Pour les « promotions Covid », la crainte de diplômes au rabais
Léa devait partir pour un an au Mexique afin d’y étudier les représentations et les pratiques sanitaires. Mais en raison de la pandémie, l’étudiante en master d’anthropologie à l’université de Bordeaux a dû revoir ses plans. Pas question d’aller rencontrer des médecins sur le terrain. « Comme la plupart de mes camarades, je fais tous mes entretiens depuis mon salon, par Zoom ou WhatsApp », explique-t-elle. Une pratique moins enrichissante personnellement que si elle avait pu mener ces entretiens sur place… Elle craint d’en payer le prix dans les mois à venir pour trouver un stage, accéder au doctorat ou décrocher un poste. « Sans une réelle enquête de terrain à mon actif, ce sera difficile de se distinguer… », souffle-t-elle.
Les résultats exceptionnels obtenus par
les étudiants en 2020 peuvent semer
le doute
Avec la généralisation des cours en visioconférence, l’aménagement des modalités d’examen en raison de la crise sanitaire et la suppression de certains stages, les diplômes de l’enseignement supérieur vont-ils perdre de leur valeur sur le marché du travail ?
Les résultats exceptionnels obtenus par les étudiants en 2020 peuvent semer le doute. A l’université de Pau et des Pays de l’Adour, 68 % des étudiants inscrits en première année des licences scientifiques (maths, sciences de la vie, physique, chimie…) en 2019-2020 ont été admis en deuxième année contre 58 % l’année précédente. Le bond est encore plus fort dans les filières sciences sociales et humanités : 59 % d’admis en deuxième année parmi la dernière promotion contre à peine 42 % un an plus tôt.
Soupçons de fraude aux évaluations
A l’université de Bordeaux, le taux de réussite des inscrits en première année de licence est passé de 47 % en 2019 à 60 % en 2020. Même tendance à l’université de Caen-Normandie, où le taux de passage en deuxième année a bondi de 43 % à 53 %. Pour son président, Lamri Adoui, le succès des étudiants néo-entrants dans l’enseignement supérieur s’explique principalement « par une orientation plus adaptée à leur projet d’études et par la mise en œuvre de modalités d’accueil particulières en faveur des publics identifiés comme fragiles ». Difficile cependant de ne faire aucun lien avec les circonstances particulières de la crise sanitaire, reconnaît-il.
« Nous devrons prouver deux fois plus que nos aînés que nous avons notre place ». Katell, en licence professionnelle métiers du notariat
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