PFAS : la fronde de Seb contre la proposition de loi sur les « polluants éternels », concert de poêles et de « contrevérités »

PFAS : la fronde de Seb contre la proposition de loi sur les « polluants éternels », concert de poêles et de « contrevérités »

Des salariés du groupe Seb, lors d’une manifestation contre une proposition de loi visant à interdire les PFAS en France à partir de 2026, à Paris, le 3 avril 2024.

« Touche pas à ma poêle », clament les pancartes. A l’appel de leur direction, plusieurs centaines de salariés du groupe Seb ont manifesté bruyamment près de l’Assemblée nationale, mercredi 3 avril à Paris, pour réclamer le retrait de la proposition de loi contre les substances per- et polyfluoroalkylées (PFAS), à la veille de son examen en séance plénière.

Portée par le député écologiste de Gironde, Nicolas Thierry, la proposition de loi prévoit notamment d’interdire les « polluants éternels » dans les ustensiles de cuisine à partir de 2026. A l’instar du célèbre Teflon, qui a fait la renommée mondiale de Tefal, certains revêtements antiadhésifs sont de gros consommateurs (et émetteurs) de PFAS.

Damien Ferrari, 28 ans, cariste sur le site historique de Tefal à Rumilly (Haute-Savoie), porte une banderole qui détourne l’acronyme de ces substances aussi toxiques que persistantes dans l’environnement : « Production française à sauver ». « Nous sommes contre cette loi car elle va détruire nos emplois, dit-il. Nos produits sont contrôlés depuis cinquante ans et il n’y a jamais eu de soucis pour le consommateur. »

Chiffon rouge des « 3 000 emplois »

Le 31 mars, dans un entretien à La Tribune dimanche, le président de Seb, Thierry de La Tour d’Artaise, agitait le chiffon rouge : « Trois mille emplois sont menacés par la proposition de loi. » Le PDG a offert une journée de congé et affrété des cars pour que ses salariés viennent protester à Paris à grand renfort de concert de poêles Tefal. Beaucoup de drapeaux aux couleurs de FO mais aucun de la CFDT ni de la CGT parmi les manifestants. « Le syndicalisme ne sera pas complice d’une nouvelle tragédie sanitaire, sociale, économique et environnementale », fait savoir la CGT Auvergne-Rhône-Alpes. Dans le rassemblement, on distingue en revanche quelques écharpes tricolores. A commencer par celle du maire (sans étiquette) de Rumilly (Haute-Savoie), Christian Dulac. « Tefal, c’est 3 000 emplois directs et indirects, dit aussi le nouvel édile, élu en novembre 2023. Sauver les emplois, c’est sauver la ville. »

A l’automne 2022, son prédécesseur avait pourtant dû fermer en urgence deux points de captage d’eau potable qui alimentaient 12 000 de ses 16 000 administrés, après la découverte de concentrations importantes en PFOA, un « polluant éternel » classé cancérogène et longtemps utilisé par Tefal pour fabriquer son Teflon.

Le président de Seb assure aujourd’hui que « les produits Tefal – comme tous ceux de Seb – ne contiennent pas de PFAS considérés comme nocifs pour la santé ou l’environnement par les autorités sanitaires ». Des assertions qui font bondir les scientifiques : plusieurs chercheurs et toxicologues dénoncent « une manipulation frauduleuse et dangereuse des résultats scientifiques », dans une tribune au Monde.

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LJD

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