Avis d’inaptitude : la médecine du travail face au risque d’instrumentalisation

Avis d’inaptitude : la médecine du travail face au risque d’instrumentalisation

Jérôme (le prénom a été modifié) fait les comptes. « Deux pour la journée d’hier, une ce matin. » Dans son cabinet, ce médecin du travail peut recevoir, chaque jour, plusieurs demandes d’avis d’inaptitude de la part de salariés. Des avis à travers lesquels il établit que l’état de santé (physique ou mental) du travailleur est incompatible avec le poste qu’il occupe, et qui ouvrent la voie, selon son évaluation, à un licenciement ou à une recherche de reclassement – qui, dans les faits, échoue fréquemment et aboutit à un licenciement.

Conseil des prud’hommes, à Toulouse (Haute-Garonne).

« La fréquence de ces demandes interpelle, convient le médecin du travail. Je suis des salariés du secteur bancaire où l’on ressent fortement la dureté des conditions de travail : pressions hiérarchiques, changements organisationnels, arrivée de l’intelligence artificielle… » A ses yeux, la majorité de ces requêtes est justifiée. « Ils sont totalement épuisés, il faut les “sortir”. »

Mais un autre facteur, moins visible, interviendrait aussi, selon lui, pour expliquer la progression des demandes : une « instrumentalisation croissante de la médecine du travail ». Certains salariés et certains employeurs se saisiraient ainsi de l’avis d’inaptitude dans le cadre d’une stratégie opportuniste de départ de l’entreprise. « Je suis confronté à certains cas qui me mettent très mal à l’aise », reconnaît Jérôme.

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LJD

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