Réforme de l’assurance-chômage : les réserves de Muriel Pénicaud
La réforme de l’assurance-chômage n’en finit pas de causer des contrariétés à Elisabeth Borne. Cette fois-ci, c’est la prédécesseure de la ministre du travail qui en est à l’origine. Lancée dans une campagne de promotion pour son livre, Pousser les murs (L’Observatoire, 352 pages, 21 euros), Muriel Pénicaud vient de laisser entendre que la temporalité choisie pour transformer le régime d’indemnisation des demandeurs d’emploi n’était pas forcément la bonne, les nouvelles dispositions devant entrer en vigueur à partir du 1er juillet, en plusieurs étapes.
De la part de celle qui avait conçu, en 2019, la réforme incriminée, dans sa première version, ces déclarations constituent une pierre de plus dans le jardin de Mme Borne, qui s’ajoute à celles déposées par les syndicats. Vendredi 21 mai, plusieurs organisations de salariés, parmi lesquelles la CFDT, la CFE-CGC, la CGT, FO, devaient confirmer, séparément mais de façon coordonnée, qu’elles avaient saisi le Conseil d’Etat pour contester les règles introduites par un décret du 30 mars. Des règles qui durcissent les conditions d’accès au dispositif et les modalités de calcul de la prestation.
A deux reprises, Mme Pénicaud est revenue sur le sujet ces derniers jours. Mercredi 19 mai, sur Paris Première, celle qui est aujourd’hui la représentante de la France à l’OCDE a rappelé que, lorsque la réforme avait été présentée, il y a deux ans, les indicateurs étaient « au vert ». Une réflexion déjà présente dans l’ouvrage qu’elle vient de publier. « Quand on est en croissance et que l’on s’approche du plein-emploi, ce n’est pas la même chose que quand on est dans une crise comme aujourd’hui où il y a beaucoup d’incertitudes », a-t-elle développé.
Réforme de l’assurance chômage : est-ce vraiment le bon moment ? Pour @murielpenicaud, « Les systèmes d’assurance c… https://t.co/tCDiLGKCcH
— ParisPremiere (@Paris Première)
L’exécutif a revu sa copie
Selon elle, « les systèmes d’assurance-chômage doivent tenir compte des contextes » et « le gouvernement a d’ailleurs modifié ce qui était prévu ». Une allusion au fait que, après avoir repoussé l’application des mesures les plus contestées en raison de la crise, l’exécutif a revu sa copie sur plusieurs points-clés : ainsi, les baisses du montant mensuel de l’allocation seront, en moyenne, moins importantes, par rapport à celles qui auraient découlé des dispositions prises en 2019, pour les demandeurs d’emploi alternant petits boulots et périodes d’inactivité.
Jeudi, sur RTL, l’ex-ministre du travail a tenu des propos qui laissaient entrapercevoir des états d’âme sur ce dossier. D’abord, elle a indiqué que « de façon générale [elle] ne commente pas » l’action du gouvernement, sans doute pour signifier que sa fonction à l’OCDE l’oblige à une certaine retenue. Ce qui ne l’a pas empêchée ensuite de souligner qu’il y a « des discussions en cours » entre le pouvoir en place et les partenaires sociaux, et qu’« il faut continuer à discuter puisqu’il faut vraiment qu’une réforme de l’assurance-chômage soit adaptée à un contexte ».
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