« Que sait-on du travail ? » : des pistes de soutenabilité pour travailler à tout âge

« Que sait-on du travail ? » : des pistes de soutenabilité pour travailler à tout âge

45 % des « NER » (ni en emploi ni en retraite) de 55 à 61 ans le sont pour raison de santé ou de handicap. 63 % déclarent avoir une maladie ou un problème de santé chronique ou durable. À partir de 62 ans, ce taux diminue grâce aux départs à la retraite. Ces chiffres de l’Insee expliquent en partie pourquoi, au vu du veillissement de la population active, « la part des personnes exclues du travail en fin de carrière ne cesse d’augmenter (Castelain, 2023) », comme l’écrit l’ergonome Catherine Delgoulet.

Pourtant cette évolution n’est pas inéluctable. C’est ce que démontre la chercheuse dans une analyse sur les relations entre santé et travail réalisée dans le cadre du projet de médiation scientifique « Que sait-on du travail ?  » du Laboratoire interdisciplinaire d’évaluation des politiques publiques (Liepp), diffusé en collaboration avec les Presses de Sciences Po sur la chaîne Emploi du site Lemonde.fr.

Après un bref historique de la pénibilité au travail et de sa reconnaissance dans le droit du travail, Catherine Delgoulet pointe dans son texte les métiers et situations d’emploi qui ne sont pas pris en compte par les politiques de santé publique qui s’attachent à réduire ou à compenser les risques de pénibilité au travail.

Son propos est de changer radicalement d’approche pour aborder la santé au travail au-delà de la pénibilité en construisant la soutenabilité, étape par étape, tout au long du parcours professionnel. « Appréhender les relations santé-travail, et par là même les questions de prévention, au prisme unique de la pénibilité, c’est, d’une certaine manière, considérer que le travail est inévitablement pénible, voire délétère pour la santé », explique-t-elle.

ELle se place dans une perspective où les 45 % de « ni en emploi ni en retraite » pour raison de santé ne seraient pas amenés à être de plus en plus nombreux à cause du vieillissement démographique. Il ne s’agirait plus de réparer, de compenser ou de remplacer par la robotisation ou l’externalisation les faiblesses humaines qui surviennent avec l’âge, mais d’interroger les conditions de travail tout au long de la vie et la transmission des savoirs pour prendre soin des choses et des personnes dans la durée. Autrement dit penser le travail pour qu’il soit soutenable en toute situation.

Pour ce faire, la transmission devient un levier de prévention :« les savoir-faire se nourrissant des expériences de chacun selon des registres de connaissances articulant la technique, les valeurs de métiers ou encore les enjeux de santé sécurité pour soi, les autres, le système technique ou l’environnement », justifie l’ergonome.

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LJD

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