Réforme de l’assurance-chômage : le gouvernement esquisse ses nouvelles pistes
Corriger le tir ? Oui, mais sans renoncer à l’ambition transformatrice du quinquennat. C’est dans cet état d’esprit que la ministre du travail, Elisabeth Borne, devait recevoir, lundi 25 janvier, à tour de rôle, les responsables des huit principales organisations syndicales et patronales. A l’ordre du jour : les ajustements de la réforme de l’assurance-chômage, engagée par des décrets en 2019. Durant ces temps d’échange avec les partenaires sociaux, qui s’inscrivent dans une concertation ouverte il y a cinq mois, Mme Borne a l’intention d’esquisser de nouvelles pistes, en particulier sur la « temporalité » du dossier – l’idée étant de tenir compte de la conjoncture pour appliquer les dispositions envisagées.
Les discussions en cours portent sur les mesures les plus décriées de la réforme. Trois d’entre elles, dénoncées par les syndicats, concernent les demandeurs d’emploi : augmentation de la durée de cotisation requise pour accéder au régime et recharger les droits ; dégressivité des prestations à partir du septième mois pour certains chômeurs ; nouvelle formule de calcul de l’indemnisation, ayant pour effet de diminuer les sommes versées à ceux qui enchaînent petits boulots et périodes d’inactivité. Une quatrième mesure – critiquée, elle, par le patronat – prévoit un bonus-malus sur les cotisations payées par les entreprises de plus de dix personnes, dans sept secteurs : celles qui se séparent fréquemment de leurs salariés voient ainsi leurs contributions majorées, tandis que les employeurs dont la main-d’œuvre est stable sont assujettis à des prélèvements plus faibles.
Conçues à une époque où l’économie créait des postes par dizaines de milliers, ces règles cherchaient à inciter les chômeurs à reprendre une activité durable et à privilégier les embauches en CDI ou en CDD de plusieurs mois, tout en réduisant les dépenses de l’assurance-chômage. Mais le gouvernement a modifié ses plans, peu après le début de l’épidémie : la récession frappe, en effet, de plein fouet les salariés « abonnés » aux contrats précaires, tout comme de nombreuses sociétés habituées à embaucher du personnel sur de brefs laps de temps – l’hôtellerie-restauration, notamment. Autrement dit, les quatre mesures au cœur des débats auraient aggravé les difficultés de victimes de la crise si elles avaient été mises en place dans leur version originelle – d’où la décision de l’exécutif de les placer entre parenthèses, au moins jusqu’au 1er avril.
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