Pas de travail sans émotions

Pas de travail sans émotions

« Les émotions au travail », d’Aurélie Jeantet (CNRS éditions, 300 pages, 24 euros).

Livre. S’intéresser au travail a longtemps consisté pour la sociologie à en étudier les rouages : techniques, modes d’organisation et compétences. « Aujourd’hui, ces leviers et mécanismes apparaissent comme grippés ou en tout cas insuffisants pour décrire le réel dans sa complexité et dans son épaisseur subjective », estime Aurélie Jeantet.

Le travail n’est pas quelque chose d’extérieur qu’on peut considérer de manière objective et indépendante : il nous mobilise psychiquement et affectivement. « Les émotions et les affects constituent, au même titre que les compétences et l’organisation, une sorte de rouage indispensable », soutient la sociologue dans Les émotions au travail (CNRS éditions).

Les émotions diffèrent d’un milieu professionnel à un autre. « Certaines émotions sont de mise dans certains métiers alors que d’autres sont mal vues, voir prohibées tandis que ce peut être tout l’inverse ailleurs ». L’ouvrage veut « redonner aux émotions la place qu’elles méritent, dans leur spécificité, leur diversité, leur ambivalence, les effets multiples, voire dans le caractère potentiellement subversif vis-à-vis de l’ordre social ».

« Réaffectiver le monde du travail »

La spécialiste du travail, maître de conférences à l’université Sorbonne-Nouvelle commence par évoquer la relation compliquée de la sociologie générale aux émotions.

Un deuxième chapitre se penche sur la manière dont les organisations et les professions ont tenté d’évacuer les émotions, de les réguler ou les outiller. Les émotions sont abondamment investies par le management et ce, dès les premiers âges du taylorisme : « La motivation, l’attente de reconnaissance, le désir de bien faire, l’esprit de compétition, le plaisir du jeu… sont quelques-uns des leviers utilisés pour mettre au travail, en allant plus loin que la seule et abrupte discipline taylorienne des corps ».

L’ouvrage s’attaque enfin…

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LJD

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