Un bon choix de la formation, pour bien renforcer son profil d’entrepreneur

En formation initiale ou continue, les cursus sont multiples en entrepreneuriat à l’université, en écoles ou dans des organismes privés. Une analyse de ses besoins s’impose avant de choisir.

Chez les jeunes, l’envie d’entreprendre ne cesse d’augmenter. Aujourd’hui, plus d’un jeune sur deux veut créer son entreprise, selon plusieurs études. Et ils passent à l’action. La moyenne d’âge des créateurs d’entreprise, en 2017, était de 36 ans pour les entreprises individuelles, contre 38 ans deux ans auparavant, selon l’Insee. Le mouvement emporte aussi les moins jeunes. En juin 2017, le nombre de création d’entreprises a atteint un record historique en France. Sur les douze derniers mois, plus de 647.000 créations… du jamais vu !

La fermentation atteint également l’université, les écoles d’ingénieurs et de commerce, les centres de formation. Le catalogue des formations à l’entrepreneuriat s’étoffe. « C’est une tendance. Nous proposons aujourd’hui des cursus dédiés à l’entrepreneuriat, mais aussi des cours et modules au sein d’autres diplômes. Une partie de nos étudiants sont également sensibilisés via des événements et rencontres », explique Evelyne Marchetti, vice-présidente en charge de l’insertion et de l’entrepreneuriat étudiant à Aix-Marseille Université, où 200 étudiants sont maintenant suivis dans leur projet de création.

La formation doit combler des manques de compétences

L’offre de formations à l’entrepreneuriat, en France, est devenue solide et protéiforme. Il n’est pas aisé de s’y retrouver. Pour trouver celle qui correspond à son profil, une réflexion sur ses propres besoins s’impose. « Il faut analyser ce qui manque au futur créateur. S’il souhaite prendre du recul et se rassurer, un cursus court suffit. S’il a besoin de compétences clefs et d’un corpus plus important, mieux vaut un parcours plus long et développé », suggère Franck Giuliani, président de la Conférence des directeurs des services universitaires de formation continue.

Quand le projet est prêt, un coup de pouce suffit pour bien le placer à l’étrier. C’est le choix de Laurence Sonney en 2016. En reconversion, avant de créer sa boutique, La Déco by Lena à Thonon-les-Bains (Haute-Savoie), elle suit le stage  « Cinq jours pour entreprendre » offert par les CCI partout en France. « J’avais déjà les informations nécessaires pour ouvrir mon commerce, mais je voulais échanger avec des personnes dans la même situation. Nous avons passé cinq jours intéressants, avec de bons intervenants, ce qui m’a permis de réfléchir avant de me lancer », estime-t-elle. Ces stages sont ouverts à tous, précise Laurent Mabire, chargé de coordination entrepreneuriat à la CCI de Paris Ile-de-France : « Il n’y a aucun prérequis pédagogique, simplement une envie d’entreprendre et de structurer un projet. »

 

« Bien accueilli, le nouveau patron d’Air France-KLM, va rapidement se heurter au mur de la rentabilité »

Benjamin Smith, à Dublin (Irlande), en juin 2016.

Pertes & Profits. On peut refaire sa vie à 85 ans. Air France est une vieille dame encore alerte. Elle a fêté son anniversaire, dimanche 7 octobre, en promettant dorénavant à ses gentils clients champagne, buffet gratuit et esquimaux. Pour preuve de sa fraîcheur, elle entame une nouvelle idylle avec un petit jeune de 47 ans, Benjamin Smith, après avoir épuisé ses deux précédents cavaliers. Et comme toutes les histoires d’amour, celle-ci commence par une lune de miel. M. Smith a réservé l’une de ses premières entrevues avec le patron du puissant syndicat des pilotes de ligne (SNPL), Philippe Evain, qui en est ressorti visiblement conquis. Ils ont parlé d’avions et d’avenir. En évitant soigneusement de rentrer dans les détails qui fâchent.

Puis, ce lundi 8 octobre, le nouveau patron a franchi une étape supplémentaire en lâchant, devant les syndicats, un premier chiffre. Il propose une augmentation des salaires de 2 % en 2018, avec effet rétroactif, puis de 2 % au 1er janvier 2019. Avant même tout début de négociation, les syndicats ont apprécié le geste. « Le volume pourrait convenir », a estimé le SNPL.

Et, de fait, Benjamin Smith est pressé d’aboutir rapidement. D’abord parce que c’est sa mission première et qu’il doit sa nomination à l’échec des négociations d’avril dernier, qui s’était soldé par le départ de Jean-Marc Janaillac. Ensuite, parce qu’il a impérativement besoin de renouer la confiance avec le personnel dans un contexte aussi changeant et troublé que celui du transport aérien. Enfin, s’agissant des pilotes, parce que ceux-ci sont en position de force compte tenu de la pénurie qui touche leur métier dans le monde entier.

Un psychodrame à 335 millions d’euros

D’ailleurs, toutes les compagnies déroulent le tapis rouge devant les commandants de bord : plus 30 % d’augmentation pour ceux de Delta, 8,5 % pour Lufthansa, 20 % pour Ryanair, sans oublier la société sœur d’Air France, KLM,…

La prime d’activité revalorisée, mais de 20 ou 8 euros ?

Ministres de la société civile, jeunes députés débutants… Le nouveau monde macroniste a, depuis son avènement, valorisé les nouveaux arrivants en politique. Pourtant l’expérience peut, elle aussi, avoir des vertus. Rompu aux arcanes de l’appareil d’Etat, Boris Vallaud, député PS des Landes et ancien secrétaire général adjoint de l’Elysée, avait déjà déniché l’astuce permettant de transformer la commission des lois de l’Assemblée nationale en commission d’enquête pendant l’affaire Benalla. Vendredi 5 octobre, il a levé un loup sur la revalorisation de la prime d’activité promise par le gouvernement. Dans un Tweet, citant un décret paru début octobre au Journal officiel, le député remarque qu’une manœuvre a été opérée par le gouvernement.

La prestation – dont le but est de compléter les revenus des travailleurs modestes touchant jusqu’à 1,3 smic – devait augmenter de 20 euros en octobre. Cette hausse va certes avoir lieu. Mais facialement seulement. Car si l’exécutif ajoute bien 20 euros au montant maximum de la prime potentiellement reçue par les salariés, il touche au calcul qui détermine la somme réelle versée à chacun. Celle-ci dépend de ses revenus et se comptabilise en déduisant un taux de cumul avec les revenus du travail, que le gouvernement a adroitement fait passer de 62 % à 61 %. Avec cette disposition, ce n’est pas 20 euros que touchera un employé au smic, mais 8 euros net, d’après le député.

« Effort financier considérable »

« En matière sociale, le gouvernement semble faire, mais en vérité il fait semblant », confie M. Vallaud au Monde. Dans les rangs de la majorité, certains s’émeuvent aussi de la découverte d’un dispositif qu’ils n’avaient pas remarqué. « C’est un raté. On ne comprend pas trop ce qui s’est passé, ça appelle une correction », s’inquiète un député LRM.

Au ministère des affaires sociales, on se défend de vouloir faire des économies en reprenant d’une main ce que l’on donne de l’autre. Pour l’entourage d’Agnès Buzyn, ce seront les petits salaires et les temps partiels qui bénéficieront le plus de ce coup de pouce. Une fois le nouveau taux appliqué, « une personne travaillant à temps plein, au smic, verra sa prime d’activité augmenter de 12 euros brut. En revanche, un employé à temps partiel touchera, lui, 20 euros brut de plus », explique-t-on avenue Duquesne.

Le ministère insiste : un « effort financier considérable » a été consenti pour la prime d’activité dont la hausse pour 2019 devrait représenter 700 millions d’euros. Mais du côté des associations, on regrette l’« imprécision » entourant cette revalorisation. « La communication du gouvernement est demeurée très floue sur les aspects concrets de cette hausse dont les contours ne sont pas si clairs », déplore Florent Gueguen, directeur de la Fédération des acteurs de la solidarité.

Grève au « Parisien » – « Aujourd’hui en France »

La « une » du « Parisien » du 9 octobre.

Réuni en assemblée générale à Paris, le personnel du quotidien Le Parisien-Aujourd’hui en France a voté, lundi 8 octobre, une grève de vingt-quatre heures, la première depuis le rachat du quotidien par LVMH en 2015.

69 % des 286 participants à la réunion ont voté une grève non reconductible après une rencontre entre les organisations syndicales (SNEP-FO, SGJ-FO, SNJ, SNJ-CGT, SGLCE-CGT) et la direction, selon une source syndicale.

Les salariés réclament notamment de connaître la feuille de route pour l’ensemble du groupe Les Echos-Le Parisien, le pourvoi des postes non remplacés ou pourvus par des CDD, tout comme celui des arrêts maladie de moins d’une semaine.

Nouvelle AG lundi

Une nouvelle rencontre avec la direction est prévue jeudi soir et les syndicats appellent à une nouvelle assemblée générale lundi prochain.

Le groupe Amaury avait cédé le quotidien Le Parisien-Aujourd’hui en France au groupe de luxe LVMH de Bernard Arnault, déjà propriétaire des Echos, en 2015.

Première mobilisation syndicale de la rentrée contre la politique sociale de Macron

Lors d’une manifestation contre la politique du gouvernement, le 22 mars à Bordeaux.

Lycéens, étudiants, salariés et retraités sont appelés ce mardi 9 octobre à faire grève et manifester dans toute la France, pour la première fois depuis la rentrée, afin de protester contre la « destruction du modèle social » du gouvernement. La CGT, FO, Solidaires, l’UNEF, la FIDL et l’UNL sont derrière cet appel interprofessionnel, lancé fin août.

Pour ces organisations, « cette politique, ainsi que les mesures encore récemment annoncées par le gouvernement, relève d’une logique d’individualisation mettant à mal la solidarité et la justice sociale », « fragilisant une fois de plus les plus faibles, les précaires et les plus démunis ».

Lire aussi :   Le gouvernement aborde une rentrée sociale à hauts risques

Il ne devrait pas y avoir de perturbations dans les transports en commun, la direction de la SNCF tablant sur un impact « quasi nul », quand la RATP prévoit un trafic « normal ».

Prudence sur l’ampleur du mouvement

Philippe Martinez, le numéro un de la CGT, et Pascal Pavageau, son homologue de FO, vont marcher côte à côte à Paris. Mais, les syndicats restent prudents quant à l’ampleur du mouvement.

M. Martinez prévient d’ores et déjà que le « succès » de la manifestation « ne se résumera pas au nombre de manifestants ». Même prudence à FO, Pascal Pavageau n’attendant « rien du tout en termes de nombre », mais « un mouvement significatif ».

Toutefois, les centrales espèrent d’autres mobilisations, afin de peser sur les négociations ou réformes sociales en préparation, comme celles des retraites ou de l’assurance-chômage.

Lire aussi :   Réforme de l’assurance-chômage, les lignes rouges des partenaires sociaux

Les jeunes défileront aussi pour protester contre le fait que des lycéens « soient laissés sur le banc de touche à cause de la sélection Parcoursup », se retrouvant ainsi « sans solution d’inscription ».

Cette date du 9 octobre avait préalablement été choisie par des organisations de retraités pour dénoncer la revalorisation de leurs pensions, jugée trop faible, une mesure qui touchera des personnes déjà mises à contribution l’année dernière avec l’augmentation de la CSG.

Des syndicats divisés

Près d’une centaine de manifestations sont prévues en France, dès mardi matin, à Lyon, Nice, Marseille, Tours, Rennes ou à Bayonne. A Paris, le cortège partira à 14 heures de Montparnasse, direction porte d’Italie.

Mais les syndicats montrent leur division, la CFDT, la CFE-CGC et la CFTC n’appellent pas à manifester.

« Le côté on se réunit fin août et on fait une mobilisation [en] octobre contre la politique du gouvernement, ce n’est pas notre conception de l’utilité du syndicalisme et de son efficacité », a taclé début septembre Laurent Berger, le secrétaire général de la CFDT.

Lire aussi :   La CFDT participera bien aux négociations sur l’assurance-chômage

La division s’explique aussi par les élections professionnelles de la fin de l’année dans la fonction publique, où la CFDT espère ravir la première place à la CGT, un exploit déjà atteint dans le privé en 2017.

« Financial Times » Classement des masters de management en 2018 : la France s’impose

Trois écoles de commerce françaises sont dans le top 5 de l’édition 2018 du classement des masters de management du Financial Times, et vingt-quatre figurent parmi les cent premiers de ce classement mondial.

Pour la huitième fois de suite, c’est le master Strategy and International Management de l’école suisse de Saint-Gall qui occupe la première position, suivi par HEC, qui occupe depuis 2014 la deuxième place de ce palmarès, très scruté. Le master en management de la London School of Business complète le podium.

Lors de l’édition 2017 de ce classement, plusieurs grandes écoles françaises avaient reculé : l’Essec passait de la 3e à la 5e place ; l’ESCP de la 4e à la 6e ; l’Edhec de la 15e à la 16e ; l’EM Lyon de la 26e à la 27e ; et Audencia Business School de la 24e à la 29e place.

Plusieurs établissements ont redressé la barre par rapport à 2017, quand une transformation de méthodologie avait permis aux établissements britanniques d’améliorer leurs résultats (avaient été ajoutées des informations sur l’évolution de salaire, trois ans après la sortie de l’école, ainsi que sur l’amélioration de carrière). Ainsi, l’Essec et l’ESCP ont chacune progressé d’une place et figurent, comme en 2016, dans le top 5. «  Nous nous réjouissons de ce bon résultat : il reflète notre engagement à inspirer et à former les leaders internationaux de demain », se réjouit, dans un communiqué, Frank Bournois, directeur général d’ESCP Europe.

L’Edhec glisse d’une place pour la deuxième année d’affilée et se classe 17e. Une descente bien plus brutale est enregistrée par le master d’Audencia Business School : régressé de cinq places l’an dernier, il recule de dix rangs dans cette dernière édition et se situe à la 39e place. L’EM Lyon également régresse fortement, passant de la 27e à la 40e place, tandis que Grenoble école de management baisse du 33e au 43e rang. En revanche, Skema Business School gagne dix places, passant de la 35e à la 25e.

Globalement, les universités françaises sont stables ou décrochent légèrement. Ceux qui progressent sensiblement sont la Burgundy School of Business, qui se classe à la 77eplace (+ 4) et l’EM Strasbourg à la 72e place (+ 8).

Le Financial Times établit sa classification sur différents critères parmi lesquels, le salaire des diplômés, l’internationalisation de l’école, la réalisation des objectifs, le retour sur investissement.

De l’art de persévérer… sans s’obstiner

Ma vie en boîte. Entre ces deux qualités que sont l’intelligence et la persévérance, laquelle est la plus importante pour réussir dans la vie ? Certes, les esprits taquins diront que cumuler les deux est la meilleure des solutions. Mais en dehors de cette situation rêvée, lorsqu’il faut choisir entre deux candidats par exemple, est-il préférable de sélectionner le super-doué, doté d’un coefficient intellectuel très élevé mais que l’échec démotive, ou au contraire le bon, qui, sans être une flèche, est tenace, capable de s’accrocher sur la durée ?

Depuis quelques années, et en particulier la publication, en 2007, de l’article « Persévérance et passion pour des buts à long terme » par la chercheuse en psychologie américaine Angela Duckworth, la persévérance est une qualité unanimement louée. Les travaux de cette psychologue menés sur un échantillon de 1 545 adultes de niveaux d’études variés, plus un panel de 138 étudiants de prestigieuses universités américaines, deux groupes de 1 200 élèves officiers, entre autres, ont prouvé que la persévérance était le principal facteur de succès, plus déterminant que le coefficient intellectuel. Les incitations à travailler pour réussir dans la vie, prodiguées par tout parent soucieux de la réussite de ses enfants, s’en trouvent largement confortées. A en croire Mme Duckworth et ses collègues, il suffit donc (presque) de vouloir pour pouvoir. De quoi tracer une voie claire et donner de l’espoir à chacun.

Périodes fastes

Mais patatras. Il est des revers à cette médaille. André Spicer, professeur en comportement des organisations à la Cass Business School de Londres, sonne l’alerte dans un article de la Harvard Business Review, du 28 septembre, « La persévérance peut être fortement contre-productive ». Certes, c’est un truisme de dire que persévérer dans l’erreur conduit à la catastrophe. Mais il n’est souvent pas évident de réaliser que s’obstiner ne sera pas payant. « Rester…

Audience XXL pour les « Goodyear » d’Amiens

Fiodor Rilov (à gauche) avocat des salariés face à Joël Grangé avocat de Goodyear, avant l’audience, à Amiens, le 4 octobre.

Ils sont arrivés par grappes au petit matin sur le parking de Mégacité, salle pour les grands événements qui jouxte le Zénith d’Amiens (Somme). Mains dans les poches de jean, bras croisés sur la polaire, le visage fermé, mais s’égayant dès qu’ils reconnaissaient un vieux copain. La première question est toujours la même : « T’en es où, t’as du boulot ? » Voilà quatre ans que ces hommes et ces femmes-là, anciens salariés du site Goodyear d’Amiens-Nord, ne se croisent plus à l’usine. « Ça manque des fois, glisse l’un d’eux. Sans boulot, on n’a plus de vie sociale vous savez. » C’est pour contester leur licenciement économique qu’ils estiment sans cause réelle ni sérieuse, qu’ils se sont retrouvés jeudi 4 octobre devant le tribunal des prud’hommes.

Des 1 143 salariés licenciés par Goodyear en 2014, 832 se sont lancés dans cette procédure d’une ampleur inédite, nécessitant de délocaliser l’audience hors des murs du tribunal. En 2011, le procès aux prud’hommes de 500 ex-salariés du fabricant de pneus Continental de Clairoix (Oise) s’était déjà tenu dans une ancienne patinoire, celui des 560 salariés du fabricant de meubles Capdevielle dans un local municipal de Mont-de-Marsan (Landes).

Près de 500 salariés ont ainsi pris place dans la salle des congrès transformée en salle d’audience, les quatre conseillers prud’homaux faisant face, sur scène, aux avocats des salariés et de l’entreprise. « On attend que la vérité éclate !, résume Jonathan Semedo, 39 ans. Qu’on reconnaisse qu’une boîte qui faisait des bénéfices nous a virés comme des malpropres ! »

L’usine d’Amiens-Nord manquait cruellement d’investissements

Chaque camp va plaider quatre heures : un débat technique où chacun s’appliquera à démontrer que c’est l’autre qui « brouille les cartes », « travestit la réalité ». Au centre, une question : la situation économique du groupe Goodyear en 2014 justifiait-elle de licencier 1 143…

Contrats courts : des doutes sur le bonus-malus

Le centre Pole emploi de Tourcoing (Nord), le 4 octobre 2018.

Une des promesses de campagne d’Emmanuel Macron est-elle sur le point d’être abandonnée ? Plusieurs responsables syndicaux s’interrogent, alors que doit s’ouvrir une négociation visant à revoir les règles d’indemnisation des demandeurs d’emploi. Pour résorber la précarité sur le marché du travail, il était initialement envisagé d’instaurer un bonus-malus, qui aurait pour effet de pénaliser les entreprises abusant des contrats courts. Or, cette mesure, contestée par le patronat, n’apparaît pas explicitement dans le document que le premier ministre a transmis, le 25 septembre, aux partenaires sociaux afin de cadrer leurs discussions sur la refonte des règles de l’assurance-chômage. La note de cinq pages parle de « responsabilisation » des employeurs.

Un terme bien vague, aux yeux de Michel Beaugas (Force ouvrière) : « Pour moi, cela signifie qu’ils enterrent le dispositif. » Denis Gravouil (CGT) défend le même point de vue : « Le Medef a bien réussi son lobbying, dit-il. Les conseillers du gouvernement proches de cette organisation ont obtenu d’enterrer le projet, sous prétexte de ne pas nuire aux employeurs. Nous verrons, une fois à l’œuvre. »

Des charges modulées

Un pessimisme qui n’est pas partagé de tous. « Le sujet reste sur la table », estime Marylise Léon (CFDT). « Le gouvernement a pris toutes les précautions sémantiques pour ne pas chiffonner le patronat en s’abstenant de mentionner le mot qui fâche dans la lettre de cadrage », renchérit Eric Courpotin (CFTC). Autrement dit, les intentions de départ demeureraient.

Les organisations d’employeurs sont, d’ailleurs, elles, toujours inquiètes. Pour François Asselin, le président de la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME), il faut rester sur ses gardes. Selon lui, le gouvernement n’a pas renoncé à cette idée.

Plusieurs sources syndicales et patronales évoquent même un scénario précis : il consisterait à moduler…

« Pour être forte économiquement, la France doit encore investir dans la formation »

« Fondamentalement, un gouvernement ne peut s’attendre à être fort économiquement s’il n’investit pas dans le développement de sa force de travail », avance Christopher Murray.

Tribune. Un vieux proverbe français s’applique bien au concept de « capital humain », définissable comme le produit des investissements d’un pays dans la santé et l’éducation de ses citoyens : « On ne peut pas avoir le beurre et l’argent du beurre. »

Fondamentalement, un gouvernement ne peut s’attendre à être fort économiquement s’il n’investit pas dans le développement de sa force de travail. Tout travail ne se vaut pas, et le degré de productivité des travailleurs peut être amélioré en s’assurant que les individus ne se contentent pas d’aller à l’école, mais y apprennent réellement quelque chose, comme le démontrent plusieurs études. Les dirigeants doivent aussi veiller à permettre à ces actifs bien formés de vivre plus longtemps et en meilleure santé.

Jusqu’à présent, il n’existait aucun outil quantitatif pour mesurer la qualité de la force de travail d’un pays. Une étude, publiée le 24 septembre dans la revue médicale internationale The Lancet, vient pallier ce manque. Elle permet au législateur de comparer l’évolution du capital humain pays par pays entre 1990 et 2016. Elle résulte de l’analyse systématique de données issues de plus de 100 000 sources provenant, entre autres, des administrations gouvernementales, des établissements d’enseignement et des systèmes de santé.

Force de travail

Aujourd’hui, la France n’a pas à rougir de son capital humain, mais d’autres pays progressent plus vite. Le pays se classe 9e sur 195 pays et territoires à l’échelle mondiale en 2016, avec 25 ans de « capital humain espéré », c’est-à-dire le nombre moyen d’années que les Français peuvent espérer travailler au maximum de leur productivité, tout en se maintenant en bonne santé et à un haut niveau de compétences.

La Finlande, l’Islande et le Danemark occupaient, dans cet ordre, les trois premières places en 1990. Ils récidivent en 2016. Et chacun de ces pays a augmenté son nombre d’années…