Pot de départ : tout est bien qui finit bien !

Pot de départ : tout est bien qui finit bien !

Pour sa dernière chronique au « Monde » à l’heure de son départ à la retraite, qui sera active, la journaliste Annie Kahn rappelle l’importance de ce moment pour le salarié, mais aussi pour ceux qui restent et pour l’entreprise.

Publié aujourd’hui à 06h00 Temps de Lecture 2 min.

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« L’orateur fait son deuil de cette tranche de sa vie, tout en transmettant son expérience aux plus jeunes. Les plus anciens évoquent leurs souvenirs. Ce qui ne fait que renforcer leur sentiment d’appartenance à cette communauté professionnelle »
« L’orateur fait son deuil de cette tranche de sa vie, tout en transmettant son expérience aux plus jeunes. Les plus anciens évoquent leurs souvenirs. Ce qui ne fait que renforcer leur sentiment d’appartenance à cette communauté professionnelle » Philippe Turpin / Photononstop

Ma vie en boîte. L’entreprise a ses rituels. Le pot de départ d’un collaborateur en est un, et non des moindres. Surtout lorsqu’il célèbre la fin d’une vie professionnelle, le mal nommé « départ à la retraite ». Des pans entiers de l’histoire de l’entreprise y sont évoqués, des anecdotes donnent un aperçu impressionniste de la culture maison et de son évolution, complétant les présentations officielles désincarnées.

L’orateur fait son deuil de cette tranche de sa vie, tout en transmettant son expérience aux plus jeunes. Les plus anciens évoquent leurs souvenirs. Ce qui ne fait que renforcer leur sentiment d’appartenance à cette communauté professionnelle. On pourrait ironiser en disant que cela n’est que de la mascarade, durant laquelle chacun avance encore plus masqué que d’habitude. Seuls les bons souvenirs s’échangent.

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On passe un voile pudique sur les peaux de banane que les uns ou les autres ont pu déposer sous les pieds de la personne fêtée. Certes. Mais le moment est aussi propice à des échanges profonds et sincères, qui n’avaient pu être exprimés, par pudeur, timidité, ou respect des convenances. Pour le plus grand bien du partant, mais aussi pour celui ou celle qui les profère. L’authentique côtoie donc le fallacieux. Peu importe le mélange des genres. Il réconforte celui qui part, et ceux qui restent.

Un événement essentiel

La numérisation, le télétravail et, surtout, le recours accru à des travailleurs indépendants vont-ils sonner le glas de ces événements essentiels ? La multiplication des espaces de cotravail prouverait plutôt le contraire : des salariés fréquentent ces tiers lieux et y « font société » avec des personnes aux parcours divers dont ils partagent les locaux. Tout est alors affaire de dosage. Une périodicité optimale leur permet de s’ouvrir à d’autres, sans couper les liens qui les unissent à leurs collègues historiques. Quand ils partiront, ils diront au revoir à tous.

Quant aux autoentrepreneurs, ils pratiquent le coworking par désir de ne pas travailler seul. On y discute autour de la machine à café, comme ailleurs. Une communauté de travail s’y recrée avec ses propres rituels. Il n’est d’ailleurs pas rare d’y croiser les mal nommés « retraités » d’hier, qui s’y refont une jeunesse. Loin d’être « des personnes retirées des affaires, éloignées du monde, vivant à la campagne », ou « se livrant à des exercices de piété », comme les qualifie le Littré, ils sont de plus en plus nombreux pour qui le pot de départ est celui d’un rebond vers de nouvelles aventures.

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LJD

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