Au bureau, le chien, mieux que le baby-foot ? « On propose des gamelles, des couffins et des ramasse-crottes »
Pour des candidats exigeants, l’entretien d’embauche s’apparente à un premier rendez-vous amoureux : on découvre l’autre, tout en posant ses conditions. La rémunération pour les uns, les horaires pour les autres. La condition d’Alix Hery, 33 ans, c’est son animal de compagnie. La trentenaire se présente à ses entretiens flanquée de son chien, Fish. « Ça passe ou ça casse. Une entreprise qui n’est pas dog-friendly, c’est un red flag », tranche la diplômée de l’université Paris Dauphine-PSL. Après avoir décliné quelques propositions d’entreprises peu enclines à l’univers canin, Alix Hery trouve son bonheur chez Blacksheep Van, spécialiste de la location, de la vente et de l’équipement de vans aménagés : « Le courant est tout de suite passé entre mes employeurs et Fish. Ce n’était pas l’offre la mieux rémunérée, mais j’économise des frais de dog-sitting. »
C’était en 2022, et Alix Hery travaille toujours comme responsable des partenariats et des réseaux sociaux chez Blacksheep Van aujourd’hui. Un petit miracle pour la jeune femme, qui ne jurait que par le freelancing et le télétravail : « Je pensais que le monde de l’entreprise, ses cadres et ses codes ne me correspondaient pas, me voilà salariée depuis bientôt trois ans ! Physiquement, je me sens mieux : je me change les idées avec des grandes balades pendant mes pauses déjeuner. Socialement, Fish contribue à tisser des liens. C’est ma dose d’ocytocine, elle a bouleversé mon rapport au travail. »
Le récit d’Alix prend des allures de parabole pour des entreprises soucieuses de recruter, de fidéliser et de faire revenir au présentiel les jeunes diplômés. « Le chien, c’est le nouveau baby-foot », résume Mylène Bertaux. La journaliste indépendante reçoit à Casa del Doggo, une boulangerie canine nichée près du bois de Boulogne, à Paris. Elle y organise la signature de Toutoute (Fayard, 256 pages, 22,90 euros), son ouvrage sur la nouvelle place des chiens dans nos vies. « Pendant le Covid-19, on s’est sentis seuls, on a adopté plus de chiens, et on a partagé leur souffrance, celle d’un être vivant confiné, car c’est souvent le cas pour les chiens en ville. Le chien passe alors du canapé à la chambre à coucher, voire à la poussette et au bureau. Le confinement canin n’est plus une option », analyse la propriétaire de Toutoute, un bouledogue français qu’elle « chouchoute comme un enfant ».
Cette tendance dite « du pet parenting », poursuit la trentenaire, est portée par une génération plus jeune, qui a ringardisé l’image de la mémère à chien : « Avant, on enfantait puis on prenait un chien. C’est l’inverse aujourd’hui. Dans les années 2000, la catégorie de la population qui avait le plus d’animaux de compagnie était les 35-54 ans. Désormais, ce sont les personnes de moins de 35 ans. » Pour certains millennials, le chien devient alors un levier de recrutement, voire de réseautage.
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