Archive dans 2023

« La robotisation profite à la productivité des entreprises qui adoptent ces technologies et à leurs emplois – à tous leurs emplois »

L’heure est à la spéculation, voire à l’angoisse, sur l’impact futur de l’intelligence artificielle sur nos vies et sur nos emplois. Alors qu’un millier d’experts du domaine – chercheurs, entrepreneurs – ont appelé, le 28 mars, à une pause du développement de l’intelligence artificielle, il peut être utile de revenir sur les enseignements à tirer d’une autre révolution technologique récente, celle de la mécanisation des emplois par l’introduction de robots et autres machines autonomes – révolution que celle de l’intelligence artificielle pourrait bien renforcer.

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De façon intuitive, la théorie économique prédit que les emplois qui sont remplaçables par les robots, typiquement ceux exécutés par des ouvriers peu qualifiés effectuant des tâches répétitives, disparaîtront. Au contraire, les salariés dont les tâches sont complémentaires aux robots, typiquement les cadres et les ingénieurs responsables de la conception, de la gestion et de la commercialisation sur les marchés de la production des robots, bénéficieront des gains de productivité et verront leurs salaires et perspectives d’emploi s’améliorer.

Les conséquences redistributives de la robotisation seraient alors claires, pénalisant les moins qualifiés et profitant aux plus qualifiés, et surtout aux détenteurs de capitaux (et de robots). L’impact global sur l’emploi, lui, dépendrait de l’impact net de l’effet substitutif (négatif) sur les emplois peu qualifiés et de l’effet (positif) des gains de productivité dus aux machines sur la demande de cadres qualifiés.

Augmentations de la valeur ajoutée

Les études empiriques confirment que l’effet global sur le marché du travail est bel et bien ambigu – tout autant destructeur que créateur d’emplois. Mais pour des raisons et par des mécanismes tout autres que ceux prédits par la théorie. En effet, le clivage ne se situe pas entre les emplois substituables et les emplois complémentaires à la technologie, mais entre les entreprises qui adoptent la technologie et celles qui ne l’adoptent pas.

En France comme aux Etats-Unis ou aux Pays-Bas, les études s’accordent sur le fait que la robotisation profite à la productivité des entreprises qui adoptent ces technologies et à l’emploi – à tous les emplois – dans ces entreprises-là. Elles connaissent, en effet, de fortes augmentations de leur valeur ajoutée (de 20 % entre 2010 et 2015 en France), augmentent leur demande de travail (de 10,9 %) et gagnent des parts de marché. Tout cela au détriment non pas principalement des employés peu qualifiés, mais des entreprises compétitrices retardataires sur la technologie et de tous les employés de ces compétiteurs, qualifiés ou non.

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En Grèce, Eleusis, capitale européenne de la culture 2023 et « ville des antithèses »

Eleusis (Elefsina, en grec moderne), petite ville côtière de 25 000 habitants, à 21 kilomètres au nord-ouest d’Athènes, est bien loin des paysages grecs de carte postale. Ici, pas de maisons blanches au coin de ruelles fleuries ni de plages paradisiaques. Eleusis n’est pas pittoresque, et les Athéniens ne s’y aventuraient guère ces dernières décennies. Les maisons basses et les industries désaffectées donnent sur les hautes cheminées des raffineries. Sa baie est jonchée de carcasses de bateaux naufragés ou abandonnés. La baignade y est déconseillée, en raison des nombreux produits chimiques déversés dans l’eau.

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Mais Eleusis est aussi la patrie du dramaturge antique Eschyle et dispose d’un site archéologique riche, puisque la cité était l’un des plus importants centres religieux dans l’Antiquité, et que des rites dédiés au culte de Déméter, la déesse de la fertilité et de l’agriculture, s’y tenaient. A partir du XIXe siècle, la ville devient un pôle industriel important et accueille des milliers de réfugiés grecs d’Asie Mineure, chassés par les nationalistes turcs en 1922. Plus récemment, des camps de migrants ont été installés à proximité.

Sur le site archéologique d’Eleusis, le 4 février 2023.

Et pourtant, malgré ces cicatrices du passé qui ont marqué l’environnement, Eleusis a été choisie pour être, en 2023, une des capitales européennes de la culture avec Timisoara, en Roumanie, et Veszprém, en Hongrie. Et l’espoir est né que, peut-être, la ville pourrait changer.

« Cette petite ville – la plus petite capitale européenne jamais élue à ce titre – regroupe des problématiques très contemporaines, comme les questions de désindustrialisation, du chômage, de l’immigration, de l’environnement, et c’est pour cela qu’elle a été choisie », assure le metteur en scène et directeur artistique de l’événement, Michail Marmarinos.

Michail Marmarinos dans un cimetière de navires, à Eleusis, le 5 février 2023.

Pour Despina Geroulanou, présidente d’Eleusis 2023, dans le cadre des capitales européennes de la culture, « les petites villes, souvent en difficulté, sont mises en avant précisément pour avoir l’occasion de changer leur image et de définir leur avenir par la culture, la recherche et l’art ».

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Elle définit Eleusis comme « une ville des antithèses, des mystères, des mythes, [elle] est fascinante précisément en raison de ces contrastes ». « Le site archéologique à côté des usines, les bateaux abandonnés en mer, les habitants arrivés de toutes les régions de Grèce et au-delà pour travailler, tout cela forme une mosaïque extrêmement intéressante. »

Le 4 février, la cérémonie d’ouverture a offert un spectacle de son et lumière exceptionnel sur la mer, attirant plus de 15 000 visiteurs. « Notre ville s’est transformée en un immense festival en plein air. On ne voyait que des sourires, de l’émotion et de la fierté, et, malgré les problèmes auxquels nous sommes tous confrontés (crise économique, inflation…), nous nous sommes un peu échappés du quotidien », se réjouit Argyris Economou, le maire.

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« Les responsables des ressources humaines n’en finissent pas d’étaler leurs difficultés à recruter, liées à la question de sens du travail »

Carnet de bureau. Trouver le candidat idéal pour les uns, l’employeur idéal pour les autres. Les responsables des ressources humaines n’en finissent pas depuis trois ans d’étaler leurs difficultés à recruter, liées à la question de sens du travail.

Les entreprises ont réagi en communiquant sur l’importance de leur rôle sociétal, sur la « raison d’être » de leur activité, sur leurs actions environnementales à l’impact plus ou moins vérifiable. Mais le « quiet quitting » (« démission douce ») et les démissions sèches se poursuivent.

Quelques chercheurs ont été réunis, le 7 mars, par l’Agence nationale pour l’amélioration des conditions de travail (Anact), afin de débattre de la meilleure façon de réenchanter l’entreprise. Selon que l’environnement du travail dont on parle est stable, atypique ou disruptif, les leviers d’action pour remotiver les salariés varient (qualité de vie, parcours professionnel, etc.), explique Jérôme Bertin.

Ce responsable développement et innovation au sein de l’Agence régionale pour l’amélioration des conditions de travail Auvergne-Rhône-Alpes a évoqué les « trois variables qui pousseraient les gens à démissionner : des conditions de travail dégradées, un travail considéré comme appauvri piloté par des objectifs et non des services rendus, et une absence de perspective professionnelle ».

Des « entretiens de sens »

Deux de ces trois critères analysés par les chercheurs de l’Anact (les conditions de travail et l’évolution professionnelle) sont régulièrement suivis, avec plus ou moins de sérieux, dans le cadre des entretiens professionnels entre les salariés et les manageurs, qui se tiennent une fois par an, tout au long de l’année, ou tous les deux ans, selon les entreprises. La notion de sens au travail, qui n’était jusqu’alors qu’un questionnement personnel, est en passe de les y rejoindre.

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Le cabinet de conseil Grant Thornton surfe déjà sur la vague. En partenariat avec la start-up SomanyWays, spécialisée dans la résolution des problèmes d’engagement des salariés, il a réformé l’entretien annuel de ses collaborateurs pour y intégrer la question du sens au travail.

Les premiers « entretiens de sens » ont été testés au sein des directions de l’audit, fin 2022, avant d’être déployés aux autres métiers depuis février. Côté management, deux cents « parrains » ont été formés pour animer les « entretiens de sens ». Et, du côté des salariés, un outil d’autodiagnostic en soixante questions a été mis à disposition, en prévision de l’entretien avec leur « parrain », afin d’identifier ce qui a du sens dans leur travail. « Les aspirations des salariés ont évolué et les réponses fournies jusqu’à présent par les entreprises ne répondaient pas entièrement aux attentes », commente la DRH de Grant Thornton France, Christelle Le Coustumer.

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Seine-Saint-Denis : des peines de prison prononcées après la mort de deux ouvriers sur un chantier de rénovation

« C’est un soulagement après ces quatre longues années », souffle Laïd, beau-frère de Kamel Benstaali, le seul membre de la famille des victimes a avoir pu faire le déplacement. Mardi 4 avril 2023, le tribunal correctionnel de Bobigny a condamné cinq hommes et leurs sociétés à des peines allant jusqu’à 100 000 euros d’amende et un an de prison ferme, après la mort de deux ouvriers, employés non déclarés et inexpérimentés sur un chantier de Seine-Saint-Denis. Les personnes condamnées ont dix jours pour faire appel.

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L’histoire remonte au samedi 8 juin 2019. Kamel Benstaali, 34 ans et Omar Azzouz, 29 ans, travaillaient à la rénovation thermique de la tour D de la cité La Source, à Epinay-sur-Seine (Seine-Saint-Denis). Il fallait charger les seaux de colle jusqu’en haut de l’immeuble, grâce à une plate-forme élévatrice, qui, dans la matinée, s’est décrochée du 18e étage.

Les deux hommes travaillaient pour la société SRI. L’entreprise intervenait pour ISO systèmes, pour le compte d’Isore bâtiment. C’est cette dernière qui avait remporté le marché de la réhabilitation d’une partie de la cité de la Source – chantiers détenus par Plaine commune habitat – pour plusieurs millions d’euros. Propriétaire de l’échafaudage, Isore bâtiment avait sous-traité son installation à la société Technimat ainsi que le contrôle de la plate-forme à Qualiconsult.

« Drame de la sous-traitance »

Le procès, fin janvier, avait mis en exergue les rouages de la sous-traitance et la complexité de définir les responsabilités de chacun : une plate-forme mal montée, des ouvriers pas formés, un contrôle inexistant… « On a ici une parfaite illustration du drame de la sous-traitance », avait affirmé Alix Bukulin, la procureure :

« Chaque prévenu s’inscrit dans un enchaînement de fautes, et chacun considère que celle-ci est tellement diluée qu’il se dit “c’est pas moi, c’est l’autre”. »

Pourtant deux hommes sont morts et il y a bien des « responsables », avance la présidente du tribunal, Elisabeth Dugré. Sur les sept prévenus, deux ont été relaxés. Gilbert Baptiste, qui travaillait pour Isore bâtiment, pour qui le parquet avait requis huit mois de prison avec sursis. La présidente a rappelé que c’était à Qualiconsult d’effectuer les vérifications et que l’entreprise, en sous-traitant à ISO systèmes, n’était pas l’employeur des victimes. Thierry-Leufroy Emmanuel, qui travaillait pour ISO systèmes, mais dont les « prérogatives n’ont pas été considérées comme suffisantes », a aussi été relaxé.

La société ISO systèmes a toutefois été condamnée à 45 000 euros d’amende et son représentant, Vincent Baloche, à un an de prison avec sursis. Les épaules de M. Baloche, stoïque jusque-là, s’affaissent à cette annonce. Relaxé concernant le recours à la sous-traitance sans agrément, il est reconnu coupable de travail dissimulé. « Etant donné le très faible coût de la main-d’œuvre de SRI, ISO systèmes ne pouvait pas ignorer que SRI avait recours à du travail dissimulé », abonde la présidente.

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Faute de fonds suffisants, la Croix-Rouge annonce la suppression de 1 500 emplois à travers le monde

Faute de fonds suffisants, le Comité international de la Croix-Rouge (CICR), une des plus importantes organisations humanitaires dans le monde, a annoncé mardi 4 avril qu’il va supprimer environ 1 500 emplois. Le conseil d’administration du CICR, qui emploie 20 000 personnes dans plus de 100 pays, a aussi entériné une réduction des coûts sur 2023 et le début de 2024 de 430 millions de francs suisses.

« Etant donné que les budgets de l’aide humanitaire à l’étranger devraient diminuer au cours des deux prochaines années, le CICR devra plus délibérément orienter ses efforts vers les programmes et les lieux où nous pouvons avoir le plus grand impact », souligne le communiqué de l’organisation dont le siège se dresse sur les hauteurs de Genève.

Le CICR avait initialement lancé un appel à ses donateurs à hauteur de 2,8 milliards de francs suisses (environ le même montant en euros), mais à l’instar de nombreuses organisations caritatives, il a dû constater que les dons ont diminué en raison des fonds très importants consacrés par ses alliés à aider l’Ukraine à repousser la Russie. Il a révisé son budget à 2 milliards de francs.

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Gel des embauches

Concernant les suppressions d’emplois sur les douze prochains mois, le CICR veut limiter au maximum les licenciements en instaurant un gel des embauches et en pariant sur les départs naturels. Au moins 20 des 350 sites que pilote actuellement le CICR dans le monde vont fermer, « par exemple là où la zone peut être couverte par un autre bureau du CICR ou là où d’autres partenaires humanitaires ou de développement peuvent prendre le relais ».

« Nous allons également réduire et fermer certains de nos programmes », a ajouté le CICR, sans préciser lesquels. « Nous partagerons d’abord les informations sur ces changements avec les personnes qu’ils impactent le plus, telles que les communautés affectées, les parties prenantes et le personnel », a expliqué le CICR.

Si le Comité souligne qu’il n’est pas rare que ses appels à des fonds ne soient pas totalement couverts en début d’année, il rappelle que cette année les choses sont un peu différentes. « Cette année, nous faisons face à des défis simultanés », explique l’organisation, citant des promesses de dons de la fin de l’année 2022 qui n’ont pas atteint le niveau estimé et une hausse des coûts plus forte que prévu au dernier trimestre 2022 à cause de l’inflation. Et de préciser :

« En raison de ces facteurs, nous avons commencé 2023 avec un déficit d’environ 140 millions de francs. »

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Le Monde avec AFP

Réforme des retraites : la filière déchets de Paris appelle à une nouvelle grève à partir du 13 avril

Sur un trottoir à Paris, le 30 mars 2023.

La Confédération générale du travail (CGT) de la filière déchets et assainissement de Paris appelle à une nouvelle grève reconductible contre la réforme des retraites à partir de jeudi 13 avril, après un mouvement de trois semaines, en mars, qui a provoqué un amoncellement des poubelles dans les rues de la capitale.

Ce nouveau préavis de grève « reconductible et indéterminé » est déposé « pour le retrait de la réforme des retraites Macron-Borne et pour un retour à la retraite à 60 ans maximum, avec pour les personnels concernés un retour à 50 et 55 ans », explique dans un communiqué diffusé lundi soir le syndicat majoritaire du secteur à Paris, qui avait suspendu un premier mouvement le 29 mars faute de grévistes.

Ce nouveau préavis débutera la veille de l’annonce le 14 avril des décisions du Conseil constitutionnel sur la réforme des retraites. Les membres du Conseil constitutionnel se prononceront d’une part sur la constitutionnalité de la réforme des retraites, d’autre part sur la recevabilité de la demande de référendum d’initiative partagée (RIP) lancée par la gauche.

Espérance de vie de douze à dix-sept ans de moins

La CGT-FTDNEEA (pour Filière du traitement des déchets, du nettoiement, de l’eau, des égouts et de l’assainissement) appelle aussi « l’ensemble des personnels de la DPE [direction de la propreté et de l’eau] à participer activement et massivement aux journées d’action intersyndicale et interprofessionnelle des jours à venir et notamment celle » de jeudi, précise-t-elle dans son préavis de grève envoyé lundi à la maire de Paris, Anne Hidalgo.

La CGT assure à l’élue socialiste, opposante à Emmanuel Macron, que les éboueurs et conducteurs de bennes de Paris « passeraient à une retraite à 59 ans », contre 57 ans aujourd’hui, en cas d’adoption de la réforme, alors que « la grande majorité des personnels de la DPE a une espérance de vie de douze à dix-sept ans de moins que l’ensemble des salariés de France ».

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Cette annonce survient alors que les rues de Paris ont retrouvé en ce début de semaine une apparence quasi normale après trois semaines d’une grève symbolisée par un pic à plus de 10 000 tonnes d’ordures non ramassées, et des tas de poubelles atteignant plusieurs mètres de hauteur dans certains quartiers.

Lundi, cinq jours après la levée du mouvement, la collecte repartait « progressivement à la normale », avait déclaré la mairie. Depuis cette même levée, les trois incinérateurs d’Ivry-sur-Seine, d’Issy-les-Moulineaux et de Saint-Ouen, cruciaux pour l’évacuation des déchets de la capitale, font encore l’objet de blocages sporadiques par des personnes extérieures au secteur.

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Le Monde avec AFP

Emploi des cadres : après une année 2022 record, les recrutements devraient se stabiliser en 2023

Un ingénieur du Centre national d’études spatiales, à Toulouse, le 17 mars 2022.

Au fil des baromètres, l’emploi des cadres résiste toujours. Malgré une conjoncture économique défavorable et une croissance en berne, il s’offre même un record en 2022 : les entreprises ont recruté 308 300 cadres en 2022, soit une augmentation de 15 % en un an, et un niveau nettement supérieur à 2019, selon le bilan annuel de l’Association pour l’emploi des cadres (APEC), publié mardi 4 avril. « On ne peut plus dire qu’on est dans le rattrapage post-Covid, comme c’était le cas les années précédentes. Il y a une vraie dynamique, se réjouit le directeur général de l’association de conseil aux entreprises et aux cadres, Gilles Gateau. L’investissement est le paramètre qui tire l’emploi des cadres, or il continue de bien se porter. »

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L’année 2023 devrait afficher le même visage : 308 000 recrutements sont attendus cette année, soit exactement le même nombre qu’en 2022, selon cette même enquête, menée auprès d’un échantillon représentatif de 8 000 entreprises représentant 1,4 million de salariés. Gilles Gateau demeure prudent : « On ne voit toujours pas de ralentissement, mais ces bonnes prévisions peuvent être nuancées : peut-être que les entreprises interrogées aujourd’hui n’anticipent pas une crise ou un choc qui va ralentir les embauches. Et on arrive tout de même à un plateau. »

Cette apparente stabilité cache aussi une forte disparité selon les régions et les métiers. Si tous les secteurs ont bénéficié de l’excellente dynamique en 2022, les bonnes prévisions de 2023 sont presque exclusivement portées par la bonne santé des secteurs à « forte valeur ajoutée », très pourvoyeurs de cadres, que sont les activités informatiques, l’ingénierie-recherche et développement, ou le conseil. Les cadres informaticiens restent les profils les plus recherchés par les recruteurs.

Dynamique positive pour les jeunes

A l’inverse, un recul de 7 % est attendu dans la construction (ce qui ramènerait ce secteur au-dessous de son niveau d’avant-crise) et de 9 % dans le commerce. Touchés par une baisse d’activité, les services divers aux entreprises (intérim, sécurité, nettoyage…) ou le transport-logistique seraient également orientés à la baisse.

La présence géographique marquée des services à « forte valeur ajoutée » s’illustrerait par une disparité de la santé de l’emploi des cadres, aussi, selon les régions : l’Ile-de-France (qui représente, à elle seule, la moitié des recrutements prévus, avec 152 520 embauches), Auvergne-Rhône-Alpes et Provence-Alpes-Côte d’Azur seraient loin devant, alors que la région Hauts-de-France pourrait enregistrer une baisse de 6 % de ses embauches de cadres en 2023, du fait du recul de l’automobile ou de l’agroalimentaire.

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« L’usine conceptrice » : un horizon pour la réindustrialisation

Entreprises. La réindustrialisation est une priorité des pouvoirs publics. Mais alors que s’étend l’aspiration à un travail émancipateur, plus écologique et qui fasse sens, l’horizon de l’industrie 4.0 et celui de la numérisation intensive semblent ne laisser au travail d’usine qu’une place résiduelle et peu créative.

Cependant, une recherche récente montre que les usines soumises à un impératif d’innovation et de transition écologique doivent inventer certaines de leurs propres règles de travail (« L’usine conceptrice de son patrimoine de création : modèle, organisation et méthodes pour la régénération d’un système de règles industriel », par Honorine Harlé, thèse MinesParis, Université PSL, 2022).

L’entreprise moderne n’a pas inventé la production de masse et le travail répétitif. En revanche, elle a instauré les bureaux d’études (et de méthodes), chargés de prescrire les techniques de l’usine et le travail qui s’y effectue. Au XXe siècle, on a accusé ces bureaux d’avoir cantonné le travail dans des tâches étroites qui ont détérioré l’image de l’industrie. En réaction, les expériences scandinaves des années 1970, puis le « modèle Toyota » des années 1990, ont favorisé l’enrichissement des tâches et l’initiative des cols bleus, l’essentiel des règles de l’usine restant néanmoins fixées par les bureaux d’études.

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Or, avec les révolutions numériques, le renouvellement accéléré des techniques et l’extension des normes environnementales, l’usine doit aussi définir une partie des règles de son fonctionnement. C’est ainsi que l’usine d’Airbus à Saint-Nazaire (Loire-Atlantique) s’est dotée de groupes de travail et de méthodes leur permettant de reconcevoir une partie de leurs outillages ou de leurs équipements de sécurité. De même, chez ST Microelectronics, le flux constant de nouvelles améliorations techniques, a imposé la mise en place de groupes de gestion des risques associant techniciens de production et techniciens des études.

Explicitation et réinterprétation des règles

La question n’est donc plus celle de la marge d’autonomie et d’initiative octroyée par les concepteurs de l’usine. Face aux besoins d’évolution inédits et récurrents, l’usine doit se doter elle-même d’une capacité de conception pour trouver des solutions efficaces et robustes.

Mais les inventions de l’usine ne doivent pas perturber de façon inattendue et préjudiciable les schémas mis en place par les ingénieurs des études. Cela impose donc un travail commun d’explicitation et de réinterprétation des règles en vigueur, qui favorise l’efficacité collective et dont les conclusions peuvent parfois surprendre les bureaux d’études, alors qu’elles préservent les grandes prescriptions de ces derniers !

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Les couacs de la retraite progressive

La retraite progressive : vous connaissez ? Ce dispositif permet de lever le pied en douceur, en offrant à ceux qui le souhaitent la possibilité de terminer leur carrière à temps partiel et de commencer à percevoir – en plus de leur salaire – une partie de leurs pensions de retraite afin de compenser le manque à gagner. Lorsqu’ils arrêteront définitivement de travailler, le montant de leur retraite sera recalculé pour tenir compte des droits supplémentaires — trimestres et points — qu’ils ont acquis durant leur fin de carrière à temps partiel.

Les conditions d’accès à la retraite progressive sont peu contraignantes. Il suffit d’avoir au moins 60 ans, de justifier de 150 trimestres d’assurance et de travailler entre 40 % et 80 % d’un temps plein. Mais il n’est pas nécessaire de réduire effectivement son temps de travail. Les salariés « déjà » à temps partiel peuvent en profiter dans les mêmes conditions que les autres, sans être tenus de réduire davantage leur quotité de travail.

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Très séduisante, la retraite progressive peine pourtant à décoller. Au 31 décembre 2020, seulement 23 000 assurés du régime général profitaient de ce dispositif. Plusieurs explications sont avancées pour justifier ce peu d’engouement, parmi lesquelles un manque d’information, l’impossibilité d’avoir une évaluation du montant de sa retraite progressive avant de s’y engager, à moins de recourir à ses frais aux services d’un expert « retraite », …

Relèvement progressif

Pour tenir compte du relèvement de l’âge légal de la retraite à 64 ans, la loi de réforme des retraites prévoit de décaler de deux ans l’âge auquel il sera possible d’opter pour la retraite progressive. Pour les générations proches de l’âge de la retraite, ce relèvement devrait se faire de manière progressive, au même rythme que le relèvement de l’âge de la retraite à raison de trois mois de plus par génération : soit 60 ans et 3 mois pour les assurés nés entre le 1er septembre 1961 et le 31 décembre 1961 ; 60 ans et 6 mois pour ceux nés en 1962, 60 ans et 9 mois pour ceux nés en 1963 et ainsi de suite pour atteindre 62 ans pour les assurés nés à partir de 1968. Les autres conditions d’accès à la retraite progressive sont inchangées.

Cependant, il est prévu certains aménagements minimes, parmi lesquels « un effort particulier d’information », la possibilité de travailler moins de vingt-quatre heures par semaine et l’extension du dispositif aux régimes de la fonction publique et des professions libérales, régime des avocats compris.

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