Un plan B en négociation pour les travailleurs sans-papiers du chantier du nouveau siège du « Monde »

Un plan B en négociation pour les travailleurs sans-papiers du chantier du nouveau siège du « Monde »

« Qu’est-ce qu’on veut ? » « Des papiers ! Des papiers ! » « Pour qui ? » « Pour tous ! Pour tous ! » Ils sont toujours là, ils crient et dansent devant le bâtiment du nouveau siège du Monde dans le 13e arrondissement de Paris, les travailleurs sans-papiers africains de ce chantier, chargés de nettoyer le parvis chaque jour. Le 27 février, c’était en effet une fausse victoire. L’employeur de ces ouvriers, la société Golden Clean, n’a pas tenu sa promesse donnée à l’issue d’une négociation, le soir de ce premier jour d’« occupation » du site : il n’a pas apporté les bulletins de salaire de ses ouvriers. Beaucoup travaillait pour lui sur ce chantier depuis mi-2019 et ils n’ont jamais vu une seule fiche de paye, ce qui leur interdit de prétendre à une régularisation.

Alors l’occupation continue. Une occupation limitée toutefois à deux locaux commerciaux au rez-de-chaussée. « Ils ne retardent pas le chantier », constate Louis Dreyfus, président du directoire du Groupe Le Monde. Les premières équipes devaient emménager le 4 mars.

Pour tenter de sortir de cette impasse, ces travailleurs ont contacté le syndicat CNT-Solidarité ouvrière (SO) qui les représente et les accompagne. Désormais, Golden Clean est « hors jeu », souligne Etienne Deschamps, juriste à la CNT-SO.

La négociation se poursuit

En attendant un plan B, il faut tuer le temps. Les soutiens affluent de divers collectifs et d’anciens salariés de Golden Clean qui ont travaillé sur d’autres chantiers. Direction, un des deux locaux prêtés par Le Monde aux sans-papiers. Là se trouvent les vestiaires pour toutes les entreprises présentes sur ce chantier. Là aussi y dorment certains travailleurs africains, par terre. Il y a quelques tables, des bancs.

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En milieu d’après-midi, lundi 2 mars, certains jouent ou lisent sur leur smartphone, d’autres font leur prière ou discutent. Entourée par une soixantaine de travailleurs, une militante du collectif Action mobilisation BTP Ile-de-France annonce au micro qu’elle va chanter une chanson écrite par des ouvriers du BTP. « Ecoutez nos voix, qui montent des chantiers, nos voix de prolétaires…(…) Marre de trimer pour un salaire de misère, de finir le corps brisé avant la retraite… » Applaudissements. Avant que l’auditoire ne reprenne le rituel « Qu’est-ce qu’on veut ? », etc.

La négociation se poursuit. « On discute avec une entreprise pour qu’elle reprenne les contrats de travail », indique M. Dreyfus. Il reste environ un mois de travail sur ce site. Mais l’idée est d’essayer, précise-t-il, de « donner des perspectives un peu plus longues sur d’autres chantiers » qu’aurait cette société de nettoyage dont il tait le nom pour le moment.

Il faut donc identifier les travailleurs qui pourraient prétendre à une reprise de leur contrat et donc définir les périodes de travail prises en compte. Une notion est en réalité ambiguë car « pour les entreprises, les sans-papiers sont interchangeables, explique Marion, juriste elle aussi à la CNT-SO. On les fait remplacer, on les met ailleurs. » La discussion est serrée. « Je fais tout ce que je peux, souligne M. Dreyfus. Après, il ne faut pas mettre l’entreprise en péril. On ne peut pas être durablement propriétaire d’un immeuble vide. »

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LJD

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