La campagne, un nouveau territoire de jeu des start-up

Ouvrir sa start-up en Auvergne, c’est le challenge élevé par les fondateurs de la société de services informatiques SiteW. D’un village du Cantal, la petite entreprise s’étale jusqu’à l’étranger, dans plus de deux cents pays, malgré des pénuries de l’embauche.

Au départ, les deux associés préféraient rester discrets auprès de leurs clients au sujet de leur implantation dans le Cantal. Désormais, l’origine cantalienne de la start-up est fièrement revendiquée sur leur site Internet (Photo : au premier plan, de gauche à droite, Fabien Versange et Cédric Hamel).
Au départ, les deux associés préféraient rester discrets auprès de leurs clients au sujet de leur implantation dans le Cantal. Désormais, l’origine cantalienne de la start-up est fièrement revendiquée sur leur site Internet (Photo : au premier plan, de gauche à droite, Fabien Versange et Cédric Hamel). DR

« On peut être novateurs tout en étant installés à la campagne ! » prononce Fabien Versange. Le cofondateur de la société SiteW en parle d’expérience. Après des années passées à repérer le monde de la grande entreprise au sein du groupe Intel, puis d’Airbus, ce jeune ingénieur en informatique a entrepris une transformation de vie radical. Avec Cédric Hamel, rencontré sur les bancs de leur école d’ingénieurs à Toulouse, ils décident en 2007 d’ouvrir leur propre société de services informatiques sur un concept innovant à l’époque : créer un service en ligne admettant à chacun de créer son site personnalisé. « On parlait d’émettre cette affaire depuis qu’on était étudiants, se souvient Fabien Versange. On n’avait pas de crédit, pas d’enfants : c’était le moment ou jamais. »

Alors établis à Toulouse, les deux associés recherchent l’endroit idéal pour fonder leur start-up. Originaire du Cantal, c’est tout évidemment que Fabien Versange songe à un retour aux sources : « J’ai adoré mon enfance là-bas : la nature, le cadre de vie… Je n’ai pas eu de mal à convaincre mon associé, lui-même amoureux des grands espaces », déclare-t-il. Les deux entrepreneurs arrêtent donc de quitter la Ville rose pour s’établir au vert, dans le Cantal.

« Une connexion Internet nous suffit »

Ce sont d’abord des motivations économiques qui ont incité les deux collaborateurs à s’établir sur ce territoire rural : « Ici, pour le prix d’un studio à Toulouse, on a une maison avec jardin ! », s’enthousiasme le cofondateur de SiteW. C’est Yolet, un petit village de cinq cents âmes, à cinq minutes en voiture d’Aurillac, qui devient leur nouvelle terre d’accueil.

Dans ce département très enclavé de la région Auvergne-Rhône-Alpes, huit communes seulement comptent plus de deux mille habitants. La première localité de plus de trois cent mille habitants, Clermont-Ferrand, est à deux heures de route. Aux yeux de Fabien Versange, cet écart des grands centres urbains n’est pas un problème. « Comme on est un pure player, une connexion Internet nous suffit, développe-t-il. On n’a pas besoin d’apercevoir nos clients : on échange avec eux par courriel ou par chat. Et il y a la fibre optique même dans le Cantal ! »

Dans le Cantal, abondantes sont les entreprises qui peinent à embaucher. Il s’agit d’ailleurs du département français qui annonce le plus faible taux de chômage

Métiers du digital : l’évasion des femmes

En trente ans, plusieurs femmes ingénieures en informatique est passé, en France, d’un tiers des effectifs à seulement 15 %. Associations et pouvoirs publics tentent de modifier cette disposition.

Des employés d’une start-up à Paris, en février 2018.

Des employés d’une start-up à Paris, en février 2018. BENOIT TESSIER /REUTERS

C’est transformé une habitude. Depuis dix ans qu’elle travaille dans le développement de logiciels, Léa, 30 ans, a constamment été la seule femme au sein d’équipes uniquement composées d’hommes. « Mon premier contrat, je l’ai effectué dans une boîte de communication spécialisée dans le jeu vidéo. Mes collègues garçons étaient très sympas mais le patron faisait des remarques sexistes. Actuellement, je suis la seule développeuse d’un service informatique. Personne ne relit mon code mais cela ne préviens pas certains collègues de me diviser la parole en réunion. »

L’acte d’échec est alarmant après des années de politiques publiques pour la présence des femmes dans les métiers du digital. A peine 33 % des emplois dans ce domaine sont utilisés par des femmes, selon la Fondation Femmes@numérique. Parmi elles, uniquement 15 % occupent des fonctions techniques dans la production ou l’exploitation de projets informatiques. La majorité (75 %) travaille dans les fonctions supports : ressources humaines, administration, marketing, communication… Les développeuses, celles qui engendrent les algorithmes omniprésents dans nos vies quotidiennes, demeurent trop rares dans les entreprises.

Plus absorbant, dans un contexte général de pénurie d’ingénieurs et de techniciens, la situation s’est abaissée en France. En trente ans, le nombre de femmes ingénieures en informatique y est passé d’un tiers des effectifs à 15 %. Alors que dans les années 1980, le secteur était le deuxième en nombre de femmes diplômées, elles y sont de moins en moins représentées.

Construction d’une mythologie

Comment en est-on arrivé là ? Dès 2002, deux experts américains, Jane Margolis, sociologue à l’université de Californie à Los Angeles, et Allan Fisher, informaticien à l’université Carnegie Mellon (Pennsylvanie), attaquaient dans leur livre Unlocking the Clubhouse : Women in Computing (MIT Press, 2002, non traduit) la construction, à partir des années 1980, d’une mythologie dont les héros sont quasi uniquement masculins, passionnés par les technologies. L’ordinateur, vendu comme un jeu pour garçons, est alors perçu, particulièrement au cinéma, comme un objet de fantasmes de pouvoir, associé aux hommes.

Plus de 15 ans après cette étude, la figure du geek reste puissante. « Dans les familles, il y a des idées ancrées, des représentations très fortes, constate Cécile Favre, chercheuse à l’université Lyon-II sur l’informatique et le genre. Si l’on n’a pas bidouillé étant petit, par exemple, on ne fera pas un bon informaticien. Le pire, c’est que l’école concède aussi ces stéréotypes. Lors d’un nouveau atelier avec des collégiennes, plusieurs m’ont restitué que leur conseillère d’orientation leur avait dit que l’informatique n’était pas pour les filles. »

 

 

Le machisme demeure répandu dans le Silicon Valley

Les avis se sont diffusées depuis février 2017, date à laquelle Susan Fowler, ex-ingénieure d’Uber, révoquait le laxisme de la direction face aux dénonciations pour harcèlement sexuel ou ségrégation.« Brotopia ». C’est par cette expression, crainte de brothers (« frères ») et d’utopia (« utopie »), que la journaliste Emily Chang retraçait en 2018 la culture de la Silicon Valley. « Une utopie moderne où tout le monde peut changer le monde. Mais si on est une femme, c’est infiniment plus compliqué », déclarait-elle dans son livre Brotopia : Breaking Up the Boys’Club of Silicon Valley (non traduit).

L’étudie, qui a causé de nombreuses conséquences dans la région, regorge d’anecdotes pour illustrer cet état des lieux. De cet investisseur célèbre qui appel les entrepreneurs à exposer leurs projets dans son jacuzzi, à ces soirées entre collègues masculins au strip-club où se nouent des relations et se jouent les futures promotions. Sans négliger le sexisme ambiant, les blagues salaces, les avances pressantes et répétitives… « Des comportements acceptés pendant beaucoup trop longtemps », selon Mme Chang.

Dans la Silicon Valley, l’électrochoc s’est produit en février 2017, à la suite des divulgations de Susan Fowler. Cette ancienne ingénieure d’Uber révoquait le laxisme de la direction face aux plaintes pour harcèlement sexuel ou ségrégation. Depuis, les langues se sont déliées, rejoignant plusieurs personnalités de la high-tech américaine. « Les femmes qui accusent des hommes de comportements gênants sont désormais prises au sérieux dès le départ », se félicite l’investisseuse Freada Kapor Klein, qui se bat depuis des années pour consolider la diversité dans le secteur.

Disparités de rétributions

Derrière cette prise de conscience, la condition ne s’améliore pourtant que lentement. Selon les données recueillies auprès de 80 entreprises technologiques par l’organisation Anita B, les femmes convoquaient à l’automne 2018 uniquement 24 % de la main-d’œuvre technique, contre 22 % en 2016. Cette proportion chute clairement pour les postes d’ingénieurs les plus élevés. Et elle devient dérisoire à la direction générale des grandes sociétés. Les conseils d’administration d’Apple, Google et Facebook ne saisissent par ailleurs que deux femmes chacun, pour six à neuf hommes.

Les différences existent aussi au niveau des rémunérations. Non uniquement les femmes touchent des salaires moins élevés (– 8 % en moyenne à San Francisco, selon les estimations du site de recrutement Hired), mais elles comprennent aussi deux fois moins de stock-options que les hommes. Par ailleurs, les start-up lancées uniquement par des femmes ne cueillent qu’environ 2 % des sommes investies par les fonds de capital-risque. Peut-être parce que ces fonds comptent moins de 10 % de femmes parmi leurs associés.

Pour raffermir la représentation des femmes, plusieurs sociétés technologiques ont mis en place des politiques d’embauche, de formation et de sensibilisation qui tardent encore à porter leurs fruits. Surtout que, « dans une volonté d’améliorer les choses rapidement, nous ne réfléchissions pas d’une manière plus globale », avance Mme Kapor Klein. Elle regrette surtout que ces mesures ne dénouent pas les difficultés aperçues par les femmes issues des minorités.

 

« L’absence de femmes dans l’IA augmente le menace de biais sexistes »

L’élaboration de modules particuliers sur « encoder l’égalité », dans les écoles d’informatique et de mathématiques, transformerait les regards, développent les docteures en sciences Aude Bernheim et Flora Vincent.

Docteures en sciences, Aude Bernheim et Flora Vincent ont créé l’association Wax Science, qui vise à encourager la mixité dans les sciences. Elles publient ces jours-ci L’IA, pas sans elles ! (Belin, collection « Egale à égal » du Laboratoire de l’égalité, 112 pages, 8,50 euros).

Pourquoi vous êtes-vous passionnées à la place des femmes dans les métiers de l’intelligence artificielle (IA) ?

L’IA fait aussitôt partie de notre vie, elle participe comme aide à la décision dans de nombreux domaines comme l’éducation, la police, la justice, la santé… La question de l’égalité et de l’équité de ces solutions automatiques est une participation sérieuse. Ecrire du code, c’est comme écrire tout court. On fait des choix, on privilégie une solution, une façon d’aborder le sujet, de traduire une problématique en langage informatique. Or, l’absence de femmes dans les métiers de l’intelligence artificielle augmente le risque de biais sexistes liés à ces choix, et prévient de faire jaillir une réflexion sur ce sujet.

Comment cela se produit-il ?

Les études de Rosabeth Kanter [professeure à la Harvard Business School] ont présenté que, à partir d’un certain seuil de diversité dans une groupe, on assiste à l’apparition de nouveaux points de vue, à des améliorations de comportements. C’est vrai dans toutes les disciplines. Quand les femmes ont commencé à investir des domaines comme l’histoire ou la géographie, on a vu des sujets émerger, par exemple le rôle des femmes dans ces disciplines.

Dans le domaine de l’algorithmique, les lanceurs d’alerte sont souvent intéressés au premier chef par les biais. C’est leur histoire personnelle qui les conduite à questionner le fonctionnement du système et à présenter que le biais est systématique. En 2018, Joy Buolamwini, étudiante noire au MIT [Massachusetts Institute of Technology], s’est touchée aux logiciels de reconnaissance faciale parce qu’elle a constaté que certains d’entre eux ne marchaient pas bien pour elle. Elle a pu montrer qu’ils étaient ajustés aux hommes blancs et discriminaient les femmes noires.

Existe-t-il des méthodes pour créer des algorithmes inclusifs ?

De nouvelles pistes d’étude se développent à l’interface entre l’éthique des mathématiques et de l’informatique. Les méthodes de construction d’algorithmes équitables débutent à être documentées. Il s’agit de placer des questions précises à chaque étape de leur développement : l’algorithme a-t-il été pensé avec des communautés différentes ? Le jeu d’apprentissage (c’est-à-dire les données à partir desquelles le logiciel est entraîné) est-il typique de l’ensemble de la population ? Véhicule-t-il des stéréotypes ?

Polémique autour des sans-emploi qui encaisseraient plus qu’en travaillant

Edouard Philippe et Muriel Pénicaud ont assuré qu’un chômeur sur cinq encaisse une allocation supérieure à ses rétributions antérieures.

Colère des syndicalistes et hésitation de plusieurs économistes. Le gouvernement a déclenché une vive polémique, mardi 26 février, en divulguant quelques-unes de ses pistes pour modifier le système d’indemnisation des demandeurs d’emploi. « Il faut que le travail paye toujours plus que le chômage », a déclaré Edouard Philippe. Or ce n’est pas certainement le cas, a poursuivi le chef du gouvernement, lors d’une conférence de presse à Matignon. Présente à ses côtés, Muriel Pénicaud, la ministre du travail, a expliqué qu’un chômeur compensé sur cinq touche une allocation supérieure à la moyenne de ses rémunérations mensuelles perçues antérieurement. Un tel « dysfonctionnement » résulte de règles qu’il faut modifier, a-t-elle affirmé.

Pour protéger une réforme politiquement délicate, l’exécutif s’est donc prévalu d’arguments chocs, qui ont scandalisé les leaders des confédérations de salariés. La statistique citée par Mme Pénicaud est « caricaturale » et admet au pouvoir en place « de dire que les chômeurs profitent du système », s’est indigné Laurent Berger, numéro un de la CFDT. Les autres centrales ont répondu sur le même ton.

Qu’en disent les économistes, qui éprouvent bien les rouages de l’Unédic – l’association paritaire chargée de guider l’assurance-chômage ? « Je ne vois pas bien comment le gouvernement parvient au ratio évoqué. Mais je ne dis pas que c’est radicalement impossible », confie Bertrand Martinot, ancien responsable de la délégation générale à l’emploi et à la formation professionnelle. Experte au Centre d’études de l’emploi et travail (CEET), Claire Vivés se demande : « Cette statistique ressemble sans doute à quelque chose, mais comment a-t-elle été construite ? »

Travail constant ou fragmenté                                                                

« Par Pôle emploi », répond le milieu de Mme Pénicaud, en montrant que des compléments d’information seront apportés dans les prochains jours. Le point mis en exergue par la ministre tient aux solutions de calcul de la prestation, qui sont terriblement complexes. Au cœur du problème, il y a surtout le salaire journalier de référence (SJR), sur lequel est basé le montant final de l’allocation. D’après le ministère du travail, le SJR peut, dans certaines conditions, conduire à l’octroi d’une indemnisation plus importante que le salaire mensuel moyen de la personne quand elle formait une activité. Un peu plus de 600 000 inscrits à Pôle emploi s’apercevraient dans ce cas de figure.

 

Il est nécessaire de clarifier les distinctes composantes du contrat de travail selon des conditions de leur transformation

Le juriste Jacques Barthélémy et l’économiste Gilbert Cette défendent pour vérifier les possibilités de modification du contrat de travail, afin d’élargir le champ de la négociation dans l’entreprise.

Nous offrons une clarification des différentes composantes du contrat de travail en fonction des conditions de leur changement : par simple décision du directeur d’entreprise, par un accord collectif, ou avec l’accord formulé du salarié concerné.

Une précision pareille admettrait de dédier le rôle de l’accord collectif et en conséquence celui de la négociation d’entreprise, en levant les incertitudes qui brident actuellement leur plein épanouissement. Les ordonnances travail de septembre 2017 et la loi Penicaud de mars 2018 visaient à affermir la négociation collective en étendant considérablement son rôle dans l’élaboration de normes qui peuvent dans certaines limites se remplacer à celles du code du travail.

Mais les incertitudes contemporaines sur le champ effectif de l’accord collectif font cueillir des actions contentieuses, surtout pour les PME. De ce fait, des compromis permettant un meilleur engagement entre la protection des travailleurs et l’efficacité économique ne sont pas réalisés, au préjudice de la croissance et de l’emploi.

La consécration de la démarche de réforme commencée par les ordonnances travail et le renforcement de la négociation collective d’entreprise appellent d’autres améliorations : tout d’abord, donner un contenu véritable à ce qui ressort de la négociation de branche, plutôt que de s’apaiser de l’actuelle juxtaposition de thèmes hétéroclites.

Situation ubuesque

Ultérieurement, enlever au chef d’entreprise la présidence et même la présence de droit au comité social et économique et au conseil d’entreprise, afin que ces instances font la représentation effective des travailleurs avec un réel pouvoir de négociation, en particulier en l’absence de reproduction syndicale. La situation actuelle est pour le moins ubuesque puisqu’elle accorde un droit de contestation avec le chef d’entreprise à des institutions présidées… par le chef d’entreprise.

Finalement, corriger la justice prud’homale afin de réduire l’insécurité juridique actuelle, garnie par la forte proportion d’invalidation partielle ou totale des termes de prud’hommes par les Cour d’appel. Le barème des plafonds d’indemnisation porté par les ordonnances travail est remis en cause du fait de sa probable contradiction avec des normes de droit international.

Il faut affermir la sécurité juridique du traitement des conflits du travail par des moyens plus ajustés, comme par exemple la création d’une étape de médiation, le renforcement du rôle de l’engagement et la présence automatique d’un juge professionnel au sein des tribunaux prud’homaux.

 

Un « French Tech Visa » pour toutes les entreprises considérées comme innovatrices

Ce mécanisme supposé assister l’embauche de salariés étrangers a été transformé, après des débuts compliqués.Après des débuts plus que timides, le « French Tech Visa », lancé par le Président de la République le 15 juin 2017 pour assister l’embauche de salariés étrangers par des entreprises tech françaises, évolue. A partir de ce vendredi 1er mars, le dispositif s’élargit et s’étend à toutes les entreprises avouées comme innovantes et revoit sa procédure afin de diminuer les délais d’acquisition. Objectif du gouvernement : accroître l’attractivité des jeunes entreprises françaises sur le territoire afin de faire émerger des champions tricolores sur la scène internationale.

Qu’est-ce que le « French Tech Visa » ?

Mis en place par le gouvernement il y a près de deux ans sur un secteur économique restreint, le « French Tech Visa » est une procédure qui simplifie et accélère les formalités administratives en vue de l’obtention d’un titre de séjour pour les travailleurs étrangers recrutés par des entreprises françaises innovantes, ainsi que pour leurs familles.

A partir d’aujourd’hui, pour y prétendre, l’entreprise voulant recruter un salarié étranger doit au antérieur être reconnue comme novatrice par le ministère de l’économie et des finances en garantissant à au moins l’un des trois critères suivants :

Avoir été bénéficiaire au cours des cinq dernières années d’un soutien public à l’innovation ;

Avoir une partie de son capital prévenue par une entité ayant pour objet principal le paiement ou l’investissement dans des entreprises innovantes ;

Avoir été guidée au cours des cinq dernières années par une structure d’accompagnement employée aux entreprises innovantes.

Les start-up tranchées innovantes pourront alors faire une requête en ligne pour un « French Tech Visa » à condition que le contrat de travail du futur salarié soit en lien avec le projet d’étude et développement de l’entreprise ou avec son développement économique, social, international ou environnemental. Le montant de la rétribution doit également être supérieur à deux smics annuels brut, soit 36 509, 28 euros. Une fois octroyé, le visa est valable pour une durée de quatre ans, reconductible.

Comment peut-il aider les entreprises françaises ?

L’embauche de profils très qualifiés, moteur d’innovation et de originalité pour les entreprises, est souvent crucial pour le développement des start-up de la tech, souvent évaluées à une pénurie de talents. Dans cette course, la France doit, par ailleurs, rivaliser avec une flopée de pays du monde entier. La mise en place du « French Tech Visa », qui admet de faire venir des salariés étrangers en un temps amplement réduit par rapport à la procédure standard présente donc un atout non insignifiant pour les jeunes pousses en renforçant à la fois leur compétitivité et leur attractivité en dehors de l’Europe.

L’assimilation de profils internationaux très recherchés dans l’écosystème français des start-up est l’opportunité pour ces dernières de davantage s’affirmer sur la scène internationale et de stimuler leur croissance en allant chercher plus facilement les compétences qui leur manquent hors des frontières de l’Hexagone.

Pourquoi est-il critiqué ?

Si, sur le principe, le dispositif de départ était attractif, il n’a, malgré cela, pas rencontré le succès escompté. Fin 2018, seuls 150 recrutements avaient ainsi été réalisés par ce biais. Un manque d’attractivité en partie lié à ses conditions d’accès : jusqu’à aujourd’hui, seules une poignée d’entreprises du numérique, triées dans le cadre du « Pass French Tech » (un programme d’accompagnement national destiné à soutenir des entreprises tricolores en hypercroissance) pouvaient y avoir recours pour recruter un salarié étranger. Ce n’est désormais plus le cas, le dispositif ayant été élargi à toutes les entreprises qui seront reconnues comme innovantes.

Autre point d’obstacle : la durée des convenances à accomplir, jugée encore bien souvent trop longue (jusqu’à plus de six mois) et qui a découragé plus d’une entreprise à se lancer dans le processus. Cette nouvelle version devrait la raccourcir à « quelques semaines », avait assuré le secrétaire d’Etat au numérique, Mounir Mahjoubi, en montrant le dispositif, le 10 octobre.

L’index récent de la parité femmes-hommes obtenu à l’arraché

Les entreprises d’au moins 1 000 salariés doivent avoir édité leur bilan le 1er mars et auront trois ans pour organiser leur situation sous peine de sanction financière pour celles qui n’auraient pas atteint leurs fins.

« L’objectif est de réduire à zéro l’écart salarial qui demeure à 9 % entre les femmes et les hommes pour un même travail. »
« L’objectif est de réduire à zéro l’écart salarial qui demeure à 9 % entre les femmes et les hommes pour un même travail. » Gary Waters/Ikon Images / Photononstop

99/100 à la MAIF, 99/100 pour CNP Assurances… Les bons élèves se sont empressés d’afficher leurs résultats sur la mesure de l’égalité femmes-hommes, à quelques jours de l’échéance fixée par décret. Au 1er mars, les quelque 1 400 entreprises ou unités économiques et sociales d’au moins 1 000 personnes doivent avoir informé leurs salariés du niveau de l’égalité de l’organisation.

Mais, à deux jours de l’échéance, elles étaient très peu nombreuses à avoir envoyé leur index à la direction générale du travail. Au sein du CAC40, la plupart envisageaient de le publier le 1er mars. « Elles ont jusqu’au 1er mars à minuit », indiquent les services de Muriel Pénicaud.

La dernière ligne droite a été franchie « un peu dans la précipitation », admettent les services du ministère du travail. Le décret d’application est sorti le 9 janvier et les derniers éléments sur les modalités de transmission de l’index à l’administration publique n’ont été annoncés aux entreprises qu’en février. « On n’a pu commencer à travailler qu’à partir du 9 janvier. Le décret qui précise le barème des indicateurs est paru relativement tardivement et n’a été complété par un questions-réponses du ministère que le 13 janvier », confirme Isabelle Villedieu, responsable rétributions et avantages sociaux de Schneider Electric, qui sera prêt vendredi 1er mars pour annoncer son résultat : 94/100.

Cinq critères

La note globale de l’index, engendré par la loi du 5 septembre 2018 pour la liberté de choisir son avenir professionnel, doit être éditée par les entreprises sur leur site Internet, le détail devant être transmis au Conseil social et économique et à l’inspection du travail. L’objectif étant de diminuer à zéro l’écart salarial qui demeure à 9 % entre les femmes et les hommes pour un même travail.

La situation interrompue au plus tard au 31 décembre 2018, concerne cinq critères : les niveaux de salaire à poste et âge comparables (40 points), les aggravations (20 points), les promotions (15 points), les élévations au retour de congé maternité (15 points), et la part des femmes parmi les dix plus élevées rétributions (10 points). Les entreprises qui auront ajouté moins de 75 points, ont trois ans pour se mettre en conformité, sauf à essayer une sanction de 1 % de la masse salariale.

La féminisation des noms de métiers

Discours de réception de l’écrivain Andreï Makine sous la coupole de l’Académie française, à Paris, en décembre 2016.
Discours de réception de l’écrivain Andreï Makine sous la coupole de l’Académie française, à Paris, en décembre 2016. PATRICK KOVARIK / AFP
Finalement ! Jeudi 28 février, l’Académie française s’est exprimée pour une ouverture à la féminisation des noms de métiers, de fonctions, de titres et de grades. Concédé à une très large majorité (seules deux voix se sont élevées contre), le rapport provenait d’une commission d’étude étudiée de Gabriel de Broglie, Michael Edwards, Danièle Sallenave et Dominique Bona. Quoique très prudent et fort diplomatique, il n’en représente pas moins une sorte de révolution sous la Coupole. C’est la toute première fois que l’institution, créée en 1634, va aussi loin dans la reconnaissance du féminin des mots, rattachant en cela avec une pratique courante au Moyen Age.

Pas question d’administrer, rappelle le rapport, l’Académie se tranquillise d’être la gardienne du « bon usage ». « Nous voulions rouvrir ce dossier, pour montrer que l’Académie est sensible au fait que des femmes s’interrogent sur la définition de leur métier », montre l’écrivaine Dominique Bona, qui entreprend depuis longtemps pour cette avancée. Il ne s’agit pas de garantir toutes les nouveautés, ni de les freiner d’ailleurs, mais « d’étudier quelles évolutions pratiques il serait souhaitable de recommander » en débarrassant, parmi les usages, « ceux qui attestent une formation correcte et sont durablement établis ».

Pour autant, ses préconisations sont assez claires. Dans le domaine des métiers et des professions, d’abord, « il n’existe aucun obstacle de principe à la féminisation des noms ». La plupart des métiers manuels le sont déjà et depuis abondamment. Le rapport enregistre à ce fin que « la langue française a tendance à féminiser faiblement ou pas les noms de métiers (et de fonctions) placés au sommet de l’échelle sociale ». Cette résistance augmente à mesure que l’on s’élève dans la hiérarchie professionnelle.

Les mots finis par un « e » muet (« architecte ») ou un « o » (« impresario ») sont les plus faciles et, sauf quelques cas spécifiques (« médecin »), les noms masculins achevés par une consonne se féminisent facilement en ajoutant un « e ». Idem pour les noms en « eur », qui peuvent se féminiser grâce au « e » (« docteure »), sauf lorsqu’un verbe correspond au mot (« chercheur-euse »).

« Chef », « chèfe », « cheffesse », « cheftaine » ou « chève »

Restent les noms qui posent problème. A débuter par « chef », qui a donné lieu à l’ouvrage de formes féminines très diverses : « la chef », « chèfe », « cheffesse », « cheftaine » ou même « chève » (comme brève). Quoique n’appartenant pas de manière évidente au « bon usage », concluent les académiciens, c’est pourtant le mot « cheffe » qui le guide, car il est le plus employé.

Mais les mots sur lesquels les académiciens achoppent le plus et depuis longtemps sont ceux qui les intéressent de plus près : écrivain et auteur. Pour le premier, l’affaire est si délicate que le rapport expédie en deux lignes la forme « écrivaine » – laquelle se contente pourtant d’ajouter un « e » à un mot se terminant par une consonne, selon la règle recommandée plus haut. « Cette forme, lit-on, se répand dans l’usage sans pour autant s’imposer. »

En réalité, beaucoup d’académiciens poursuivent de trouver ce mot laid, ou dissonant. Ils entendent « vaine », là où ils ne remarquent pas du tout « vain » quand le mot est au masculin. Qu’importe ! Le 21 février, dans son discours de réception de Patrick Grainville à l’Académie Française, Dominique Bona n’a pas soupçonné à formuler le mot « écrivaine » en parlant de Marguerite Duras, juste pour le plaisir de le faire retentir sous la coupole…

L’auteure Dominique Bona, membre de la commission d’étude sur la féminisation des noms de métiers dont le rapport a été sélectionné, dans son habit d’académicienne à Paris, en octobre 2014.

L’auteure Dominique Bona, pilon de la commission d’étude sur la féminisation des noms de métiers dont le rapport a été choisi, dans son habit d’académicienne à Paris, en octobre 2014. KENZO TRIBOUILLARD / AFP

« Autrice »

En ce qui intéresse « auteur », faut-il simplement ajouter un « e » ou préférer « autrice », un peu plus élitiste ? Consulté sur cette forme en 2017, Alain Finkielkraut la jugeait « horrible ! » Autre solution : considérer, comme le conseille le rapport, que « la notion, qui enveloppe une grande part d’abstraction, peut justifier le maintien de la forme masculine, comme c’est le cas pour poète, voire pour médecin ». Le débat reste ouvert – et enrobé d’une certaine ambiguïté, puisqu’il semble attester que le concept demeure l’apanage du masculin.

Finalement, pour les fonctions, les Immortels rappellent que « contrairement au métier, une fonction est différente de son titulaire et indifférente à son sexe – elle est impersonnelle car elle ne renvoie pas à une identité étonnante, mais à un rôle social, temporaire et amissible, auquel tout individu peut, en droit, accéder (…). On n’est pas sa fonction, on l’occupe. » Idem pour les grades.

Toutefois, note le rapport, cet espacement ne constitue pas un obstacle à la féminisation, même s’il faut échapper de forcer des évolutions linguistiques. Par ailleurs, la dénomination des fonctions, titres et grades doit demeurer invariante dans les textes juridiques.

Pas de problème, donc, pour dire « inspectrice générale des finances », même si l’utilisation ne suit pas encore, mais « maître des requêtes » ne se féminise toujours pas et « conseillère maître », seulement à moitié. Le monde de l’armée, lui, a largement féminisé la plupart des grades. On peut dire « lieutenante-colonelle » ou « adjudante », mais le mot chef, constamment lui, continue de poser problème lorsqu’il est composé. On préférera « sergente-chef », exposent les académiciens, dans la mesure où le mot est pris comme adverbe.

Finalement, si la France avait de nouveau une femme à la tête de son gouvernement, elle s’appellerait sans doute « première ministre », et « présidente » si elle servait la plus haute fonction. Pour ce qui est de « chef d’Etat », en revanche, il est à cueillir que le féminin tarde encore à battre ce bastion de la virilité.

 

« Les jeunes cadres citadins désirent s’installer au pays des vacances »

Jean Viard est sociologue au Cevipof. Parmi ses thèmes de recherche, la décentralisation et l’administration territoriale, les identités territoriales , les loisirs et le travail.
Jean Viard est sociologue au Cevipof. Parmi ses thèmes de recherche, la décentralisation et l’administration territoriale, les identités territoriales , les loisirs et le travail.
Paris a vu une hausse phénoménale des prix de ses loyers et la ville poursuit de perdre chaque année des habitants. « Y habiter devient plus difficile, même si la machine créatrice parisienne est à son sommet », mentionne Jean Viard, directeur de recherches CNRS au Centre de recherches politiques de Sciences Po (Cevipof). Les jeunes cadres, protégés par leurs diplômes, ont l’embarras du choix pour fuir Paris. Selon son point de vue, « le mouvement de mobilité sociale se situe désormais vers les grandes métropoles régionales : Lyon, Nantes, Bordeaux, Toulouse, Montpellier ».

Comment analysez-vous le déménagement et l’envie de départ, des jeunes cadres parisiens pour les métropoles régionales ?

Nous sommes entrés dans une société de mobilité au fil de chaque journée, de l’année, de la vie. Quand on fait des études supérieures, il est bon de passer par Paris. Si possible d’y dédier un emploi en début de carrière. Puis vers 30 ans, ces jeunes cadres diplômés fondent une famille et pour eux partir de Paris devient alors attractif. Hier ils seraient allés dans les banlieues chics, aujourd’hui, plus souvent, ils vont vers les capitales régionales. Au fond, les Français nourrissent toujours le même désir de la « maison avec jardin ».

Chaque génération porte un projet d’élévation sociale. Les paysans ou les migrants qui parvenaient en ville devenaient ouvriers. Puis dans les années 1970-1990, leurs enfants ont fini un mouvement d’installation dans les zones périurbaines pour s’offrir le pavillon de leur rêve. C’est cette bande de la population qui compose le gros du mouvement des « gilets jaunes ». Car leur projet de vie est devenu passé avec la nouvelle puissance des métropoles et la pression écologique.

Pour le jeune cadre parisien, l’action de mobilité sociale se situe plutôt vers les grandes métropoles régionales : Lyon, Nantes, Bordeaux, Toulouse, Montpellier. Ces jeunes, citadins et très diplômés désirent vivre dans ces grandes villes, ils veulent une qualité de vie, une vie culturelle, être proche de la mer tout en étant dans une ville créative et dynamique. En fait, ils ont le rêve de « vivre au pays des vacances ».

La ville parfaite pour eux c’est le « Club Med » allié à la culture urbaine du baron Haussmann. Cette population, protégée par ses diplômes, a l’embarras du choix. Les entreprises, quant à elles, comprennent ces logiques des territoires jaillissants et préfèrent de s’implanter là où vont ces nouvelles compétences. Le monde numérique défend ces évolutions, à terme beaucoup de ces cadres travailleront sans doute en plusieurs lieux, au siège à Paris, dans des bureaux près de chez eux et à leur domicile. Le travail va être multilocalisé.

Paris est-elle en train de devenir insupportable, même pour cette population favorisée et protégée par ses diplômes ?

Paris symbolise, comme New York, une ville de célibataires où se nouent les rencontres. C’est la ville d’une jeunesse connectée, urbaine, diplômée et anglophone. D’ailleurs les start up ne veulent pas aller à la Défense, elles préfèrent payer des fortunes pour être au cœur de Paris.

72 % des Parisiens évoquent de quitter Paris, mais malgré ces sondages Paris reste la ville séduisante qui deviendra le New York de l’Europe dans une région de 11 millions d’habitants. Elle concentre 80 000 chercheurs et une force créatrice considérable.

Il faut aussi concevoir que si la révolution numérique a tendu sa toile universellement, elle a d’abord précipité la création de richesse dans les grandes métropoles où la créativité est plus forte, la recherche plus dense, les contacts plus rapides. Aussi Paris a vu les prix de ses loyers éclater et la surface des logements se diminuer, la ville a perdu 60 000 habitants en cinq ans. La machine créatrice parisienne est à son sommet, mais y résider devient plus difficile.

Comment les villes françaises tirent leur épingle du jeu dans cette nouvelle dynamique ?

Les vraies métropoles s’améliorent. Lyon, Toulouse, Nantes, Rennes, Aix-Marseille, Montpellier… et depuis 2008 elles ont créé de l’emploi malgré la crise. Dans les années 1980 on exprimait de « développement post-touristique » pour les villes dans des régions touristiques, Grenoble puis Sofia Antipolis, puis Montpellier…

La façade atlantique faisait figure de belle endormie. Puis elle s’est provoquée et elle progresse aussitôt très vite. Après Nantes, Bordeaux est parvenu à accélérer sa mutation. La ville a « explosé » d’un coup, ce qui a exploré des écarts avec les villes alentour.

La métropole de Lyon compte deux millions d’habitants. C‘est une sorte de Milan du Sud, tout y est, universités, entreprises, à moins de deux heures de Paris, du ski et de la mer. C’est également une ville très endogame. La grande majorité des Lyonnais sont nés à Lyon. Pour captiver les jeunes cadres diplômés il a fallu insérer le désir et développer la vitalité culturelle. Il ne manquait que l’art de vivre, ce que le classement à l’Unesco lui a donné en 1998.

Et puis il y a Aix-Marseille. Cette métropole maritime pèse presque autant que Lyon mais son organisation politique l’a longtemps freinée. Quand le Nord s’est effondré après la fin des mines, Lille s’est peu à peu rétablie en prenant les énergies des villes qui l’entouraient, comme Béthune, Dunkerque. C’est une ville qui est en train de surmonter le deuil industriel. Lille est une métropole émergente dans une région qui aime la culture industrielle. Elle est au cœur de l’Europe mais le Brexit peut modifier son destin.

L’Est est aussi en pénitence car en deuil industriel et en manque de métropole. Mais elle a des voisins puissants. Et puis il y a des villes plus petites comme Rouen, Caen ou Orléans, on peut s’y établir et continuer d’aller œuvrer à Paris, qui n’est plus qu’à une heure de TGV. C’est aussi ce modèle qui se développera.

Comment expliquez-vous l’ascension en puissance d’une ville comme Nantes ?

Nantes a connu une crise importante avec la clôture des chantiers navals et l’effondrement de l’industrie portuaire. Mais elle incarne une ville qui a réussi à se réinventer. Jean-Marc Ayrault [maire de 1989 à 2012] a su s’entourer d’hypercompétences, particulièrement de Laurent Thery (urbaniste) ou de Jean Blaise (directeur artistique)… Ensemble, ils ont repensé la ville autour de la culture, devenue cœur du lien social. C’est un cercle vertueux, ville pauvre, Nantes a attiré les investissements grâce à l’énergie culturelle.