« Total veut faire l’emploi sans l’écologie, nous, on veut faire les deux » : la CGT et les défenseurs de l’environnement unis pour la raffinerie de Grandpuits

« Total veut faire l’emploi sans l’écologie, nous, on veut faire les deux » : la CGT et les défenseurs de l’environnement unis pour la raffinerie de Grandpuits

Employés de la raffinerie Total de Grandpuits (Seine-et-Marne), devant le siège du groupe à La Défense, le 9 février 2021.

« Que des raffineurs et des écolos manifestent ensemble ne va pas de soi, mais on voit bien qu’on a besoin d’être là ensemble contre ce projet. » Dans le froid de février, au pied de l’une des tours Total de la Défense (Hauts-de-Seine), le directeur général de Greenpeace France, Jean-François Julliard, sait bien ce que sa présence a d’incongru. A ses côtés, le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez, est lui aussi venu apporter, mardi 9 février, son soutien aux salariés de la raffinerie de Grandpuits (Seine-et-Marne), en grève depuis début janvier contre le plan de transformation porté par Total. Présentes aussi l’ancienne ministre écologiste Cécile Duflot, désormais patronne de l’ONG Oxfam France, et la députée LFI Clémentine Autain. Un attelage rouge-vert qui détonne, aux côtés de syndicalistes de l’industrie chimique qui ont appris à découvrir ces nouveaux alliés.

Le groupe Total a décidé en septembre de fermer sa raffinerie de Grandpuits pour la transformer en « plate-forme zéro pétrole ». Au passage, le géant français des hydrocarbures prévoit de réduire sérieusement la voilure, en passant de 400 à 250 salariés dans l’effectif – sans compter les sous-traitants.

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L’ambition de Total est d’installer sur le site une unité de production d’agrocarburants destinés à l’aviation et une usine de production de bioplastique. A l’origine de cette reconversion, un problème de sécurité sur le pipeline qui dessert la raffinerie. Total estime que sa réparation est trop coûteuse, et privilégie l’option d’une transformation du site, pour un peu plus de 500 millions d’euros. La nouvelle unité est prévue pour fonctionner en 2023.

Dernier round

La CGT, majoritaire sur le site, conteste tant le coût social de la transition de l’usine que l’argument écologique de la direction. « Les salariés sont conscients de la nécessité de sortir des hydrocarbures », assure Adrien Cornet, délégué syndical CGT de Grandpuits. « Mais Total fait preuve d’un cynisme sans nom en se servant d’arguments faussement écologiques pour détruire l’emploi, sans que cela ne profite au climat. » Depuis début janvier, les raffineurs bloquent les opérations de dégazage qui doivent mettre la raffinerie totalement à l’arrêt. Mardi, un dernier round de discussions entre les syndicats et la direction se tenait pour connaître les conditions du plan social.

« Il n’y a aucun licenciement, aucune mutation forcée. Je ne nie pas l’impact individuel, mais il y aura un accompagnement pour chaque salarié », déclare au Monde Jean-Marc Durand, le directeur du site, qui explique que pour calibrer les besoins humains, Total s’est inspiré d’autres usines similaires, notamment en Thaïlande et en Espagne. « On propose un projet industriel et ensuite on regarde quels sont les besoins. On ne fait pas les choses à l’envers. »

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