Plus intenses et plus longues, les vagues de chaleurs entraînent la perte de centaines de milliards d’heures de travail

Plus intenses et plus longues, les vagues de chaleurs entraînent la perte de centaines de milliards d’heures de travail

Un ouvrier se repose à l’intérieur d’un tube de béton en se protégeant du soleil sur un chantier de construction du mégaprojet de la « nouvelle capitale administrative » de l’Egypte, à 45 kilomètres à l’est du Caire, le 3 août 2021.

La pandémie de Covid-19 n’est pas seule à mettre à mal l’économie et l’emploi dans le monde. Le réchauffement climatique, avec la survenue de plus en plus fréquente de vagues de chaleur intenses, coûte cher. Selon une étude publiée, le 13 janvier, dans la revue Environmental Research Letters, près de 650 milliards d’heures de travail annuelles seraient perdues en raison de chaleurs intenses. Soit 400 milliards d’heures supplémentaires par rapport aux estimations précédentes, antérieures à 2017.

On savait que le changement climatique affectait la population de la planète, menaçant sa santé et son bien-être, mais ses conséquences sont aussi importantes s’agissant de la productivité des travailleurs, expliquent les auteurs de cette étude universitaire, réalisée sous la direction du chercheur en sciences du climat, Luke A. Parsons (Duke University, Etats-Unis). Durant les quatre dernières décennies, le nombre d’heures non travaillées, à cause des chaleurs et des taux d’humidité excessifs, aurait augmenté d’au moins 9 %, dans les secteurs des activités agricoles, forestières, de la pêche ou encore de la construction.

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Les pertes de main-d’œuvre, proportionnelles à la part de la population en âge d’exercer un emploi en extérieur, sont les plus élevées en Asie du Sud, de l’Est et du Sud-Est, où vivent un grand nombre de personnes travaillant dans l’agriculture. « Plus précisément, les pertes de main-d’œuvre sont les plus prononcées en Inde, qui représente près de la moitié des pertes totales mondiales et a subi plus de quatre fois les pertes de main-d’œuvre du deuxième pays le plus touché, la Chine », écrivent les auteurs de l’étude. Ce déficit est aussi corrélé aux types de travaux effectués en plein air, à leur intensité, comme au nombre d’heures travaillées effectivement par jour. Ainsi, les travailleurs du secteur agricole ont effectué 10 à 90 fois moins d’heures de travail que ceux qui effectuent des travaux légers, par exemple dans les secteurs des services, et modérés, comme dans l’industrie manufacturière, précisent les universitaires.

Disparition de 155 millions d’emplois dans le monde par an

La « chaleur humide » élevée – les auteurs englobent dans ce terme « des conditions qui sont soit chaudes (et sèches), soit suffisamment chaudes et humides pour entraîner une baisse de la productivité du travail » – devrait, en augmentant la perte de main-d’œuvre, réduire le produit intérieur brut (PIB) mondial jusqu’à 4,0 % d’ici 2100, estiment-ils.

Cette perte de productivité affecte à nouveau différemment les économies nationales, avec moins 7 % pour le PIB de l’Inde, moins 5 % pour le Vietnam, mais moins 1,3 % en Chine, moins 0,5 % aux Etats-Unis ou encore moins 0,1 % en France. Les auteurs anticipent la disparition de 155 millions d’emplois dans le monde par an, l’Inde représentant près de la moitié de cette perte, avec 62 millions d’emplois. « Ces pertes annuelles sont comparables aux pertes de travail temporaires pendant les fermetures mondiales liées à la pandémie de Covid-19, qui auraient causé des pertes équivalant à environ 130 millions d’emplois à temps plein au cours du premier trimestre de la pandémie selon l’Organisation internationale du travail », écrivent-ils.

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