Sans attendre la fin du port obligatoire du masque, les fabricants ont réorienté leur production
Bas les masques dans un mois ? L’obligation du port du masque de protection dans les lieux extérieurs pourrait être levée aux beaux jours en France. Olivier Véran, ministre de la santé, « espère sincèrement que ce sera cet été », a-t-il déclaré, début mai, sur Europe 1. Emmanuel Macron, président de la République, estime que l’obligation doit être maintenue au moins jusqu’à fin juin.
Toutefois, plusieurs départements ont déjà levé partiellement cette obligation. Parmi eux figurent la Lozère, la Moselle, la Charente-Maritime, le Loir-et-Cher, le Puy-de-Dôme, l’Ariège et le Morbihan. Mis à part dans les zones urbaines peuplées et les manifestations de type brocantes et marchés, il ne sera plus imposé de le porter à l’air libre dans ces départements. En outre, le Var, la Seine-Maritime et la Gironde, entre autres, ont levé l’obligation de s’en équiper sur la plage. Dès lors, les ventes de masques en France devraient chuter drastiquement.
Les fabricants français de masques se sont déjà largement préparés à cette échéance. Ceux qui, au printemps 2020, à la demande du gouvernement, pour remédier à la pénurie de masques de protection disponibles en France, avaient converti leurs lignes de production – 250 confectionneurs et 150 fabricants de tissus s’étaient alors mobilisés – ont déjà renoncé à en produire.
« Ça n’a duré que trois mois »
« Cela fait des mois », rapporte Karine Renouil-Tiberghien, cogérante de la PME La Manufacture de layette et de tricots, qui, à Pau (Pyrénées), avait transformé son usine de pulls en atelier de masques. « Ça n’a duré que trois mois », précise aussi Christian Schmitt, PDG de la PME Henitex, fabricant roannais de jersey et de jacquard, qui, avec deux techniciens, en quatre jours de temps, mi-mars, avait mis au point un masque en maille pour fournir des collectivités locales de la région Auvergne-Rhône-Alpes.
Mais, rapidement, avec le rétablissement des lignes d’avions-cargos en provenance d’Asie, le marché français a été inondé de masques chirurgicaux moins onéreux que ceux produits en France. A l’été, alors que les ventes de masques atteignaient le record mondial de 166 milliards d’unités, selon le cabinet Grand View Research, contre 800 millions en 2019, les fabricants français de masques en tissu avaient senti le vent tourner et mis fin à leur production.
Hennitex, qui, au total, « en trois mois de temps », en a écoulé 4,5 millions au prix de 4,85 euros, dispose aujourd’hui d’un reliquat de 100 000 unités. Qu’en faire ? « Je les donne à qui veut, à des associations », avance M. Schmitt, depuis son usine de Riorges. Cette production a eu cependant le mérite d’aider le fabricant à traverser la crise et la baisse de commandes de ses clients habituels, se félicite le dirigeant. Son exercice 2020 s’est clos sur un résultat net record. Depuis, l’entreprise a investi dans de nouveaux métiers à tricoter pour se lancer dans une activité de fabricant de sous-vêtements.
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