engie, Atos sont autant de recruteurs de bid managers. La digitalisation des métiers valorise davantage le commercial à 52 000 euros annuels, que l’architecte, rémunéré en moyenne 42 000 euros.

La bonne nouvelle du marché de l’emploi

Quand Emmanuel Macron, lors de sa campagne présidentielle de 2017, avait jugé possible d’atteindre un taux de chômage de 7 % en fin de quinquennat, l’objectif avait suscité beaucoup d’incrédulité. Les Français avaient encore en tête l’incapacité de son prédécesseur à « inverser la courbe » du chômage, comme ce dernier s’y était engagé. Les chiffres de l’emploi, publiés par l’Insee, jeudi 13 février, montrent que la trajectoire fixée par Emmanuel Macron est du domaine du possible.

Le taux de chômage, en 2019, a chuté de 0,7 point pour tomber à 8,1 %. Pas de quoi pavoiser, mais le nombre de chômeurs de longue durée est passé, pour la première fois depuis dix ans, sous la barre du million, tandis que le marché des cadres bat record sur record.

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D’aucuns diront que c’est un bol d’oxygène pour un gouvernement empêtré dans sa réforme des retraites. Il s’agit avant tout d’une bonne nouvelle pour les Français. Voilà douze ans qu’un tel chiffre n’avait pas été atteint. Plus marquant encore : pas une seule année depuis 1983, le taux de chômage de notre pays n’est retombé sous la barre des 7 %, alors que la plupart des grandes économies ont retrouvé le plein-emploi depuis plusieurs années déjà.

L’amélioration de la situation française s’explique d’abord par la dynamique de créations d’emplois. La tendance est d’autant plus solide que, contrairement à un passé récent, les emplois aidés ne sont pas à l’origine de la décrue. Près de 90 % du million de postes créés sur les cinq dernières années le sont dans le privé.

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Lorsque le chômage augmente, le gouvernement est systématiquement considéré comme le principal responsable. Il est bien légitime que, lorsqu’il baisse, l’exécutif cherche à s’en attribuer les mérites. Mais ceux-ci doivent être partagés. Les réformes engagées sous François Hollande avec l’allégement du coût du travail pour les entreprises et la réforme du code du travail, deux axes poursuivis et amplifiés par Emmanuel Macron, commencent à produire des effets. Le regain d’attractivité de la France pour les investisseurs étrangers, la montée en puissance de la réforme de l’apprentissage et de la formation professionnelle sont également à même de soutenir la tendance.

Diminution mécaniquement facilitée

Mais, au-delà de ces mesures, deux facteurs puissants expliquent l’amélioration du marché du travail. Le premier tient à la démographie. Alors que, dans les années 2000, la population active augmentait de 200 000 à 300 000 personnes par an, elle a aujourd’hui tendance à stagner, voire à diminuer. Sans remettre en question les efforts du gouvernement, quand un pays a moins de personnes à intégrer sur son marché du travail, la diminution du taux de chômage est mécaniquement facilitée.

Le second facteur est lié au ralentissement des gains de productivité. Désormais, l’économie française continue de créer de l’emploi à un rythme soutenu, même lorsque la croissance est tout juste supérieure à 1 %. Même s’il faut se féliciter du fait que l’industrie recommence à créer de l’emploi, l’essentiel de la dynamique est soutenu par les emplois de services, qui ont une faible productivité.

Ces deux paramètres devraient continuer à jouer dans les mois à venir. C’est une opportunité pour le gouvernement, qui doit maintenant concentrer ses efforts pour rendre le marché de l’emploi plus inclusif, alors que le nombre de personnes sans activité, mais qui, pour diverses raisons, ne cherchent pas de travail, a explosé en quinze ans. Derrière des chiffres encourageants, la fracture sociale demeure.

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Le Monde

« Dans mon immeuble, personne ne sait que je suis policier » : le difficile début de carrière des jeunes agents

Cérémonie d’accueil des gardiens de la paix issus des 247e et 248e promotions à la préfecture de police de Paris, en décembre 2018.
Cérémonie d’accueil des gardiens de la paix issus des 247e et 248e promotions à la préfecture de police de Paris, en décembre 2018. ROMAIN GAILLARD / REA

Lorsqu’il évoque son métier de policier, Adrien (tous les prénoms ont été modifiés) donne l’impression d’avoir plusieurs années d’expérience tant son discours sur ses conditions de travail est lucide, parfois désabusé.

Grand, les épaules carrées, ce n’est pas son physique mais la candeur de son regard qui trahit son jeune âge : 25 ans. Diplômé de l’Ecole nationale de police, il fait ses premiers pas en uniforme depuis septembre 2019, à Paris. Après cinq mois, il dresse déjà une longue liste de griefs, égrenant les maux de sa vie de jeune policier : « Les débuts sont difficiles financièrement, moralement… »

Selon les chiffres de la Police nationale, près de 8 400 gardiens de la paix ont été formés depuis 2017. Fidèle à sa promesse de campagne, le président de la République Emmanuel Macron poursuit la vague de recrutements initiée par son prédécesseur François Hollande.

Pour ces gardiens de la paix âgés de 18 à 35 ans, intégrer la police n’a rien d’anodin. « Dès l’école on nous dit : à partir de maintenant, vous entrez dans une grande famille. Il y aura des hauts mais aussi beaucoup de bas. Si vous n’êtes pas prêts, partez », se rappelle Adrien, qui a pris son poste à Paris cinq jours avant qu’un agent administratif de la Préfecture de police ne tue quatre de ses collègues sur son lieu de travail.

« Mauvaise image de la police »

Originaire du Sud-Ouest de la France, il avait demandé « tout l’Est de la France, de Lille à Marseille ». Son affectation en Ile-de-France lui a été imposée. Depuis 2017, 77 % des gardiens de la paix diplômés y sont envoyés. Les besoins dans la région, notamment en effectifs, sont conséquents.

Deux ans plus tôt, Adrien avait tenté de passer le concours de gardiens de la paix dit « national », qui permet d’être envoyé sur l’ensemble du territoire. Contrairement au concours Ile-de-France, il n’entraîne pas une affectation automatique en région parisienne sans l’exclure pour autant. Le sort des élèves dépend du classement de fin d’école. Ceux qui obtiennent les meilleures notes choisissent leur lieu d’affectation en premier ; les autres se partagent les postes restants, majoritairement situés en Ile-de-France.

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C’est ainsi qu’Adrien s’est retrouvé à Paris. En octobre 2019, il est arrivé dans la capitale, partagé entre l’envie d’être policier, cette profession qu’il n’échangerait « pour rien au monde », et la sensation d’être pris à la gorge financièrement. Pas facile pour les élèves policiers de trouver un logement en Ile-de-France, un mois avant leur prise de fonction et avec un salaire de 1 380 euros net par mois.

L’emploi des cadres sur de nouveaux sommets en 2020

L’emploi cadre marquera un nouveau record en 2020, affirme l’Association pour l’emploi des cadres (APEC) dans ses prévisions publiées vendredi 14 février. 281 300 encadrants ont été recrutés en 2019 et ils seront 5 % de plus cette année, soit 296 600. Le seuil des 300 000 devrait être dépassé en 2022. « Cette bonne dynamique va se poursuivre. Les entreprises continuent de recruter massivement, car les transformations exigent toujours plus d’expertises », commente, le directeur général de l’APEC, Bertrand Hébert, qui émet toutefois un bémol pour les seniors qui n’en profitent pas tous.

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Quelques chiffres récents confirment cette orientation. Spécialiste de l’ingénierie, Alten a annoncé le 11 février le recrutement de 4 400 postes en CDI en 2020 (dont 1 900 en Ile-de-France) : 4 000 ingénieurs, 260 business manager et 140 cadres pour les fonctions supports. Dans les télécommunications, le 6 février, la DRH d’Orange Valérie Le Boulanger, qui présentait son plan stratégique « Engage 2025 », déclarait vouloir doubler le nombre d’experts techniques d’ici à 2025 pour atteindre plus de 20 000 personnes.

« En deux ans, ce sont 150 000 nouveaux postes qui ont été créés », insiste Gaël Bouron, responsable adjoint du pôle études de l’APEC. L’enquête annuelle de l’association a été menée du 21 octobre au 31 décembre auprès de 10 000 entreprises représentant 1,7 million de salariés. Elle fait le bilan du nombre de nouveaux CDI et CDD d’au moins un an, des promotions internes et des départs depuis janvier 2019. Depuis plusieurs années, le haut niveau de recrutement a favorisé leur mobilité, passée de 6 à 9 % entre 2015 et 2018. Mais en 2019, les entrées et les promotions internes ont été nettement supérieures aux sorties, avec 74 800 créations nettes d’emplois.

Intégration de la transformation numérique

L’essoufflement de la croissance économique, à 1,2 % du PIB en 2019, n’a eu que peu d’impact sur l’emploi des cadres. Après trois années de progression à deux chiffres des recrutements, le rythme s’est toutefois ralenti avec une hausse de 6 % en 2019 et de seulement 5 % pour 2020. « Mais les recrutements sont plutôt indexés sur les investissements des entreprises, en hausse de 4,2 % en 2019 », explique Gaël Bouron. En 2020, les entrepreneurs devraient maintenir leur propension à investir, afin de poursuivre l’intégration de la transformation numérique, explique l’APEC.

Le chômage baisse, mais « les difficultés sont devant nous »

Le chômage a atteint, fin 2019, son plus bas historique depuis 2008. Les chiffres de l’Insee publiés jeudi 13 février établissent le niveau de chômage à 8,1 % de la population active (hors Mayotte), soit 2,4 millions de personnes. Cette baisse, quasi continue depuis 2015, a poussé la ministre du travail, Muriel Pénicaud, à juger « franchement atteignable » l’objectif d’un taux de chômage à 7 % pour 2022.

Mais pour l’économiste Mathieu Plane, de l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), si ces chiffres sont très bons, ils doivent être relativisés eu égard au « halo du chômage », zone grise qui concerne un nombre toujours croissant d’individus situés entre chômage et inactivité.

Comment expliquez-vous cette baisse du chômage ?

Plusieurs éléments peuvent expliquer cette baisse qui, avec 0,4 point en un trimestre, est forte. Le premier, c’est que les créations d’emplois sont dynamiques. Avec 40 000 créations nettes au quatrième trimestre 2019 et 210 000 sur l’année, on voit un marché du travail dynamique, malgré la croissance qui ralentit. Mais ces créations d’emplois n’expliquent pas, à elles seules, la baisse de 0,7 point de chômage sur l’année. Avec la démographie et la croissance actuelles, on devrait plutôt avoir une diminution de 0,4 ou 0,5 point.

« La hausse du halo du chômage, c’est le point noir de l’analyse »

S’ajoute le phénomène du halo du chômage, qui a beaucoup augmenté (90 000 personnes en plus sur l’année 2019). Ces personnes-là sont à la limite du chômage, sans recouper les critères du chômage au sens du Bureau international du travail (BIT), la norme utilisée par l’Insee. Cela concerne des gens qui souhaitent travailler, mais qui ne sont pas présents dans les statistiques : soit ils ne sont pas immédiatement disponibles pour travailler, soit pas en recherche active d’un emploi. Et cette hausse, c’est le point noir de l’analyse.

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Pourquoi le halo du chômage change-t-il la donne ?

Son augmentation est bizarre. Le halo du chômage est en forte augmentation, alors que le marché du travail reprend avec, depuis 2015, la création nette d’un million d’emplois. Or, normalement, si le marché du travail est dynamique, comme il l’a été en 2019, le halo du chômage devrait aussi se résorber : les gens se disent qu’il y a des opportunités de boulot et se réinsèrent. Cette hausse est donc difficilement compréhensible, ce n’est pas un phénomène classique. La question se pose : est-ce que ces personnes, qui ne sont aujourd’hui plus considérées comme au chômage, vont revenir dans ces statistiques dans les prochains mois ? Il faut donc être prudent sur ces chiffres.

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Pour revenir sur les créations d’emplois, les récentes lois de libéralisation du marché du travail ont-elles eu un effet bénéfique ?

Il est un peu tôt pour l’évaluer. Potentiellement, oui, mais j’émettrais des réserves. Ces réformes, comme la loi travail (2016), visent plutôt à réduire la dualité du marché du travail en flexibilisant le CDI pour faciliter les embauches en CDI, à la place de contrats précaires (CDD, intérim). Cela n’a pas tellement joué sur le volume d’emplois, mais sur le taux de CDI, qui a augmenté au quatrième trimestre 2019.

Comment expliquer ces créations nettes d’emplois l’an passé ?

Les chiffres bénéficient de l’effet retardé des mesures fiscales du quinquennat précédent, type CICE (crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi) et pacte de responsabilité, qui sont arrivés à maturité et ont participé à baisser le coût du travail. S’est ajoutée à cela, en 2019, la transformation du CICE en baisses de cotisations sociales, qui a contribué à verser exceptionnellement aux entreprises 20 milliards d’euros. Cela a boosté les créations d’emplois au premier semestre 2019. S’ajoute encore la montée en charge des contrats de professionnalisation, les apprentissages ainsi que les plans de formation, mais qui sont plus marginaux.

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On remarque aussi une forte amélioration pour l’emploi des seniors, pour quelle raison ?

« Il y a un phénomène d’aspiration globale vers l’emploi »

C’est assez difficile de répondre simplement. Mais, après plusieurs années de recul du chômage, l’ensemble des populations en bénéficient. Quand il y a un chômage de 10 %, un chômage de masse, les entreprises embauchent au plus facile. Avec les difficultés de recrutement actuelles, elles se tournent à nouveau vers une main-d’œuvre qu’elles utilisaient moins, comme les seniors. Si on voit le chômage comme une file d’attente, il faut plusieurs années pour voir arriver ceux du fond de la fille, et observer ainsi la baisse du chômage de longue durée et celui des seniors – c’est aujourd’hui le cas. Cela signifie qu’il y a un phénomène d’aspiration globale vers l’emploi.

Voir nos graphiques : Chômage : une décrue sensible depuis le début du quinquennat Macron

Avec une telle dynamique, l’objectif gouvernemental d’atteindre un taux de chômage à 7 % en 2022 est-il envisageable ?

Nos simulations nous indiquent que ce n’est pas la probabilité la plus élevée, environ une chance sur six. Car les difficultés sont devant nous : les prévisions de croissance sont plutôt à la baisse, et les politiques fiscales de baisse des cotisations sociales et de crédits d’impôt sont, sauf grande surprise, derrière nous. Cela ne laisse plus beaucoup de grain à moudre et s’ajoutent les personnes situées dans le halo du chômage, dont un certain nombre va repasser dans les statistiques. Bref, le pari n’est pas évident.

Les personnels hospitaliers restent mobilisés, onze mois après les premières grèves

Le personnel médical quitte l’hôpital de Caen lors d’une manifestation, le 3 février.
Le personnel médical quitte l’hôpital de Caen lors d’une manifestation, le 3 février. SAMEER AL-DOUMY / AFP

Onze mois après les premières grèves dans des services d’urgences parisiens, les personnels soignants inquiets de la dégradation de l’hôpital public continuent de se faire entendre.

Pour la troisième fois en quatre mois, ils se rassembleront vendredi 14 février à Paris et dans une cinquantaine de villes à travers le pays pour demander « la réouverture de lits » et « le recrutement de personnels en nombre suffisant et avec des salaires décents ». Une journée décrite comme celle de la « remobilisation » par Hugo Huon, le président du Collectif Inter-Urgences, après plusieurs semaines d’un agenda social écrasé par la grève contre la réforme des retraites.

Sur le terrain, les médecins font désormais vivre le mouvement qui avait été lancé par les paramédicaux. Depuis le 27 janvier, les hôpitaux du pays vivent ainsi au rythme des démissions – très symboliques – de chefs de service de leurs fonctions administratives, les soins et l’enseignement étant toujours assurés. Près de 1 200 d’entre eux avaient brandi cette menace le 14 janvier si le gouvernement refusait d’ouvrir des négociations budgétaires. Selon les derniers chiffres du Collectif Inter-Hôpitaux (CIH), près de 780 ont effectivement envoyé leur lettre de démission, non sans quelques tensions dans certains établissements.

« Notre directrice pensait qu’on bluffait, qu’on ne passerait pas à l’acte, raconte Cécile Vigneau, responsable – démissionnaire – du service de néphrologie au CHU de Rennes, où une cinquantaine de médecins ont sauté le pas le 27 janvier. Elle nous a dit qu’elle ne comprenait pas qu’on ait démissionné de nos charges avant de voir si les mesures de la ministre portaient leurs fruits. »

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« On est loin du compte »

La ministre de la santé, Agnès Buzyn, qui a repoussé à la mi-mars sa prochaine rencontre avec des représentants des médecins démissionnaires, estime qu’il faut désormais laisser le temps au plan d’urgence annoncé le 20 novembre 2019 par le gouvernement d’entrer pleinement en vigueur. Celui-ci comprend notamment des primes pour certaines catégories de soignants, des budgets pour l’amélioration de la qualité de vie au travail et une reprise par l’Etat d’un tiers de la dette des établissements de soins publics, soit 10 milliards d’euros en trois ans.

« Tant que ces mesures concrètes ne sont pas visibles dans le quotidien des soignants, ils resteront dans le niveau d’insatisfaction que l’on connaît parce qu’ils veulent que ça change tout de suite », a lancé Mme Buzyn lors de ses vœux à la presse le 28 janvier, estimant que, parmi les médecins démissionnaires qu’elle avait rencontrés, « tous n’avaient pas perçu l’ampleur des mesures prises par le gouvernement ».

Dans les hôpitaux, les premiers fonds issus du plan gouvernemental ont reçu un accueil mitigé. « Grâce à notre mobilisation, notre hôpital a reçu 500 000 euros pour du matériel et améliorer les conditions de travail, témoigne Renaud Chouquer, médecin réanimateur et responsable d’unité, démissionnaire à Annecy. On va peut-être acheter un lève-malade quelque part, de nouveaux brancards ailleurs, mais c’est loin de changer la vie des soignants. Avec ce plan, on va voir de tous petits effets, alors qu’il nous faut de gros changements. On est loin du compte. »

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« Ce qu’on demande, ce sont des embauches »

Internes en grève, le 17 octobre 2012, devant le ministère de la santé à Paris.
Internes en grève, le 17 octobre 2012, devant le ministère de la santé à Paris. FRANCOIS GUILLOT/AFP

Une perception partagée par Cécile Vigneau, au CHU de Rennes. « Notre service de néphrologie va recevoir 15 000 euros pour améliorer la qualité de vie au travail et l’accueil des patients, détaille-t-elle. On va peut-être repeindre une salle d’attente, mais cela ne va pas améliorer radicalement notre quotidien. Nous, ce qu’on demande, ce sont des embauches, que les arrêts de travail soient remplacés à 100 % et pas à 60 %. »

« On va peut-être repeindre une salle d’attente, mais cela ne va pas améliorer radicalement notre quotidien », note Cécile Vigneau, responsable du service de néphrologie au CHU de Rennes.

Alors que le gouvernement semble avoir fermé la porte à tout nouveau geste budgétaire, les organisateurs du mouvement affichent, eux, leur détermination. « Il ne faut pas que le gouvernement ait la moindre illusion : ça ne pourra pas s’arrêter », a fait valoir jeudi 13 février Renaud Péquignot, du Syndicat national des praticiens hospitaliers anesthésistes réanimateurs (SNPHAR-E) lors d’une conférence de presse des quatorze organisations, syndicats et collectifs appelant à la journée de mobilisation du 14.

La campagne des élections municipales de mars est le prochain objectif des hospitaliers en colère. « On va prendre date avec les candidats par rapport à la crise sanitaire en cours et à venir », annonce le docteur François Salachas, neurologue à la Pitié-Salpêtrière et membre du CIH. A la direction du collectif, on assure par ailleurs réfléchir à la mise en place d’actions « encore plus bloquantes » dans les semaines à venir.

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