Pourquoi il ne faut pas se réjouir des bons chiffres du chômage

Pourquoi il ne faut pas se réjouir des bons chiffres du chômage

Décidément, rien n’est simple au royaume des statistiques consacrées à l’emploi. Durant le quatrième trimestre 2020, le nombre de chômeurs, au sens du Bureau international du travail (BIT), a baissé de 340 000, pour atteindre 2,4 millions sur l’ensemble du territoire (outre-mer compris, sauf Mayotte), selon les données publiées, mardi 16 février, par l’Insee. Cette tendance est, de prime abord, intrigante, dans la mesure où, pendant la même période, la conjoncture s’était un peu dégradée, avec un léger repli du nombre de postes dans le secteur privé (-0,2 %).

Les chiffres sont d’autant plus déroutants que la France affiche désormais un taux de chômage de 8 %, inférieur de 0,1 point à celui qui prévalait, en moyenne, sur les trois derniers mois de 2019, avant la récession déclenchée par l’épidémie de Covid-19. Dès lors, de tels résultats pourraient laisser penser que la situation des personnes exerçant une activité est globalement restée la même, tout au long de l’année écoulée. Il n’en est rien, bien évidemment, et l’Insee souligne d’ailleurs que la diminution enregistrée fin 2020 est « pour partie en “trompe-l’œil” ». La note diffusée mardi précise même qu’« elle ne vise pas à analyser directement l’effet de la crise sanitaire sur le marché du travail ».

Evolutions contre-intuitives

Pour comprendre ces évolutions contre-intuitives, il faut, tout d’abord, rappeler les normes édictées par le BIT : est considéré comme chômeur un individu qui dit être sans emploi durant une semaine donnée, qui affirme être disponible pour travailler dans les quinze jours à venir et qui cherche activement à se faire embaucher. Or, les personnes correspondant à ce profil ont vu leur nombre reculer, « en raison du deuxième confinement, entre le 30 octobre et le 15 décembre [2020] ». Certaines d’entre elles « ont basculé vers l’inactivité », selon l’Insee, notamment parce qu’elles n’étaient plus en mesure d’entreprendre des démarches auprès d’employeurs « dans les conditions habituelles ». Beaucoup ont cessé de prospecter un métier, par découragement ou parce que le secteur où ils évoluent en temps ordinaire a été mis à l’arrêt, sur injonction des services de l’Etat.

Autre élément d’explication à mentionner : les statistiques sur le chômage sont issues d’une enquête auprès d’un échantillon représentatif de la population. Or, ces recherches ont un peu souffert du reconfinement, à l’automne 2020. Ainsi, des entretiens ont été menés au téléphone alors qu’ils auraient dû être réalisés en tête-à-tête. Le recueil des renseignements s’est, par ailleurs, avéré moins performant, avec un « taux de collecte » en recul de 2,6 points « sur un an ».

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LJD

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