Archive dans janvier 2023

« Relations professionnelles, une histoire sans fin ? » : aux origines de la déstabilisation des relations professionnelles

Le livre. Que sont les relations professionnelles devenues ? C’est la question que se posent les contributeurs du 21e numéro de La Nouvelle Revue du travail (NRT) paru aux éditions Erès. Au fil des pages de cette publication spécialisée dans la sociologie du travail, « les auteurs scrutent les profondes transformations des relations professionnelles depuis trois décennies ». Elles sont nombreuses et conduisent, estiment-ils, à une « dérégulation généralisée ».

Pour la comprendre, il faut se pencher sur les mutations qui ont touché souvent violemment les entreprises, leur activité, leur organisation. « Globalisation de la production et des échanges (…), éloignement des centres décisionnels par rapport aux lieux de travail (…), modification du droit du travail par les Etats… » Les transformations à l’œuvre ont bouleversé le monde mis en place à l’après-guerre, signant « la fin du modèle du compromis fordiste ».

« Relation professionnelles, une histoire sans fin ? », ouvrage collectif, « La Nouvelle revue du travail », semestriel (n° 21), Erès, 272 pages, 21 euros.

L’entreprise est devenue une « nébuleuse », estiment Meike Brodersen et Esteban Martinez, sociologues de l’Université libre de Bruxelles. Elle fait intervenir fréquemment sous-traitants, agences de travail intérimaire ou travailleurs indépendants. « [Une] précarisation et [une] diversification de l’emploi à la source de l’affaiblissement de l’acteur syndical », expliquent-ils. Il s’agit là d’un facteur de fragilisation des systèmes de relations professionnelles. « La transformation des structures de pouvoir au sein de l’entreprise » en est un autre, selon les deux auteurs, à l’heure où « l’identification des centres de décision patronaux » devient plus incertaine.

Un « déficit démocratique »

Observés depuis plusieurs décennies, cet éclatement des collectifs de travail et cet éloignement de la figure de l’employeur ne sont pas nés avec l’économie de plate-forme, insistent les auteurs. Ils l’ont précédée. Mais l’ouvrage souligne que le développement des plates-formes numériques (transport, livraison de repas…) a notablement accentué les transformations à l’œuvre.

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De quoi engendrer un « déficit démocratique », lié à « la dissimulation des relations de pouvoir et [à] l’effacement de l’employeur dans son rôle d’interlocuteur patronal au sein d’entreprises repliées sur leur fonction d’intermédiation », expliquent les auteurs. Ils voient là une « gouvernance algorithmique », qui « obscurcit les relations de pouvoir réelles, désincarne le management et pose un défi considérable à l’organisation de résistances de la part des salariés ».

La revue montre comment le « centre des relations de pouvoir » s’est déplacé au fil du temps : il « n’est plus la relation d’emploi, mais la dépendance économique », indiquent les auteurs. Ils soulignent aussi combien ces évolutions mettent au défi les syndicats et rendent délicate « l’organisation de résistances ». Associées à des « réformes libérales », ces transformations ont une conséquence majeure : elles « génèrent une situation économique et sociale dans laquelle le pouvoir salarial est de moins en moins fort par rapport au pouvoir patronal », expose Camille Dupuy, sociologue de l’université de Rouen.

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Retraites : la bataille manquée du gouvernement avec l’opinion

La première ministre, Elisabeth Borne, et son gouvernement arrivent à l’Elysée pour participer au premier conseil des ministres de l’année, à Paris, le 4 janvier 2023.

Le majestueux sapin haut de 4 mètres trône encore dans le vestibule de l’hôtel du Châtelet, qui abrite le ministère du travail. A chaque fois qu’Olivier Dussopt y passe, le ministre jette un œil aux épines grisonnantes qui s’affaissent sous le poids des globes dorés. Et dire que le projet de réforme des retraites était déjà mûr lorsque l’arbre de Noël rayonnait, début décembre 2022… Sa présentation avait été reportée au 10 janvier pour épargner les fêtes de fin d’année.

Le temps est venu, désormais, d’affronter la tempête. Pour un pouvoir en place, « ce n’est jamais plaisant », a consenti le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran, mercredi 4 janvier, après le premier conseil des ministres de l’année.

Peu avant, Emmanuel Macron s’était fait sombre en appelant le gouvernement à « ne pas céder aux professionnels de la peur » et à « la conjuration des esprits tristes », tandis que la cheffe du gouvernement, Elisabeth Borne, priait les ministres de « résister aux vents contraires ». La veille à Matignon, elle-même, Olivier Dussopt et le patron de la CFDT, Laurent Berger, ont passé en revue le ballet qui va s’ouvrir, avec ses menaces et ses lignes rouges, et dont, au fond, personne ne veut vraiment.

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Personne, sauf Emmanuel Macron. Le chef de l’Etat entend bien accrocher la réforme maudite au tableau de son second quinquennat et conserver l’habit réformateur qu’il revendique. Avec l’ambition de « continuer de transformer notre pays face aux corporatismes » ou « à la tentation de l’esprit de défaite », a-t-il insisté dans ses vœux aux Français. Mercredi, le président réélu il y a huit mois a demandé à Elisabeth Borne et à ses ministres de « l’audace ». Ces derniers s’apprêtent à dévoiler une réforme sans surprise ni chamboulement : il s’agit de maintenir le système à flot, pas de le refonder.

Préserver emploi et compétitivité

Jusqu’au bout, la cheffe du gouvernement aura tenu à jouer la concertation, dans une chorégraphie renouvelée de rendez-vous à Matignon avec les syndicats et les responsables politiques. Trois mois de discussions ponctués de deux dîners élyséens, où le chef de l’Etat a jaugé les équilibres au sein de son camp et, entre les huîtres et le fromage, tranché sur la manière de procéder. Le temps de trouver un étroit terrain d’entente avec les partenaires sociaux sur des contreparties, comme la pénibilité ou la pension minimale à 85 % du smic.

Le pouvoir a ainsi focalisé le débat public tantôt sur la méthode – amendement au budget de la Sécurité sociale ou projet de loi à part ? Recours au 49.3 ou vote parlementaire ? – tantôt sur l’âge à atteindre pour percevoir sa retraite à taux plein. Les deux têtes de l’exécutif ont évoqué soit 65 ans, soit 64 ans couplé à l’accélération de la réforme Touraine – elle porte la durée de cotisation à quarante-trois ans d’ici à 2035.

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Amazon va supprimer plus de 18 000 emplois, y compris en Europe

Le patron d’Amazon a annoncé, mercredi 4 janvier, la plus grosse vague de licenciements de l’histoire de l’entreprise sise à Seattle, aux Etats-Unis.

Estimée en novembre 2022 à 10 000 suppressions de postes, la vague de licenciements qui va toucher Amazon est en fait plus élevée. Dans un message publié sur le site du groupe américain de commerce en ligne, son directeur général, Andy Jassy, fait savoir qu’Amazon a révisé son estimation à la hausse et « prévoit de supprimer un peu plus de 18 000 postes », y compris en Europe. Il s’agit de la réduction de personnel la plus massive dans l’histoire de l’entreprise de Seattle.

Sans préciser la répartition de ces suppressions d’emplois, le dirigeant, qui précise avoir décidé d’annoncer « ces nouvelles rapidement » parce qu’elles ont été « révélées » par un employé, mentionne que les salariés concernés « ou leurs représentants, le cas échéant, en Europe » seront contactés par la société le 18 janvier. Il déclare que les licenciements affecteront principalement les magasins physiques de l’entreprise, qui comprennent Amazon Fresh et Amazon Go, ainsi que certains services internes, telles les ressources humaines.

« L’examen de notre planification annuelle (…) a été plus difficile cette année compte tenu de l’incertitude économique et du fait que nous avons embauché massivement au cours des dernières années », dit encore Amazon.

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Croissance anémique en comparaison de ses standards

Le groupe de distribution a, en effet, procédé à de nombreuses embauches pendant la pandémie, afin de répondre à l’explosion de la demande, doublant ainsi son personnel mondial entre le début de 2020 et le début de 2022. Le groupe employait, à la fin de septembre, 1,54 million de personnes dans le monde, sans compter les travailleurs saisonniers recrutés en période d’activité accrue, notamment pendant les fêtes de fin d’année.

« Amazon a résisté à des économies incertaines et difficiles dans le passé, et nous continuerons à le faire », assure le patron du groupe américain. « Ces changements nous aideront à poursuivre nos opportunités à long terme avec une structure de coûts plus solide (…). Les entreprises qui durent longtemps passent par différentes phases. Elles ne sont pas en mode d’expansion massive de personnel chaque année », poursuit-il.

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Amazon a vu son bénéfice net baisser de 9 % sur un an au troisième trimestre 2022. Et, pour le dernier trimestre, Amazon anticipait en novembre une croissance anémique au regard de ses standards, comprise entre 2 % et 8 % sur un an, et un bénéfice opérationnel compris entre 0 et 4 milliards de dollars, contre 3,5 milliards pour la même période de 2021. Le groupe doit annoncer ses résultats annuels le 1er février.

Le secteur de la tech en difficulté

Ce plan de suppressions d’emplois est le plus important parmi les récentes annonces de réductions d’effectifs qui touchent le secteur de la technologie aux Etats-Unis. Les grandes plates-formes au modèle économique fondé sur la publicité font face aux coupes budgétaires des annonceurs, qui réduisent leurs dépenses face à l’inflation et à la hausse des taux d’intérêt.

Meta, la maison mère de Facebook, a annoncé, en novembre 2022, la suppression de 11 000 emplois, soit environ 13 % de ses effectifs. A la fin d’août, Snapchat avait supprimé environ 20 % de ses effectifs, soit plus de 1 200 employés. Twitter, racheté en octobre par Elon Musk, a, pour sa part, congédié environ la moitié de ses quelque 7 500 salariés.

Dernier en date, le groupe informatique américain Salesforce, spécialisé dans les solutions de gestion et dans le cloud (« nuage », soit le stockage de données numériques à distance), a annoncé mercredi se séparer d’environ 10 % de ses salariés, soit un peu moins de 8 000 personnes.

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Le Monde avec AP et AFP

Emploi des seniors : le double discours des recruteurs

Marie-Antoinette Giliberto, chauffeure de bus depuis 10 ans. Retraitée depuis peu, sa compagnie lui a demandé de reprendre du service afin de faire face au manque de conducteurs. Ici à Chateauneuf-les-Martigues (Bouches-du-Rhône), le 3 janvier 2023.

C’est l’un des arguments employés par l’exécutif pour convaincre les Français de la nécessité de réformer le système de retraite : la France compte parmi les pays développés dans lesquels les seniors – comprendre les salariés âgés de plus de 55 ans – travaillent le moins. En 2022, le taux d’emploi des 55-64 ans était de 56 % environ. Certes, une hausse spectaculaire par rapport à un point bas de 29 % atteint à la fin des années 1990, mais bien moins qu’en Scandinavie, où environ 90 % des seniors participent au marché du travail.

Autre limite à cette amélioration, elle concerne principalement les moins de 60 ans. Le taux d’emploi des 55-59 ans est ainsi passé de 38 % début 2008 à 73 % en 2020, selon les chiffres de la Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares), en raison notamment de la réforme des retraites de 2010, qui a fait passer l’âge légal de départ de 60 à 62 ans. En France, une fois soufflées les soixante bougies, une personne sur trois seulement reste sur le marché du travail. Au Japon ou en Suède, la proportion s’inverse : deux sexagénaires sur trois environ sont en activité.

Si les seniors sont si peu nombreux à rester actifs dans l’Hexagone, ce n’est pas uniquement parce que les Français manifesteraient un goût plus prononcé que d’autres pour la retraite. Malgré les innombrables rapports ou plaidoyers qui se succèdent autour de l’emploi des seniors, les entreprises ne se pressent pas pour recruter des salariés âgés.

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« Les freins à l’emploi des seniors sont à chercher à la fois du côté des entreprises et du côté des salariés âgés », conclut une note rédigée par trois économistes de la Direction générale du Trésor. Parmi les facteurs identifiés qui freinent l’appétit des recruteurs pour les seniors : la perte d’employabilité, « en raison des conditions physiques ou d’un manque de formation », et le niveau des salaires, « en particulier la rémunération à l’ancienneté parfois décorrélée de la productivité ». Enfin, ajoutent les auteurs de cette note, « il peut exister des effets de discrimination liés à l’âge ».

Réticences

Les enquêtes de terrain auprès des recruteurs confirment ces réticences. Une étude menée par Indeed, l’un des principaux moteurs de recherche d’emploi au monde et publiée en novembre 2022 est particulièrement édifiante. Quatre chefs d’entreprise sur dix interrogés indiquent qu’ils ne prévoient pas d’embaucher un candidat de plus de 45 ans dans un proche avenir – d’ailleurs, 18 % disent « n’en avoir jamais recruté ». A curriculum vitæ équivalent, un sur quatre dit privilégier le candidat plus jeune. Pourtant, ces mêmes recruteurs n’hésitent pas à affirmer, à 68 %, que « les plus de 45 ans ne sont pas assez valorisés dans le monde professionnel français ». Dans une autre enquête Indeed publiée en octobre 2022, un salarié sur quatre disait s’être vu reprocher son âge lors d’un recrutement.

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Le mode d’emploi du cumul emploi-retraite

Antoinette Giliberto, à Châteauneuf-les-Martigues (Bouches-du-Rhône), le 3 janvier 2023. Retraitée depuis peu, sa compagnie lui a demandé de reprendre du service afin de faire face au manque de conducteurs de car scolaire.

Plusieurs options s’offrent aux personnes qui souhaitent poursuivre ou reprendre une activité professionnelle après le cap fatidique de la retraite : rester chez le même employeur sous le régime – peu utilisé – de la préretraite progressive ; prendre le statut de microentrepreneur à condition de ne pas dépasser le plafond de revenus autorisé en fonction de la nature de l’activité, ou recourir au cumul emploi-retraite.

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Ce dispositif, comme son nom l’indique, permet de toucher sa pension tout en percevant des revenus salariaux, sans que ces derniers soient plafonnés. Cette souplesse assure au dispositif un certain succès, d’autant qu’il permet aussi, si l’employeur l’autorise, de poursuivre son activité de manière plus ponctuelle dans son ancienne entreprise, par exemple sous forme de missions ou de CDD.

Certains experts estiment même que la formule peut être gagnante sur le plan financier. « Il peut être plus intéressant de liquider sa retraite dès que l’on a atteint l’âge légal, de toucher ses pensions de surcroît à taux plein et de cumuler ensuite avec un emploi », affirme ainsi Marilyn Vilardebo, présidente d’Origami & Co, une société d’audit et de conseil sur la retraite. Les revenus salariaux compensent alors le « manque à gagner » en termes de montant de la pension – un scénario à affiner et à vérifier au cas par cas en fonction des situations individuelles.

Quoi qu’il en soit, il y a quand même quelques règles à respecter avant de cumuler emploi et retraite. Pour bénéficier d’un cumul dit « intégral » – c’est-à-dire en touchant l’intégralité de la pension due — il faut non seulement avoir tous ses trimestres de cotisations, mais aussi atteint l’âge légal de départ. Il faut également avoir liquidé l’ensemble de ses retraites, autant la retraite de base que les retraites complémentaires.

Versements « à fonds perdu »

Si ces conditions sont remplies, le retraité peut reprendre une activité immédiatement après son dernier poste, et ce sans limite de rémunération. Si elles ne le sont pas – par exemple si le retraité ne perçoit pas sa pension à taux plein –, les revenus qu’il est possible de percevoir sont plafonnés. Et dans certains cas, notamment si l’activité professionnelle se poursuit auprès de l’ancien employeur, il faut respecter un délai de carence de six mois avant de reprendre une activité, sous peine de voir le versement de la pension suspendu jusqu’au terme de ce délai.

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Mais, surtout, « un cumulard » continue à payer des cotisations vieillesse, comme n’importe quel salarié, mais celles-ci n’ouvrent pas de nouveaux droits et n’améliorent pas la pension versée. Des versements « à fonds perdu », en quelque sorte, qui iront bénéficier aux générations suivantes. Si certains s’en accommodent, cette disposition peut en décourager d’autres de reprendre une activité professionnelle.

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Bilan des comités sociaux et économiques : comment le dialogue social s’est fragilisé

A la suite des ordonnances travail du 22 septembre 2017, les instances représentatives du personnel (IRP) – délégués du personnel, comité d’entreprise et comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) – ont fusionné dans le comité social et économique (CSE) pour les entreprises d’au moins 11 salariés.

L’année 2022 a vu le premier round de renouvellement pour quelque 20 000 CSE sur les 90 000 nouvelles instances représentatives mises en place, fin 2020, d’après les chiffres du comité d’évaluation des ordonnances publiés en décembre 2021. Mais, le gros des renouvellements est attendu pour 2023, avec plus de 50 000 CSE qui arriveront au terme de leur premier mandat.

« Cette réforme répondait à un double objectif, rappelle Emmanuel Dockès, directeur de l’Institut d’études du travail de Lyon (IETL) : une volonté de simplification et une demande de centralisation de la part des entreprises. » « Deux objectifs atteints », estime Nicolas Héron, directeur des affaires sociales du grossiste Metro France. « Le fait que tous les dossiers passent désormais devant la même instance simplifie effectivement les choses et permet d’accélérer le traitement des sujets, apprécie Christian Lambert, directeur des relations sociales de Schneider Electric France, groupe spécialisé dans les solutions énergétiques et les automatismes numériques pour le bâtiment et l’industrie comptant 14 500 salariés dans l’Hexagone et qui a renouvelé son CSE en 2021. Cela nous a également permis, avec nos partenaires sociaux, de cadrer le processus de travail. »

« Les burn-out ne sont pas rares »

« Si la logique de transversalité n’est pas inintéressante, car elle permet une vision globale et un dialogue sur toutes les thématiques, de nombreux effets négatifs sont à déplorer, dont le pire est la fragilisation du dialogue social », constate Luc Bérard de Malavas, consultant associé au sein du cabinet d’expertise et de conseil auprès des institutions représentatives du personnel Secafi (Groupe Alpha).

« L’instauration des CSE a eu pour conséquences une baisse des heures de délégation, une baisse du nombre de représentants de près d’un tiers et une professionnalisation des représentants, énumère Emmanuel Dockès. Un autre problème est celui de la perte de diversité, car, avant cette réforme, différentes fonctions existaient (santé/sécurité pour le CHSCT, porte-parole des réclamations des salariés par le biais des délégués du personnel). Sur le papier, ces fonctions ne sont pas supprimées, mais dans la pratique oui. »

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« La maîtrise de la chaîne logistique est devenue une préoccupation majeure jusque dans les petites entreprises »

Carnet de bureau. L’année 2023 ouvre-t-elle l’ère des dépendances maîtrisées ? Après le Covid-19 puis la crise de l’énergie, la maîtrise de la chaîne logistique est devenue une préoccupation majeure, jusque dans les petites entreprises, qui se disent à leur tour « touchées par une baisse de souveraineté », affirme Marc Debets, président de BY.0 Group, un cabinet de conseil en stratégie spécialisé dans le développement d’écosystèmes interentreprises (B2B).

A l’appui de ses déclarations, il présente les chiffres de la deuxième édition du Baromètre de la souveraineté des entreprises à paraître dans les prochains jours. Réalisé du 26 septembre au 19 octobre 2022 auprès de 504 directeurs de production, d’achat et de dirigeants d’entreprise (par Opinion Way pour BY.0 Group), il révèle qu’une entreprise sur quatre ne se juge pas « souveraine », soit 25 % contre 18 % l’année précédente ; 40 % se disent dépendantes vis-à-vis de l’étranger (contre 33 % en 2021). Et 35 % pensent que cette dépendance peut affecter leur capacité de croissance (contre 32 % en 2021), si elles venaient à manquer de lithium ou de cobalt pour les batteries des voitures électriques par exemple ou de papier pour un éditeur de presse.

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Quand on aborde la « souveraineté » en entreprise, le terme est restrictif : il s’agit plus souvent d’autonomie et d’indépendance à l’égard des fournisseurs situés dans un autre pays que de pouvoir politique. Pour désigner les biens ou produits sur lesquels l’approvisionnement était critique, en 2021, les entreprises citaient des mots génériques comme « matériaux » et « produits ».

« Les entreprises ont été confrontées en 2022 aux ruptures d’approvisionnement liées à la guerre en Ukraine, au point de poser la question de la relocalisation de la production »

En 2022, les items sont nettement plus précis : composants électroniques, emballages, papier, pour les produits semi-finis ou aluminium, bois, papier, plastique, huile, moutarde, pour les matières premières, selon le Baromètre de la souveraineté. Marc Debets y voit « une prise de conscience des entreprises sur le manque de maîtrise de leur chaîne d’approvisionnement et une meilleure identification de leurs ressources critiques ».

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L’enjeu est de taille. Après les soudaines fermetures de frontières dues à la crise sanitaire, les entreprises ont été confrontées en 2022 aux ruptures d’approvisionnement liées à la guerre en Ukraine, au point de poser régulièrement la question de la relocalisation de la production.

Mais en matière de stratégie comme de management, ce n’est pas la solution retenue par les entreprises pour repenser les interdépendances en 2023. Seulement 5 % des entreprises interrogées ont engagé des actions de relocalisation (12 % dans le commerce), et 5 % y réfléchissent (15 % dans l’industrie et 15 % dans les entreprises de plus de 250 salariés). Pour 90 %, la relocalisation « n’est pas à l’ordre du jour ».

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Rentrée sociale : les foyers de tension se multiplient autour du gouvernement

La première ministre, Elisabeth Borne, en réunion avec le personnel médical de l’hôpital d’Argenteuil (Val-d’Oise), lors d’une visite du centre des urgences et de pédiatrie, le 31 décembre 2022.

Fin de monarchie oblige, Emmanuel Macron ne fêtera pas les rois. Jeudi 5 janvier, le chef de l’Etat célébrera plus sobrement, comme le veut la tradition, l’Epiphanie autour d’une « galette républicaine », gigantesque, et sans fève. L’occasion de réunir, à l’Elysée, le président de la Confédération nationale de la boulangerie-pâtisserie française, Dominique Anract, et d’autres représentants de la profession. De les écouter et, peut-être, de les apaiser. Car en ce début d’année 2023, la frangipane présidentielle aura une saveur particulière : celle de la crise. L’une des multiples difficultés que le gouvernement se prépare à affronter.

Etranglés par la hausse des prix de l’électricité, des milliers de petits artisans menacent de mettre la clé sous la porte. Pour sauver les fabricants de baguette française, inscrite au Patrimoine immatériel de l’humanité de l’Unesco en novembre 2022, le gouvernement se démène et entend le faire savoir. « Nous serons aux côtés de chaque boulangerie de France », a assuré, mardi 3 janvier, le ministre de l’économie, Bruno Le Maire, à l’issue d’une réunion à Bercy avec les représentants du secteur.

Evoquant des aides qui permettent déjà une remise de 15 % et jusqu’à 40 % des hausses enregistrées sur la facture d’électricité, le locataire de Bercy appelle les fournisseurs d’électricité, convoqués le même jour au ministère, « à faire plus, mieux, et tout de suite », pour aider la profession. Les boulangers pourront notamment résilier sans frais leur contrat de fourniture d’électricité en cas de hausse de prix « prohibitive », a assuré Bruno Le Maire.

Cette main tendue à l’une des professions les plus emblématiques du pays s’ajoute à l’annonce faite, mardi, par la première ministre, Elisabeth Borne, sur Franceinfo, d’autoriser le report du paiement des impôts et cotisations sociales pour l’ensemble des PME. Une façon d’éteindre l’un des premiers départs de feu qui menacent le pays ?

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Les Français entre colère et résignation

Avant même l’annonce de l’impopulaire réforme des retraites, prévue le 10 janvier, les foyers de colère se multiplient. A la grève des contrôleurs de trains lors des fêtes de fin d’année, fondée sur des revendications salariales, s’est ajoutée celle, rare, des médecins libéraux.

Dans les semaines à venir, l’hôpital débordé, viendra grossir la liste des mécontents. Une réunion du collectif inter-hôpitaux (CIH), à laquelle sont invitées les différentes organisations syndicales, est prévue mercredi pour décider, ou non, d’un mouvement de grève du personnel hospitalier.

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« Impossible de vivre en retrait » : ces seniors qui persistent à travailler

Bruno Orlando, 76 ans, a pris – sur le papier – sa retraite en 2006. Il enchaîne aujourd’hui les animations dans les grandes surfaces. Au centre commercial Rosny 2, à Rosny-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), en décembre 2022.

Après une carrière de contrôleur aérien, Christophe (certains intervenants ont requis l’anonymat) a pu prendre sa retraite en 2018, à 57 ans, l’âge limite à l’époque dans la profession. Ce Bordelais s’est alors plongé dans une vie dont beaucoup rêveraient : sports, photographie, voyages et du temps pour bichonner sa maison. Cependant, au bout de dix-huit mois, il avait épuisé les charmes de cette nouvelle existence. « J’ai trouvé le temps soudainement long », tranche-t-il.

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Alors, afin d’occuper ses journées et de « réactiver un lien social », il a repris du service. Impossible de retourner à son ancien métier : il s’est donc éloigné des tours de contrôle, pour s’orienter vers d’autres cieux. Il travaille à mi-temps dans un Point Relais, réceptionnant ou livrant des colis, un emploi rémunéré au smic. En parallèle, il a développé, en tant qu’autoentrepreneur, une activité de services dans l’immobilier, pour le compte de professionnels ou de particuliers. Deux métiers qui, au bout du compte, l’occupent à temps plus que plein – environ quarante-cinq heures par semaine.

Malgré ses 62 printemps, Christophe ne compte pas lâcher le manche de sitôt, car il lui faut désormais composer avec la hausse du coût de la vie. « Au vu de la conjoncture économique et sociale, je prévois de poursuivre ces activités au moins jusqu’à 65 ans », assure-t-il. « Ces compléments de revenus me permettent d’amortir l’augmentation des dépenses courantes : logement, déplacements, factures d’énergie ou alimentation. » A bien y réfléchir, l’homme l’admet : depuis qu’il s’est décidé à retravailler, ses motivations ont changé. « Je dirais que maintenant, oui, l’aspect pécuniaire est plus important dans mon choix de continuer une activité professionnelle. »

Contrairement à Christophe, ce n’est pas le vertige du vide qui empêche Bruno Orlando de ne pas quitter la vie professionnelle, en dépit de ses 76 ans. Ouvrier typographe au début de sa carrière, puis commercial pour l’industrie pharmaceutique, il a pris – sur le papier – sa retraite en 2006. En réalité, il n’a jamais arrêté de travailler : après une énième reconversion comme caviste, il enchaîne aujourd’hui les animations dans les grandes surfaces, où ce fan d’Elvis Presley peut donner la pleine mesure de son sens du spectacle.

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En fin d’année, avant les fêtes, son planning est digne d’une tournée de rockstar : foires aux vins en septembre, beaujolais nouveau en novembre, champagne et produits festifs en décembre. Les journées, calées sur les heures d’ouverture des magasins, peuvent s’étirer de 9 heures à 22 heures. Un rythme épuisant, avec ambiance musicale permanente, dans une température parfois glaciale lorsqu’il est positionné près des rayons « frais » au fond du magasin, et des clients pas toujours aimables.

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Back Market, spécialiste du reconditionné, supprime près de 70 postes en France

Le champion français de la vente de produits technologiques reconditionnés coupe dans ses effectifs. Back Market prépare un plan de départ pour réduire ses effectifs de 13 %, sur un effectif total de 715 salariés dans le monde, a-t-on appris, lundi 2 janvier, auprès de l’entreprise.

Sur les 93 emplois qui doivent être supprimés, 26 l’ont déjà été dans les bureaux de New York, Barcelone et Berlin, selon une porte-parole de Back Market, qui a confirmé des informations de Sifted (groupe Financial Times) et des Echos. En France, un plan de départ volontaires est en cours sur 67 postes, a ajouté cette porte-parole.

Back Market « va bien » mais doit, du fait du contexte économique général, mettre davantage l’accent sur la rentabilité, a expliqué cette porte-parole. La société a pour objectif cette année de « s’approcher de la rentabilité », sans renoncer à la croissance pour autant.

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Plus de 1 500 revendeurs partenaires

Back Market, qui revendique aujourd’hui plus de 1 500 revendeurs partenaires, vend sur son site Internet des téléphones, ordinateurs, consoles de jeux ou accessoires reconditionnés, fournis par des entreprises spécialisées. La valeur du groupe, avec une présence dans dix-sept pays, était estimée à 5,1 milliards d’euros au moment de sa dernière levée de fonds (450 millions d’euros) en janvier 2022.

Après plusieurs années de croissance effrénée, financée par des levées de fonds de plus en plus fortes, les start-up et autres pépites de la tech du monde entier se voient désormais enjoindre par leurs actionnaires de privilégier plus la rentabilité.

Aux Etats-Unis, de nombreuses entreprises de la tech ont annoncé des réductions d’effectifs massives. L’Europe est restée plus protégée pour l’instant, avec peu d’annonces de ce genre.

En France, Meero, spécialiste de la photo pour les plates-formes Internet (mode et e-commerce), est en train de supprimer environ 72 emplois et de recentrer ses activités sur sa suite logicielle de traitement de l’image.

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Le Monde avec AFP