Salaire des enseignants : pour 70 % des professeurs, les hausses de 2023 seront inférieures aux pertes de pouvoir d’achat sur un an
Ce sont des chiffres qui éclairent d’un autre angle les mesures salariales annoncées par le gouvernement pour les enseignants. Alors que l’exécutif, notamment le président de la République, Emmanuel Macron, met en avant des hausses de salaire « historiques », le collectif Nos services publics montre, dans une étude publiée jeudi 27 avril, qu’une fois l’inflation prise en compte, les augmentations prévues pour septembre 2023 ne compenseront même pas les pertes de pouvoir d’achat subies depuis le mois de janvier pour 70 % des enseignants.
Emmanuel Macron avait promis 10 % d’augmentation inconditionnelle à tous. Dans les faits, ces 10 % ne sont pas atteints, pas même en moyenne, et les hausses seront bien plus faibles pour la majorité des enseignants. Sur les premiers échelons de la grille salariale, les augmentations sans condition sont comprises entre 6 % et 11 %. Les mesures annoncées par le gouvernement feront ainsi augmenter le pouvoir d’achat des 30 % des enseignants les plus jeunes, souligne Nos services publics. Mais les 70 % restants ne bénéficieront que d’augmentations bien moindres, de 95 euros, soit moins de 4 %.
Or, rappelle le collectif qui milite pour des services plus adaptés aux besoins des usagers, « l’inflation prévue d’ici décembre 2023 est de 5,5 % ». « Même avec les mesures annoncées, leur pouvoir d’achat sera inférieur en décembre 2023 à ce qu’il était en décembre 2022 », ainsi qu’à ce qu’il était au début de 2021, insiste le collectif, dont l’étude est centrée sur les enseignants du second degré – les grilles salariales sont toutefois identiques pour les professeurs certifiés et les professeurs de primaire.
« Une limitation de la chute »
L’autre volet des mesures salariales annoncées par le gouvernement, le « pacte enseignant », prévoit une rémunération allant d’environ 95 à 280 euros net mensuels en fonction de la quantité de travail additionnelle, mais est conditionné à des missions supplémentaires et ne concernera qu’une partie (a priori minoritaire) des enseignants.
Une dégradation qui s’inscrit dans la continuité de celle des vingt dernières années, et que la note donne à voir de manière originale. Pour mieux rendre compte de la perte de pouvoir d’achat des enseignants, le collectif a analysé l’évolution de leur rémunération au cours d’une carrière depuis 2000. Si le déclin salarial de la profession est désormais bien connu grâce à des études comparant les grilles de rémunération dans le temps, il est plus difficile à appréhender à l’échelle individuelle du fait des augmentations dues à l’ancienneté qui donnent l’impression d’une progression.
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