Viessmann, leader allemand de la pompe à chaleur, forcé de se vendre à son concurrent américain

Viessmann, leader allemand de la pompe à chaleur, forcé de se vendre à son concurrent américain

Dans une usine Viessmann, à Allendorf, en Allemagne, le 9 août 2022.

C’est un tremblement de terre, une affaire qui en dit long sur l’angoisse du « made in Germany », face à une concurrence asiatique de plus en plus menaçante. Le groupe Viessmann, très prospère, spécialiste des systèmes de chauffage, fondé en 1917, a annoncé, mardi 25 avril, son intention de vendre son cœur de métier à un concurrent américain, pour un montant estimé à 12 milliards d’euros, pour créer un « champion mondial des solutions intelligentes pour le climat et l’énergie ».

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L’événement a provoqué l’émoi outre-Rhin, certains responsables politiques se désolent de voir une entreprise traditionnelle innovante passer entre des mains étrangères, faute de pouvoir s’adapter seule aux bouleversements en cours.

L’annonce du deal survient quelques jours après que Berlin a annoncé les contours de sa « transition chaleur », qui doit permettre de faire baisser rapidement les émissions de gaz à effet de serre des bâtiments : dès 2024, tout nouveau système de chauffage installé devra obligatoirement fonctionner à 65 % d’énergie renouvelable. A partir de l’année prochaine, aucun nouveau chauffage au gaz ou au fioul ne pourra plus être installé outre-Rhin. Et d’ici à 2030, 500 000 pompes à chaleur électriques et neutres en carbone arriveront chaque année dans les bâtiments allemands, subventionnées par l’Etat. Le marché du siècle.

Pour Viessmann, cette réforme a une conséquence paradoxale : alors que le groupe est le leader allemand de la pompe à chaleur, il est incapable d’augmenter sa production suffisamment rapidement pour répondre à l’explosion de la demande à venir, notamment parce qu’il réalise encore une grande partie de son chiffre d’affaires avec des systèmes de chauffage fossiles. Le risque est de laisser un boulevard aux géants asiatiques, comme Daikin, Samsung ou LG, capables de produire en grande quantité des systèmes de climatisation et de pompe à chaleur à des prix très compétitifs.

« Un marché pionnier »

Viessmann a donc fait le choix radical de vendre 85 % de son activité à son concurrent Carrier, originaire de Floride, y compris la très lucrative spécialité pompes à chaleur. Cette alliance devrait permettre au groupe allemand de pousser sa production et de faire baisser ses prix.

L’américain, de son côté, espère pénétrer plus facilement le marché européen. « Pour Carrier, l’Allemagne est un marché pionnier. Je pense qu’ils veulent l’expérimenter, changer d’échelle pour déployer les pompes à chaleur aux Etats-Unis. Le cas échéant, avec l’aimable soutien de l’Inflation Reduction Act [IRA] », estime l’économiste Jens Südekum, professeur d’économie internationale à l’université de Düsseldorf.

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