« Retourner chez ses parents, faute d’emploi, ce n’est pas évident », la génération Covid témoigne
OLIVIER METZGER POUR « LE MONDE »
TémoignagesPartout en France, les jeunes doivent affronter la crise liée à l’épidémie de Covid-19.
D’Arras à Marseille, en passant par Lyon, Bordeaux, Nantes ou Paris, partout les jeunes subissent de plein fouet les conséquences de la pandémie. CDD ou missions d’intérim interrompus, stages annulés, entretiens d’embauche reportés, études en suspens… L’épidémie de Covid-19 fait voler en éclats leurs projets, brouille leur horizon. Entre inquiétude et fatalisme, ils échafaudent leur stratégie pour tenter de vivre au mieux cette crise inédite.
- « Toutes les offres d’emploi des grands groupes sont supprimées une à une », Zeinab Ali Abdallah, 24 ans, diplômée en finance de marché, à Toulouse
La crise sanitaire a fait vaciller les cours de la Bourse, en même temps que les perspectives d’insertion professionnelle de Zeinab Ali Abdallah. A 24 ans, elle venait tout juste d’intégrer la salle de marché d’une banque d’affaires de financement internationale pour son stage de fin d’étude, lorsque le coronavirus s’est répandu. « Je ne pensais pas que l’impact de la crise serait aussi important. Toutes les offres d’emploi des grands groupes sont supprimées des plates–formes, une à une », dit l’étudiante en finance. Elle pensait pourtant toucher au but en intégrant une banque reconnue, après six années de brillantes études, d’abord en classe préparatoire et ensuite à la Toulouse Business School, financées par sa bourse et des emplois étudiants en parallèle.
« On me dit que les banques n’embaucheront pas avant décembre 2020 », explique-t-elle. Alors, pour mettre toutes les chances de son côté, elle multiplie les candidatures. « Il y aura plus de concurrence, car des étudiants plus diplômés revoient leurs projets et postulent aux mêmes postes que moi, témoigne-t-elle. Certains de mes camarades font le choix de prolonger leurs études pour retarder d’un an leur entrée sur le marché du travail. Mais, pour ma part, impossible de débourser 20 000 euros de plus. »
- « Huit ans que j’économisais, pour risquer de tout perdre », Antoine Durand, 27 ans, gérant d’une salle de fitness, à Arras
Il ne dort plus. « J’espère que mon avenir va s’éclaircir », confie-t-il. A 27 ans, Antoine Durand a ouvert, le 11 janvier, à Arras, un club de fitness, en tant que franchisé pour l’enseigne Keep Cool. Un projet mûri pendant quatre ans que l’épidémie a mis à mal. « Voilà huit ans que j’économisais, pour risquer de tout perdre », dit-il en soupirant.
Coach sportif à domicile à Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône), il a tout quitté, avec sa femme, à l’hiver 2019-2020, pour se lancer dans cette aventure dans le nord de la France. Il y a investi toutes ses économies. Tout avait bien commencé. Les deux premiers mois de l’année, le nombre d’inscriptions était plus élevé qu’attendu. « On cartonnait », raconte cet Arrageois d’origine… avant que le Covid-19 ne se propage et que le confinement soit décrété.
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