Pénurie de main-d’œuvre dans une Amérique en surchauffe

Pénurie de main-d’œuvre dans une Amérique en surchauffe

A Los Angeles, le 8 juillet 2021.

Les autorités du parc national du Mount Rainier, au nord ouest des Etats-Unis, conseillent d’arriver de bon matin pour éviter les embouteillages. L’Amérique est repartie en plein boom, avec une activité qui a rattrapé son niveau de début 2020. L’économie a créé sur le seul mois de juillet 943 000 emplois, faisant tomber le taux de chômage de 5,9 % à 5,4 %, a révélé vendredi 6 août le ministère du travail.

En arrivant dans le Paradise Inn, superbe bâtisse rustique bâtie en 1916 au pied des glaciers qui dévalent du volcan et des prairies bucoliques, la réalité est un peu différente : d’abord, l’ordre est arrivé de Washington dans la matinée, il faut remettre les masques dans les locaux, variant delta du Covid-19 oblige. Surtout, on découvre ce mercredi 28 juillet que le restaurant est fermé le soir. Explication, il n’y a pas assez de personnel pour faire tourner l’hôtel.

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Melinda Simpson, directrice générale de la concession hôtelière, le confirme : « Nos effectifs sont normalement à 260, nous sommes à 130. » Il y a bien sûr l’absence des travailleurs internationaux – des jeunes habituellement recrutés grâce au département d’Etat pour faire la promotion des Etats-Unis – : les visas d’échange J1 se sont effondrés de 350 000 à 108 000 entre 2019 et 2020 et n’ont pas dû remonter beaucoup. Et puis l’impossibilité de recruter des Américains. « Les gens n’ont pas envie de sortir ces temps-ci », explique Melinda Simpson.

Pique-nique

De ce fait, il n’y a pas de petit-déjeuner ; le midi, c’est pique-nique, et le dîner n’est proposé que cinq soirs par semaine – les mardi et mercredi, les équipes se reposent. Pendant les dîners, seules quelques tables sont occupées au lieu des centaines de convives qui revivent habituellement bruyamment leur randonnée du jour dans cette immense salle à manger et ses rondins. Pour Melinda Simpson, il ne s’agit pas d’une question de rémunération : « Nous offrons un des salaires minimums les plus élevés des Etats-Unis », estime-elle (14 dollars de l’heure environ et avantages en nature).

En tout cas, la pénurie de main-d’œuvre ralentit le redécollage de l’économie américaine, qui doit encore recréer 5,4 millions des 22 millions d’emplois détruits au début de la crise. Si 380 000 personnes sont revenues travailler dans les loisirs-hôtellerie-restauration en juillet, ce secteur accuse encore un retard de 1,7 million d’emplois (10 % du total). Aujourd’hui, le nombre d’emplois non pourvus aux Etats-Unis est légèrement supérieur au nombre de chômeurs recensés (8,7 millions).

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LJD

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