Remplacer Ford par Amazon ? A Blanquefort, la pilule ne passe pas
C’est un peu une parabole de la transformation de nos économies qui se joue en Gironde. Le géant Amazon pourrait-il s’installer près de Bordeaux sur le site de 80 hectares de l’ancienne usine Ford de Blanquefort ? Un site symbolique de la métropole, qui a fermé ses portes le 1er octobre 2019 après de longues années de négociations, entraînant le reclassement de certains de ses 852 salariés. Désormais vidé de ses occupants, la question de l’avenir du terrain se pose. Parmi les dossiers à l’étude par le constructeur américain, celui d’Amazon, vivement intéressé à l’idée de s’implanter dans le Sud-Ouest, zone où ses plates-formes logistiques ne sont pas présentes aujourd’hui.
« Amazon est venu me rencontrer, m’a montré une carte sur laquelle il y a un grand désert entre Nantes et Toulouse », explique Alain Anziani, président de Bordeaux Métropole, au Monde. Une zone où l’entreprise américaine aimerait installer l’une de ses plates-formes de logistique. « Ce que je comprends », ajoute l’élu. Amazon se borne à indiquer être « bien desservi sur un axe nord-sud mais il y a des zones où les capacités sont encore limitées à l’ouest et à l’est. » Le géant américain ajoute que ce type d’implantation permettrait d’augmenter la flexibilité de ses réseaux et d’optimiser les flux et processus de distribution.
S’il salue la démarche de l’entreprise de s’être présentée à lui, M. Anziani refuse catégoriquement son implantation à cet endroit. « Il y a une discussion qui se poursuit – elle avait débuté bien avant mon arrivée [en juillet 2020] – pour trouver une solution industrielle qui remplace une solution industrielle », explique le président de Bordeaux Métropole.
L’édile se défend d’avoir « une posture idéologique envers Amazon », il appuie la démarche engagée par la mandature précédente, de discussions entre Bordeaux Métropole et le constructeur américain, et plaide en faveur d’une solution rapide. Mais il rappelle que la métropole fera appel à son droit de préemption en cas de besoin. Du côté de Ford, Fabrice Devanlay, directeur des relations publiques du constructeur, se limite à expliquer que le groupe en est « à la phase du démantèlement et de la vente des terrains, différents repreneurs étant possibles ».
« Ford vend à qui il veut, mais la métropole peut aussi faire valoir son droit de préemption », Véronique Ferreira, maire de Blanquefort
Ce refus d’une installation d’Amazon, Alain Anziani n’est pas le seul à le porter. « Ford vend à qui il veut, mais la métropole peut aussi faire valoir son droit de préemption », a ainsi souligné la maire de Blanquefort, Véronique Ferreira lors des vœux à la presse du président de la métropole, en janvier. « En fermant, Ford nous a fait perdre du savoir-faire industriel », a-t-elle affirmé. « Amazon, de son côté, nous propose un très grand bâtiment, avec très peu d’emplois à l’intérieur, peu qualifiés et peu payés, et avec un certain nombre d’allers-retours de camions sur un espace qui n’est pas prêt à les recevoir… Tout cela conforte notre décision prise il y a plusieurs mois, qu’Amazon, à cet endroit-là, ce n’est pas une bonne idée. »
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