Dans une tribune au « Monde », Jean-Luc Dumas, ancien doyen de la faculté de médecine de Bobigny, considère que ce système de sélection est défaillant et qu’il faut l’adapter aux nouveaux enjeux de notre système de santé.
A la veille de la présentation du plan santé, la ministre de la santé confirme dans une interview au « Parisien » la fin de ce dispositif limitant le nombre d’étudiants admis en deuxième année d’études.
Trois à quatre places devraient être créées chaque année pour ce quatrième concours, esquissé à l’automne dernier pour diversifier le recrutement de l’école.
Le site a rouvert ses portes, lundi, pour une rentrée dont ses responsables veulent faire un nouveau départ, après l’occupation du printemps. Une volonté d’apaisement que ne partage pas le collectif de mobilisation.
La rubrique « Derrière le chiffre » des Décodeurs étudie des statistiques et des méthodologies apparaissant dans l’actualité.
Existe-t-il en France un gisement d’emplois non pourvus, trop délaissés par les chômeurs ? C’est ce qu’a laissé entendre Emmanuel Macron, samedi 15 septembre, lors d’un échange avec un jeune demandeur d’emploi. « Si vous êtes prêt et motivé, dans l’hôtellerie-restauration [ou] dans le bâtiment, il n’y a pas un endroit où je vais où ils ne me disent pas qu’ils cherchent des gens », a ainsi rétorqué le chef de l’Etat à cet horticulteur de formation qui ne trouve pas d’emploi.
Le délégué général de La République en marche (LRM), Christophe Castaner, a justifié ces propos dimanche 16 septembre sur RTL, évoquant le chiffre de « trois cent mille » emplois vacants en France. Une assertion qui appelle plusieurs précisions.
Ce qu’il a dit
Interrogé sur l’échange entre Emmanuel Macron et le jeune horticulteur sans emploi, Christophe Castaner a défendu le chef de l’Etat, en évoquant l’existence de postes vacants :
« Est-ce que ce que dit le président de la République est faux ? Est-ce que si vous allez dans le quartier de Montparnasse vous n’allez pas trouver des besoins d’emplois ? On parle de trois cent mille, ce chiffre est contesté, il est peut-être contestable, mais trois cent mille emplois aujourd’hui ouverts et non pourvus. »
POURQUOI C’EST PLUS COMPLIQUÉ
1. Un chiffre tiré d’un rapport de Pôle emploi
Le chiffre de « trois cent mille » emplois évoqué par Christophe Castaner existe bel et bien. Il est issu d’une enquête de Pôle emploi publiée en décembre 2017. Selon cette dernière, 2,9 millions des 3,2 millions d’offres d’emploi « déposées à Pôle emploi sur une année » ont été pourvues.
Restent donc environ 300 000 offres qui n’ont pas été pourvues. Il ne s’agit toutefois pas forcément de recrutements qui ont échoué faute de candidatures. Dans cet ensemble, on trouve 97 000 recrutements annulés parce que le besoin d’embauche avait disparu (par exemple lorsque l’employeur n’a plus le budget) et 53 000 pour lesquels le recrutement se poursuivait au moment de l’étude. Restent alors 150 000 offres, environ, qui ont réellement « conduit à un abandon de recrutement faute de candidats », soit 4,7 % du total.
2. Moins d’1 % de ces offres n’attirent réellement aucun candidat
Attention cependant : dans l’écrasante majorité (87 %) de ces 150 000 cas, l’employeur a bien reçu des candidatures avant de renoncer à recruter. Il les aura simplement écartées, ne les jugeant pas satisfaisantes. Les postulants existent donc bel et bien, mais ne sont pas très nombreux — dans « la moitié des cas, l’offre a recueilli entre une et cinq candidatures », précise Pôle emploi.
Suivant ces statistiques, les offres d’emploi qui n’ont fait l’objet d’aucune candidature sont donc rarissimes : 19 500 cas, soit 0,6 % du total.
Comme Christophe Castaner l’a lui-même reconnu, cette enquête de Pôle emploi ne suffit pas à plier le débat. Bien qu’il s’agisse, en France, de l’étude la plus large sur le sujet, il n’est pas acquis qu’elle donne une image exacte du marché du travail français : elle est loin de compiler la totalité des offres d’emploi en France (3, 2 millions d’offres Pôle emploi pour un total de 42,3 millions d’embauches au total en 2016).
3. Ces chiffres montrent aussi qu’il n’est pas si facile de trouver un emploi
Derrière le flou des chiffres, ces données montrent aussi que les recruteurs ont des attentes spécifiques, quand bien même les candidats se font rares — puisque les postulants existent dans 87 % des cas.
Pour expliquer l’absence de recrutement, ceux qui embauchent avancent le plus souvent un manque d’expérience (70 %), de motivation (69 %) ou de compétence (67 %) des candidats qui se sont manifestés, selon l’enquête de Pôle emploi. Il ne suffit donc pas forcément de « traverser la rue » et de postuler pour être embauché, comme l’a affirmé Emmanuel Macron.
Les secteurs sous tension ne sont pas toujours des plus attractifs. Une enquête du journal spécialisé L’Hôtellerie Restauration et du cabinet CHD Expert auprès de 4 998 professionnels montrait ainsi en 2016 que les faibles salaires (64 %) et les heures supplémentaires non rémunérées (51 %) étaient cités en tête des raisons expliquant les difficultés de recrutement du secteur.
Un exemple parmi d’autres que s’il existe dans certains secteurs un fossé entre demandeurs d’emploi et recruteurs, il n’est pas forcément exclusivement le fait des premiers.
De nos jours les jeunes ne cherchent pas un travail comme leurs aînés. Et la bonne ambiance est le critère le plus important dans le choix d’une entreprise.
Pour les millennials, les jeunes âgées entre 18 et 35 ans, la rémunération compte moins que l’épanouissement personnel et professionnel. Pour 93 % des jeunes, la bonne ambiance est le critère le plus important dans le choix d’une entreprise. La rémunération (66 %) et les horaires (55 %) arrivent bien après. Malgré tout, lorsqu’ils recherchent leur premier job, les jeunes diplômés veulent d’abord «commencer à se stabiliser économiquement» (35 %).
«À la différence de leurs prédécesseurs, les millenials ne recherchent plus un emploi seulement pour assurer leurs besoins mais souhaitent du challenge, insiste CornerJob (plateforme de recrutement). Ils veulent surtout renouveler leur environnement de travail tout en conservant la stabilité procurée par les contrats d’antan. Ils ont besoin d’entreprises qui communiquent dans leur langage et avec les mêmes outils digitaux qu’eux».
Un jeune sur deux veut changer son emploi dans les trois à cinq ans
La stabilité n’empêche pas la flexibilité, puisque la moitié des jeunes est prête à changer d’entreprise dans les cinq ans (24 % entre un et deux ans, 26 % entre trois et cinq ans). Les jeunes sont prêts à changer d’emploi à condition de trouver un meilleur équilibre de vie, une meilleure rémunération et la possibilité de se former. Les avantages qu’offre une entreprise jouent donc beaucoup dans la fidélité des employés. La flexibilité des horaires et des conditions de travail permettrait, selon eux, d’augmenter leur productivité et leur motivation.
Le bas niveau des taux d’intérêt permet aux étudiants de financer leurs études souvent à moins de 1 %, mais attention au différé de remboursement qui renchérit le coût.
Ce pays d’Europe centrale s’intéresse aux talents français pour pourvoir de nombreuses offres non trouvées localement.
Voir Prague, et travailler. Mardi, Pôle emploi Hauts-de-France organise un après-midi d’information pour les personnes désireuses de bosser en République Tchèque. Et ce n’est pas juste histoire de caser ailleurs des chômeurs que l’on ne peut pas aider sur ici. Au contraire.
Dans les locaux du Pôle emploi de La Madeleine, mardi, des représentants de l’ambassade de France en République Tchèque seront présents pour présenter les atouts de ce pays d’Europe Centrale auprès des chercheurs d’emploi.
Moins de chômeurs que d’emplois non pourvus
Outre le fait que Prague est une très belle ville, surtout en hiver, ce pays de dix millions d’habitants a d’autres avantages. Celui qui nous intéresse est son taux de chômage. Il s’établissait à 3,2 % de la population active en avril 2017 selon l’Office du travail de Prague. Ce qui en fait l’un des plus bas d’Europe, loin devant la France qui culminait à 8,6 % au quatrième trimestre 2017. Mieux encore, il y a beaucoup d’offres d’emploi non pourvues (267.107) que de chômeurs (242.798).
Dès lors, ce n’est pas étonnant que les recruteurs aillent voir ailleurs. Mais Pôle emploi prévient que les profils recherchés sont ceux de personnes qualifiées, voire très qualifiées, et même parfois déjà en tension en France : « Je ne vous cache pas qu’un manutentionnaire n’est pas sûr de trouver du travail là-bas », glisse-t-on chez Pôle emploi.
Entre autres secteurs qui recrutent, il y a le marketing, l’ingénierie, les services clients, la comptabilité… En plus de correspondre au profil, il faut évidemment être mobile et parler couramment anglais. Pôle emploi assure que ce sont déjà 25 postes qui seront proposés aux candidats. Mais les conditions, notamment de salaire, n’ont pas été précisées.
Tribune. La suggestion de la ministre des solidarités et de la santé, Agnès Buzyn, de faire payer une partie des arrêts de travail par les employeurs semble avoir fait long feu « afin de ne pas brouiller l’image d’un gouvernement pro-business », selon sa collègue du ministère du travail, Muriel Pénicaud. Au-delà des économies recherchées, c’était pourtant lancer un questionnement fort pertinent : les salariés et les médecins sont-ils les seuls responsables de l’inflation des arrêts de travail ?
L’exercice ordinaire de la médecine générale oblige plus souvent les médecins à essayer de convaincre leurs patients d’accepter un arrêt de travail que de résister aux demandes abusives
La prescription d’un arrêt de travail est un acte médical au même titre qu’une ordonnance médicamenteuse ou thérapeutique. Il s’agit d’un moyen mis à disposition des praticiens visant à soigner, soulager et prévenir.
Soigner, lorsque le repos physique ou psychologique est nécessaire pour cicatriser ou récupérer. Soulager, quand c’est le seul paramètre accessible pour diminuer temporairement la charge somatique ou mentale et permettre de tenir. Prévenir, parce qu’il est intelligent d’anticiper l’accident attendu, l’aggravation prévisible ou l’épuisement annoncé.
L’exercice ordinaire de la médecine générale oblige plus souvent les médecins à essayer de convaincre leurs patients d’accepter un arrêt de travail que de résister aux demandes abusives. Si les arrêts de complaisance ou les faux malades existent sans doute, leur petit nombre ne saurait masquer la réalité massive d’un non-recours, ou d’un recours trop tardif, à l’arrêt pour les pathologies, les troubles et les souffrances liés au travail lui-même.
L’intolérance sociale pour « ceux qui craquent » ne cesse de s’accentuer dans la société contemporaine. La culpabilité pour soi-même, pour la fonction professionnelle qu’on occupe ou vis-à-vis des collègues de travail, a souvent pour conséquence…
Un nouvel acronyme va s’ajouter à la liste, déjà bien fournie, des prestations sociales : RUA, pour revenu universel d’activité. Il s’agit d’une des principales mesures du plan de lutte contre la pauvreté dévoilé, jeudi 13 septembre, par Emmanuel Macron. Cette annonce s’inscrit dans la volonté, exprimée par l’exécutif depuis plusieurs mois, de fusionner des allocations de solidarité.
Le but du chef de l’Etat est de « rénover notre système de minima sociaux » décrit comme un « maquis » dont « l’opacité » alimente « le discours lancinant sur les profiteurs » et exclut des personnes alors même qu’elles y ont droit. Le RUA doit donc regrouper « le plus grand nombre de prestations sociales, du RSA aux APL ». Il sera assorti de « droits et devoirs supplémentaires » : les allocataires bénéficieront d’un accompagnement renforcé grâce à la mise en place d’un « service public de l’insertion », dont l’Etat sera « responsable » ; parallèlement, ils seront tenus de s’engager dans un « parcours d’insertion » qui « empêche de refuser plus de deux offres raisonnables d’emploi ou d’activité ».
Ce dispositif n’a pas grand-chose à voir avec le revenu universel promis par Benoît Hamon durant la campagne présidentielle : le candidat socialiste proposait, lui, d’instaurer un revenu accordé à toute personne d’au moins 18 ans, gagnant moins de 1,9 smic par mois, et sans que celle-ci ait à entreprendre la moindre démarche. Du reste, M. Hamon a reproché, jeudi, à M. Macron de « singer » ses idées.
« Aucune intention cachée »
La refonte des minima sociaux sera inscrite dans un projet de loi, en 2020, après concertation « avec tous les acteurs concernés » (collectivités locales, associations…). Elle s’annonce compliquée à mettre en œuvre. Sur le plan « technique », c’est un « chantier colossal », souligne Julien Damon, professeur associé à…