Pour une reprise en main des GAFA

Pour une reprise en main des GAFA

« GAFA. Reprenons le pouvoir! », de Joëlle Toledano. Odile Jacob, 186 pages, 19,90 euros.

Livre. C’était il y a vingt ans. Google et Amazon étaient des start-up, Facebook n’existait pas, et Apple commençait sa seconde vie avec le retour de Steve Jobs. Deux décennies plus tard, les GAFA (Google, Amazon, Facebook, Apple) comptent parmi les entreprises les plus puissantes au monde, avec des valorisations boursières qui dépassent régulièrement les 1 000 milliards de dollars. Leur emprise sur l’économie augmente régulièrement, car ces entreprises bâties autour des technologies numériques fournissent, pour partie « gratuitement », des services de grande qualité devenus indispensables aux consommateurs et aux entreprises.

Au début, nous avons été éblouis face à la nouveauté et la qualité presque magique de l’offre. La fascination a été suivie par la sidération, puis par l’incompréhension et la crainte. Sans contre-pouvoirs efficaces, les GAFA « vassalisent les entreprises européennes (mais pas seulement), stérilisent l’innovation et la concurrence en créant un monde où données et algorithmes font la loi à leurs profits. Elles sont riches, puissantes, fascinantes, opaques et très influentes. Elles sont devenues dangereuses », tranche Joëlle Toledano dans GAFA. Reprenons le pouvoir ! (Odile Jacob).

Article réservé à nos abonnés Lire aussi « Qui travaillera demain ? » Les robots ou les humains ?

Comment les GAFA ont-elles réussi à se développer si vite ? Comment a-t‐on laissé se constituer de tels empires aux ambitions sans limite ? Dans son essai, la professeure émérite en sciences économiques associée à la chaire Gouvernance et régulation de l’université Paris-Dauphine montre que la régulation des géants du numérique est possible et nécessaire. Il faut s’en donner les moyens intellectuels et politiques. « Nos institutions et notre droit doivent impérativement être adaptés au XXIe siècle, faute de quoi ces nouveaux empires, les GAFA, deviendront les grands organisateurs de notre société. »

Lobbying très efficace

Le pouvoir de ces firmes ne doit pas être minimisé : économique bien sûr, mais aussi pouvoir d’influence et de séduction. Les GAFA ont non seulement des moyens immenses, mais aussi la conviction de leur efficacité et de leur supériorité.

Article réservé à nos abonnés Lire aussi Anne-Marie Garat : « Les GAFA ne créent aucun lectorat, aucune émulation intellectuelle, ils siphonnent juste la librairie indépendante »

Esprits brillants, leurs dirigeants exercent un lobbying très efficace pour défendre l’absence de réglementation au nom de l’innovation, et mettent en avant deux atouts formidables pour se défendre : « Le statut de champion national d’une Amérique au leadership contesté, et la satisfaction des consommateurs, c’est-à-dire de presque nous tous. La gratuité de nombreux services sera très vraisemblablement utilisée pour ridiculiser et disqualifier toute régulation qui visera à les contrôler et permettre l’émergence de concurrents. »

Il vous reste 28.1% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Avatar
LJD

Les commentaires sont fermés.