Sur la santé des femmes, beaucoup de prévention mais pas de différenciation
Les entreprises doivent-elles considérer la santé des femmes comme un sujet en soi, pour mieux s’adapter aux difficultés qu’elles rencontrent ? C’est l’avis de Florence Chappert, responsable de la mission égalité intégrée à l’Agence nationale pour l’amélioration des conditions de travail (Anact) : « Une approche genrée de la question des conditions de travail permet de comprendre que les femmes ne sont pas mieux protégées que les hommes. Si les femmes ont quatre ou cinq jours d’absentéisme par an de plus que les hommes, cela ne s’explique pas seulement par les enfants, mais aussi par des contraintes spécifiques, qui les exposent à des conséquences financières, la perte d’un emploi ou l’isolement du collectif. »
C’est par ce constat que cette spécialiste de la santé a ouvert les rencontres RH du 7 février − le rendez-vous mensuel de l’actualité RH organisé par Le Monde en partenariat avec ManpowerGroup Talent Solutions et Malakoff Humanis −, qui ont réuni une dizaine de DRH à Paris et à distance.
Cet état des lieux est le fruit de recherches récentes, qui ont permis de visibiliser des risques professionnels, longtemps sous-estimés par les politiques publiques et les entreprises, que subissent spécifiquement les femmes dans le cadre de leur travail. Entre 2001 et 2019, le nombre d’accidents du travail a grimpé de 41,6 % pour les femmes, tandis qu’il chutait de 27,2 % chez les hommes.
Lorsqu’il s’agit de visibiliser les problématiques de santé au travail propres aux femmes, les DRH évoquent spontanément l’endométriose, une maladie chronique sans remède qui touche exclusivement celles en âge de procréer, et en concerne près de 10 %. Lors des crises que peuvent subir certaines salariées, il s’agit pour les manageurs de davantage tolérer des absences de courte durée sur le temps de travail, qu’il ne faut pas confondre avec un arrêt de travail.
Sensibiliser sur les pathologies existantes
Sur les maladies chroniques, la Caisse nationale d’assurance-vieillesse (CNAV) dit utiliser le télétravail comme un levier pour permettre à des salariées de souffler, et plus généralement la flexibilité du temps de travail. De son côté, Malakoff Humanis octroie depuis peu cinq jours supplémentaires de télétravail occasionnel aux femmes atteintes d’endométriose – portant le plafond à vingt jours – ou de cinq jours d’absence rémunérée autorisés par an, pour celles qui ne peuvent télétravailler.
Sur ce sujet, la direction générale du travail et l’Anact vont prochainement publier un guide à destination des manageurs et des RH. L’enjeu reste avant tout de sensibiliser sur les pathologies existantes, pour mieux les rendre visibles dans l’entreprise. « C’est sur la santé que l’on voit les véritables valeurs d’une entreprise : comment elle gère la prévention, est-ce qu’elle prévoit des compléments de salaire pour compenser les jours de carence lors d’un arrêt maladie par exemple », considère Laurence Breton-Kueny, DRH du groupe Afnor et vice-présidente de l’association nationale des DRH.
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