Retraites : « Le rôle du gouvernement sera de convaincre les Français que cette réforme est juste »

Retraites : « Le rôle du gouvernement sera de convaincre les Français que cette réforme est juste »

Dans une tribune au « Monde », des macronistes de gauche estiment que l’enjeu de la réforme des retraites portée par le rapport Delevoye n’est pas de reculer l’âge de départ à la retraite, mais d’augmenter le nombre d’actifs pour générer plus de cotisations.

Publié aujourd’hui à 06h00 Temps de Lecture 4 min.

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« La réforme devant se faire à enveloppe budgétaire constante, il y aura des transferts entre les catégories professionnelles et donc des gagnants et des perdants ».
« La réforme devant se faire à enveloppe budgétaire constante, il y aura des transferts entre les catégories professionnelles et donc des gagnants et des perdants ». Letizia Le Fur/Onoky / Photononstop

Tribune. Contrairement à ce que l’on dit souvent, les Français ne sont pas opposés aux réformes. En réalité, ils sont prêts à les soutenir, à condition qu’elles leur semblent justes. C’est tout l’enjeu de la réforme des retraites.

Le rapport Delevoye (« Pour un système universel de retraite », voir lien PDF) propose un régime universel par répartition et par points. Un euro cotisé donnera les mêmes droits, quel que soit le métier exercé. Ce sera la fin des quarante-deux régimes actuels, qui ont chacun leurs règles, ce qui crée des différences de traitement importantes entre les cotisants, différences injustifiées et, donc, incomprises par les Français. Certes, des spécificités subsisteront pour tenir compte des particularités, comme celles des indépendants, par exemple, et c’est pour cela qu’il s’agit d’un système universel et non pas unique, mais les mêmes principes s’appliqueront à tout le monde. C’est indiscutablement un net progrès vers plus de justice sociale.

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Dans le détail, le rapport contient de nombreuses avancées sociales : la garantie à 100 % des droits acquis, le maintien du dispositif des carrières longues, l’indexation de la valeur du point sur les salaires à terme (et non sur l’inflation), le principe d’un minimum de pension (fixé à 85 % du smic), une majoration pour enfant dès le premier enfant, un objectif de maintien du niveau de vie de la personne veuve pour la réversion et l’intégration des primes des fonctionnaires et des agents des régimes spéciaux dans l’assiette.

La réforme devant se faire à enveloppe budgétaire constante, il y aura des transferts entre les catégories professionnelles et, donc, des gagnants et des perdants. Le danger est que, comme dans toute réforme, les gagnants trouvent cela normal et les perdants s’opposent à la réforme. Qui seront ces perdants ?

Les fonctionnaires pénalisés

Il convient d’être prudent en l’absence de toute simulation effectuée, ou en tout cas publiée. Pour autant, il est indéniable que les affiliés aux régimes spéciaux feront partie des perdants puisqu’ils seront soumis au régime de droit commun et ne pourront plus partir à la retraite avant 62 ans. Mais ce n’est que justice. Comment, en effet, justifier une telle inégalité de traitement en leur faveur ?

Les fonctionnaires seront pénalisés par le fait que le niveau de leurs pensions ne sera plus indexé sur leurs rémunérations des six derniers mois, mais sur les rémunérations de toute leur carrière. L’intégration des primes dans l’assiette des points de cotisation compensera cette perte en totalité, en partie ou pas du tout, selon les corps de fonctionnaires. Les fonctionnaires de Bercy devraient s’y retrouver ; en revanche, les enseignants y perdront beaucoup.

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LJD

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